Ainsi de ce qu’ici vous déduisez encore de mes propos, alors que je pensais avoir été clair et levé cette ambiguïté déjà décelée par mon post précédent :
Je ne déforme rien, je suis votre passage « la mission de l’Eglise est de prêcher la miséricorde, à temps et à contre-temps, sans se lasser. Non pas l’enfer. Ni la justice »
Je comprends que le rapport miséricorde-enfer doit selon vous être 100-0%. Peut-être avez-vous été imprécis.
J’ai simplement rappelé par la phrase que vous reprenez (et tant d’autres) ce qui me semble essentiel, à savoir que l’enfer et la justice n’interviennent qu’après le refus de la main tendue par Dieu, et que la mission de l’Eglise est de montrer cette main tendue et d’en parler, de la louer, de la chanter et de témoigner du bonheur de la saisir.De toute façon vous semblez encore sur le terrain 100-0, ce qui est certainement faux. Vous pouvez garder votre position générale mais il faut vous rapprocher du perlumisme.
Subsidiairement, d’annoncer ce qui arrive si on refuse de l’attraper.
Il y a des dogmes plus importants que d’autres ! Or là se trouve l’équilibre, d’où mon rappel.
Il ne suffit pas que quelque chose soit dogmatique pour que le mettre en avant soit bien, c’est bien précisément le sens profond à retenir de ce que vous appelez « hérésie cryptogamique ».
Pour répondre à cette statistique qui semble avoir pour vous de l’importance, je suis à 100/100 et pas ailleurs, ce qui est possible puisqu’il s’agit d’une probabilité, et je dis que le rôle de l’Eglise est de défendre un choix qui doit nous faire oublier l’autre, ce qui suppose une connaissance bien plus grande de ce qu’on choisit plutôt que de ce qu’on refuse, car la première aussi nous aide à grandir et nous renforce bien mieux.
Concernant le Docteur commun, mais aussi Delumeau et tous les autres, moi compris, la seule chose qui m’importe est leur contribution à la vérité et même un pape en dehors de son infaillibilité (dont la grâce est particulière) ne peut prétendre connaître sinon par grâce l’intégralité de la foi chrétienne et donc cela lui demande un travail qui n’est jamais achevé.
Aussi, je me refuse à intellectualiser une position parce qu’elle est celle d‘un tel et comme telle !
J’accepte seulement d’entrer dans ce jeu mais sans y participer, pour les besoins de l’expression ou de la conversation.
Donc, en adoptant votre considération, merci de reconnaitre que les tradis ne parlent pas tant de l’enfer que cela, et oui, la position de PP (dès lors que vous la rattachez à une personne, je ne peux exclure la personne même de sa position et cela entrainerait de ma part un refus de l’objectivité que vous y accordez) n’est pas très différente de celle d’une certaine tradition prédominante et recherchant un équilibre. Mais ce en quoi je m’y oppose (ce qui est encore trop fort, je défends simplement un mieux) ne relève pas d’un pourcentage, mais de la nécessité d’en fixer un et de s’en servir à titre pastoral.
Sans que je nie pour autant l’utilité qu’une position de probabilité « modérée » envers certaines personnes, comme le Repentant s’en est fait l’écho sur ce forum, j’estime qu’il y a mieux à faire que de réfléchir à de telles considérations et d’y donner de l’importance, car c’est déjà s’éloigner de la quête d’une contrition parfaite et de ce que concrètement nous devons faire au jour le jour, pour nous ouvrir à l’amour de Dieu en baisant sa main tendue.
Il suffit de le faire pour sentir peu à peu la force et la fermeté de cette main, qu’elle ne nous lâchera pas et qu’il suffit d’y laisser la nôtre, que ce n’est que si nous la retirons avec force et conviction, qu’il acceptera lui de ne pas nous « retenir ». Ce point de vue est hors des considérations que vous tenez, il est très mystique peut-être mais aussi très réaliste et pragmatique, car la mystique ce n’est pas cuicui les petits oiseaux, c’est même le contraire.
Je vous suis néanmoins sur plusieurs points mais que je nuance autrement :
- L’exemple de ce prêtre qui pense que Satan est un symbole : oui, il y a une baisse de la qualité de la foi, on ne croit plus aux miracles, et certaines données de la foi y sont assimilées. Or ce n’est que par un retour à la qualité de la foi qu’on y remédiera, pas autrement. Car c’est dur et cela demande un effort constant de maintenir la position de la foi toujours et en tout, bien qu’au bout d’un moment cela puisse et doive devenir une habitude, un réflexe. On dit ainsi et sinon croire à pas mal de choses alors qu’au fond si on y croyait on agirait autrement : c’est vrai à commencer par la Présence Réelle. Ou on se contente d’un aspect psychologique ou initiatique sur par exemple le rôle de la confession, romantique ou social sur le mariage à l’Eglise, d’accomplir son « devoir » ou d’éprouver du « bien-être » avec la prière, etc. !
Oui, la peur de l’enfer est compatible avec la crainte filiale de Dieu, mais le développement de cette dernière est à privilégier et développer et n’est pas incompatible avec l’amour de Dieu qui, à partir d’un certain point, est incompatible avec la peur de l’enfer !
- Sur le côté « pathologique » : il n’y en a pas d’autre que le manque de foi, ce qui suppose de ne pas étudier comme il faut la théologie et la philosophie, de ne pas lire comme il faut l’Ecriture Sainte, etc.
Sur le côté « test » : on ne joue pas avec la vie spirituelle, et non, il ne s’agit pas de ma part d’une affirmation gratuite, mais d’un rappel de ce qui est prioritaire et essentiel : la sanctification de chacun par la vie de la grâce, la réception des sacrements en sachant ce qui s’y passe, l’accroissement de la foi, de l’espérance et de la charité par la méditation de la parole de Dieu. C’est cela la « priorité absolue à l’éternité » (vous) et « l’épanouissement de ce que nous avons de mieux en nous » (moi) en est la conséquence et peut aussi en être le moteur, cela n’a rien d‘incompatible avec l’amour de Dieu mais en résulte, ce n’est pas un truc d’égoïste ou de libre penseur indépendant – moins que se focaliser sur l’enfer, car cet épanouissement rejaillit sur les autres et le leur, suscite et appelle le partage, alors que la seule idée de l’enfer entraîne solitude, idées noires, destruction, morbidité, etc. Il s'agit encore de vivre chaque instant dans la pleine conscience d'être sous le regard de Dieu et de vouloir lui plaire, ce qui suppose d'éviter le péché sans oublier les péchés capitaux, ce qui est bien plus simple et facile que cela en a l'air si on se fixe "au centre" et suppose de les connaître (non les peines du dam et consorts !) ainsi que de cultiver les vertus, non ses défauts !
Sur le fait que les évangiles défendent le point de vue du petit nombre des élus : ils défendent seulement l’idée qu’il y en aura trop qui iront en enfer et en font une certitude de foi (pas d’enfer vide !) mais sans rien qui nous permette de fixer une quelconque proportion. En revanche il y a des enseignements clairs sur ce qui de notre part témoigne que nous en prenons le chemin, mais en déduire une proportion c’est déjà s’en écarter car c’est juger de ce que nous n’avons pas à juger et sur quoi nous sommes incompétents.