Amour et Liberté

« Assurément, il est grand le mystère de notre religion : c'est le Christ ! » (1Tm 3.16)
Règles du forum
Forum de discussions entre chrétiens sur les questions de théologie dogmatique
Avatar de l’utilisateur
Perlum Pimpum
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1070
Inscription : lun. 19 avr. 2021, 23:28
Conviction : Chrétien
Localisation : Berry

Amour et Liberté

Message non lu par Perlum Pimpum » dim. 24 déc. 2023, 9:51

1. Dieu est Libre.



:arrow: L’agir divin ad extra est formellement immanent, puisque Dieu agissant est Dieu ; nonobstant cet agir est virtuellement transitif, puisqu’il produit dans l’être un effet autre que sa cause, quelque chose d’autre que Dieu. L’acte formellement immanent et virtuellement transitif qu’est l’acte divin de volonté libre est donc en prolongement de l’acte divin formellement immanent de volonté naturelle par lequel Dieu s’aime nécessairement de nécessité absolue. Dit autrement, la liberté divine est toujours inclinée par l’acte de volonté naturelle ; les libres-choix divins ne contredisent jamais la volonté naturelle, la liberté divine trouvant en la volonté naturelle le principe de ses libres choix.

Pour éviter les sophismes liés à l’emploi du même mot pour signifier des réalités très distinctes, Dieu et les effets créés qu’il produit ad extra, je signifierais Dieu : soit par l’emploi d’une majuscule, l’Amour ou la Justice qu’est Dieu ; soit par l’emploi d’une minuscule en ajoutant au substantif l’épithète divin ou divine, l’amour divin ou la justice divine, surtout pour dire Dieu agissant ou opérant ad extra ; soit même sans user d’épithètes, quand le contexte laisse clairement comprendre qu’il est parlé de Dieu. Quand aux effets produits ou opérés ad extra, j’userais de la minuscule, parlant : d’amour pour signifier l’amour surnaturel créé de charité infusé par Dieu en l’âme des justes ; de justice pour signifier : soit la justification par l’infusion de la grâce, infusée par Dieu ; soit le châtiment, les peines vindicatives, infligé par Dieu. De même, je parlerais de Miséricorde ou de miséricorde selon que sera signifié Dieu miséricordieux opérant ses œuvres de miséricorde, ou cette miséricorde opérée par Dieu. De même encore pour Vindicte et vindicte.




:!: 1. Dieu est Libre de pardonner ou de punir.

Dieu s’aime nécessairement par nécessité de nature, parce qu’il est infiniment aimable et que cette amabilité s’impose à Lui. Aimer Dieu à l’infini est pour Dieu une nécessité de nature. Mais Dieu n’est aucunement nécessité à nous créer, ni donc à nous aimer : l’amour créateur est libre, donc aussi l’amour salvateur… C’est très librement que le Dieu très miséricordieux exerce sa miséricorde, et parce que cet exercice est libre, il n’obstacle pas que le Dieu des miséricordes soit aussi le Dieu des vengeances infligeant les peines temporelles ou éternelles à ceux qu’il châtie.

Concile Œcuménique de Vatican I a écrit :
« La sainte Eglise catholique apostolique romaine croit et professe qu'il y a un seul Dieu vrai et vivant, créateur et Seigneur du ciel et de la terre, tout- puissant, éternel, immense, incompréhensible, infini en intelligence, en volonté et en toute perfection ; vu qu'il est une substance spirituelle unique et singulière, absolument simple et immuable, il faut affirmer qu'il est distinct du monde en réalité et par essence, qu'il est parfaitement heureux en lui-même et par lui-même, et qu'il est ineffablement élevé au-dessus de tout ce qui est et peut se concevoir en dehors de lui. Ce seul vrai Dieu, par sa bonté et sa "toute-puissance", non pas pour augmenter sa béatitude ni pour acquérir sa pleine perfection, mais pour manifester celle-ci par les biens qu'il accorde à ses créatures, a, dans le plus libre des desseins, "tout ensemble, dès le commencement des temps, créé de rien les deux sortes de créatures, les spirituelles et les corporelles, c'est-à-dire les anges et le monde, et ensuite la créature humaine qui tient des deux, composée qu'elle est d'esprit et de corps" (4e concile du Latran). »

« Si quelqu'un ne confesse pas que le monde et toutes les réalités qu'il contient, spirituelles et matérielles, ont été produits de Dieu dans la totalité de leur substance, ou s'il dit que Dieu n'a pas créé par une volonté libre de toute nécessité, mais aussi nécessairement qu'il s'aime lui-même, ou s'il nie que le monde ait été créé pour la gloire de Dieu, qu'il soit anathème. »

Dieu est libre de créer ou de ne pas créer, mais s’il crée librement, il est nécessité (nécessité conditionnelle, de conséquence) à ordonner ses créatures librement créés à Lui comme à leur fin dernière absolue. En effet la volonté-libre de Dieu est un agir ad extra, un agir formellement immanent mais virtuellement transitif qui, en tant que formellement immanent, n’est autre que l’être-même de Dieu, absolument nécessaire, auquel sa volonté naturelle s’assimile. Et parce la fin a raison de bien, le seul bien qui puisse motiver Dieu à créer librement est Dieu-même : si Dieu assignait aux créatures une autre fin et bien que le Bien qu’est Dieu, Dieu choisirait, et ainsi préfèrerait, un bien créé au Bien suprême, chose impossible à Dieu s’aimant infiniment de nécessité absolue. La fin dernière absolue de la libre création est donc nécessaire de nécessité conditionnelle : Dieu n’est pas nécessité à nous créer, mais s’il nous créé librement, est nécessaire qu’il nous assigne à Lui comme à notre fin dernière surnaturelle absolue. Cette nécessité conditionnelle de conséquence résulte d’une nécessité absolue d’antécédence. Dieu est absolument Libre d’agir ad extra, mais en amont de tout acte libre de Dieu, de tout acte divin formellement immanent et virtuellement transitif, il est une nécessité absolue, celle de l’acte formellement immanent qu’est la nature divine. Dit autrement, tout acte divin de volonté libre repose sur la volonté naturelle ou amour absolument nécessaire de Dieu pour Dieu.

Dieu étant Libre d’agir envers nous, Dieu est Libre de nous pardonner ou de nous punir, Libre d’être miséricordieux ou vindicatif, Libre de nous sauver ou de nous damner.

Dieu par saint Paul a écrit : 
« J'ai aimé Jacob et j'ai haï Esaü. Que dirons-nous donc ? Y a-t-il en Dieu de l'injustice ? Loin de là ! Car il dit à Moïse: Je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde, et j'aurai compassion de qui j'ai compassion. Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. Car l'Ecriture dit à Pharaon : Je t'ai suscité à dessein pour montrer en toi ma puissance, et afin que mon nom soit publié par toute la terre. Ainsi, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut. »

:!: 2. Que Dieu choisisse d’exercer la miséricorde ou la vindicte, en tout état de cause la justice divine est satisfaite.

S’il fait miséricorde en rétablissant le pécheur dans la charité pour Dieu, il satisfait à sa Justice (celle que Dieu est ad intra), satisfait à l’Amour de Dieu pour Dieu qu’est Dieu, en satisfaisant à l’exigence que cet Amour implique : que la créature aime Dieu sa fin dernière absolue. De ce point de vue, de toute évidence, la miséricorde satisfait à la Justice et à l’Amour, puisqu’elle permet que soit rendu à Dieu ce qui est dû à Dieu : l’amour surnaturel de charité.

S’il exerce sa vindicte en infligeant les peines temporelles ou éternelles que le péché des créatures mérite, en châtiant le désamour pour Dieu des créatures, Dieu satisfait aux exigences de l’Amour, de l’Amour de Dieu pour Dieu qu’est Dieu : Dieu, par amour infini de Lui-même, exigeant d’être aimé (premier commandement) de ceux crées pour cette seule fin dernière surnaturelle absolue, châtie en rigueur de justice (exercée ad extra) le manquement d’amour dû à sa Souveraine Bonté, châtie ceux qui, devant L’aimer, ne L’aiment pas. De ce point de vue, de toute évidence, la vindicte satisfait à la Justice et à l’Amour, puisqu’elle s’exerce par amour divin de Dieu pour Dieu en châtiant le défaut d’amour dû au Dieu souverainement aimable.


:!: 3. Dieu n’est aucunement nécessité à faire miséricorde. Nonobstant, il y incline..

Miséricorde et Vindicte relevant de la seule Liberté divine, Dieu n’est aucunement nécessité à faire miséricorde, .

Miséricorde et Vindicte sont principalement l’acte Libre de Dieu qu’est Dieu agissant ad extra, l’acte divin formellement immanent et virtuellement transitif opérant librement ad extra, transitivement, l’effet miséricordieux ou vindicatif.

Miséricorde et Vindicte peuvent secondairement signifier l’Amour divin de Dieu pour Dieu qu’est Dieu, en tant qu’il le dispose à opérer librement les effets miséricordieux ou vindicatifs. Sous ce second aspect Miséricorde et Vindicte ne sont plus envisagées comme l’acte Libre de Dieu qu’elles sont, Dieu agissant ad extra, mais comme les dispositions naturelles divines sous-jacentes à ce libre-agir. Ces dispositions naturelles conditionnant le libre agir de Dieu s’expliquent par la fait que l’acte divin de volonté libre est un acte formellement immanent et virtuellement transitif. Or, en tant qu’il est formellement immanent, il n’est autre que l’acte de volonté naturelle, nécessaire de nécessité absolue, qu’il prolonge librement en tant qu’il est virtuellement transitif. Miséricorde et Vindicte peuvent donc secondairement signifier l’Amour divin de Dieu pour Dieu en tant qu’il le dispose à opérer librement les effets miséricordieux ou vindicatifs. Sous ce second aspect Miséricorde et Vindicte ne sont plus envisagées comme l’acte Libre de Dieu qu’elles sont, Dieu agissant ad extra, mais comme les dispositions naturelles divines de ce libre-agir.

Bref, c’est l’Amour nécessaire de Dieu pour Dieu qui le dispose naturellement à être librement le Dieu de Miséricorde ou de Vindicte pour les pécheurs qui ne L’aiment pas, pardonnant et bénissant les uns tout en châtiant, maudissant (Mt. XXV, 41) et vomissant (Ap. III, 16) les autres. Et si, dans les faits, Dieu exerce davantage la vindicte, puisque la plupart des hommes sera damnée (cf. Mt. VII, 13-14 conjoint à Mt. XXV, 41), nonobstant, quant à l’inclination divine, et contre tous les jansénismes, la Miséricorde prime la Vindicte, car la Miséricorde satisfait davantage à l’Amour de Dieu pour Dieu, seule la miséricorde octroyée aux créatures leur permettant d’aimer Dieu, d’atteindre à leur fin dernière surnaturelle absolue, Dieu aimé des saints du Ciel. C’est pourquoi la Liberté divine est davantage inclinée à la Miséricorde, comme l’attestent, outre les incessants appels au repentir, la prédication du Christ, la Passion, et la manifestation du Cœur-Sacré de Jésus. Mais cette inclination divine à faire miséricorde, qui explique que Dieu préfère pardonner plutôt que châtier, ne lui interdit pas de châtier, car cette inclination à faire miséricorde n’est aucunement constitutive d’une nécessité de conséquence : c’est une simple convenance à sa nature divine, comme le prouve le fait que Dieu, dans la Bible, n’a de cesse de marteler qu’il est un Dieu exerçant sa vindicte. Bref, Dieu n’est aucunement nécessité à exercer la miséricorde, et de fait il exerce la vindicte en expédiant la plupart des hommes dans les flammes de l’Enfer éternel, comme Jesus nous l’enseigne très explicitement (cf. Mt. VII, 13-14 conjoint à Mt. XXV, 41). Bref, quant à l’inclination naturelle de la volonté libre, Dieu veut sauver tous les hommes (I Tim. II, 3-4) : c’est le dogme de la volonté salvifique universelle. Mais quant à l’exercice de cette volonté libre, il damne la plupart des hommes, comme Jésus l’enseigne. Exciper de l’Amour pour nier la Vindicte est donc folie autant qu’hérésie.


:!: 4. Conséquemment.

En affirmant que Dieu serait nécessite à punir, l’intervenant cité ci-après est dans l’erreur symétriquement inverse de ceux prétendant que Dieu serait nécessité à pardonner, de ceux prétendant que l’Amour divin serait incompossible à la Vindicte divine châtiant le désamour de Dieu, de ceux outrageant l’Écriture, et par delà Dieu révélant, qui ne cesse de marteler le fait que Dieu punit, et très durement, jusqu’à punir en infligeant des peines éternelles.

Coco lapin a écrit :
mar. 12 déc. 2023, 23:02

Prenons alors l'exemple du purgatoire. Les âmes qui s'y trouvent se sont repenties et ont demandé le pardon de leurs fautes avant de mourir. Pourtant elles passent souvent plusieurs années à expier sévèrement leurs péchés. Pourquoi Dieu ne leur évite-t-il pas ces souffrances s'il peut le faire sans que la justice soit lésée ?

En vérité, Miséricorde et Vindicte relèvent de la seule Liberté divine.

Pourquoi donc Dieu ne leur évite pas ces souffrances sinon parce qu’il est Libre d’agir envers ses créatures, Libre donc de leur imposer les rigueurs de sa justice vindicative plutôt que de leur faire miséricorde, mais tout aussi libre de leur faire miséricorde plutôt que de leur imposer les rigueurs de sa justice vindicative. C’est au libre-choix de Dieu.

Et d’abord, si Dieu justifie l’impie par l’infusion de la charité, n’est-il pas vrai que l’âme ainsi restaurée dans l’amour pour Dieu rend à Dieu ce que la Justice divine exige qu’elle lui rende, l’amour ? Si donc, par libre-miséricorde, Dieu justifie librement l’impie, en quoi cette miséricorde offenserait-elle la Justice divine exigeant nécessairement * pour Dieu l’amour dû à Dieu ?
(* nécessité de conséquence de la fin dernière absolue).

Et ensuite, si Dieu décide librement, non pas seulement de donner â l’impie de mourir en état de grâce, mais aussi de mourir en se repentant si parfaitement de ses fautes, qu’il lui octroie, à raison du mérite de ce repentir, l’exemption des peines temporelles qu’il eut dû subir au purgatoire, ou serait l’offense à la justice vindicative de Dieu ? Car enfin, si Dieu justifie librement l’impie en lui donnant à l’article de la mort la contrition parfaite et charité, ce simultanément, la contrition parfaite étant cause de la charité dans l’orde de la causalité dispositive ou matérielle tandis que la charité est cause de la contrition parfaite dans l’ordre de la causalité formelle, donnant au moribond d’aimer Dieu de charité par laquelle il mourra en état de grâce, n’est-il pas également libre de donner à l’acte de charité au principe de la contrition parfaite une intensité telle que la contrition parfaite soit rendue si intense qu’inclusive d’un désir de satisfaire ou d’expier si profond que Dieu, choisissant de tenir gracieusement l’intention de la chose pour la chose-même, choisisse librement de remettre toute la dette de peine, exemptant ainsi l’âme du trépassé de toute peine temporelle ?

De même, si Dieu décide d’accorder à ceux morts en état de grâce après avoir, de leur vivant, pratiqué celles des dévotions auxquelles il a décidé d’accorder le bénéfice de l’indulgence plénière, telles celles préconisées par la sainte Vierge ou par le Christ en certaines révélations privées, en quoi manque-t’il à sa Justice ?

De même, quant aux âmes actuellement souffrantes au purgatoire, Dieu n’est-il pas libre d’appliquer les mérites infinis de la Passion à certaines de ces âmes pour la délivrance desquelles le sacrifice de la Messe est offert ? Ou serait-ce que Dieu ne puisse pas remettre les peines dues aux offenses, pardonner autant qu’il le veut ? Serait-ce donc que Dieu ne soit pas Libre de faire miséricorde à qui il veut, quant il veut, comme il veut, mais nécessité à punir ?

Coco lapin a écrit :
mer. 13 déc. 2023, 11:32

Qu'on appelle ça justice, sagesse ou cohérence, ça revient au même : Dieu est lié par sa perfection, et il ne peut pas épargner aux âmes du purgatoire les flammes expiatoires. S'il était libre de le faire, alors la punition que subissent les âmes du purgatoire ne serait qu'une vengeance cruelle. Je vous rappelle que "dispenser l'homme d'assumer les conséquences de ses actes", c'est justement "faire miséricorde"

Il est libre de le faire, et s’il s’abstient librement de le faire malgré qu’il soit disposé à le faire, ce n’est pas cruauté mais justice inflexible, justice vindicative : « jusqu'à ce qu'il eût payé tout ce qu'il devait » (Mt. XVIII, 34).

Dieu par saint Matthieu a écrit :
« C'est pourquoi, le royaume des cieux est semblable à un roi qui voulut faire rendre compte à ses serviteurs. Quand il se mit à compter, on lui en amena un qui devait dix mille talents. Comme il n'avait pas de quoi payer, son maître ordonna qu'il fût vendu, lui, sa femme, ses enfants, et tout ce qu'il avait, et que la dette fût acquittée. Le serviteur, se jetant à terre, se prosterna devant lui, et dit : Seigneur, aie patience envers moi, et je te paierai tout. Emu de compassion, le maître de ce serviteur le laissa aller, et lui remit la dette. Après qu'il fut sorti, ce serviteur rencontra un de ses compagnons qui lui devait cent deniers. Il le saisit et l'étranglait, en disant : Paie ce que tu me dois. Son compagnon, se jetant à terre, le suppliait, disant : Aie patience envers moi, et je te paierai. Mais l'autre ne voulut pas, et il alla le jeter en prison, jusqu'à ce qu'il eût payé ce qu'il devait. Ses compagnons, ayant vu ce qui était arrivé, furent profondément attristés, et ils allèrent raconter à leur maître tout ce qui s'était passé. Alors le maître fit appeler ce serviteur, et lui dit : Méchant serviteur, je t'avais remis en entier ta dette, parce que tu m'en avais supplié; ne devais-tu pas aussi avoir pitié de ton compagnon, comme j'ai eu pitié de toi ? Et son maître, irrité, le livra aux bourreaux, jusqu'à ce qu'il eût payé tout ce qu'il devait. C'est ainsi que mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne à son frère de tout son coeur. »


***


2. L’Amour n’est pas le premier des attributs divins.



Didyme a écrit :
mar. 12 déc. 2023, 23:47

J'ai l'impression que l'on fait souvent une confusion concernant la Justice.

Ce n'est pas Dieu est Justice, l'amour procèdant de la justice, la vie procédant de la justice, etc. Mais c'est Dieu est Amour, la justice procédant de l'amour, la vie procédant de l'amour, etc. Contrairement aux autres attributs, l'amour est la nature même de Dieu, pas simplement un attribut. Il en découle certainement que tout attribut divin procède de sa nature.

Oui et Non, mais surtout Non.


:!: 5. L’Être est le premier des attributs divins.

Et d’abord, non, mille fois non, puisque, à raison de la simplicité divine, tous les attributs divins, d’ordre absolu, sont la nature divine. Dieu est identiquement acte d’être, acte d’intellection, acte de volition. Mais si, en Dieu, l’être et l’agir sont réellement identiques, n’en demeure pas moins que nous ne pouvons penser Dieu qu’en séquençant logiquement les attributs divins. Et l’attribut qui vient en premier n’est assurément pas l’agir mais l’être : l’agir suit l’être, puisque pour agir, il faut préalablement être. C’est donc l'être divin qui est au fondement des trois corrélatifs incommunicablement opposés : le Père n’est pas parce qu’il aime, mais aime parce qu’il est ; le Fils n’est pas parce qu’il aime, mais aime parce qu’il est ; l’Esprit n’est pas parce qu’il aime, mais aime parce qu’il est. Ensuite, quant à l’agir divin ad intra, la volition présuppose l’intellection, puisque vouloir ou aimer est toujours vouloir quelque chose (aliquid, res, ce que cet aliquid soit une personne ou autre chose), chose que l’intelligence représente à la volonté afin qu’ainsi spécifiée par l’intellect la volontè se décide pour ou contre cette chose. L’amour n’est donc jamais premier. Ainsi, c’est parce que l’être divin est infiniment parfait, donc infiniment aimable, et parce que Dieu sait cette amabilité pour la voir, qu’il l’aime conséquemment. Si donc « Dieu est Amour », est amour de Dieu pour Dieu, cet amour découle logiquement de l’être divin : l’essence de Dieu est son être, et si cet être est réellement, dans sa simplicité réelle, identiquement acte d’être, acte d’intellection, acte de volition, nonobstant, logiquement, l’amour découle de l’être. Bref, l’attribut absolument premier de Dieu n’est pas l'amour mais l’être. « Dieu est Amour », certes, mais avant d’être Amour ou Volition de soi, il est Intellection de soi, et avant d’être Intellection de soi, il Est, l’Éternel, Celui qui Est, comme révélé à Moïse. L’aversion pour la théologie et métaphysique de l’Exode signe la ruine du discours donnant la primauté à l’Amour sur l’Être. Non, l’Amour n’est pas le premier des attributs divins.


:!: 6. Dieu est Saint. L’Amour et la Justice sont un seul et même attribut.

Non encore, quant au rapport de la justice à l’amour en l’agir divin ad intra. Quant à l’agir divin ad intra, est faux de dire que la justice découle de l’amour, puisque ici l’amour et la justice se confondent tant réellement que logiquement : il y a identité conceptuelle de la Justice divine de Dieu envers Dieu et de l’Amour divin de Dieu envers Dieu. L’amour de Dieu pour Dieu est une Justice, puisque cet Amour rend à Dieu infiniment aimable l’amour infini qui Lui est dû. Inversement, la Justice de Dieu pour Dieu est un Amour, puisqu’il rend à Dieu l’amour que son amabilité exige. Ad intra la Justice ne découle pas de l’Amour : elle est l’Amour. Exercer l’Amour est exercer la Justice, et réciproquement. Bref, parler d’Amour ou de Justice, c’est dire deux fois le même attribut divin. Et cet attribut d’Amour/Justice ou de Justice/Amour est précisément celui que chantent les anges. En disant que Dieu est Saint, nous disons à la fois l’amabilité infinie de son être, son infinie perfection infiniment aimable, ainsi que sa justice et son amour pour cette amabilité-même. En disant que Dieu est Saint, nous affirmons simultanément que l’Acte Pur est acte d’être, d’intellection, de volition. Et remarquez bien que les deux seules fois où la Bible relate la vision des liturgies célestes, c’est du Trisagion qu’il s’agit : « Saint, Saint, Saint » (Is. VI, 3, Ap. IV, 8). Bref, l’attribut divin absolument premier n’est pas l’Amour mais l’Être, et l’attribut qui synthétise le mieux les différents aspects conceptuellement distincts de l’être absolument simple de Dieu, les différents aspects de l’être divin réellement et identiquement acte d’être, d’intellection, de volition, est Saint.


:!: 7. En quel sens la justice découle de l’amour.

Ce n’est que relativement à l’agir divin ad extra qu’il est vrai de dire que la justice de Dieu envers les créatures découle de l’amour divin. Vrai, à condition de préciser d’abord que cet Amour nécessaire de Dieu pour Dieu dont découle la libre justice de Dieu envers les créatures est la nécessaire Justice de Dieu pour Dieu. À condition de préciser ensuite que cette divine justice s’exerçant sur les créatures est double, puisque tant la miséricorde que la vindicte de Dieu envers les pécheurs, qui découlent de l’Amour de Justice de Dieu pour Dieu, sont des actes de justice (cf. 2). La vindicte de Dieu pour les pécheurs est un acte de libre justice envers les pécheurs, qu’elle châtie à proportion de leur désamour et de leurs démérites. La miséricorde de Dieu pour les pécheurs est un acte de libre justice envers Dieu, raison pourquoi la miséricorde prime la vindicte. C’est un acte de libre justice envers Dieu, puisque rétablissant librement les pécheurs en grâce et charité, elle leur donne d’aimer Dieu, d’offrir à Dieu l’amour que les créatures lui doivent, leur donnant ainsi d’être justes envers Dieu en l’aimant. Cette miséricorde de Dieu pour le pécheur est donc justice de Dieu pour Dieu rendant juste envers Dieu l’injuste qu’elle justifie ainsi.
[+] Texte masqué
Concile Œcuménique de Trente a écrit :
« Les causes de cette justification sont celles-ci : cause finale, la gloire de Dieu et du Christ, et la vie éternelle ; cause efficiente : Dieu qui, dans sa miséricorde, lave et sanctifie gratuitement 1Co 6,11 par le sceau et l'onction 2Co 1,21-22 de l'Esprit Saint promis "qui est le gage de notre héritage" Ep 1,13-14 ; cause méritoire : le Fils unique bien-aimé de Dieu, notre Seigneur Jésus Christ qui, "alors que nous étions ennemis" Rm 5,10, "à cause du grand amour dont il nous a aimés" Ep 2,4, par sa très sainte Passion sur le bois de la croix nous a mérité la justification et a satisfait pour nous à Dieu son Père ; cause instrumentale, le sacrement du baptême, "sacrement de la foi" sans laquelle il n'y a jamais eu de justification pour personne. Enfin l'unique cause formelle est la justice de Dieu, "non pas celle par laquelle il est juste lui-même, mais celle par laquelle elle nous fait justes", c'est-à-dire celle par laquelle, l'ayant reçue en don de lui, nous sommes "renouvelés par une transformation spirituelle de notre esprit" Ep 4,23 nous ne sommes pas seulement réputés justes, mais nous sommes dits et nous sommes vraiment justes 1Jn 3,1, recevant chacun en nous la justice, selon la mesure que l'Esprit Saint partage à chacun comme il le veut 1Co 12,11 et selon la disposition et la coopération propres à chacun. En effet, bien que personne ne puisse être juste que si les mérites de la Passion de notre Seigneur Jésus Christ lui sont communiqués, c'est cependant ce qui se fait dans la justification de l'impie, alors que, par le mérite de cette très sainte Passion, la charité de Dieu est répandue par l'Esprit Saint dans les coeurs Rm 5,5 de ceux qui sont justifiés et habite en eux. Aussi, avec la rémission des péchés, l'homme reçoit-il dans la justification même par Jésus Christ, en qui il est inséré, tous les dons suivants infus en même temps: la foi, l'espérance et la charité. »

:!: 8. Ce qui suit est donc faux :


(1) Didyme a écrit :
mar. 12 déc. 2023, 23:47

Par conséquent, il n'y a pas à considérer que Dieu agit soit par amour soit par justice. Mais il convient plutôt de considérer que Dieu agit toujours par amour. Quand il applique la justice, c'est toujours une justice qui procède de l'amour et qui a l'amour pour fin...
Dire que Dieu agit toujours par Amour, c’est dire qu’il agit toujours par Justice… Quand donc il exerce la justice vindicative envers les créatures, cette vindicte a pour principe et pour fin l’Amour, l’Amour de Dieu pour Dieu, car Dieu est Saint.

Vous semblez dire tout autre chose : que la peine vindicative serait de soi ordonnée à la conversion de celui qu’elle frappe, de sorte que la miséricorde soit la conséquence ultime de toute vindicte divine. Nous écrivant que quand Dieu exerce sa vindicte, c’est toujours pour l’amour, de quel amour parlez vous ? De l’Amour de Dieu pour Dieu qu’est Dieu, ou de l’amour surnaturel de charité des créatures rénovées dans la grâce sanctifiante et amour de charité pour Dieu ? Si c’est de l’amour surnaturel de charité des créatures pour Dieu, votre propos conduit droit à l’hérésie (cf. infra, 3 et 4).


(2) Didyme a écrit :
mar. 12 déc. 2023, 23:47


La justice, la punition ne vise pas le bien de la justice mais vise plutôt le bien de l'amour par la justice. La justice comme un attribut servant l'amour.
Et non ! La Justice divine n’est pas plus au service de l’Amour divin que l’Amour divin n’est au service de la Justice divine : c’est le même attribut : réellement, à raison de la simplicité divine ; conceptuellement, puisqu’ils disent deux fois la même chose, le rapport de la Déité-Dieu à elle même. Bref l’Amour, la Justice, la Sainteté sont un seul et même attribut divin, absolument nécessaire, duquel découle ad extra tant la miséricorde que la vindicte de Dieu envers ses créatures, ordonnées l’une comme l’autre à la Justice d’Amour ou Amour de Justice de Dieu pour Dieu, ce que la créature soit sauvée ou damnée.


(3) Didyme a écrit :
mar. 12 déc. 2023, 23:47

Or, une justice sans amour ne visant qu'à punir pour punir, ne rétabli en rien l'amour, la relation
Cette assertion est doublement fausse. Tout d’abord cette justice vindicative n’est pas sans amour, puisqu’elle procède de l’Amour/Justice de Dieu pour Dieu, et qu’elle ne se termine pas à l’anéantissement mais à la damnation : en conservant les damnés dans l’être, Dieu continue de les aimer d’amour créateur. Ensuite la vindicte ne vise pas à punir pour punir, ce qui serait cruauté, mais à rendre justice en infligeant le mal de peine en rétribution du mal de faute, en rétribution justicière du désamour de Dieu. Infliger le châtiment aux pécheurs est un acte de justice commutative, là où exercer la miséricorde est un acte de justice distributive. Quand le Dieu de Justice fait miséricorde, il donne au pécheur un bien que ce dernier ne mérite aucunement, la justification par l’infusion de la charité sanctifiante, raison pourquoi la justice exercée est ici distributive. Quand le Dieu de Justice fait vindicte, il donne au pécheur le mal de peine que ce denier mérite pour ses péchés, raison pourquoi la justice exercée est ici commutative. La Vindicte est un acte de justice commutative ayant son principe et sa fin dans la Justice de Dieu pour Dieu qu’est Dieu. La fin du châtiment n’est pas le châtiment mais le Dieu Juste manifestant sa Justice envers Lui-même par sa vindicte. L’Amour de Dieu pour Dieu est si total, si parfait, si infini, qu’il abomine tout désamour de Dieu, et que l’abominant, Dieu a le choix de sauver ou de damner, d’exercer la miséricorde ou la vindicte, et si la vindicte, en l’ordonnant à l’Amour abominant le désamour, et cela est justice, puisque l’Amour est Justice.

Elle semble même hérétique, puisque semblant fortement affirmer Dieu nécessité à rétablir sa créature dans l’amour pour Lui-même. Si là est votre pensée, vous niez tant le dogme de la perpétuité des peines infernales (cf. infra, 4) que celui de la Souveraine Liberté de Dieu envers les créatures.


(4) Didyme a écrit :
mar. 12 déc. 2023, 23:47

La justice est lésé tant que l'amour n'est pas rétabli car l'amour est donné pour l'amour. La créature est créée pour Dieu, pour l'amour. Or, lorsqu'elle n'accueille pas l'amour divin, ne devenant instrument de l'amour, aimant Dieu de tout son être en retour alors apparaît un manque, le péché. La justice divine vise donc à rétablir la justice de l'amour, à rétablir ce cercle virtueux de l'amour à l'amour.
Vous ne parlez plus ici de la Justice qu’est Dieu, mais des effets ad extra de cette Justice, de ce que cette Justice qui est Amour produit ad extra. Vous auriez écrit qu’elle s’exerce ad extra en produisant tant la miséricorde que la vindicte, il n’y aurait rien à reprendre. Mais vous semblez tout au contraire nier la vindicte en la réduisant à l’infliction d’une peine médicinale produisant infailliblement à terme un effet miséricordieux. Et ainsi, vous semblez nier l’Enfer pour l’assimiler au Purgatoire.

Vous semblez n’envisager cette justice vindicative qu’est le châtiment opéré ad extra que comme moyen de conversion, ce qu’il peut être ici-bas sans pourtant l’être toujours, loin s’en faut. Que la peine temporelle vindicative puisse être médicinale, oui. Que toute peine vindicative soit médecinale, non, à preuve les peines éternelles, dont le seul effet est de châtier, puisqu’elles sont éternelles. Si donc la justice divine ne vise qu’à l’amendement du coupable, comme vous sembler le dire, l’Enfer n’existe pas.

Car enfin, comment les peines éternelles pourraient-elles rétablir le cercle vertueux de l’amour à l’amour ? En Enfer n’est que haine formelle de Dieu ! Comment donc de telles peines pourraient-elles rétablir « l'amour, la relation », « rétablir la justice de l'amour » conçue comme rétablissement du « cercle vertueux de l'amour à l'amour » ? Comment des peines infernales sempiternelles pourraient-elles avoir pour fin le salut de ceux qu’elles frappent en les rétablissant dans le lien de la charité ? C’est strictement impossible. Vous semblez donc professer implicitement l’hérésie, soit en niant l’existence de l’Enfer, soit en l’assimilant au Purgatoire, puisque c’est à l’une de ces hérésies que votre discours semble logiquement conduire. Ceci ne serait guère étonnant, au regard de la prégnance du discours balthasarien sur le vôtre.

Constitution Benedictus Deus a écrit :
Par cette constitution qui restera à jamais en vigueur, et en vertu de l'autorité apostolique nous définissons que… En outre nous définissons que, selon la disposition générale de Dieu, les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent aussitôt après leur mort en enfer, où elles sont tourmentées de peines éternelles, et que néanmoins au jour du jugement tous les hommes comparaîtront avec leurs corps "devant le tribunal du Christ " pour rendre compte de leurs actes personnels, " afin que chacun reçoive le salaire de ce qu'il aura fait pendant qu'il était dans son corps, soit en bien, soit en mal " (II Cor. V, 10).
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »

Avatar de l’utilisateur
Didyme
Senator
Senator
Messages : 949
Inscription : dim. 16 août 2009, 12:42
Conviction : Catholique

Re: Amour et Liberté

Message non lu par Didyme » mer. 27 déc. 2023, 17:43

Perlum Pimpum a écrit :Bref, c’est l’Amour nécessaire de Dieu pour Dieu qui le dispose naturellement à être librement le Dieu de Miséricorde ou de Vindicte pour les pécheurs qui ne L’aiment pas, pardonnant et bénissant les uns tout en châtiant, maudissant (Mt. XXV, 41) et vomissant (Ap. III, 16) les autres. Et si, dans les faits, Dieu exerce davantage la vindicte, puisque la plupart des hommes sera damnée (cf. Mt. VII, 13-14 conjoint à Mt. XXV, 41), nonobstant, quant à l’inclination divine, et contre tous les jansénismes, la Miséricorde prime la Vindicte, car la Miséricorde satisfait davantage à l’Amour de Dieu pour Dieu, seule la miséricorde octroyée aux créatures leur permettant d’aimer Dieu, d’atteindre à leur fin dernière surnaturelle absolue, Dieu aimé des saints du Ciel. C’est pourquoi la Liberté divine est davantage inclinée à la Miséricorde, comme l’attestent, outre les incessants appels au repentir, la prédication du Christ, la Passion, et la manifestation du Cœur-Sacré de Jésus. Mais cette inclination divine à faire miséricorde, qui explique que Dieu préfère pardonner plutôt que châtier, ne lui interdit pas de châtier, car cette inclination à faire miséricorde n’est aucunement constitutive d’une nécessité de conséquence : c’est une simple convenance à sa nature divine, comme le prouve le fait que Dieu, dans la Bible, n’a de cesse de marteler qu’il est un Dieu exerçant sa vindicte. Bref, Dieu n’est aucunement nécessité à exercer la miséricorde, et de fait il exerce la vindicte en expédiant la plupart des hommes dans les flammes de l’Enfer éternel, comme Jesus nous l’enseigne très explicitement (cf. Mt. VII, 13-14 conjoint à Mt. XXV, 41). Bref, quant à l’inclination naturelle de la volonté libre, Dieu veut sauver tous les hommes (I Tim. II, 3-4) : c’est le dogme de la volonté salvifique universelle. Mais quant à l’exercice de cette volonté libre, il damne la plupart des hommes, comme Jésus l’enseigne. Exciper de l’Amour pour nier la Vindicte est donc folie autant qu’hérésie.

En gros, Dieu préfère faire miséricorde mais il damne la majeure partie des hommes !?
Par amour pour lui, Dieu ferait donc d'une part ce qu'il ne préfère pas et ce qu'il ne veut pas (puisque sa volonté est que tous les hommes soient sauvés). Et d'autre part, Dieu laisserait la majeure partie de l'humanité dans le non-amour divin et donc préférerait une fin qui ne lui rende pas l'amour qui lui est dû. Donc ici, il préférerait majoritairement une fin qui divise et qui laisse subsister l'offense plutôt qu'une fin qui unisse et qui ordonne en ramenant les hommes à l'amour qui lui est dû. Et donc, Dieu semblerait préférer ici de très loin se venger que faire miséricorde.


Mais qu'est-ce qui est juste ?
N'est-ce pas que la créature qui a été créé par Dieu et pour Dieu aime Dieu ?
Que vise donc à établir la justice ? Est-ce à produire ce qui est juste (l'amour de Dieu) ou à laisser subsister éternellement ce qui est injuste ?

Qu'est-ce qu'une peine stérile, ne visant pas l'amour, peut-elle ordonner ? Ordonner à Dieu ?
Qu'est-ce qu'une telle peine peut-elle donc produire de juste puisqu'elle ne rend au final pas justice à Dieu, ne vise pas la seule chose qui soit juste, et qui est que Dieu soit aimé ?

Perlum Pimpum a écrit :Pourquoi donc Dieu ne leur évite pas ces souffrances sinon parce qu’il est Libre d’agir envers ses créatures, Libre donc de leur imposer les rigueurs de sa justice vindicative plutôt que de leur faire miséricorde, mais tout aussi libre de leur faire miséricorde plutôt que de leur imposer les rigueurs de sa justice vindicative. C’est au libre-choix de Dieu.
Mais Dieu n'est pas lunatique mais juste donc ce libre-choix a forcément une certaine cohérence.

Perlum Pimpum a écrit :Et d’abord, si Dieu justifie l’impie par l’infusion de la charité, n’est-il pas vrai que l’âme ainsi restaurée dans l’amour pour Dieu rend à Dieu ce que la Justice divine exige qu’elle lui rende, l’amour ?
Et oui, elle est là la justice.

Perlum Pimpum a écrit :
Coco lapin a écrit : Qu'on appelle ça justice, sagesse ou cohérence, ça revient au même : Dieu est lié par sa perfection, et il ne peut pas épargner aux âmes du purgatoire les flammes expiatoires. S'il était libre de le faire, alors la punition que subissent les âmes du purgatoire ne serait qu'une vengeance cruelle. Je vous rappelle que "dispenser l'homme d'assumer les conséquences de ses actes", c'est justement "faire miséricorde"
Il est libre de le faire, et s’il s’abstient librement de le faire malgré qu’il soit disposé à le faire, ce n’est pas cruauté mais justice inflexible, justice vindicative : « jusqu'à ce qu'il eût payé tout ce qu'il devait » (Mt. XVIII, 34).
Le problème est que cette citation de Saint Mathieu renvoie l'idée d'un terme au châtiment ("jusqu'à").
Et d'ailleurs, qu'est-ce que l'on doit à Dieu, si ce n'est l'amour.
Ainsi, la fin du châtiment semble être ici ce qui est dû à Dieu, l'amour de Dieu.


Perlum Pimpum a écrit :5. L’Être est le premier des attributs divins.

Et d’abord, non, mille fois non, puisque, à raison de la simplicité divine, tous les attributs divins, d’ordre absolu, sont la nature divine.
Oui mais l'être-même de Dieu est Amour (art.221 du catéchisme).
L'amour n'est pas qu'un attribut, c'est la nature même de Dieu. Tous les attributs sont la nature divine mais selon l'ordre des choses, ces attributs procèdent de l'Amour.

Perlum Pimpum a écrit :Mais si, en Dieu, l’être et l’agir sont réellement identiques, n’en demeure pas moins que nous ne pouvons penser Dieu qu’en séquençant logiquement les attributs divins. Et l’attribut qui vient en premier n’est assurément pas l’agir mais l’être : l’agir suit l’être, puisque pour agir, il faut préalablement être.
Cette remarque m'étonne car il me semblait que votre école de pensée parlait d'acte d'être, d'acte d'exister, plaçant alors l'acte avant l'être.

Perlum Pimpum a écrit :C’est donc l'être divin qui est au fondement des trois corrélatifs incommunicablement opposés : le Père n’est pas parce qu’il aime, mais aime parce qu’il est ; le Fils n’est pas parce qu’il aime, mais aime parce qu’il est ; l’Esprit n’est pas parce qu’il aime, mais aime parce qu’il est.
Cela me surprend car sur l'autre fil, vous parliez de l'amour comme fondement des personnes.
L'être étant amour.
Ce qui semble logique si on fait une analogie (certes imparfaite) avec la création. Sans amour il n'y a pas d'être. C’est par amour que nous sommes créés, que nous avons l'être. Ce n'est pas le manque d'être qui fait apparaître le néant qu'est le péché mais c'est le manque d'amour. Manque d'amour comme un non-être.

Perlum Pimpum a écrit :Ensuite, quant à l’agir divin ad intra, la volition présuppose l’intellection, puisque vouloir ou aimer est toujours vouloir quelque chose (aliquid, res, ce que cet aliquid soit une personne ou autre chose), chose que l’intelligence représente à la volonté afin qu’ainsi spécifiée par l’intellect la volontè se décide pour ou contre cette chose.
Aimer c'est être.
Réduire l'amour à l'intellect c'est le vider de son essence, c'est le réduire à un mot. À un acte ? Un acte guidé par la volonté guidée par l'intellect ? Un intellect sans amour peut faire tout et son contraire.
Quand je lis ça, j'ai l'impression d'être dans la matrice dirigée par l'intelligence artificielle :-D. J'ai l'impression qu'on pourrait nous tenir le même discours pour adorer l'intelligence artificielle.
L'intellect seul ne créerait pas puisque l'intellect connaîtrait les risques plus que probables de la chute et de la perdition. Et sa perfection (puisqu'il s'agit ici d'un être intelligent infiniment parfait) n'autoriserait pas un tel écueil. La perfection ne créerait que s'il y a absolu certitude de réussite, réussite en adéquation avec son infini perfection. Ce qui n'est pas possible dans la création telle que voulue par Dieu.

C'est l'amour qui agit, qui veut quelque chose. Et l'Amour étant parfait (il ne s'agit donc pas d'une perfection vide), il ne peut vouloir que ce qui est bon. L'intellect n'étant parfait que parce que procédant de l'amour parfait. Amour parfait qui lui donne ordre, sens, cohérence, direction.

Perlum Pimpum a écrit :Si donc « Dieu est Amour », est amour de Dieu pour Dieu, cet amour découle logiquement de l’être divin : l’essence de Dieu est son être
Et cette être est essentiellement amour.
Si Dieu était essentiellement être alors Dieu ne serait pas trine. Il serait simplement Dieu en une personne.
Mais c'est parce que cette être EST Amour que Dieu est pluriel.

Perlum Pimpum a écrit :Non, l’Amour n’est pas le premier des attributs divins.
Je m'accorde le droit de penser qu'une telle pensée peut produire bien des dérives.
Je pense que tout devrait être lu, penser selon l'amour divin, à travers ses "lunettes".
Je pense que si quoique ce soit se heurte à l'amour c'est qu'il y a quelque chose qui cloche, qui mérite d'être revu ou éclairci par l'amour.

Perlum Pimpum a écrit :Non encore, quant au rapport de la justice à l’amour en l’agir divin ad intra. Quant à l’agir divin ad intra, est faux de dire que la justice découle de l’amour, puisque ici l’amour et la justice se confondent tant réellement que logiquement : il y a identité conceptuelle de la Justice divine de Dieu envers Dieu et de l’Amour divin de Dieu envers Dieu. L’amour de Dieu pour Dieu est une Justice, puisque cet Amour rend à Dieu infiniment aimable l’amour infini qui Lui est dû. Inversement, la Justice de Dieu pour Dieu est un Amour, puisqu’il rend à Dieu l’amour que son amabilité exige.
Mais expliquez-moi donc, de façon cohérente, comment la Justice divine envers Dieu rend à Dieu l'amour qui lui est dû selon une justice vindicative, stérile ?!
Cette justice dont vous parlez enferme plutôt la créature dans le non-amour pour Dieu.
Que vous disiez qu'elle rend justice à Dieu, selon une justice distincte de l'amour s'entend encore mais qu'elle rende amour :?:

Quelque part, je me dis que certes le fait de venger quelqu'un pour venger l'amour qui ne lui est pas donnée est comme une preuve d'amour, comme une reconnaissance de ce qui lui est dû. Et donc cette vengeance est un acte d'amour qui vise à combler le manque.
Mais ... cela tient si l'objet de la vengeance n'est pas objet d'amour.
Or, la créature, toute rebelle qu'elle soit, est aimée de Dieu. Est aimée de Dieu car subsistant. Or, ne pourrait subsister ce que Dieu ne veut pas. Et ce qu'il veut il l'aime. Voudrait-il ce qu'il n'aime pas ? Et ce qu'il n'aime pas pourrait-il subsister ?
Par conséquent, si la vengeance vise ce que Dieu aime alors comment cette vengeance pourrait-elle rendre amour à Dieu ?!
Ce que Dieu n'aime pas c'est le péché, pas la personne. La justice divine vise donc le péché en la personne. Et si Dieu n'aime pas le péché alors il veut faire disparaître le péché.
La justice divine vise donc à faire disparaître, par les peines, le péché en la personne. Et ceci afin d'accomplir la justice qui consiste à aimer Dieu, et donc d'amener la personne, sa création, à aimer Dieu.
Après, que la Justice parvienne à faire disparaître ce péché ou que la créature s'enferme indéfiniment dans son péché, demeurant éternellement sous la Justice divine, c'est une autre affaire.

Perlum Pimpum a écrit :Bref, parler d’Amour ou de Justice, c’est dire deux fois le même attribut divin.
Non, ce n’est pas la même chose. La justice vise à rétablir le bien, bien qu'est l'amour.

Perlum Pimpum a écrit :La vindicte de Dieu pour les pécheurs est un acte de libre justice envers les pécheurs, qu’elle châtie à proportion de leur désamour et de leurs démérites. La miséricorde de Dieu pour les pécheurs est un acte de libre justice envers Dieu, raison pourquoi la miséricorde prime la vindicte.
Je vois d'ici poindre les remarques de Coco lapin sur le sujet.

Perlum Pimpum a écrit :
[+] Texte masqué
Concile Œcuménique de Trente a écrit :
« Les causes de cette justification sont celles-ci : cause finale, la gloire de Dieu et du Christ, et la vie éternelle ; cause efficiente : Dieu qui, dans sa miséricorde, lave et sanctifie gratuitement 1Co 6,11 par le sceau et l'onction 2Co 1,21-22 de l'Esprit Saint promis "qui est le gage de notre héritage" Ep 1,13-14 ; cause méritoire : le Fils unique bien-aimé de Dieu, notre Seigneur Jésus Christ qui, "alors que nous étions ennemis" Rm 5,10, "à cause du grand amour dont il nous a aimés" Ep 2,4, par sa très sainte Passion sur le bois de la croix nous a mérité la justification et a satisfait pour nous à Dieu son Père ; cause instrumentale, le sacrement du baptême, "sacrement de la foi" sans laquelle il n'y a jamais eu de justification pour personne. Enfin l'unique cause formelle est la justice de Dieu, "non pas celle par laquelle il est juste lui-même, mais celle par laquelle elle nous fait justes", c'est-à-dire celle par laquelle, l'ayant reçue en don de lui, nous sommes "renouvelés par une transformation spirituelle de notre esprit" Ep 4,23 nous ne sommes pas seulement réputés justes, mais nous sommes dits et nous sommes vraiment justes 1Jn 3,1, recevant chacun en nous la justice, selon la mesure que l'Esprit Saint partage à chacun comme il le veut 1Co 12,11 et selon la disposition et la coopération propres à chacun. En effet, bien que personne ne puisse être juste que si les mérites de la Passion de notre Seigneur Jésus Christ lui sont communiqués, c'est cependant ce qui se fait dans la justification de l'impie, alors que, par le mérite de cette très sainte Passion, la charité de Dieu est répandue par l'Esprit Saint dans les coeurs Rm 5,5 de ceux qui sont justifiés et habite en eux. Aussi, avec la rémission des péchés, l'homme reçoit-il dans la justification même par Jésus Christ, en qui il est inséré, tous les dons suivants infus en même temps: la foi, l'espérance et la charité. »

:!: 8. Ce qui suit est donc faux :
Cela m'étonne car je n'ai pas l'impression de dire autre chose en fait. :?:

Perlum Pimpum a écrit :
(1) Didyme a écrit :
mar. 12 déc. 2023, 23:47

Par conséquent, il n'y a pas à considérer que Dieu agit soit par amour soit par justice. Mais il convient plutôt de considérer que Dieu agit toujours par amour. Quand il applique la justice, c'est toujours une justice qui procède de l'amour et qui a l'amour pour fin...
Dire que Dieu agit toujours par Amour, c’est dire qu’il agit toujours par Justice… Quand donc il exerce la justice vindicative envers les créatures, cette vindicte a pour principe et pour fin l’Amour, l’Amour de Dieu pour Dieu, car Dieu est Saint.

Vous semblez dire tout autre chose : que la peine vindicative serait de soi ordonnée à la conversion de celui qu’elle frappe, de sorte que la miséricorde soit la conséquence ultime de toute vindicte divine. Nous écrivant que quand Dieu exerce sa vindicte, c’est toujours pour l’amour, de quel amour parlez vous ?
Comme je l'ai dit dans les réponses précédentes, pour accomplir ce qui est juste, à savoir aimer Dieu. L'inconversion est injustice par nature. Et la justice combat l'injustice...

Perlum Pimpum a écrit :
(3) Didyme a écrit :
mar. 12 déc. 2023, 23:47

Or, une justice sans amour ne visant qu'à punir pour punir, ne rétabli en rien l'amour, la relation
Cette assertion est doublement fausse. Tout d’abord cette justice vindicative n’est pas sans amour, puisqu’elle procède de l’Amour/Justice de Dieu pour Dieu, et qu’elle ne se termine pas à l’anéantissement mais à la damnation : en conservant les damnés dans l’être, Dieu continue de les aimer d’amour créateur.
Certes, mais ici amour à sens unique donc pas de relation rétablie.

Perlum Pimpum a écrit :La fin du châtiment n’est pas le châtiment mais le Dieu Juste manifestant sa Justice envers Lui-même par sa vindicte.
J'imagine qu'on peut l'entendre ainsi mais cela me semble moindre qu'une justice envers Lui-même où toute la création lui rend l'amour qui lui est dû.

Perlum Pimpum a écrit :L’Amour de Dieu pour Dieu est si total, si parfait, si infini, qu’il abomine tout désamour de Dieu, et que l’abominant, Dieu a le choix de sauver ou de damner, d’exercer la miséricorde ou la vindicte, et si la vindicte, en l’ordonnant à l’Amour abominant le désamour, et cela est justice, puisque l’Amour est Justice.
Et pourtant, ce qu'il y a d'étonnant ici est que cette vindicte, en ne faisant que punir pour punir, laisse finalement subsister éternellement ce que Dieu abomine pourtant, le désamour...

Perlum Pimpum a écrit :semble même hérétique, puisque semblant fortement affirmer Dieu nécessité à rétablir sa créature dans l’amour pour Lui-même. Si là est votre pensée, vous niez tant le dogme de la perpétuité des peines infernales (cf. infra, 4) que celui de la Souveraine Liberté de Dieu envers les créatures.
Il n'est pas question de nécessité pour Dieu à rétablir sa créature dans l’amour pour Lui-même mais de volonté
"Cela est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité." (Timothée 1 : 3-4)

Or, si Dieu veut cela et si Dieu est libre alors sa justice vise ce qu'il veut. Or, dans le cadre d'une justice vindicative (telle que vous me la présentez), Dieu n'est plus souverainement libre mais semble contraint à la nécessité de punir d'une justice ne visant pas ce qu'il veut...


Que cette volonté de Dieu s'accomplisse est davantage question d'espérance.

Perlum Pimpum a écrit :
(4) Didyme a écrit :
mar. 12 déc. 2023, 23:47

La justice est lésé tant que l'amour n'est pas rétabli car l'amour est donné pour l'amour. La créature est créée pour Dieu, pour l'amour. Or, lorsqu'elle n'accueille pas l'amour divin, ne devenant instrument de l'amour, aimant Dieu de tout son être en retour alors apparaît un manque, le péché. La justice divine vise donc à rétablir la justice de l'amour, à rétablir ce cercle virtueux de l'amour à l'amour.
Vous ne parlez plus ici de la Justice qu’est Dieu, mais des effets ad extra de cette Justice, de ce que cette Justice qui est Amour produit ad extra. Vous auriez écrit qu’elle s’exerce ad extra en produisant tant la miséricorde que la vindicte, il n’y aurait rien à reprendre. Mais vous semblez tout au contraire nier la vindicte en la réduisant à l’infliction d’une peine médicinale produisant infailliblement à terme un effet miséricordieux. Et ainsi, vous semblez nier l’Enfer pour l’assimiler au Purgatoire.
En fait, j'aurais l'impression que la position classique de l'Église assimile la damnation à la liberté humaine.
Ici, ce que je dis ne me semble alors pas entrer en contradiction avec celle-ci puisque si la justice divine vise le désamour qu'est le péché, la liberté humaine est libre de refuser, de s'enfermer dans son péché.
Justice devenant alors stérile non pas de Dieu qui est vie, mais du refus obstiné de la créature.
Cette approche me semble, de ce que j'en perçois, combler les apories de la justice vindicative.


Perlum Pimpum a écrit :Vous semblez n’envisager cette justice vindicative qu’est le châtiment opéré ad extra que comme moyen de conversion, ce qu’il peut être ici-bas sans pourtant l’être toujours, loin s’en faut. Que la peine temporelle vindicative puisse être médicinale, oui. Que toute peine vindicative soit médecinale, non, à preuve les peines éternelles, dont le seul effet est de châtier, puisqu’elles sont éternelles. Si donc la justice divine ne vise qu’à l’amendement du coupable, comme vous sembler le dire, l’Enfer n’existe pas.

Car enfin, comment les peines éternelles pourraient-elles rétablir le cercle vertueux de l’amour à l’amour ? En Enfer n’est que haine formelle de Dieu ! Comment donc de telles peines pourraient-elles rétablir « l'amour, la relation », « rétablir la justice de l'amour » conçue comme rétablissement du « cercle vertueux de l'amour à l'amour » ? Comment des peines infernales sempiternelles pourraient-elles avoir pour fin le salut de ceux qu’elles frappent en les rétablissant dans le lien de la charité ? C’est strictement impossible. Vous semblez donc professer implicitement l’hérésie, soit en niant l’existence de l’Enfer, soit en l’assimilant au Purgatoire, puisque c’est à l’une de ces hérésies que votre discours semble logiquement conduire. Ceci ne serait guère étonnant, au regard de la prégnance du discours balthasarien sur le vôtre.
Ce qui est toujours étonnant c'est de penser qu'un théologien comme lui ou Karl Rahner qui sont tout de même loin d'ignorer ce que dit et condamne l'Église, puisse avoir explorer la voie de l'espérance universelle. Et ceci, en ayant été élevé cardinal à la fin de sa vie (concernant Balthasar) lorsqu'il aurait dû au contraire être condamné à l'hérésie. C’est que son discours ne doit pas être si hérétique, si tant est qu'on s'y penche suffisamment et qu'on accepte de sortir de certaines représentations.

Balthasar ne nie pas l'enfer, il interroge plutôt sur son peuplement.
On peut toujours s'indigner, il n'empêche que beaucoup de ses questionnements sont légitimes.
L'autre est un semblable.

Coco lapin
Quæstor
Quæstor
Messages : 351
Inscription : mar. 25 janv. 2022, 10:38

Re: Amour et Liberté

Message non lu par Coco lapin » sam. 30 déc. 2023, 13:00

Bonjour Perlum Pimpum !
Perlum Pimpum a écrit :Que Dieu choisisse d’exercer la miséricorde ou la vindicte, en tout état de cause la justice divine est satisfaite.
[...]

Bref, c’est l’Amour nécessaire de Dieu pour Dieu qui le dispose naturellement à être librement le Dieu de Miséricorde ou de Vindicte pour les pécheurs qui ne L’aiment pas, pardonnant et bénissant les uns tout en châtiant, maudissant (Mt. XXV, 41) et vomissant (Ap. III, 16) les autres.
Dans ce cas Dieu serait cruel lorsqu'il choisit d'exercer la vindicte.
Perlum Pimpum a écrit :(...) dans les faits, Dieu exerce davantage la vindicte, puisque la plupart des hommes sera damnée (cf. Mt. VII, 13-14 conjoint à Mt. XXV, 41) (...)
En observant bien les textes, on ne peut pas conclure de manière certaine que plus de 50% des humains seront damnés.

« Entrez par la porte étroite ; car large est la porte, et spacieuse la voie qui conduit à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par elle. Qu’étroite est la porte et resserrée la voie qui conduit à la vie, et qu’il y en a peu qui la trouvent !» (Mt 7,13-14)

Le mot "peu" ne se rapporte pas forcément corrélativement au mot "beaucoup" de la première proposition, mais peut se comprendre de façon générale. Par ailleurs, il faut remarquer que dans la deuxième proposition, il y a "peu" de gens qui "trouvent la voie qui conduit à la vie", et non qui "entrent par la porte étroite". Cette nuance est importante, car ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu (cf Mt 19,26). Dieu peut mettre sur la bonne voie et finalement faire entrer par la porte étroite ceux qui s'étaient préalablement engagés sur la voie spacieuse de la perdition.

« Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. » (Mt 22,14)

Ici aussi, on ne peut pas pronostiquer que plus de 50% de l'humanité sera damnée, même si cette interprétation est compatible. En effet, sur 100 hommes partant à la guerre, si seulement 70 reviennent, on peut quand même dire que c'est "peu". Néanmoins, ce serait faux de dire "peu" si 80% s'en sortent. Donc je dirais que d'après cette phrase, il y a au moins 25% de damnés (1 personne sur 4), mais c'est assez subjectif.

Perlum Pimpum a écrit :En vérité, Miséricorde et Vindicte relèvent de la seule Liberté divine.

Pourquoi donc Dieu ne leur évite pas ces souffrances sinon parce qu’il est Libre d’agir envers ses créatures, Libre donc de leur imposer les rigueurs de sa justice vindicative plutôt que de leur faire miséricorde, mais tout aussi libre de leur faire miséricorde plutôt que de leur imposer les rigueurs de sa justice vindicative. C’est au libre-choix de Dieu.

Et d’abord, si Dieu justifie l’impie par l’infusion de la charité, n’est-il pas vrai que l’âme ainsi restaurée dans l’amour pour Dieu rend à Dieu ce que la Justice divine exige qu’elle lui rende, l’amour ? Si donc, par libre-miséricorde, Dieu justifie librement l’impie, en quoi cette miséricorde offenserait-elle la Justice divine exigeant nécessairement * pour Dieu l’amour dû à Dieu ?
Si le résultat au niveau de la justice est le même, et que Dieu décide d'exercer la vindicte plutôt que la miséricorde, alors c'est qu'il est cruel.
Perlum Pimpum a écrit :Il est libre de le faire, et s’il s’abstient librement de le faire malgré qu’il soit disposé à le faire, ce n’est pas cruauté mais justice inflexible, justice vindicative : « jusqu'à ce qu'il eût payé tout ce qu'il devait » (Mt. XVIII, 34).
Idem. Si les décisions de Dieu ne sont pas conditionnées par sa justice, sa sagesse, et par la volonté (et les actions) plus ou moins mauvaise des hommes, alors la décision de torturer les damnés et de faire expier certains au purgatoire et pas d'autres n'est que de l'arbitraire plus ou moins cruel.

Avatar de l’utilisateur
ChristianK
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1199
Inscription : lun. 10 mars 2008, 18:43

Re: Amour et Liberté

Message non lu par ChristianK » sam. 30 déc. 2023, 20:07

Perlumpimpum a écrit : Dit autrement, tout acte divin de volonté libre repose sur la volonté naturelle ou amour absolument nécessaire de Dieu pour Dieu.

Dieu étant Libre d’agir envers nous, Dieu est Libre de nous pardonner ou de nous punir, Libre d’être miséricordieux ou vindicatif, Libre de nous sauver ou de nous damner.
Je ne suis pas sûr de la cohérence de ces 2 phrases.
S’il exerce sa vindicte en infligeant les peines temporelles ou éternelles que le péché des créatures mérite, en châtiant le désamour pour Dieu des créatures, Dieu satisfait aux exigences de l’Amour, de l’Amour de Dieu pour Dieu qu’est Dieu : Dieu, par amour infini de Lui-même, exigeant d’être aimé (premier commandement) de ceux crées pour cette seule fin dernière surnaturelle absolue, châtie en rigueur de justice (exercée ad extra) le manquement d’amour dû à sa Souveraine Bonté, châtie ceux qui, devant L’aimer, ne L’aiment pas. De ce point de vue, de toute évidence, la vindicte satisfait à la Justice et à l’Amour, puisqu’elle s’exerce par amour divin de Dieu pour Dieu en châtiant le défaut d’amour dû au Dieu souverainement aimable.
Donc il y a un lien entre vindicte et amour de Dieu pour Dieu. Pourquoi la 1ere est elle libre et la seconde nécessaire, puisque la 1ere découle du 2e?

La fin du châtiment n’est pas le châtiment mais le Dieu Juste manifestant sa Justice envers Lui-même par sa vindicte. L’Amour de Dieu pour Dieu est si total, si parfait, si infini, qu’il abomine tout désamour de Dieu, et que l’abominant, Dieu a le choix de sauver ou de damner, d’exercer la miséricorde ou la vindicte, et si la vindicte, en l’ordonnant à l’Amour abominant le désamour, et cela est justice, puisque l’Amour est Justice.
Exactement. Alors même question que ci-haut. Faudrait plus de précision et de clarté sur le point
Que la peine temporelle vindicative puisse être médicinale
Ceci semble une coquille. Vous vouliez dire « qu’une peine temporelle puisse ëtre à la fois vindicative et médicinale » Ce qui est médicinal ne peut être vindicatif en soi.

e
Dydime a écrit :
Je m'accorde le droit de penser qu'une telle pensée peut produire bien des dérives.
Je pense que tout devrait être lu, penser selon l'amour divin, à travers ses "lunettes".
Pour l’amour intratrinitaire oui. Pas pour l’amour du monde, qui est contingent. Dieu pouvait ne pas créer donc ne pas aimer ce qu’il n’aurait pas créé.

Ce qui est toujours étonnant c'est de penser qu'un théologien comme lui ou Karl Rahner qui sont tout de même loin d'ignorer ce que dit et condamne l'Église, puisse avoir explorer la voie de l'espérance universelle. Et ceci, en ayant été élevé cardinal à la fin de sa vie (concernant Balthasar) lorsqu'il aurait dû au contraire être condamné à l'hérésie. C’est que son discours ne doit pas être si hérétique, si tant est qu'on s'y penche suffisamment et qu'on accepte de sortir de certaines représentations.
Pas nécessairement, la période en étant une de haute cuculisation pasto (théo « positive »). Hypothèse sociologique : Balthasar est à la génération défroquée (ca.1935) ce que Polnareff (on ira tous au paradis, 1972) est à la génération lyrique (1940-1955)
Balthasar ne nie pas l'enfer, il interroge plutôt sur son peuplement.
D’abord il y a satan et les démons (devinez pourquoi ils sont censurés…). Ensuite, l’enfer n’est pas un lieu mais un état. Le dire vide ou seulement potentiel c’est dire qu’il n’existe pas, pour Satan ou pour les hommes. Comme on sait pas, le ciel est aussi potentiel, pour la majorité.

n
Coco Lapin a écrit :
Dans ce cas Dieu serait cruel lorsqu'il choisit d'exercer la vindicte.
Je ne crois pas que cela soit impliqué. On (Coco) veut probablement dire que la liberté n’est qu’antécédente au péché mortel. Une fois la nature humaine créée librement, il y a nécessité conséquente de la vindicte en certains cas.

Avatar de l’utilisateur
Perlum Pimpum
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1070
Inscription : lun. 19 avr. 2021, 23:28
Conviction : Chrétien
Localisation : Berry

Re: Amour et Liberté

Message non lu par Perlum Pimpum » lun. 01 janv. 2024, 16:49

Bonjour Didyme.

Je prends ici le temps de vous répondre. Je répondrais à votre autre message d’ici un mois, ayant résolu d’espacer mes interventions. Mais je répondrais prochainement aux deux autres intervenants.


L'amour n'est pas qu'un attribut, c'est la nature même de Dieu. Tous les attributs sont la nature divine mais selon l'ordre des choses, ces attributs procèdent de l'Amour.
Assertion balthasarienne d’une totale absurdité. A-t’il fallu que vous aimiez pour être, ou étiez-vous avant d’aimer ? Selon l’ordre des choses, l’amour présuppose l’intelligence et l’être. L’intelligence, qui spécifie la volonté, la volonté ne s’exerçant que spécifiée par l’objet que lui présente l’intellect ; à défaut, un acte sans aucune spécification, un amour qui soit amour de rien : c’est absurde. Et plus en amont encore, l’être, premier des attributs, car comment penser ou aimer à défaut d’être ? Si l’être n’est logiquement que postérieur à l’amour, l’amour n’est pas. Bref, oubliez une fois pour toutes les fariboles balthasariennes.

Cela me surprend car sur l'autre fil, vous parliez de l'amour comme fondement des personnes.
Je le disais en tant que ces attributs sont en Dieu réellement identiques, et pour acclimater mon discours au vôtre, le vocable que j’emploie préférentiellement pour dire l’acte au fondement des trois corrélatifs étant celui de « déité ». Mais si ces attributs sont réellement identiques, ils restent conceptuellement distincts, et selon le séquençage logique l’être est le premier d’entre eux.

Cette remarque m'étonne car il me semblait que votre école de pensée parlait d'acte d'être, d'acte d'exister, plaçant alors l'acte avant l'être.
Acte s’oppose à puissance, pas à être. L’acte d’être est l’acte premier. L’acte d’intellection ou de volition est un acte second, une action du sujet, un agir : c’est l’action d’un sujet. Ce sujet doit être pour agir : l’agir suit l’être. Ce sujet est un être-en-acte (esse in actu, ens), qui est tel par l’acte d’être ou être-comme-acte (esse ut actus), et c’est en tant qu’il est en acte qu’il peut agir. En Dieu être-en-acte et être-comme-acte sont réellement identiques, quoiqu’il y ait une nuance conceptuelle, être-comme-acte disant seulement l’exister, là où être-en-acte dit l’essence existante, même si en Dieu l’essence divine est réellement identique à l’exister divin. La séquence logique est donc acte d’être, acte d’intellection, acte de volition.

Réduire l'amour à l'intellect c'est le vider de son essence
Il ne s’agit pas d’assimiler conceptuellement l’intellection divine et la volition divine. Il s’agit de dire que la volition divine, l’acte exercé de volonté, est toujours volonté de quelque chose (ou de quelqu’un) , et que c’est l’intellect qui représente cette chose à la volonté, la spécifie, afin qu’ainsi spécifiée la volonté s’exerce dans l’acceptation ou le refus de ce qui lui est présenté. Bref, pour que vous puissiez aimer quelqu’un, il faut un double préalable. D’abord que vous soyez - est-ce si difficile à comprendre ? Ensuite que cette personne soit présente à vos pensées, de sorte qu’y pensant vous puissiez l’aimer. C’est d’ailleurs pourquoi la foi, habitus intellectuel, est nécessaire au salut de nécessité de moyen absolu, car c’est la foi théologale au Dieu Trine qui spécifie les habitus volontaires d’espérance et de charité : la foi spécifie la charité, la charité vivifie la foi.



—-


En gros, Dieu préfère faire miséricorde mais il damne la majeure partie des hommes !?
Oui, c’est exactement ça. Et remarquez bien que vous ne pouvez le contester qu’en niant l’Écriture : soit en niant sa volonté salvifique universelle, laquelle exprime sa préférence ou, pour le dire autrement, sa volonté antécédente ; soit en niant le fait que la plupart des hommes est damnée et que c’est Dieu qui les damne, ce qui relève de sa volonté conséquente.


Par amour pour lui, Dieu ferait donc d'une part ce qu'il ne préfère pas et ce qu'il ne veut pas (puisque sa volonté est que tous les hommes soient sauvés). Et d'autre part, Dieu laisserait la majeure partie de l'humanité dans le non-amour divin et donc préférerait une fin qui ne lui rende pas l'amour qui lui est dû. Donc ici, il préférerait majoritairement une fin qui divise et qui laisse subsister l'offense plutôt qu'une fin qui unisse et qui ordonne en ramenant les hommes à l'amour qui lui est dû. Et donc, Dieu semblerait préférer ici de très loin se venger que faire miséricorde
Votre résumé est ici aussi caricatural que faux. Il est faux de dire que Dieu ne veut pas damner les hommes, puisqu’il les damne par millions. Il est faux de dire que la damnation serait contraire à la fin dernière absolue, Dieu, Dieu aimé de Dieu. Mais je vois d’où résulte votre confusion. Je vais donc expliciter maintenant ce que je disais en affirmant que notre fin dernière absolue est Dieu aimé des saints.

  • (1) Tout d’abord, la créature rationnelle a été créé pour aimer Dieu (fin dernière absolue) et en vivre (fin dernière relative). Disant cela, on ne cherche aucunement à signifier que la fin dernière absolue serait l’acte d’amour surnaturel créé par lequel les saints aiment Dieu. La fin dernière absolue est Dieu aimé des créatures ; n’est pas l’amour de la créature pour Dieu, rien de créé, pas même l’acte d’amour de la créature pour Dieu, pouvant être ce pourquoi Dieu nous veut.
  • (2) Ensuite donc, ce pourquoi Dieu nous veut est Dieu-même : la fin dernière absolue de la création est et ne peut qu’être Dieu, Dieu aimé de Dieu. Or rien ne peut faire obstacle à l’amour de Dieu pour Dieu. De sorte que nous l’aimions au Ciel ou que nous l’haïssions en Enfer, en tout état de cause nous atteindrons à notre fin dernière absolue, Dieu aimé de Dieu. Car ce n’est pas la fin dernière absolue qui change, mais les modes d’ordination à cette fin. Les précisions qui suivent vous le feront comprendre.

1. La fin dernière absolue de la création est Dieu aimé de Dieu, en tant que Dieu assigne à la créature de s’ordonner à Lui.

Dieu est libre de créer ou de ne pas créer, mais s’il crée librement, il est nécessité (nécessité conditionnelle, de conséquence) à ordonner ses créatures librement créés à Lui comme à leur fin dernière absolue. En effet la volonté-libre de Dieu est un agir ad extra, un agir formellement immanent mais virtuellement transitif qui, en tant que formellement immanent, n’est autre que l’être-même de Dieu, absolument nécessaire, auquel sa volonté naturelle s’assimile. Et parce la fin a raison de bien, le seul bien qui puisse motiver Dieu à créer librement est Dieu-même : si Dieu assignait aux créatures une autre fin et bien que le Bien qu’est Dieu, Dieu choisirait, et ainsi préfèrerait, un bien créé au Bien suprême, chose impossible à Dieu s’aimant infiniment de nécessité absolue. La fin dernière absolue de la libre création est donc nécessaire de nécessité conditionnelle : Dieu n’est pas nécessité à nous créer, mais s’il nous créé librement, est nécessaire qu’il nous assigne à Lui comme à notre fin dernière surnaturelle absolue.

2. Le premier mode de cette ordination se réalise dans l’amour : les créatures s’ordonnent à leur fin dernière surnaturelle absolue, DIeu (Dieu aimé de Dieu), en l’aimant de charité.

C’est selon ce premier mode qu’on dit que la fin dernière absolue de la création est d’aimer Dieu : Dieu s’aimant infiniment exige d’être aimè. Mais il faut distinguer la fin dernière absolue, qui est Dieu, du mode d’ordination à cette fin. En disant que la fin dernière absolue est Dieu aimé des saints, est signifié tant la fin dernière absolue (Dieu) que le mode d’ordination à cette fin (l’amour de charité pour Dieu).

3. Or, quoique ce premier mode d’ordination à la fin dernière absolue résulte de l’amour naturel de Dieu pour Dieu, il n’est aucunement nécessaire.

L’amour de Dieu pour Dieu qu’est Dieu est nécessaire de nécessité absolue, mais dès que Dieu, donc aussi cet amour de Dieu pour Dieu qu’est Dieu, cesse d’être envisagé en lui-même pour être envisagé en tant qu’il est la fin dernière absolue de ses œuvres libres, sa nécessité est celle de la fin dernière absolue, dont la nécessité n’est que de conséquence. Le même amour de Dieu pour Dieu est donc, en tant qu’il est Dieu, nécessaire de nécessité absolue, et en tant qu’il est la fin dernière absolue de ses œuvres libres, nécessaire de conséquence. Il est absolument nécessaire que Dieu soit ; il n’est que conséquemment nécessaire que Dieu soit l fin dernière absolue de ses œuvres. La fin dernière absolue est nécessaire de conséquence : Dieu est libre de nous créer ou de ne pas nous créer, mais s’il nous crée, est nécessaire qu’il soit notre fin dernière absolue (cf. 1).

La fin dernière absolue est nécessaire de conséquence, mais l’ordination à cette fin par l’amour de charité n’est aucunement nécessaire. Sî le premier mode d’ordination à la fin dernière absolue est l’amour surnaturel créé de charité, c’est que Dieu s’aimant nécessairement veut et exige d’être librement aimé par ses créatures rationnelles : il est de la Justice de Dieu d’exiger l’amour qui lui est dû. De volonté antécédente, qui est une volonté libre, puisque elle a trait au mode d’ordination des créatures à Dieu, mais qui résulte directement de la volonté naturelle (par laquelle Dieu aime Dieu), Dieu veut que tous l’aiment et soient ainsi sauvés = veut que tous atteignent à leur fin dernière surnaturelle absolue et relative. Mais cette volonté salvifique universelle est une volonté conditionnelle, car Dieu veut que vous coopériez à sa grâce, ce qui est logique, puisqu’il veut que vous l’aimiez, et que l’amour de la créature pour Dieu est ici-bas un acte libre. Vous ayant offert la libertê de choix afin que vous le choisissiez (l’aimiez), vous êtes libre (au sens physique, pas au sens moral) de vous détourner de Dieu, de refuser de coopérer à votre salut. De sorte que prenant acte, au jour de votre jugement particulier, que vous avez vécu et êtes mort sans repentance, il vous damne. Dieu nous ayant révélé que beaucoup seront damnés, devient impossible d’affirmer que l’ordination à Dieu fin dernière absolue par l’acte de charité (spécifié ici-bas par la foi théologale, au Ciel par la vision intuitive) serait nécessaire de conséquence (la fin dernière absolue est nécessaire de conséquence, mais le mode dilectif ou caritatif d’ordination à cette fin ne l’est pas).

4. Le second mode de cette ordination se réalise dans la vindicte : les damnés atteignent à leur fin dernière absolue, Dieu ; Dieu les ordonnant à sa Justice d’Amour en châtiant sempiternellement l’état de désamour en lequel ils sont trouvés à leur jugement.

La logique de l’amour de Dieu pour Dieu opérant ad extra est d’exiger d’être aimé. C’est à raison de cette exigence que nous disons que la fin dernière absolue est Dieu aimé des saints. Mais il est autant de la logique de cet amour de Dieu pour Dieu de châtier ceux qui, créés pour l’aimer, ne l’aiment pas. Le libre décret de volonté divine fixant que tous ceux trouvés en désamour de Dieu à leur jugement particulier soient damnés est donc tout autant conforme à l’amour de Dieu pour Dieu qu’est Dieu notre fin dernière absolue, que le don de l’aimer fait à ceux qui l’aiment ; étant précisé, contre tous les calvinismes, que le mode vindicatif n’est que secondaire, n’est qu’en conséquence de l’absence du mode dilectif, qui est celui que Dieu veut de volonté antécédente, et dont de volonté conséquente il sanctionne la privation. Les damnés n’échappent donc pas à leur fin dernière absolue, Dieu, mais l’atteignent autrement que les saints. Les saints du Ciel s’ordonnent à Dieu leur fin dernière absolue en L’aimant. Les damnés sont ordonnés à leur fin dernière absolue, Dieu, Dieu aimé de Dieu, en tant que leur châtiment sempiternel satisfait à l’Amour Jaloux de Dieu pour Dieu qu’est Dieu leur fin dernière absolue. Ce qui change est la fin dernière relative : bonheur (béatitude) sempiternel des élus ; malheur sempiternel des damnés. En damnant celles de ses créatures mortes en état de désamour, la fin dernière absolue, Dieu, est toujours satisfaite

5. En résumé la séquence logique des volitions divines (même si en Dieu c’est un seul acte) est :

  • 1. Que de volonté naturelle et nécessaire, Dieu s’aime.
  • 2. Que de volonté libre déterminée par sa volonté naturelle, Dieu se veut nécessairement comme fin dernière absolue de ses œuvres.
  • 3. Que quant au mode d’ordination à cette fin dernière absolue, Dieu veut de volonté antécédente et libre que toutes ses créatures rationnelles l’aiment librement d’un amour surnaturel de charité. Ce afin : (a) qu’elles atteignent ainsi à leur fin dernière absolue, pour laquelle Dieu les veut nécessairement ; (b) et qu’en atteignant à leur fin dernière surnaturelle absolue, Dieu, sous le mode dilectif par lequel elles l’aiment au Ciel d’un amour spécifié par la vision intuitive, elles atteignent corrélativement leur fin dernière surnaturelle relative, la béatitude des élus, qui n’est autre que la jouissance de la volonté aimante, jouissant d’être unie par la possession de Dieu en la vision intuitive à Celui qu’elles aiment.
  • 4. Que de volonté conséquente et libre, Dieu juge ses créatures à leur jugement particulier, glorifiant celles trouvées en amour de Dieu et damnant celles trouvées en désamour de Dieu

Que vise donc à établir la justice ? Est-ce à produire ce qui est juste (l'amour de Dieu) ou à laisser subsister éternellement ce qui est injuste ?

Qu'est-ce qu'une peine stérile, ne visant pas l'amour, peut-elle ordonner ? Ordonner à Dieu ?
Qu'est-ce qu'une telle peine peut-elle donc produire de juste puisqu'elle ne rend au final pas justice à Dieu, ne vise pas la seule chose qui soit juste, et qui est que Dieu soit aimé ?
Remarquez d’abord où conduisent vos objections : à vider l’enfer des damnés, en négation du dogme de foi. Loin que l’Enfer soit une question…, c’est une réponse. La justice, en tant qu’elle est vindicative, vise à punir la transgression de la loi, ici la loi d’amour, d’amour pour Dieu, d’amour dû à Dieu. Les peines éternelles de dam et de sens, qui existent, à preuve l’Écriture et le témoignage de ceux des saints ayant mystiquement reçu de voir l’Enfer, ordonnent à Dieu, ordonnent ceux qui les subissent à la Justice d’Amour qu’est Dieu châtiant, par Amour Jaloux de lui-même, le désamour de Dieu. Elles rendent justice à Dieu, puisque par elles la Justice qu’est Dieu est satisfaite. Le mal de peine est pour le bien de la justice entendue comme réparation de l’offense faite à Dieu, et cette justice s’ordonne à la Justice/Amour de Dieu pour Dieu.


Mais expliquez-moi donc, de façon cohérente, comment la Justice divine envers Dieu rend à Dieu l'amour qui lui est dû selon une justice vindicative, stérile ?!
Cette justice dont vous parlez enferme plutôt la créature dans le non-amour pour Dieu.
Que vous disiez qu'elle rend justice à Dieu, selon une justice distincte de l'amour s'entend encore mais qu'elle rende amour :?:
Pour éviter les sophismes, usons de la majuscule et de la minuscule pour distinguer l’Amour qu’est Dieu de l’amour que lui doivent ses créatures. Même remarque pour Justice et justice. Faites l’effort et vous verrez vos sophismes s’effondrer d’eux-mêmes.

L’Amour qu’est la Justice divine ne rend pas à Dieu l’amour surnaturel créé de ceux qu’elle damne, mais rend à Dieu l’Amour, l’Amour qu’est Dieu, en châtiant par Amour de Dieu le désamour de la créature. Cette Justice opérant ad extra l’œuvre de justice vindicative, le châtiment créé, enferme effectivement le damné dans son désamour, et cet enfermement est en lui-même une sanction qui, par sa durée infinie (l’Enfer éternel), satisfait à l’Amour infini de Dieu pour Dieu châtiant par Amour de Dieu le désamour de la créature.


Or, la créature, toute rebelle qu'elle soit, est aimée de Dieu. Est aimée de Dieu car subsistant. Or, ne pourrait subsister ce que Dieu ne veut pas. Et ce qu'il veut il l'aime. Voudrait-il ce qu'il n'aime pas ? Et ce qu'il n'aime pas pourrait-il subsister ?
En tant qu’elle est créée, elle est aimée de Dieu créateur. En tant qu’elle est pécheresse, elle est haïe de Dieu vengeur. La vindicte divine ne s’exerçant pas sur les biens que la créature spirituelle tient de Dieu, Dieu ne l’annihile pas mais la maintient dans l’être.


Ce que Dieu n'aime pas c'est le péché, pas la personne. La justice divine vise donc le péché en la personne. Et si Dieu n'aime pas le péché alors il veut faire disparaître le péché.
Plus précisément, il peut soit faire disparaître le péché avant que le pécheur trépasse, et c’est l’œuvre de justification, par lequel l’impie devient juste : soit sanctionner le péché, et c’est l’œuvre de la damnation. D’où vous croyez-vous légitime à supprimer l’une des branches de l’alternative ? Vous n’avez aucunement le droit d’attenter à l’autorité de l’Écriture, qui vous enseigne que Dieu fait miséricorde à qui il veut et endurcit qui il veut, vous enseignant encore l’éternité de l’Enfer. Qui donc êtes-vous pour attenter à l’autorité de Dieu révélant et nier la liberté divine ? La doctrine que vous défendez n’est tout simplement pas conforme à l’Écriture.


Le problème est que cette citation de Saint Mathieu renvoie l'idée d'un terme au châtiment ("jusqu'à").
Et d'ailleurs, qu'est-ce que l'on doit à Dieu, si ce n'est l'amour.
Ainsi, la fin du châtiment semble être ici ce qui est dû à Dieu, l'amour de Dieu.
Le verset matthéen renvoie au feu du Purgatoire, pas à celui de l’Enfer. Vous ne pouvez assimiler l’Enfer au Purgatoire sans tomber du fait-même dans l’hérésie.


Certes, mais ici amour à sens unique donc pas de relation rétablie.
Et donc, une nouvelle fois, vous niez la perpétuité de l’Enfer, en présumant Dieu devoir rétablir le lien d’amour de sa créature à Lui-même. C’est évidement faux. D’abord toute relation du damné à Dieu n’est pas supprimée, les damnés s’ordonnant à Dieu leur fin dernière absolue selon le mode vindicatif que cette ordination à en eux. Ensuite n’est pour Dieu aucun besoin de rétablir une relation d’amour du pécheur à Lui-même, car Dieu n’a aucun besoin que nous l’aimions ! Que nous l’aimions n’est pas un besoin, comme si Dieu était en manque de notre amour, et qu’à défaut que nous l’aimions il serait malheureux. Dieu est Bienheureux en lui-même et par lui-même, que nous soyons ou que nous ne soyons pas, que nous l’aimions ou que nous ne l’aimions pas. Dieu n’a pas un besoin de notre amour, mais l’exige, exigence n’ayant d’autre motif que l’Amour de Dieu pour Dieu qu’est Dieu.
[+] Texte masqué
Vatican I, Dei Filius

« Ce seul vrai Dieu, par sa bonté et sa "toute-puissance", non pas pour augmenter sa béatitude ni pour acquérir sa pleine perfection, mais pour manifester celle-ci par les biens qu'il accorde à ses créatures, a, dans le plus libre des desseins, "tout ensemble, dès le commencement des temps, créé de rien les deux sortes de créatures, les spirituelles et les corporelles, c'est-à-dire les anges et le monde, et ensuite la créature humaine qui tient des deux, composée qu'elle est d'esprit et de corps". »

« Si quelqu'un ne confesse pas que le monde et toutes les réalités qu'il contient, spirituelles et matérielles, ont été produits de Dieu dans la totalité de leur substance, ou s'il dit que Dieu n'a pas créé par une volonté libre de toute nécessité, mais aussi nécessairement qu'il s'aime lui-même, ou s'il nie que le monde ait été créé pour la gloire de Dieu, qu'il soit anathème.

Il n'est pas question de nécessité pour Dieu à rétablir sa créature dans l’amour pour Lui-même mais de volonté
"Cela est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité." (Timothée 1 : 3-4)
La volonté salvifique n’est universelle que de volonté antécédente. De volonté conséquente elle n’est pas universelle, puisque sont de nombreux damnés.


Ce qui est toujours étonnant c'est de penser qu'un théologien comme lui ou Karl Rahner qui sont tout de même loin d'ignorer ce que dit et condamne l'Église, puisse avoir explorer la voie de l'espérance universelle. Et ceci, en ayant été élevé cardinal à la fin de sa vie (concernant Balthasar) lorsqu'il aurait dû au contraire être condamné à l'hérésie. C’est que son discours ne doit pas être si hérétique, si tant est qu'on s'y penche suffisamment et qu'on accepte de sortir de certaines représentations.
Benoît XII, Constitution Benedictis Deus : « Par cette constitution qui restera à jamais en vigueur, et en vertu de l'autorité apostolique nous définissons : Que… En outre nous définissons que, selon la disposition générale de Dieu, les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent aussitôt après leur mort en enfer, où elles sont tourmentées de peines éternelles, et que néanmoins au jour du jugement tous les hommes comparaîtront avec leurs corps "devant le tribunal du Christ " pour rendre compte de leurs actes personnels, " afin que chacun reçoive le salaire de ce qu'il aura fait pendant qu'il était dans son corps, soit en bien, soit en mal " 2Co 5,10. »

Je considère que par son optimisme théologique Rahner occulte la dimension tragique de l’existence (cf. Mt. VII, 13-14 conjoint à Mt. XXV, 41) ; et que, par sa doctrine des chrétiens anonymes, il ruine l’essence même du christianisme, en réduisant de facto le surnaturel chrétien au naturalisme païen. Quant à Balthasar, je ne considère d’abord pas que son élévation au cardinalat soit un gage d’orthodoxie ; et surtout pas quand elle vient d’un pape ayant embrassé le Coran et reçu sur le front la marque des adorateurs de Shiva… Demandez-vous plutôt pourquoi, alors qu’il eût dû être condamné, il a été honoré. J’y vois pour ma part une manifestation du mystère d’iniquité prédit par Notre-Dame. Je considère que par nombre de ses enseignements sur l’amour (comme attribut premier, comme si essentiellement dynamique qu’aboutissant à la kénose intra-divine, comme si dênaturé que détruisant l’ordre de la charité pour ensuite nier l’Enfer sous le voile hypocrite du questionnement), il a non seulement blasphémé Dieu par des sornettes impies, mais a très gravement incité à pécher contre la vertu d’espérance. Le péché par défaut contre l’espérance, c’est le désespoir, auquel le jansénisme conduit. Le péché par excès, c’est la présomption, à laquelle ces deux auteurs offrent un boulevard aussi large que spacieux. Je remarque encore l’animadversion de Balthasar pour la scolastique, seule à même de ruiner ses délires. Il aurait mieux fait d’écouter Pie XII.
[+] Texte masqué
Humani generis :

« En ce qui concerne la théologie, le propos de certains est d’affaiblir le plus possible la signification des dogmes et de libérer le dogme de la formulation en usage dans l’Eglise depuis si longtemps et des notions philosophiques en vigueur chez les Docteurs catholiques, pour faire retour, dans l’exposition de la doctrine catholique, à la façon de s’exprimer de la Sainte Ecriture et des Pères. Ils nourrissent l’espoir que le dogme, ainsi débarrassé de ses éléments qu’ils nous disent extrinsèques à la révélation, pourra être comparé, avec fruit, aux opinions dogmatiques de ceux qui sont séparés de l’unité de l’Eglise : on parviendrait alors à assimiler au dogme catholique tout ce qui plaît aux dissidents.

« Bien plus, lorsque la doctrine catholique aura été réduite à un pareil état, la voie sera ouverte, pensent-ils, pour donner satisfaction aux besoins du jour en exprimant le dogme au moyen des notions de la philosophie moderne, de l’immanentisme, par exemple, de l’idéalisme, de l’existentialisme ou de tout autre système à venir. Que cela puisse et doive même être fait ainsi, de plus audacieux l’affirment pour la bonne raison, disent-ils, que les mystères de la foi ne peuvent pas être signifiés par des notions adéquatement vraies, mais par des notions, selon eux, approximatives et toujours changeables, par lesquelles la vérité est indiquée sans doute jusqu’à un certain point, mais fatalement déformée. C’est pourquoi ils ne croient pas absurde, mais absolument nécessaire que la théologie qui a utilisé au cours des siècles différentes philosophies comme ses instruments propres substitue aux notions anciennes des notions nouvelles, de telle sorte que, sous des modes divers et souvent opposés, et pourtant présentés par eux comme équivalents, elle nous exprime les vérités divines, sous le mode qui sied à des êtres humains. Ils ajoutent que l’histoire des dogmes consiste à exprimer les formes variées qu’a revêtues la vérité successivement selon les diverses doctrines et selon les systèmes qui ont vu le jour tout au long des siècles.

« Or, il ressort, avec évidence, de ce que nous avons dit, que tant d’efforts non seulement conduisent à ce qu’on appelle le relativisme dogmatique, mais le comportent déjà en fait : le mépris de la doctrine communément enseignée et le mépris des termes par lesquels on le signifie le favorisent déjà trop. Certes il n’est personne qui ne sache que les mots qui expriment ces notions, tels qu’ils sont employés dans nos écoles et par le magistère de l’Église, peuvent toujours être améliorés et perfectionnés : on sait d’ailleurs que l’Eglise n’a pas eu recours toujours aux mêmes termes. Et puis, il va de soi que l’Eglise ne peut se lier à n’importe quel système philosophique dont la vie est de courte durée : ce que les docteurs catholiques, en parfait accord, ont composé au cours des siècles pour parvenir à une certaine intelligence du dogme, ne s’appuie assurément pas sur un fondement aussi caduc. En effet, il n’est pas d’autre appui que les principes et les notions tirés de l’expérience des choses créées ; et dans la déduction de ces connaissances, la vérité révélée a, comme une étoile, brillé sur l’intelligence des hommes grâce au ministère de l’Eglise. On ne s’étonne donc pas que les Conciles œcuméniques aient employé et aussi sanctionné certaines de ces notions : aussi, s’en écarter n’est point permis.

Voilà pourquoi négliger, rejeter ou priver de leur valeur tant de biens précieux qui au cours d’un travail plusieurs fois séculaire des hommes d’un génie et d’une sainteté peu commune, sous la garde du magistère sacré et la conduite lumineuse de l’Esprit-Saint, ont conçus, exprimés et perfectionnés en vue d’une présentation de plus en plus exacte des vérités de la foi, et leur substituer des notions conjecturales et les expressions flottantes et vagues d’une philosophie nouvelle appelées à une existence éphémère, comme la fleur des champs, ce n’est pas seulement pécher par imprudence grave, mais c’est faire du dogme lui-même quelque chose comme un roseau agité par le vent. Le mépris des mots et des notions dont ont coutume de se servir les théologiens scolastiques conduit très vite à énerver la théologie qu’ils appellent spéculative et tiennent pour dénuée de toute véritable certitude, sous prétexte qu’elle s’appuie sur la raison théologique.

« De fait, ô douleur, les amateurs de nouveautés passent tout naturellement du dédain pour la théologie scolastique au manque d’égards, voire au mépris pour le magistère de l’Eglise lui-même qui si fortement approuve, de toute son autorité, cette théologie. »

En fait, j'aurais l'impression que la position classique de l'Église assimile la damnation à la liberté humaine.
La foi de l’Église est que l’homme est, par son péché, cause que Dieu le damne.



:ciao:
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »

Avatar de l’utilisateur
Didyme
Senator
Senator
Messages : 949
Inscription : dim. 16 août 2009, 12:42
Conviction : Catholique

Re: Amour et Liberté

Message non lu par Didyme » lun. 01 janv. 2024, 18:06

Perlum Pimpum a écrit :
lun. 01 janv. 2024, 16:49
Bonjour Didyme.

Je prends ici le temps de vous répondre. Je répondrais à votre autre message d’ici un mois, ayant résolu d’espacer mes interventions. Mais je répondrais prochainement aux deux autres intervenants.
Bonjour,

Oui vous avez bien raison. Moi-même je préfère prendre le temps pour répondre, surtout sur ce genre de sujet.
L'autre est un semblable.

Avatar de l’utilisateur
Perlum Pimpum
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1070
Inscription : lun. 19 avr. 2021, 23:28
Conviction : Chrétien
Localisation : Berry

Re: Amour et Liberté

Message non lu par Perlum Pimpum » mer. 03 janv. 2024, 12:12

Bonjour Christian,

Je vous répond aujourd’hui, et répondrais demain à monsieur Lapin.


ChristianK a écrit :
sam. 30 déc. 2023, 20:07
Dit autrement, tout acte divin de volonté libre repose sur la volonté naturelle ou amour absolument nécessaire de Dieu pour Dieu.

Dieu étant Libre d’agir envers nous, Dieu est Libre de nous pardonner ou de nous punir, Libre d’être miséricordieux ou vindicatif, Libre de nous sauver ou de nous damner.
Je ne suis pas sûr de la cohérence de ces 2 phrases.
Je vais tenter d’être le plus clair possible.

1. Dieu se veut nécessairement de volonté naturelle : Dieu n’est pas libre de s’aimer ou de se haïr ; il se veut (s’aime) nécessairement de nécessité absolue.

2. Dieu ne veut toute chose autre que Dieu que librement : Dieu n’est aucunement obligé de nous vouloir.

3. La distinction conceptuelle, en Dieu, de sa volonté naturelle et de sa volonté libre, n’est pas la distinction de deux actes de volonté.


  • (1) La volonté divine naturelle est l’acte de volonté divine ayant Dieu pour objet. Cet objet étant infiniment aimable, et vu tel par l’intellectiion divine, la volonté divine ainsi spécifiée ne peut qu’aimer l’objet qui la spécifie et la subjugue, parce que son amabilité infinie lui est réellement présente. C’est aussi pourquoi, au Ciel, les élus aiment nécessairement Dieu, tandis qu’il ne l’aiment que librement ici-bas. Ici-bas nous n’avons qu’une représentation créée de Dieu, qui dit certes son amabilité infinie, mais qui n’est pas, comme représentation de cette amabilité infinie, dotée de l’amabilité infinie qu’elle signifie, puisque c’est une représentation créée. Tout à l’inverse, au Ciel, c’est Dieu-même, donc aussi son amabilité infinie, qui spécifie réellement, et ainsi subjugue, par l’acte de vision intuitive, l’acte surnaturel de charité de l’élu, qui donc aime nécessairement Dieu.
  • (2) Tout acte de volonté libre est préconditionné par la volonté naturelle. C’est ainsi que quoique veuille librement la créature, elle le veut nécessairement sous la raison de bien, le bien étant l’objet propre du vouloir. Quand donc la volonté créée veut une chose objectivement mauvaise, c’est en tant qu’elle le veut subjectivement comme un bien : soit suite à une erreur de l’intellect qui la spécifie, quand nous jugeons intellectuellement bon ce qui en réalité est objectivement mauvais ; soit par malice de la volonté, quand avertie par le jugement intellectuel de la malignité d’un objet, la volonté écarte ce que lui dicte la conscience, comme par exemple quand, recherchant de manière déréglée le plaisir sensuel comme un bien, elle se détourne de la loi morale que l’intellect lui représente, pour préférer choisir les actes de fornication ou d’adultère.
  • (3) L’acte de libre volonté divine est conditionné par l’acte divin de volonté naturelle, car l’acte divin de volonté libre est un agir divin. C’est un agir ad extra, puisqu’il veut quelque chose d’autre que Dieu, d’extrinsèque à Dieu. Or tout agir divin ad extra est un agir formellement immanent et virtuellement transitif. Il est formellement immanent, puisque c’est un acte de volonté divine qui, à raison de la simplicité de Dieu, est réellement identique à l’être-même de Dieu. Il est néanmoins virtuellement transitif, puisque loin d’avoir Dieu pour objet, il a pour objet l’œuvre créée qu’il produit ad extra. S’en suit donc qu’en tout acte divin de volonté-libre Dieu se se veut nécessairement de volonté naturelle et veut librement l’œuvre qu’il opère ad extra.
  • (4) L’acte divin de volonté libre n’est donc pas un autre acte que l’acte divin de volonté naturelle : c’est le même acte de volonté, naturel en tant que formellement immanent, libre en tant que virtuellement transitif. Appert ainsi :

    • (a) Qu’il est cohérent de dire que l’acte divin de volonté libre, envisagé en tant qu’il est virtuellement transitif, repose sur l’acte divin de volonté naturelle, puisqu’il est cet acte formellement immanent nécessaire de nécessité absolue produisant transitivement et librement ad extra ses œuvres, en les créant, sauvant, damnant.
    • (b) Que Dieu est nécessairement, de nécessité conditionnelle, la fin dernière absolue de sa création. Ce pourquoi Dieu nous veut est Dieu, car Dieu nous veut et ne nous veut qu’en se voulant Lui-même. Or, l’acte de volonté libre étant formellement immanent, c’est Dieu que Dieu aime nécessairement (de nécessité absolue, naturelle) en voulant (aimant) librement toutes autres choses. De sorte que voulant librement ses créatures, est conséquemment nécessaire (nécessité conditionnelle) qu’elles soient voulues pour Dieu, lequel est donc leur fin dernière. En effet, si un bien créé était choisi par Dieu comme fin dernière absolue de ses œuvres, Dieu reconnaîtrait à ce bien plus de bonté qu’au Bien suprême et infini qu’il est, ce qui est impossible à Dieu s’aimant nécessairement à l’infini à raison de son amabilité infinie. La conclusion s’impose donc : Dieu nous aime et ne nous aime que par amour de Lui ! Ce pourquoi Dieu nous veut librement, la fin dernière absolue de la création, c’est Dieu-même : de nécessité conditionnelle (puisqu’en conséquence du libre-choix de créer), Dieu aimé de Dieu de nécessité naturelle assigne ses créatures librement produites à Lui comme leur fin dernière absolue, en exigeant qu’elle l’aiment, pour conséquemment récompenser librement leur amour et pardonner ou punir librement leur désamour .

ChristianK a écrit :
sam. 30 déc. 2023, 20:07
S’il exerce sa vindicte en infligeant les peines temporelles ou éternelles que le péché des créatures mérite, en châtiant le désamour pour Dieu des créatures, Dieu satisfait aux exigences de l’Amour, de l’Amour de Dieu pour Dieu qu’est Dieu : Dieu, par amour infini de Lui-même, exigeant d’être aimé (premier commandement) de ceux crées pour cette seule fin dernière surnaturelle absolue, châtie en rigueur de justice (exercée ad extra) le manquement d’amour dû à sa Souveraine Bonté, châtie ceux qui, devant L’aimer, ne L’aiment pas. De ce point de vue, de toute évidence, la vindicte satisfait à la Justice et à l’Amour, puisqu’elle s’exerce par amour divin de Dieu pour Dieu en châtiant le défaut d’amour dû au Dieu souverainement aimable.
Donc il y a un lien entre vindicte et amour de Dieu pour Dieu. Pourquoi la 1ere est elle libre et la seconde nécessaire, puisque la 1ere découle du 2e?
Ce qui est nécessaire de nécessité absolue, c’est l’Amour de Dieu pour Dieu, qui est Justice de Dieu pour Dieu.

Ce qui est libre, c’est de nous créer, de nous sauver, de nous damner. Tant la vindicte (entendue comme l’effet vindicatif librement exercé par Dieu) que la miséricorde (entendue comme l’effet miséricordieux librement exercé par Dieu) découlent de la Liberté divine, de la volonté divine en tant qu’elle est virtuellement transitive.

Cette Liberté divine, Dieu s’est chargé de nous l’enseigner par l’entremise de saint Paul : « J'ai aimé Jacob et j'ai haï Esaü. Que dirons-nous donc ? Y a-t-il en Dieu de l'injustice ? Loin de là ! Car il dit à Moïse: Je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde, et j'aurai compassion de qui j'ai compassion. Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. Car l'Ecriture dit à Pharaon : Je t'ai suscité à dessein pour montrer en toi ma puissance, et afin que mon nom soit publié par toute la terre. Ainsi, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut. » (Rm. IX , 13-18).

Cela ne signifie pourtant pas que la miséricorde et la vindicte soient sur le même plan. Le primat est assurément à la miséricorde, et si vous me trouvez autant insister sur la vindicte, c’est qu’elle est niée de ceux contaminés par une fausse conception de l’Amour divin aujourd’hui largement répandue dans nombre de secteurs ecclésiaux. Je préférerais de beaucoup parler de la miséricorde divine, de l’espérance théologale, du Sacré-Cœur.

Je réitère donc ce que j’ai précédemment écrit à Didyme. La logique de l’amour de Dieu pour Dieu opérant ad extra est d’exiger d’être aimé, puisque l’acte divin de volonté libre est formellement immanent et virtuellement transitif, et qu’en tant qu’il est formellement immanent, il est l’acte de volonté naturelle par lequel Dieu s’aime infiniment. La logique de l’amour divin pour les créatures est donc de les ordonner à Dieu comme à leur fin dernière absolue, ordination qui doit principalement s’envisager selon le mode caritatif d’ordination à cette fin : il est de la logique de l’amour divin que, s’aimant nécessairement, Dieu veuille librement être librement aimé des hommes. Il est donc conforme à la logique de l’Amour de Dieu pour Dieu de faire librement miséricorde aux pécheurs, la miséricorde seule pouvant donner aux pécheurs d’aimer surnaturellement Dieu, pour quoi Dieu les a voulus en les créant. Mais il est autant de la logique de cet amour de Dieu pour Dieu de châtier ceux qui, créés pour l’aimer, ne l’aiment pas. Le libre décret de volonté divine fixant que tous ceux trouvés en désamour de Dieu à leur jugement particulier soient damnés est donc tout autant conforme à l’amour de Dieu pour Dieu qu’est Dieu notre fin dernière absolue ; étant précisé, contre tous les calvinismes, que le mode vindicatif n’est que secondaire, n’est qu’en conséquence de l’absence du mode dilectif, qui est celui que Dieu veut de volonté antécédente, et dont de volonté conséquente il sanctionne la privation.



ChristianK a écrit :
sam. 30 déc. 2023, 20:07
Que la peine temporelle vindicative puisse être médicinale
Ceci semble une coquille. Vous vouliez dire « qu’une peine temporelle puisse ëtre à la fois vindicative et médicinale » Ce qui est médicinal ne peut être vindicatif en soi.
Ce n’est pas une coquille, mais l’affirmation qu’une peine essentiellement vindicative peut être accidentellement médicinale, de même qu’un remède essentiellement médicinal puisse être accidentellement vindicatif. Toute peine vindicative n’est pas accidentellement médicinale, à preuve la peine temporelle de mort et les peines éternelles de dam et de sens, mais certaines peuvent l’être.


:ciao:
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »

Avatar de l’utilisateur
Perlum Pimpum
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1070
Inscription : lun. 19 avr. 2021, 23:28
Conviction : Chrétien
Localisation : Berry

Re: Amour et Liberté

Message non lu par Perlum Pimpum » jeu. 04 janv. 2024, 9:17

Bonjour Lapin,


Coco lapin a écrit :
sam. 30 déc. 2023, 13:00
Perlum Pimpum a écrit :Que Dieu choisisse d’exercer la miséricorde ou la vindicte, en tout état de cause la justice divine est satisfaite.
[...]

Bref, c’est l’Amour nécessaire de Dieu pour Dieu qui le dispose naturellement à être librement le Dieu de Miséricorde ou de Vindicte pour les pécheurs qui ne L’aiment pas, pardonnant et bénissant les uns tout en châtiant, maudissant (Mt. XXV, 41) et vomissant (Ap. III, 16) les autres.
Dans ce cas Dieu serait cruel lorsqu'il choisit d'exercer la vindicte.
Dieu est-il nécessité à punir les méchants ? Non. Car comment Dieu pourrait-il faire miséricorde, s’il était nécessité à punir ? Serait-ce donc que Dieu soit nécessité à punir l’injustice, parce qu’il est juste ? Mais s’il est juste, et omnipotent par ailleurs, ne peut-il pas détruire l’injustice par cette miséricorde qui lave l’homme de son injustice pour le rétablir dans la justice ? Dieu est-il donc cruel en faisant miséricorde ? Non, évidemment. Dieu est-il donc cruel de ne pas faire miséricorde à tous ? La réponse à cette question est fonction d’une autre : Dieu est-il nécessité à pardonner aux méchants ? Non. Car loin qu’il soit cruel de punir les méchants pour leur méchanceté, c’est juste.

Dieu est donc libre de pardonner ou de punir : « J'ai aimé Jacob et j'ai haï Esaü. Que dirons-nous donc ? Y a-t-il en Dieu de l'injustice ? Loin de là ! Car il dit à Moïse: Je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde, et j'aurai compassion de qui j'ai compassion. Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. Car l'Ecriture dit à Pharaon : Je t'ai suscité à dessein pour montrer en toi ma puissance, et afin que mon nom soit publié par toute la terre. Ainsi, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut. Tu me diras: Pourquoi blâme-t-il encore ? Car qui est-ce qui résiste à sa volonté ? Ô homme, toi plutôt, qui es-tu pour contester Dieu ? » (Rm. IX , 13-19).


Coco lapin a écrit :
sam. 30 déc. 2023, 13:00
Perlum Pimpum a écrit :(...) dans les faits, Dieu exerce davantage la vindicte, puisque la plupart des hommes sera damnée (cf. Mt. VII, 13-14 conjoint à Mt. XXV, 41) (...)
En observant bien les textes, on ne peut pas conclure de manière certaine que plus de 50% des humains seront damnés.

« Entrez par la porte étroite ; car large est la porte, et spacieuse la voie qui conduit à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par elle. Qu’étroite est la porte et resserrée la voie qui conduit à la vie, et qu’il y en a peu qui la trouvent !» (Mt 7,13-14)

Le mot "peu" ne se rapporte pas forcément corrélativement au mot "beaucoup" de la première proposition, mais peut se comprendre de façon générale. Par ailleurs, il faut remarquer que dans la deuxième proposition, il y a "peu" de gens qui "trouvent la voie qui conduit à la vie", et non qui "entrent par la porte étroite". Cette nuance est importante, car ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu (cf Mt 19,26). Dieu peut mettre sur la bonne voie et finalement faire entrer par la porte étroite ceux qui s'étaient préalablement engagés sur la voie spacieuse de la perdition.
Vous devriez avoir honte d’un tel sophisme, car « peu » est corrélatif à « beaucoup », comme les mots mêmes l’indiquent, et comme l’indique encore la péricope en laquelle les deux phrases se répondent l’une l’autre. Il y a deux portes, l’une étroite l’autre large, au terme de deux chemins, l’un resserré l’autre spacieux, de sorte que nul ne peut entrer par la porte étroite sans prendre le chemin étroit. Les portes sont au terme des deux voies, parce que c’est à la mort qu’on franchit l’une des deux portes, l’étroite en mourant en état de grâce, la large en mourant en état de péché mortel. Or pourquoi l’une des portes est étroite et l’autre large, sinon parce que peu entrent au Ciel et beaucoup entrent en Enfer. C’est parce que beaucoup se perdent en mourant en état de péché mortel que la porte qu’ils franchissent est large, comme aussi le sentier qui s’y termine. De même, c’est parce que peu meurent en état de grâce que la porte qu’ils franchissent est étroite, comme aussi la doute (voie) qui s’y termine.

De sorte que si, après que vous ayez marché dans la voie spacieuse de la perdition, Dieu vous en retire pour vous conduire, par le chemin étroit, jusqu’à franchir la porte étroite, vous serez immanquablement du peu qui franchira la porte étroite après avoir cheminé, fut-ce un bref et dernier instant, par l’étroit sentier du salut. Tout à l’inverse si, après avoir longuement cheminé sur l’étroit sentier, vous vous en détournez pour marcher dans la voie large et spacieuse jusqu’à franchir la large porte, vous serez immanquablement du beaucoup qui franchira la porte large après avoir marché, fut-ce un bref et dernier instant dans la large voie de la perdition.

:
:croix:
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »

Avatar de l’utilisateur
Olivier JC
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1108
Inscription : mer. 16 avr. 2008, 23:57
Localisation : Bordeaux

Re: Amour et Liberté

Message non lu par Olivier JC » jeu. 04 janv. 2024, 10:38

Perlum Pimpum a écrit :
jeu. 04 janv. 2024, 9:17
Dieu est-il nécessité à punir les méchants ? Non. Car comment Dieu pourrait-il faire miséricorde, s’il était nécessité à punir ? Serait-ce donc que Dieu soit nécessité à punir l’injustice, parce qu’il est juste ? Mais s’il est juste, et omnipotent par ailleurs, ne peut-il pas détruire l’injustice par cette miséricorde qui lave l’homme de son injustice pour le rétablir dans la justice ? Dieu est-il donc cruel en faisant miséricorde ? Non, évidemment. Dieu est-il donc cruel de ne pas faire miséricorde à tous ? La réponse à cette question est fonction d’une autre : Dieu est-il nécessité à pardonner aux méchants ? Non. Car loin qu’il soit cruel de punir les méchants pour leur méchanceté, c’est juste.
Voilà qui est admirablement résumé.

+
MOTUS IN FINE VELOCITOR

Coco lapin
Quæstor
Quæstor
Messages : 351
Inscription : mar. 25 janv. 2022, 10:38

Re: Amour et Liberté

Message non lu par Coco lapin » jeu. 04 janv. 2024, 17:12

Bonjour Pimpum !
Perlum Pimpum a écrit :Dieu est-il nécessité à pardonner aux méchants ? Non. Car loin qu’il soit cruel de punir les méchants pour leur méchanceté, c’est juste.
Pardonner ou punir... Si le résultat au niveau de la justice est équivalent, pourquoi choisir la seconde option ? Si ce choix n'est pas conditionné par la sagesse et la justice de Dieu, alors ce choix ne résulte que d'une décision arbitraire et cruelle, car l'enjeu est de taille : enfer ou paradis.
Perlum Pimpum a écrit :Dieu est donc libre de pardonner ou de punir : « J'ai aimé Jacob et j'ai haï Esaü. Que dirons-nous donc ? Y a-t-il en Dieu de l'injustice ? Loin de là ! Car il dit à Moïse: Je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde, et j'aurai compassion de qui j'ai compassion. Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. Car l'Ecriture dit à Pharaon : Je t'ai suscité à dessein pour montrer en toi ma puissance, et afin que mon nom soit publié par toute la terre. Ainsi, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut. Tu me diras: Pourquoi blâme-t-il encore ? Car qui est-ce qui résiste à sa volonté ? Ô homme, toi plutôt, qui es-tu pour contester Dieu ? » (Rm. IX , 13-19).
Ce texte est insensé. Au lieu de « Loin de là ! », Saint Paul aurait dû écrire « En effet ! », car ce qu'il décrit juste après est justement la définition même de l'injustice : un choix arbitraire de la part de Dieu, qui ne repose pas sur la justice mais sur les seuls caprices de sa volonté.
Quant à sa réponse à l'objection qu'il présente ensuite, elle est particulièrement puérile : « qui es-tu pour contester Dieu ? » Cela ressemble à la réponse que Dieu fait à Job. En gros, Dieu est Dieu donc il n'a pas à justifier ses choix devant une créature minable, même si ces choix semblent échapper à toute logique. Ce style de réponse (« Ferme-la, je suis supérieur à toi ») ne se retrouve en général que chez ceux qui n'ont plus d'arguments. Et en l'occurrence, on a le droit à l'équivalent d'un « Ferme-la, je suis Dieu ». C'est le TGCM de l'époque.
Perlum Pimpum a écrit :Vous devriez avoir honte d’un tel sophisme, car « peu » est corrélatif à « beaucoup », comme les mots mêmes l’indiquent, et comme l’indique encore la péricope en laquelle les deux phrases se répondent l’une l’autre.
Après réflexion, je conviens que ces deux mots ("peu" et "beaucoup") ne pourraient être dissociés que si les deux phrases étaient éloignées l'une de l'autre (ce qui n'est pas le cas puisqu'elles sont juxtaposées).
Cependant, le verbe "trouver" n'est pas le même que le verbe "entrer" qui figure dans la première phrase, ce qui permet de comprendre ce passage dans un sens différent.
Perlum Pimpum a écrit :Or pourquoi l’une des portes est étroite et l’autre large, sinon parce que peu entrent au Ciel et beaucoup entrent en Enfer. C’est parce que beaucoup se perdent en mourant en état de péché mortel que la porte qu’ils franchissent est large, comme aussi le sentier qui s’y termine. De même, c’est parce que peu meurent en état de grâce que la porte qu’ils franchissent est étroite, comme aussi la doute (voie) qui s’y termine.
Non, je pense plutôt que si la porte est large, c'est parce qu'il est facile d'y entrer. Or ce n'est pas parce qu'il est facile de se damner que la majorité des gens sera damnée.
Perlum Pimpum a écrit :De sorte que si, après que vous ayez marché dans la voie spacieuse de la perdition, Dieu vous en retire pour vous conduire, par le chemin étroit, jusqu’à franchir la porte étroite, vous serez immanquablement du peu qui franchira la porte étroite après avoir cheminé, fut-ce un bref et dernier instant, par l’étroit sentier du salut.
Si un homme marche sur la voie spacieuse de la perdition et en est retiré pour être conduit sur le chemin étroit par Dieu, cet homme n'a pas "trouvé" le chemin étroit : c'est Dieu qui a corrigé sa trajectoire. Donc cet homme n'est pas compté parmi ceux ayant trouvé le chemin étroit.
Si Jésus avait voulu enseigner que la majorité des hommes termine en enfer, il aurait aussi employé le verbe "entrer" dans la seconde phrase, et l'Eglise aurait alors confirmé cet enseignement indéniable, mais... c'est pas le cas.

Avatar de l’utilisateur
Olivier JC
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1108
Inscription : mer. 16 avr. 2008, 23:57
Localisation : Bordeaux

Re: Amour et Liberté

Message non lu par Olivier JC » jeu. 04 janv. 2024, 17:36

Coco lapin a écrit :
jeu. 04 janv. 2024, 17:12
Perlum Pimpum a écrit :Dieu est-il nécessité à pardonner aux méchants ? Non. Car loin qu’il soit cruel de punir les méchants pour leur méchanceté, c’est juste.
Pardonner ou punir... Si le résultat au niveau de la justice est équivalent, pourquoi choisir la seconde option ? Si ce choix n'est pas conditionné par la sagesse et la justice de Dieu, alors ce choix ne résulte que d'une décision arbitraire et cruelle, car l'enjeu est de taille : enfer ou paradis.
Vous oubliez le libre arbitre de l'homme dans l'histoire, ce me semble.

L'ordre 'naturel' des choses, c'est la justice. Péché = punition.

L'ordre 'surnaturel' des choses, c'est Dieu qui fait miséricorde, qui pardonne les péchés et qui justifie.

A qui fait-il miséricorde ? A tous, parce qu'Il veut que tous soient sauvés.

Pourquoi tous ne sont pas sauvés ? Parce qu'il en est qui refusent. Et dont le sort suit par conséquent l'ordre 'naturel' des choses.

Où est le caprice arbitraire et cruel ? Pourquoi Dieu ferait-il miséricorde à celui qui ne veut pas être 'miséricordié' ? Pourquoi imposerait-il la Vision béatifique à qui n'en veut pas ?

L'ordre 'naturel' des choses aurait-il pu être différent ? Cela ne se peut, puisque Dieu ne peut créer qu'à partir de ce qu'Il est, puisqu'il n'est rien d'autre que Lui. Une Création qui admettrait le péché sans qu'il ne s'ensuive aucune conséquence est inconcevable puisque cela reviendrait à considérer que le péché est indifférent à Dieu, en d'autres termes, que le non-être est sans incidence sur l'être et qu'ils pourraient cohabiter ensemble.

Au maximum, ainsi que je disais sur un autre fil, vous pouvez reprocher à Dieu d'avoir décidé de créer plutôt que de ne rien faire.

Et comment, en vérité, faire un tel reproche ? Supposons que par quelque révélation, il soit donné à un homme de connaître qu'en se mariant il aurait cinq enfants, dont l'un sera l'un des plus grands saints de l'histoire et les autres des criminels patentés. Le fait que quatre de ces enfants mésusent de leur libre arbitre justifierait-il qu'il ne se marie point ? Serait-il cruel à se marier quand même vis-à-vis de ces quatre enfants ?

C'est la même chose, mutatis mutandis, puisqu'en effet, Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, qu'Il propose à tous d'être associés au Mystère pascal, que nul n'est tenté au-delà de ses forces et que la damnation est le salaire de celui qui se damne.

Au prétexte que certains, fussent-ils la majorité, mésuseront de leur liberté alors que tous moyens leur seront accordés pour ne pas le faire, Dieu aurait dû s'abstenir de créer ?

+
MOTUS IN FINE VELOCITOR

Coco lapin
Quæstor
Quæstor
Messages : 351
Inscription : mar. 25 janv. 2022, 10:38

Re: Amour et Liberté

Message non lu par Coco lapin » jeu. 04 janv. 2024, 23:56

Olivier JC a écrit :Vous oubliez le libre arbitre de l'homme dans l'histoire, ce me semble.
J'avais précisé à la fin de mon message du 30 décembre que les différentes sentences dépendaient aussi des actions bonnes ou mauvaises des hommes, mais j'ai oublié de le rappeler dans celui d'aujourd'hui.
Olivier JC a écrit :Pourquoi tous ne sont pas sauvés ? Parce qu'il en est qui refusent. Et dont le sort suit par conséquent l'ordre 'naturel' des choses.

Où est le caprice arbitraire et cruel ? Pourquoi Dieu ferait-il miséricorde à celui qui ne veut pas être 'miséricordié' ? Pourquoi imposerait-il la Vision béatifique à qui n'en veut pas ?
Epargnez-moi ce refrain des "gens qui refusent d'être sauvés". Personne ne refuse de l'être. Seulement, on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. Méditez donc plutôt les souffrances des damnés : ne croyez-vous pas que ceux-ci aimeraient ne pas subir tous ces supplices épouvantables (peines des sens) ? N'est-ce pas assez de subir la peine du dam ? Si vous dites "c'est dans l'ordre naturel des choses", alors c'est que vous admettez que Dieu n'est pas libre de ne pas exiger de satisfaction, sinon pourquoi ces peines compensatoires ?
Olivier JC a écrit :Au maximum, ainsi que je disais sur un autre fil, vous pouvez reprocher à Dieu d'avoir décidé de créer plutôt que de ne rien faire.

Et comment, en vérité, faire un tel reproche ? Supposons que par quelque révélation, il soit donné à un homme de connaître qu'en se mariant il aurait cinq enfants, dont l'un sera l'un des plus grands saints de l'histoire et les autres des criminels patentés. Le fait que quatre de ces enfants mésusent de leur libre arbitre justifierait-il qu'il ne se marie point ? Serait-il cruel à se marier quand même vis-à-vis de ces quatre enfants ?

C'est la même chose, mutatis mutandis, puisqu'en effet, Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, qu'Il propose à tous d'être associés au Mystère pascal, que nul n'est tenté au-delà de ses forces et que la damnation est le salaire de celui qui se damne.

Au prétexte que certains, fussent-ils la majorité, mésuseront de leur liberté alors que tous moyens leur seront accordés pour ne pas le faire, Dieu aurait dû s'abstenir de créer ?
1) Oui, je pense que si plus de 50% des hommes étaient damnés, Dieu aurait dû s'abstenir de créer l'humanité, car la somme des bonheurs et des malheurs résultant de sa création serait alors négative. Bilan négatif = création pas bonne.

2) Dans votre exemple du père de famille, vous semblez considérer que les enfants qui finissent en enfer l'ont bien cherché, en devenant "des criminels patentés". Ce faisant, vous ne vous rendez pas compte qu'il suffit de mourir en état de péché mortel pour être précipité en enfer. Or, être athée, ou vivre en concubinage, sont déjà des péchés mortels. Je doute que tous ceux qui finissent en enfer soient des grands criminels. Il suffit d'un seul péché mortel non-regretté.
Allez faire un sondage : si les gens savaient que la plupart de leurs futurs enfants seront damnés pour l'éternité, continueraient-ils à vouloir enfanter ? J'en doute fort.

3) L'éventuelle cruauté de Dieu à créer l'humanité ne consiste pas tant dans le fait de connaître la proportion finale damnés/sauvés, mais dans le fait de connaître la difficulté à se sauver.
Exemple : il est possible que plus de 50% des gens échouent à une épreuve facile parce qu'ils y ont mis vraiment de la mauvaise volonté. Et il est possible que plus de 50% des gens échouent à une épreuve très difficile malgré leurs efforts et leur bonne volonté. Pourtant ils n'ont pas été tenté au-dessus de leurs forces. C'était faisable, mais ils ont échoué. Dommage pour eux ! Vous comprenez la différence ? Dans le premier cas, il n'y a aucune cruauté à faire subir l'épreuve, mais dans le deuxième, ça me paraît assez sadique (on parle d'une épreuve qui se termine par la damnation en cas d'échec, évidemment).

Avatar de l’utilisateur
ChristianK
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1199
Inscription : lun. 10 mars 2008, 18:43

Re: Amour et Liberté

Message non lu par ChristianK » ven. 05 janv. 2024, 19:54

Perlum Pimpum a écrit :
mer. 03 janv. 2024, 12:12
2. Dieu ne veut toute chose autre que Dieu que librement : Dieu n’est aucunement obligé de nous vouloir.

Ce qui est nécessaire de nécessité absolue, c’est l’Amour de Dieu pour Dieu, qui est Justice de Dieu pour Dieu.

Ce qui est libre, c’est de nous créer, de nous sauver, de nous damner. Tant la vindicte (entendue comme l’effet vindicatif librement exercé par Dieu) que la miséricorde (entendue comme l’effet miséricordieux librement exercé par Dieu) découlent de la Liberté divine,
Ok, je comprends en ceci la distinction de St Thomas dans L’article III 46, entre nécessité absolue et nécessité conditionnelle. Et la liberté de damnation –miséricorde comme équivalente et dépendante de la liberté de créer. Il n’empêche que selon moi (et ici il faut comprendre que contrition-pénitence n’est pas la même chose que satisfaction) , une fois l’homme créé, il y a « obligation » divine de damner l’impénitent, bien que cette obligation soit conditionnelle (ou nécessité conditionelle), CE QUI EST DIFFERENT de la liberté (une fois l’homme créé) de miséricorde quant à la SATISFACTION (voir Piperno sur l’autre fil)

Cette Liberté divine, Dieu s’est chargé de nous l’enseigner par l’entremise de saint Paul : « J'ai aimé Jacob et j'ai haï Esaü. Que dirons-nous donc ? Y a-t-il en Dieu de l'injustice ? Loin de là !
Cela suppose nécessairement, selon St Thomas à mon avis, que Jacob était pénitent. En un 2e temps Dieu impose une satisfaction à Jacob (aumone, prière, jeune etc) , mais il aurait pu ne rien imposer, par miséricorde.


Ceci semble une coquille. Vous vouliez dire « qu’une peine temporelle puisse ëtre à la fois vindicative et médicinale » Ce qui est médicinal ne peut être vindicatif en soi.
--------------------

Ce n’est pas une coquille, mais l’affirmation qu’une peine essentiellement vindicative peut être accidentellement médicinale, de même qu’un remède essentiellement médicinal puisse être accidentellement vindicatif. Toute peine vindicative n’est pas accidentellement médicinale, à preuve la peine temporelle de mort et les peines éternelles de dam et de sens, mais certaines peuvent l’être.
Ok, accidentellement, pas essentiellement et au même point de vue. St Thomas dit que la peine vindicative pour l’impénitent est aussi médicinale pour les pénitents (dissuasion, idem en droit civil)

Dieu est-il nécessité à punir les méchants ? Non. Car comment Dieu pourrait-il faire miséricorde, s’il était nécessité à punir ? Serait-ce donc que Dieu soit nécessité à punir l’injustice, parce qu’il est juste ? Mais s’il est juste, et omnipotent par ailleurs, ne peut-il pas détruire l’injustice par cette miséricorde qui lave l’homme de son injustice pour le rétablir dans la justice ?
Confusion à mon avis au sujet de III 46. Il est nécessité à punir l’impénitent, pas à imposer des satisfactions aux pénitents. Faut distinguer le sens précis de « satisfaction ». P.ex.le Xt satisfait pour les pénitents, pas pour les impénitents. Dieu pouvait utiliser un autre moyen. Mais Dieu ne peut utiliser d’autres moyens que la damnation pour les impénitents graves.

Coco lapin a écrit :
jeu. 04 janv. 2024, 17:12
Pardonner ou punir... Si le résultat au niveau de la justice est équivalent, pourquoi choisir la seconde option ? Si ce choix n'est pas conditionné par la sagesse et la justice de Dieu, alors ce choix ne résulte que d'une décision arbitraire et cruelle, car l'enjeu est de taille : enfer ou paradis.
La confusion se poursuit à mon avis. Une décision divine ne peut être arbitraire ou cruelle, elle fait partie du plan providentiel pour le mieux. Mais il ne s’agit PAS d’enfer ou paradis, il s’agit seulement de satisfaction une fois la contrition présente. (Analogie : Un pénitent se confesse avec contrition, on lui impose une prière comme satisfaction, c’est seulement ce dernier choix qui est libre, ca aurait pu être autre chose, ou même rien si Dieu l’avait décidé ainsi)
Olivier JC a écrit :
Où est le caprice arbitraire et cruel ? Pourquoi Dieu ferait-il miséricorde à celui qui ne veut pas être 'miséricordié' ? Pourquoi imposerait-il la Vision béatifique à qui n'en veut pas ?
Oui c’est la bonne piste. La liberté de Dieu ne concerne pas la damnationdes impénitents, mais la satisfaction des pénitents

Coco lapin
Quæstor
Quæstor
Messages : 351
Inscription : mar. 25 janv. 2022, 10:38

Re: Amour et Liberté

Message non lu par Coco lapin » lun. 08 janv. 2024, 12:46

ChristianK a écrit :La confusion se poursuit à mon avis. Une décision divine ne peut être arbitraire ou cruelle, elle fait partie du plan providentiel pour le mieux. Mais il ne s’agit PAS d’enfer ou paradis, il s’agit seulement de satisfaction une fois la contrition présente. (Analogie : Un pénitent se confesse avec contrition, on lui impose une prière comme satisfaction, c’est seulement ce dernier choix qui est libre, ca aurait pu être autre chose, ou même rien si Dieu l’avait décidé ainsi)
Ni l'un ni l'autre, en fait. Qu'il s'agisse du pardon ou de la satisfaction, Dieu n'est pas libre. Dieu n'est pas libre de damner quelqu'un qui se repent sincèrement, ni de sauver quelqu'un qui ne veut absolument pas se repentir, et il ne peut pas non plus réduire à rien la satisfaction/punition exigée du pénitent si celle-ci est méritée (nécessitée par la Justice). Exemple : Dieu n'était pas libre de ne pas punir du tout David après son adultère.
De même, Dieu n'est pas libre de libérer toutes les âmes du purgatoire immédiatement d'un claquement de doigts, car celles-ci doivent effectuer un certain temps d'expiation déterminé par la Justice parfaite (à laquelle Dieu ne peut contrevenir). Ce temps ne peut être raccourci que par des prières et des sacrifices issus de la communion des saints, et non par la libre volonté de Dieu (car Dieu ne saurait rien vouloir d'autre que l'accomplissement de la justice parfaite, ou pour mieux dire, de l'équilibre parfait entre justice et miséricorde).

Avatar de l’utilisateur
ChristianK
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1199
Inscription : lun. 10 mars 2008, 18:43

Re: Amour et Liberté

Message non lu par ChristianK » dim. 14 janv. 2024, 19:17

Coco lapin a écrit :
lun. 08 janv. 2024, 12:46

Ni l'un ni l'autre, en fait. Qu'il s'agisse du pardon ou de la satisfaction, Dieu n'est pas libre. Dieu n'est pas libre de damner quelqu'un qui se repent sincèrement, ni de sauver quelqu'un qui ne veut absolument pas se repentir,
Oui pour la repentence-contrition

et il ne peut pas non plus réduire à rien la satisfaction/punition exigée du pénitent si celle-ci est méritée (nécessitée par la Justice). Exemple : Dieu n'était pas libre de ne pas punir du tout David après son adultère.
Ici, St Thomas dirait non selon les textes, si David a la repentance. Puisque Dieu l’a décidé ainsi c’est mieux, mais pas nécessité. La suite ci-bas

De même, Dieu n'est pas libre de libérer toutes les âmes du purgatoire immédiatement d'un claquement de doigts, car celles-ci doivent effectuer un certain temps d'expiation déterminé par la Justice parfaite (à laquelle Dieu ne peut contrevenir). Ce temps ne peut être raccourci que par des prières et des sacrifices issus de la communion des saints, et non par la libre volonté de Dieu (car Dieu ne saurait rien vouloir d'autre que l'accomplissement de la justice parfaite, ou pour mieux dire, de l'équilibre parfait entre justice et miséricorde).
Cela, et le point ci-haut, revient à une question déjà discutée : St Thomas pense que Dieu est miséricordieux pour les damnés en punissant moins qu’ils ne le méritent et on se demandait si c’était cohérent. Mon interprétation est qu’il faut disjoindre les 2 actes de justice et miséricorde et non en faire un seul acte. Dieu punit exactement selon la justice dans un 1er jugement, puis en un acte séparé de miséricorde, adoucit la punition; mais le point de départ est la juste dose.
Le raisonnement de base de St Thomas semble être que Dieu est nécessité par sa nature même (pas pcq il a besoin) à punir l’impénitence; tandis qu’il n’est pas nécessité par L’exigence de satifaction une fois la pénitence présente, pcq étant infiniment parfait il n’a pas besoin de cette satisfaction, elle est seulement préférable (on ne peut faire aucun tort à Dieu).

Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 279 invités