Ancien et Nouvel Israël

« Assurément, il est grand le mystère de notre religion : c'est le Christ ! » (1Tm 3.16)
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Xavi
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Re: Ancien et Nouvel Israël

Message non lu par Xavi » ven. 08 mars 2024, 12:43

Bonjour à chacun,

@Altior

Merci, cher Altior, pour ce partage qui nous rappelle cet enseignement important du pape Pie XII : « la mort du Rédempteur a fait succéder le Nouveau Testament à l'Ancienne Loi abolie ».

Il le confirme, d’ailleurs, un peu plus loin dans cette même encyclique : « Sur la croix, par conséquent, la Loi Ancienne est morte ».

Comment pourrions-nous oublier que la Nouvelle Alliance par le sang du Christ abolit et met donc à néant, sans application, les prescrits de l’Ancienne Alliance ?

Lorsque l’Assemblée Nationale vote une nouvelle loi différente d’une ancienne, la loi la plus récente écarte l’application de la plus ancienne. De même, lorsqu’un nouveau traité est conclu entre des nations, il implique nécessairement l'abrogation de toute disposition contraire plus ancienne.

Plus aucun chrétien n’envisage de restaurer la circoncision dans l’Église.

Alors, où se trouve la difficulté ?

Tous ceux qui entrent dans cette nouvelle alliance et qui forment un nouveau peuple élu depuis la résurrection du Christ d’entre les morts et la Pentecôte, vivent désormais de cette alliance nouvelle et non plus des prescrits de l’Ancienne Loi.

Il me semble que c’est ici que nous pouvons discerner la distinction essentielle.

Car une alliance, c’est deux ou plusieurs partenaires. Il s’agit ici d’une alliance entre Dieu et un peuple d’humains. L’alliance n’a aucun sens si on oublie qu’elle engage des partenaires. Ce qui se passe avec une alliance concerne des partenaires.

Si une loi nouvelle s’applique à un peuple nouveau, elle abroge la loi ancienne pour ce peuple nouveau, mais non pour tous ceux à qui cette loi nouvelle ne s’applique pas. Si une alliance nouvelle est conclue avec un peuple nouveau, elle abroge la loi ancienne pour ce peuple nouveau, mais non pour un autre peuple qui n’entre pas dans l’alliance nouvelle.

On entre dans l’alliance d’Abraham et de Moïse par la circoncision et l’adhésion à la Torah. C’est ainsi que se forme le peuple élu, le peuple juif.

On entre dans la nouvelle alliance créée par le sang du Christ par le baptême. C’est ainsi que se forme le nouveau peuple élu, l’Église.

Pour les Juifs qui ne sont pas entrés dans la nouvelle alliance, l’ancienne alliance subsiste. Pour eux, elle n’est ni morte, ni abolie. Cette ancienne alliance unit Dieu à un peuple. Le peuple élu par cette alliance.

Il me semble donc important de ne pas oublier deux réalités.

1. La loi ancienne n’est pas devenue mauvaise et reste un chemin excellent pour découvrir le Messie, le Christ.
2. La loi ancienne demeure le berceau dont est issu le Christ et dans lequel il a annoncé l’Évangile de sorte que la compréhension de l’Évangile dans ce berceau qui reste celui des Juifs d’aujourd’hui reste essentielle pour notre compréhension chrétienne.

Ce n’est pas parce le peuple juif ne reconnaît pas le Christ, ce n’est pas parce que le peuple Juif a commis de nombreuses fautes (comme, hélas, tous les autres pécheurs dont nous sommes…), que l’Alliance conclue avec Abraham et Moïse aurait perdu de sa valeur.

Comme Jésus et les apôtres, le peuple juif fait le choix de s’attacher à l’Alliance d’Abraham et Moïse. Et, en cela, il fait bien et reste digne de louange. En cela, il continue à former le peuple élu par cette alliance.

Quelles que soient ses infidélités ou ses fautes ou ses obscurcissements, et même si nous espérons de tout coeur qu'il parviendra bientôt à rejoindre l'Alliance Nouvelle infiniment meilleure, le peuple juif d’aujourd’hui reste un témoin vivant de la fidélité à l’Alliance d’Abraham et Moïse que le Christ a pratiqué, ainsi que les apôtres et les premiers disciples.

@Gaudens

Merci, cher Gaudens, pour votre réflexion attentive.

Vous avez raison de rappeler qu’il y a bien eu une mise à l’écart des juifs qui ont rejeté le Christ et ce n’était pas nouveau car « leurs pères… ne sont pas restés dans mon alliance ; alors moi, je les ai délaissés, dit le Seigneur » (Hb 9, 9).

Mais, ce n’est pas le peuple élu de l’Alliance conclue avec Abraham et Moïse qui a été mis à l’écart. Cela ne concerne que « quelques unes » (Rm 11, 17) de ses branches.

Le chapitre 11 de l’épître de saint Paul aux Romains nous détaille tout un enseignement sur le peuple juif qui n’a pas accueilli le Christ et il commence par indiquer qu’il ne s’agit pas d’un rejet du peuple juif lui-même : « Je pose donc la question : Dieu a-t-il rejeté son peuple ? Pas du tout ! … Dieu n’a pas rejeté son peuple » (Rm 11, 1-2).

A-t-il coupé l’arbre ? Non, car « si la racine de l’arbre est sainte, les branches le sont aussi » (Rm 11, 16) A-t-il coupé toutes ses branches ? Non : « De ces branches, quelques-unes ont été coupées » (Rm 11, 17). Leur mise à l’écart est-elle définitive ? Non, elles restent sous la bénédiction de Dieu car « s’ils ne demeurent pas dans leur manque de foi, ils seront greffés car Dieu est capable de leur redonner leur place en les greffant. En effet, toi qui étais par ton origine une branche d’olivier sauvage, tu as été greffé, malgré ton origine, sur un olivier cultivé ; à plus forte raison ceux-ci, qui sont d’origine, seront greffés sur leur propre olivier » (Rm 11, 23-24).

Vous rappelez à juste titre l’épître aux Hébreux qui nous rappelle la Parole de Dieu qui dit « Voici venir des jours, dit le Seigneur, où je conclurai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une alliance nouvelle » (Hb 8, 8). Il s’agit bien ici de la Maison d’Israël et de la maison de Juda. Elle reste bien-aimée de Dieu.

En ce sens, malgré leur manque actuel de foi envers le Messie, les Juifs restent des branches saintes prêtes à être regreffées sur l’arbre d’origine qui n’a rien perdu de sa sainteté.

Si certains sont mis à l’écart par leur rejet du Christ et que d’autres demeurent seulement dans l’ignorance, les Juifs d’aujourd’hui ne cessent pas d’être des branches du peuple élu de l’alliance conclue avec Abraham et Moïse.

Nous sommes tellement dans la joie de la plénitude de l’Évangile qui accomplit et réalise si parfaitement les promesses faites à Abraham et Moïse, que nous risquons parfois d’oublier que l’amour du Créateur n’a pas commencé il y a seulement deux mille ans et que ses bénédictions du passé plus lointain ne perdent rien de leur valeur.

Aussi, l’enseignement de l’Église nous confirme que « L’Ancienne Alliance n’a jamais été révoquée » (Catéchisme, n° 21) et, dans sa lettre apostolique Evangelii Gaudium, le Pape François nous enseigne plus précisément que « Un regard très spécial s’adresse au peuple juif, dont l’Alliance avec Dieu n’a jamais été révoquée, parce que « les dons et les appels de Dieu sont sans repentance » (Rm 11, 29). L’Église, qui partage avec le Judaïsme une part importante des Saintes Écritures, considère le peuple de l’Alliance et sa foi comme une racine sacrée de sa propre identité chrétienne (cf. Rm 11, 16-18). » (n° 247)

« Dieu continue à œuvrer dans le peuple de la première Alliance et fait naître des trésors de sagesse qui jaillissent de sa rencontre avec la Parole divine. Pour cela, l’Église aussi s’enrichit lorsqu’elle recueille les valeurs du Judaïsme. Même si certaines convictions chrétiennes sont inacceptables pour le Judaïsme, et l’Église ne peut pas cesser d’annoncer Jésus comme Seigneur et Messie, il existe une riche complémentarité qui nous permet de lire ensemble les textes de la Bible hébraïque et de nous aider mutuellement à approfondir les richesses de la Parole » (id., n° 249).

Gaudens
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Re: Ancien et Nouvel Israël

Message non lu par Gaudens » ven. 08 mars 2024, 20:57

Avant de revenir vers les deux pôles un peu extrêmes que j’évoquais précédemment ainsi que sur la riche vidéo transmise par Xavi, j’aimerais réagir sur les posts précédents d’Altior et Xavi .
En ce qui concerne le rapport entre alliances et peuples donnés, je serais d’accord avec Xavi à deux nuances près :
-l’Alliance (ancienne) continuée avec le Vieil Israël subsistant malgré sa mise à l’écart n’est pas sans effets de grâce (voir Nostra Aetate) et l’observance de la Loi entière par ce peuple ne peut lui être imputée à péché, au contraire comme une belle marque de fidélité (malgré quelques bizarreries de ladite loi…). Mais elle ne peut être considérée comme source de grâce au même titre que ce que permet l’Alliance Nouvelle, par la proximité au Christ qui est donnée aux fidèles par la parole et les Sacrements.
-il ne faudrait pas (et vous ne le dites d’ailleurs pas) que la licéité de l’observance des prescriptions de la Loi ancienne par les enfants de l’Ancien Israël écarte définitivement (parce qu’elle serait une voie parallèle et équivalente) de l’adhésion au Messie Fils de Dieu et donc au bénéfice de l’Alliance Nouvelle. À cet égard, j’anticipe un peu un point que m’a inspiré la vidéo en question : l’Église ne se veut plus missionnaire vis-à-vis d’Israël, affirment certains. J’ai envie de leur demander ce qu’ils répondent à la soif de beaucoup de Juifs messianiques qui, sans cesser de l’être, reconnaissent Jésus comme Messie et recherchent le chemin vers lui, qui ne peut passer que par l’Église et ses sacrements ? Vont -ils leur répondre : abstenez-vous et passez votre chemin ? Ou au contraire les aider à trouver la voie correcte pour combiner leurs deux légitimes appartenances en les unifiant ?
En ce qui concerne votre réponse à mes réflexions, Xavi, j’y adhèrerais sans réserve, y compris dans la citation d’Evangelii Gaudium, à une réserve près :
ce n’est pas le peuple élu de l’Alliance conclue avec Abraham et Moïse qui a été mis à l’écart. Cela ne concerne que « quelques unes » (Rm 11, 17) de ses branches.
En fait, il me semble qu’on ne peut cacher que c’est le judaïsme pharisien, ancêtre direct du judaïsme rabbinique actuel, qui a été mis de côté, ou bien plus exactement, qui s’est mis lui-même de côté en refusant de reconnaitre le Messie quand il parut. Donc le judaïsme actuel, encore une fois, « mis de côté » n’est ni substitué ni condamné. Et sa lecture des textes saints peut avoir un sens acceptable par les Chrétiens si on se limite à des aspects sapientiaux ou para-historiques, en laissant de côté (si l’on peut dire) le sens le plus profond de l ‘Ancien testament qui est l’annonce du Messie, révélé en Jésus , tant que le judaïsme actuel ne l’a pas à son tour découvert. J’avais beaucoup apprécié il y a quelques années une lecture exégétique de la Genèse par un diacre orthodoxe d’origine juive – hélas passé depuis à l’intégrisme orthodoxe le plus marqué - , alternant exégèses rabbinique et patristique.
Dernière modification par Gaudens le sam. 09 mars 2024, 10:39, modifié 1 fois.

Altior
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Re: Ancien et Nouvel Israël

Message non lu par Altior » sam. 09 mars 2024, 1:33

Cher Xavi,
Xavi a écrit :
ven. 08 mars 2024, 12:43

Pour les Juifs qui ne sont pas entrés dans la nouvelle alliance, l’ancienne alliance subsiste. Pour eux, elle n’est ni morte, ni abolie. Cette ancienne alliance unit Dieu à un peuple. Le peuple élu par cette alliance.
Pour ma part, je n'adhère pas à cette dialectique. Je ne crois pas que l'Ancienne Alliance est abolie pour des uns, mais pas pour des autres. Il se peut qu'on trouve ici encore une fracture entre la foi des catholiques traditionalistes et la foi des catholiques nommez-les-comme-vous préférez. Car, comme je l'ai dit plusieurs fois, la vraie ligne de démarcation entre le traditionalisme et le post-conciliarisme ne passe pas tant par la liturgie, mais passe surtout par la doctrine. Ainsi, nous ne croyons pas que la nouvelle alliance est salvatrice seulement pour les Juifs qui ont suivi le Christ, tandis que l'ancienne alliance est salvatrice pour les Juifs qui ont suivi Anne et Caïphe.
Aussi, l’enseignement de l’Église nous confirme que « L’Ancienne Alliance n’a jamais été révoquée » (Catéchisme, n° 21)
Désolé, mais entre "L'Ancienne Alliance n'a jamais été révoquée et "L'Ancienne Loi est abolie" je ne vois pas de continuité, mais de rupture. Nous croyons que Notre Seigneur est venu pour toutes les nations, mais surtout et en premier lieu pour la nation juive, qui était la sienne. D'ailleurs on voit cela très bien dans sa rencontre avec la femme samaritaine et pas que. À deux exceptions près, toute sa vie publique Notre Seigneur n'est pas sorti de l'espace géographique de ce qu'était jadis le Royaume de David. C'est après sa Résurrection, quand tout était conclu, qu'il commande aux Apôtres : Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.. Toutes les nations, y compris la nation juive. C'est pourquoi l'élite des Apôtres, Pierre, Jacques et Jean enseigneront à Jérusalem (Jean, l'Apprenti aimé, justement y restera pour du bien). Donc, un Juif de nos jour ne peut pas être plus sanctifié en restant sous l'Ancienne Loi plus qu'un musulman en restant sous sa shahada.

Si quelqu'un ne croit pas aux enseignements des Papes d'avant Vatican-2, qu'il médite à ce qu'un Juif dit aux autres Juifs :

Or, c’est bien un reproche que Dieu fait à son peuple quand il dit : Voici venir des jours, dit le Seigneur, où je conclurai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une alliance nouvelle.
09 Ce ne sera pas comme l’Alliance que j’ai faite avec leurs pères, le jour où je les ai pris par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte : eux ne sont pas restés dans mon alliance ; alors moi, je les ai délaissés, dit le Seigneur.
10 Mais voici quelle sera l’Alliance que j’établirai avec la maison d’Israël quand ces jours-là seront passés, dit le Seigneur. Quand je leur donnerai mes lois, je les inscrirai dans leur pensée et sur leurs cœurs. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple.
11 Ils n’auront plus à instruire chacun son concitoyen ni chacun son frère en disant : « Apprends à connaître le Seigneur ! » Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands.
12 Je serai indulgent pour leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés.
13 En parlant d’Alliance nouvelle, Dieu a rendu ancienne la première ; or ce qui devient ancien et qui vieillit est près de disparaître.

(Hébreux, 11 : 8 sqq)

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Re: Ancien et Nouvel Israël

Message non lu par Xavi » sam. 09 mars 2024, 12:22

Bonjour Altior,

Merci pour votre partage qui permet d’avancer dans ce sujet sensible.
Altior a écrit :
sam. 09 mars 2024, 1:33
nous ne croyons pas que la nouvelle alliance est salvatrice seulement pour les Juifs qui ont suivi le Christ, tandis que l'ancienne alliance est salvatrice pour les Juifs qui ont suivi Anne et Caïphe.
Oui ! Bien sûr !

La nouvelle alliance est salvatrice pour tous les hommes et il n’y a pas d’autre chemin pour le salut que le Christ. Dire qu’elle serait salvatrice « seulement » pour les Juifs chrétiens et qu’il y aurait un autre chemin, une autre alliance salvatrice est bien certainement à rejeter.

Personne ne peut prétendre que l’ancienne alliance serait « salvatrice », à elle seule pour les Juifs non chrétiens (qui ont suivi Anne et Caïphe ou non). Vous avez raison de le rejeter car le Christ est le seul chemin qui conduit au Père.

J’ai ajouté « à elle seule » parce qu’il me semble qu’on peut comprendre que depuis la création, Dieu n’a jamais cessé d’ouvrir pour les humains des chemins de vie parmi lesquels l’alliance avec Abraham et Moïse que nous nommons « l’ancienne alliance » par rapport à la nouveauté radicale que nous avons reçue par le Christ et qui, clairement, est la seule qui sauve réellement.

Que se passe-t-il pour tous les humains qui, hier comme aujourd’hui, ne connaissent pas le Christ ou n’ont entendu que quelques bribes des évangiles ?

À côté des quelques dizaines ou centaines de Juifs qui, comme Anne et Caïphe, ont directement voulu la mort du Christ, des milliers d’autres Juifs de cette époque ont applaudi le Christ dans le pays de Canaan. Combien ont eu une connaissance personnelle directe du Christ ?

Le Christ vient chercher tout homme et l’appeler à se convertir là où il est, avec sa religion et parfois sa philosophie athéiste. Non pour y demeurer, certes, mais pour se tourner vers son sauveur et le suivre.

C’est ici que nous pouvons affirmer que l’ancienne alliance n’a rien perdu de sa valeur. Celui qui tourne son cœur vers cette ancienne alliance, se tourne vers le Christ qui en est l’accomplissement et marche déjà vers Lui, même s’il n’en est pas conscient. Nous croyons que celui qui suit fidèlement avec amour l’alliance d’Abraham et Moïse est sur un chemin qui mène au Christ, à la nouvelle alliance. C’est en ce sens, que l’ancienne alliance reste encore et toujours salvatrice pour les Juifs, non comme un aboutissement, ni comme un chemin suffisant, mais comme une voie royale et bonne qui peut aboutir, un jour, à la conversion au Christ.

Il n’y a pas d’autre accomplissement authentique de l’alliance mosaïque que la nouvelle alliance. Nous pouvons donc penser et dire aux Juifs que leur religion mosaïque est bonne et garde toute sa valeur parce que c’est un chemin créé par Dieu lui-même et qu’en vérité, il ne conduit nulle part ailleurs qu’au Christ et à l’alliance nouvelle.
Altior a écrit :
sam. 09 mars 2024, 1:33
Aussi, l’enseignement de l’Église nous confirme que « L’Ancienne Alliance n’a jamais été révoquée » (Catéchisme, n° 121)
Désolé, mais entre "L'Ancienne Alliance n'a jamais été révoquée et "L'Ancienne Loi est abolie" je ne vois pas de continuité, mais de rupture. Nous croyons que Notre Seigneur est venu pour toutes les nations, mais surtout et en premier lieu pour la nation juive, qui était la sienne.
Ici encore, vous avez bien sûr raison de rappeler que Notre Seigneur est venu pour tous et en premier pour la nation juive.

Mais, pourquoi voir une rupture là même où il ne peut pas y en avoir ?

Dans la foi de l’Église, pour les questions essentielles, tout doit s’interpréter et se comprendre dans la continuité. La rupture me semble une impossibilité catholique car elle supposerait que l’Église aurait été hier dans l’erreur sur une question dogmatique essentielle, ce qu’aucun catholique ne peut croire.

Vous avez donc raison de ne pas suivre ce qui vous paraît une rupture et de préférer la continuité. Ceci n’efface pas, par contre, les multiples nuances et interprétations que le langage humain rend inévitables. Nous utilisons des mots parfois différents ou auxquels non donnons de la signification parfois très variée dans des nuances multiples que souvent nous ne pouvons pas apercevoir correctement. Et, souvent, il nous manque beaucoup d’amour pour discerner ce que l’autre perçoit dans son contexte et avec une personnalité qui ne sont pas les nôtres.
Altior a écrit :
sam. 09 mars 2024, 1:33
Donc, un Juif de nos jour ne peut pas être plus sanctifié en restant sous l'Ancienne Loi plus qu'un musulman en restant sous sa shahada.
Ah non !

Tout simplement, parce que les musulmans ne sont pas engagés dans l’alliance conclue par Dieu avec Israël, les douze tribus de Jacob.

Les musulmans, comme tout humain (y compris les Juifs), sont appelés à la conversion, mais les Juifs, parce qu’ils forment un peuple formé par une alliance donnée par Dieu lui-même, sont dans une situation particulière infiniment meilleure.

Comment pourrions-nous soutenir que l’alliance avec Abraham et Moïse n’aurait rien apporté au peuple d’Israël qui en est issu ? Comment la lumière et le chemin de vie qu’elle a apportés dans le monde auraient-ils disparus du seul fait de son accomplissement parfait par celui qui en était le but dès l’origine, le Christ ?

C’est le cœur de la difficulté pour ceux qui pensent que, du fait même de son accomplissement parfait par le Christ, il n’en reste plus rien. Ce serait comme la chenille devenue papillon ou la fleur devenue un fruit.

Mais, la réalité qui est sous nos yeux, c’est que le chemin de l’Alliance mosaïque est toujours là et qu’il y a toujours un peuple juif qui s’y réfère. Pas un iota n’a été aboli et la persistance dans l’histoire d’un peuple fondé sur cette alliance mosaïque subsiste.

Je ne puis que rappeler ici l’enseignement de tout le chapitre 11 de la lettre de saint Paul aux Romains que vous connaissez certainement et je ne doute pas que vous n’avez pas voulu le contredire, mais il me semble que vos mots doivent être revus pour pouvoir être compris à cet égard dans la continuité de la foi.

Vous citez d’ailleurs cet autre texte tout aussi pertinent du chapitre 11 de la lettre aux Hébreux qui rejoint et confirme le texte précité aux Romains.

Altior a écrit :
sam. 09 mars 2024, 1:33
Si quelqu'un ne croit pas aux enseignements des Papes d'avant Vatican-2
Pourquoi un tel supposé ? Ces enseignements gardent toute leur valeur et nul ne peut être catholique sans s’attacher aux enseignements des papes de toute époque depuis 2000 ans et demeurer dans leur continuité.

Cette continuité c’est aussi un approfondissement incessant du contenu de la foi et du langage qui le transmet pour chaque génération et dans chaque contexte. Avec des sensibilités et des choix qui parfois s’entrechoquent.
Altior a écrit :
sam. 09 mars 2024, 1:33
qu'il médite à ce qu'un Juif dit aux autres Juifs :
Or, c’est bien un reproche que Dieu fait à son peuple quand il dit : Voici venir des jours, dit le Seigneur, où je conclurai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une alliance nouvelle.
09 Ce ne sera pas comme l’Alliance que j’ai faite avec leurs pères, le jour où je les ai pris par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte : eux ne sont pas restés dans mon alliance ; alors moi, je les ai délaissés, dit le Seigneur.
10 Mais voici quelle sera l’Alliance que j’établirai avec la maison d’Israël quand ces jours-là seront passés, dit le Seigneur. Quand je leur donnerai mes lois, je les inscrirai dans leur pensée et sur leurs cœurs. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple.
11 Ils n’auront plus à instruire chacun son concitoyen ni chacun son frère en disant : « Apprends à connaître le Seigneur ! » Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands.
12 Je serai indulgent pour leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés.
13 En parlant d’Alliance nouvelle, Dieu a rendu ancienne la première ; or ce qui devient ancien et qui vieillit est près de disparaître.

(Hébreux, 11 : 8 sqq)
Notez-le bien : est « près » de disparaître. La première alliance est certes «vieillie » par l’alliance nouvelle, mais ce qui est vieux n’est pas encore mort et n’a pas encore disparu.

La promesse concerne la « Maison d’Israël », et plus précisément encore la « Maison de Juda », ce petit reste judéen (juif) des douze tribus après la division d’Israël à la mort de Salomon.

Certes, la seule lecture de ce chapitre 11 de la lettre aux Hébreux pourrait faire penser que ce texte concerne surtout l’Église issue d’un descendant de Juda, mais le chapitre 11 de la lettre aux Romains est parfaitement explicite pour nous indiquer que le peuple juif continue à être aimé comme tel et que le chemin de l’ancienne alliance peut l’amener au Messie, même s’il n’y est pas encore.

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Re: Ancien et Nouvel Israël

Message non lu par Xavi » sam. 09 mars 2024, 19:00

Bonsoir Gaudens,

Je constate que j’ai répondu à Altior sans prendre connaissance de votre message qui précédait le sien.

Je vous remercie pour les deux nuances qui vous apportez et qui me paraissent justes.

Il me semble évident que le besoin de conversion au Christ concerne tout homme, y compris tout juif et que les réserves concernant les Juifs ne concernent pas le Christ mais le chemin qui mène vers lui.
Gaudens a écrit :
ven. 08 mars 2024, 20:57
l’Église ne se veut plus missionnaire vis-à-vis d’Israël, affirment certains. J’ai envie de leur demander ce qu’ils répondent à la soif de beaucoup de Juifs messianiques qui, sans cesser de l’être, reconnaissent Jésus comme Messie et recherchent le chemin vers lui, qui ne peut passer que par l’Église et ses sacrements ? Vont-ils leur répondre : abstenez-vous et passez votre chemin ? Ou au contraire les aider à trouver la voie correcte pour combiner leurs deux légitimes appartenances en les unifiant ?
Je vous rejoins pleinement.

Il me semble que c’est bien en combinant ces deux légitimes appartenances qu’il faut comprendre la restriction missionnaire à l’égard des Juifs qui est parfois exprimée.

À cet égard, contrairement aux autres hommes qui viennent au Christ de tous autres horizons et qui sont invités à se convertir pour se tourner de leur religion ou de leur philosophie antérieure vers le Christ, les Juifs n’ont pas besoin, pour venir au Christ, de se détourner de l’alliance conclue avec Abraham et Moïse qui fonde leur foi. En ce sens, ils n’ont pas à se convertir ou à se détourner de la religion de cette alliance mais à découvrir le Messie dont elle est la finalité. La religion d’Abraham et Moïse est un chemin direct pour adhérer au Christ qui accomplit toutes ses promesses et en est la finalité.

Au bout d’une foi sincère, fidèle et pleinement éclairée à l’ancienne alliance de ces patriarches bibliques, le Juif sera amené au Christ. Le Christ est le juif parfait.

Le Juif qui vit pleinement dans la vérité de sa foi (celui qui est circoncis de cœur, qui aime son Créateur et ses commandements de toutes ses forces, qui cherche de tout son cœur à comprendre les Écritures et attend le Messie qu’elles annoncent) est représenté dans l’Évangile par Nathanaël que Jésus le qualifie de « vraiment un israélite : il n’y a pas de ruse en lui » (Jn 1, 47). Ce Juif vient à Jésus et le reconnaît. Mais, pas nécessairement tout de suite. Comme Nathanaël, il peut être d’abord sceptique (« De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? ») mais ensuite, après avoir rencontré personnellement Jésus, il le reconnaît comme Messie : « Rabbi, c’est toi le Fils de Dieu, c’est toi le Roi d’Israël » (Jn 1, 46 et 49).

Le chemin de l’ancienne alliance qui fut le berceau de l’incarnation du Christ et des premiers chrétiens n’a rien perdu de ses qualités. S’il a permis au Christ de s’y incarner et à ses apôtres de le reconnaître, il garde toujours ses qualités pour les Juifs d’aujourd’hui. Il n’y a pas lieu de les détourner de cette ancienne alliance, mais seulement de les inviter à découvrir le Christ vers laquelle cette alliance les conduit.

Le chemin de la Torah est juste et bon, mais, pour ceux qui attendent encore le Messie, il reste à en découvrir le Christ au bout de ce chemin.

Et, à cet égard, toutes les faiblesses ou les manquements des divers courants juifs ne changeront jamais la pleine valeur de l’alliance qui les fonde et qui demeure. Ce qui est « mis à l’écart », ce n’est pas tel ou tel judaïsme particulier, mais seulement ceux qui refusent le Christ lorsqu’il leur est révélé tel qu’il est.

Mais, même préparé de la manière la plus excellente avec amour par le Créateur, le chemin de l’ancienne alliance peut être long et tortueux pour les hommes qui l’empruntent avant une rencontre avec le Christ, avant de le découvrir.

Pourquoi ne viennent-ils pas directement au Christ par la nouvelle alliance ? C’est un mystère qui demeure. Mais, en attendant, ils restent des témoins d’un chemin qui n’a rien perdu de sa valeur et sur lequel les attend et les accueille le même Dieu, Celui que nous adorons comme Père, Fils et Esprit Saint. Sur ce chemin, ils sont aussi attendus par un même Père, en Jésus-Christ et éclairés par l’Esprit Saint.

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Re: Ancien et Nouvel Israël

Message non lu par Altior » dim. 10 mars 2024, 2:48

Cher Xavi,
Xavi a écrit :
sam. 09 mars 2024, 19:00
ils n’ont pas à se convertir ou à se détourner de la religion de cette alliance mais à découvrir le Messie dont elle est la finalité. La religion d’Abraham et Moïse est un chemin direct pour adhérer au Christ qui accomplit toutes ses promesses et en est la finalité.
Là, je suis tout à fait d'accord. Nous, catholiques, croyons en Dieu : le Dieu d'Abraham, d'Israël et de Jacob. Nous sommes spirituellement des israélites.
Le chemin de l’ancienne alliance qui fut le berceau de l’incarnation du Christ et des premiers chrétiens n’a rien perdu de ses qualités. S’il a permis au Christ de s’y incarner et à ses apôtres de le reconnaître, il garde toujours ses qualités pour les Juifs d’aujourd’hui.
Ici, je sens que nos visions sur la chose ne collent pas tout à fait.
Xavi, seriez-vous gentil de me répondre à deux questions ?

1) Quelle signification vous attribuez, en clé allégorique, au fait que lorsque Notre Seigneur mourut sur la Croix, le voile du Temple s'est déchiré ?
2) Supposons qu'un jour, dans la Jérusalem actuelle, sera bâti le Troisième Temple. Pensez-vous qu'il sera vivant, dans le sens que Dieu l'habitera comme il a habité les deux premiers ? Ce Troisième Temple, sera-t-il commandé par Dieu ?

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Re: Ancien et Nouvel Israël

Message non lu par Gaudens » dim. 10 mars 2024, 10:41

Merci pour votre réponse, Xavi, qui me convient globalement. Mais le diable étant dans les détails je suis un peu sceptique à lire :
"Ce qui est « mis à l’écart », ce n’est pas tel ou tel judaïsme particulier, mais seulement ceux qui refusent le Christ lorsqu’il leur est révélé tel qu’il est".
Ne sous-estimez vous pas le verrouillage anti chrétien (bien loin du judaïsme de Nathanaël) établi par les rabbins dès l'époque de la finalisation du Talmud, un état d'esprit qui, probablement, demeure. Le "spoiler" que j'avais mis dans mon premier post évoquait bien certaines mentions talmudiques et la XVIIIè "Bénédiction" (malédiction en réalité) ,celle des Minims et Nostrim, en fait les Juifs qui reconnaissaient la messianité du Christ. Je doute que tout cela ait été nettoyé et enlevé comme l'Église latine l'a fait dans les prières du Vendredi Saint.
A suivre, entre autres, à propos de certaines informations fort intéressantes et un peu intrigantes de la vidéo que vous nous avez transmise.

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Re: Ancien et Nouvel Israël

Message non lu par Xavi » lun. 11 mars 2024, 12:46

Bonjour à chacun,

Je me réjouis de voir à quel point nous parvenons à converger sur l'ancienne alliance, ce qui me semble contenir les meilleures armes contre l’antisémitisme parce qu’une telle approche ne se limite pas à éviter les fausses accusations ou critiques, mais nous oriente vers une reconnaissance de la vraie valeur qui subsiste dans la foi juive.

Redécouvrir la valeur de la première alliance, et le faire avec les Juifs qui continuent à en vivre, est un chemin riche de perspectives dans notre attente d’une conversion du peuple juif qui reste une espérance pour l’Église.

Altior a écrit :
dim. 10 mars 2024, 2:48
Nous, catholiques, croyons en Dieu : le Dieu d'Abraham, d'Israël et de Jacob. Nous sommes spirituellement des israélites.
Merci pour cette belle profession de foi.

En effet, les Juifs entrent dans le chemin de l’Alliance par la chair et nous, par le Christ, nous pouvons y accéder, de manière directe, spirituellement. Tous, nous sommes invités à y entrer tout entier, corps, esprit et âme comme le réalisent pleinement les sacrements, et en premier le baptême et l’Eucharistie.

Altior a écrit :
dim. 10 mars 2024, 2:48
Xavi a écrit :
sam. 09 mars 2024, 19:00
Le chemin de l’ancienne alliance qui fut le berceau de l’incarnation du Christ et des premiers chrétiens n’a rien perdu de ses qualités. S’il a permis au Christ de s’y incarner et à ses apôtres de le reconnaître, il garde toujours ses qualités pour les Juifs d’aujourd’hui.
Ici, je sens que nos visions sur la chose ne collent pas tout à fait.
Xavi, seriez-vous gentil de me répondre à deux questions ?
1) Quelle signification vous attribuez, en clé allégorique, au fait que lorsque Notre Seigneur mourut sur la Croix, le voile du Temple s'est déchiré ?
2) Supposons qu'un jour, dans la Jérusalem actuelle, sera bâti le Troisième Temple. Pensez-vous qu'il sera vivant, dans le sens que Dieu l'habitera comme il a habité les deux premiers ? Ce Troisième Temple, sera-t-il commandé par Dieu ?
Est-ce que nos visions ne collent pas tout à fait ? Je ne sais pas car, à première vue, vos deux questions ne me semblent pas pouvoir susciter une divergence.

En ce qui concerne le voile du temple, cela me fait surtout penser au voile qui affecte tout vision humaine en ce monde. Juifs ou chrétiens, notre connaissance actuelle n’est que partielle.

« Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu » (1 Co 13, 12). Dans certaines traductions, on dit « comme à travers un voile ».

Il me semble que lorsque le voile du temple se déchire, c’est un signe que la mort du Christ ouvre le saint des saints et révèle Dieu. C’est toute l’ancienne alliance qui s’ouvre vers ce qui était auparavant caché derrière le voile.

Il me semble qu’à cet égard, les Juifs qui ne reconnaissent pas le Christ demeurent encore sans voir au-delà du voile et n’ont pas conscience que le Saint des saints est désormais ouvert pour tous. C’est à cela que je pense, mais cet événement nous introduit certainement à bien davantage et je ne perçois pas la divergence ou l’ambiguïté qu’il y aurait à cet égard par rapport au sujet évoqué dans ce fil.

En ce qui concerne l’éventuelle reconstruction du temple de Jérusalem, la question ne me semble concerner que les Juifs car nous sommes désormais le temple de Dieu que nous pouvons adorer en tout lieu en esprit et en vérité ou dans l’Eucharistie.

En ce qui concerne les Juifs, on peut supposer, dans votre hypothèse, qu’ils veilleraient, dans un nouveau temple, à restaurer des prescrits de la loi de Moïse aujourd’hui inapplicables. Sans le Christ, ce ne serait qu’une étape de plus dans un chemin n’ayant pas encore atteint son but véritable qui est le Christ. Dieu habite où il veut et, sauf sa présence particulière par l’Eucharistie qui se réalise lors de chaque eucharistie ou qui demeure dans les tabernacles, il n’est pas moins présent dans les synagogues, les montagnes ou les maisons que dans les églises.

Je ne contesterais donc pas qu’un nouveau temple serait habité par Dieu et les Juifs pourraient, en effet, y revivre ce qu’ils y ont vécu avant l’incarnation du Christ, mais aussi encore (ne l'oublions pas !) pendant plusieurs dizaines d’années après la Résurrection et la Pentecôte. Malgré le voile déchiré lors de la mort du Christ, les premiers chrétiens ont continué à fréquenter le temple de Jérusalem.

Ce troisième temple serait-il « commandé par Dieu » ? Il me semble qu’il faudrait répondre ni plus ni moins que les deux premiers temples car je suppose que les Juifs le reconstruiraient dans la continuité des deux premiers temples, mais, en fait, c’est tellement une réalité de l’ancienne alliance que cela ne changerait rien pour les chrétiens de la nouvelle alliance.

N’oublions pas, quoi qu’il en soit, que, dans la loi de Moïse, il n’y a pas de temple, mais seulement une tente, et que le temple fut seulement construit plusieurs siècles plus tard par le roi Salomon.

Lorsque nous parlons ici de l’ancienne alliance, il s’agit de celle conclue avec Abraham et Moïse. Tout ce qui s’est passé plus tard, jusqu’à ce jour, est une histoire où les infidélités furent multiples et il serait erroné d’y percevoir un motif de critiquer ou de rejeter l’alliance donnée par Dieu qui demeure un chemin de bénédiction quelles que soient les fautes et les perversions des hommes qui s’y réfèrent.

À cet égard, rien n’a changé et cela reste vrai aussi pour l’Église qui ne sera jamais détruite par les défaillances des hommes qui y sont incorporés, même s’il s’agit de papes ou d’évêques.

Gaudens a écrit :
dim. 10 mars 2024, 10:41
le diable étant dans les détails je suis un peu sceptique à lire :
"Ce qui est « mis à l’écart », ce n’est pas tel ou tel judaïsme particulier, mais seulement ceux qui refusent le Christ lorsqu’il leur est révélé tel qu’il est".
Ne sous-estimez vous pas le verrouillage anti chrétien (bien loin du judaïsme de Nathanaël) établi par les rabbins dès l'époque de la finalisation du Talmud, un état d'esprit qui, probablement, demeure.
Ce verrouillage me semble bien réel et vous avez raison de veiller à ce qu’il ne soit pas sous-estimé.

Ce qui me semble important ici, c’est de ne pas confondre la valeur de l’ancienne alliance qu’il est important de continuer à reconnaître avec les déviations multiples des hommes.

Hélas, nous connaissons aussi d’innombrables déviations dans l’Église de la nouvelle alliance.

Gaudens a écrit :
dim. 10 mars 2024, 10:41
Le "spoiler" que j'avais mis dans mon premier post évoquait bien certaines mentions talmudiques et la XVIIIè "Bénédiction" (malédiction en réalité) ,celle des Minims et Nostrim, en fait les Juifs qui reconnaissaient la messianité du Christ. Je doute que tout cela ait été nettoyé et enlevé comme l'Église latine l'a fait dans les prières du Vendredi Saint.
A suivre, entre autres, à propos de certaines informations fort intéressantes et un peu intrigantes de la vidéo que vous nous avez transmise.
C’est bien possible et cela peut montrer le travail qui reste à faire dans un dialogue fraternel avec les Juifs.

Car, pour découvrir le Christ qui leur demeure aujourd’hui mystérieusement caché, il reste bien des difficultés dans le chemin de ceux qui veulent suivre l’ancienne alliance.

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Re: Ancien et Nouvel Israël

Message non lu par Gaudens » lun. 11 mars 2024, 14:19

Là, nos chemins divergent à nouveau, cher Xavi.
Pas pour votre belle interprétation de la nature du voile du Temple, qui veut dire davantage que la fin de la mission historique de celui-ci, comme je le pensais. Mais bien parce que :
-une éventuelle reconstruction ne regarderait pas que les Juifs mais le monde entier. Elle supposerait la destruction des Lieux Saints musulmans (lieux saints pour eux seuls, certes) et donc amènerait quelque chose qui s’apparenterait à la guerre mondiale… Mais aussi parce que ce serait une négation solennelle de la messianité du Christ – depuis la Résurrection, seul et unique Temple reconstruit en trois jours – et donc nous affecterait grandement, nous Chrétiens.
-un tel temple que je n’hésite pas à traiter de sacrilège n’abriterait certainement pas la Schekinah, la présence de Dieu, comme l’Ancien. La Schekinah réside dans le Christ seul, à travers l’ensemble de Ses manifestations.
On ne peut s’appuyer sur le fait que les disciples fréquentaient le Temple entre 30 et 64 (dans la mesure où on ne leur en interdisait pas l’accès ) pour justifier un éventuel nouveau temple. L’ancien existait encore et Jésus l’avait visité, une raison suffisante pour légitimer que les disciples mettent leurs pas dans les Siens. Un « nouveau » Temple ne saurait se prévaloir de la visite du Messie en son temps. Les manquements nombreux des uns et des autres ne feraient pas de celui-là un manquement ou une infidélité parmi d’autres, il serait d’une ampleur énorme.
Trop d’irénisme finit pas brouiller notre discernement, je le crains

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Re: Ancien et Nouvel Israël

Message non lu par Xavi » lun. 11 mars 2024, 16:42

Cher Gaudens,

Vous avez bien raison de vous méfier du risque toujours réel d’irénisme dans une réflexion interreligieuse.

Il est toujours positif de mettre en évidence ce qui unit, mais il faut toujours rester tout autant attentif à ne pas dissoudre ou minimiser ou cacher les différences ou désaccords réels.

À cet égard, vous présentez deux divergences.
Gaudens a écrit :
lun. 11 mars 2024, 14:19
une éventuelle reconstruction ne regarderait pas que les Juifs mais le monde entier. Elle supposerait la destruction des Lieux Saints musulmans (lieux saints pour eux seuls, certes) et donc amènerait quelque chose qui s’apparenterait à la guerre mondiale… Mais aussi parce que ce serait une négation solennelle de la messianité du Christ – depuis la Résurrection, seul et unique Temple reconstruit en trois jours – et donc nous affecterait grandement, nous Chrétiens.
Personnellement, je ne ressens pas de divergence sur cette première observation par rapport au sujet en cause ici.

Les Juifs nient la messianité du Christ et une reconstruction du temple n’ajouterait rien à leur négation solennelle qui est un fait constant qui ne peut cesser que par leur conversion.

Les répercussions politiques et religieuses que vous soulevez ne me semblent pas modifier la seule réalité que nous évoquons ici : celle de la valeur persistante de l’ancienne alliance pour guider un peuple vers le Christ même si elle est infiniment dépassée par la nouvelle alliance qui rend cette ancienne alliance sans objet pour ceux qui reconnaissent le Christ comme le Messie attendu qui réalise pleinement les promesses de l’ancienne alliance.

Nous sommes bien sûr affectés grandement chaque fois que le Christ est nié et ce serait, bien sûr, le cas a fortiori si cette négation apparaissait solennelle lors d’une reconstruction du temple.
Gaudens a écrit :
lun. 11 mars 2024, 14:19
-un tel temple que je n’hésite pas à traiter de sacrilège n’abriterait certainement pas la Schekinah, la présence de Dieu, comme l’Ancien. La Schekinah réside dans le Christ seul, à travers l’ensemble de Ses manifestations.
On ne peut s’appuyer sur le fait que les disciples fréquentaient le Temple entre 30 et 64 (dans la mesure où on ne leur en interdisait pas l’accès ) pour justifier un éventuel nouveau temple. L’ancien existait encore et Jésus l’avait visité, une raison suffisante pour légitimer que les disciples mettent leurs pas dans les Siens. Un « nouveau » Temple ne saurait se prévaloir de la visite du Messie en son temps. Les manquements nombreux des uns et des autres ne feraient pas de celui-là un manquement ou une infidélité parmi d’autres, il serait d’une ampleur énorme.
Ici, la difficulté me semble réelle parce que vous ramenez les deux obstacles les plus fréquemment opposés à la reconnaissance de la valeur inaliénable et irrévocable de l’ancienne alliance à laquelle nos frères aînés juifs demeurent attachés parce qu’ils ne reconnaissent pas le Christ.

1. Les Juifs ne reconnaissent pas aujourd’hui le Christ. C’est un fait qui nous désole et nous espérons de tout cœur qu’il en soit un jour autrement. Mais, cela ne change rien, absolument rien, à la valeur parfaite de l’ancienne alliance donnée par Dieu lui-même pour se constituer un peuple.
Donc, bien sûr, qu’une reconstruction du temple qui serait faite par les Juifs, dans le cadre de leur religion fondée sur l’ancienne alliance, « ne saurait se prévaloir de la visite du Messie en son temps » puisque cette visite n’est pas reconnue et même niée. Mais, il n’y a aucun argument négatif supplémentaire à en tirer. Une reconstruction pourrait conserver du sens pour les Juifs dans une volonté sincère de suivre l’ancienne alliance, ce qui ne signifie pas que tous les juifs et a fortiori tous les non-juifs devraient l’accepter, ce qui est une question politique voire juridique qui dépasse notre sujet ici.

2. De même, les manquements et les infidélités des Juifs, déjà souvent dénoncés dans la Bible, ne peuvent en rien affecter la valeur parfaite de l’ancienne alliance donnée par Dieu lui-même pour se constituer un peuple.

Nous pouvons, bien sûr, qualifier de « sacrilège » et ressentir comme tel toute négation implicite ou formelle du Christ par les Juifs, parce qu’ils ne reconnaissent pas le Messie et ne sont pas fidèles à celui qui réalise l’ancienne alliance, mais je ne peux pas vous suivre lorsque vous écartez le respect du temple par le Christ puis par ses apôtres, pendant les premières dizaines d’années de l’Église, comme étant des faits qui peuvent nous éclairer par rapport aux Juifs d'aujourd'hui et à une éventuelle reconstruction du temple.

Contrairement à ce que vous écrivez, il me semble non seulement que l’on peut mais que l’on doit reconnaître ce que le Christ lui-même puis les premiers chrétiens nous enseignent sur ce point et s’appuyer dessus.

Alors, bien sûr que « La Schekinah réside dans le Christ seul », mais Dieu ne cesse pas d’être présent du seul fait que sa présence est voilée aux yeux de certains.

La présence du Dieu d’Israël, c’est la présence du Christ. Même lorsque le Christ n’est pas reconnu. Si vous entrez aujourd’hui dans une synagogue et que vous voyez une petite lampe rouge allumée, si semblable à celle qui signifie la présence du Christ dans des hosties consacrées d’un tabernacle, c’est bien le même Dieu, le même Dieu d’Israël, le Christ qui est présent. Il n’y en a pas d’autre. Même lorsqu'il n'est pas pleinement reconnu.

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Re: Ancien et Nouvel Israël

Message non lu par Gaudens » lun. 11 mars 2024, 19:16

Je déroge ici à mon principe de pas répondre le jour même, désolé ; d’autant que je voudrais passer à la comparaison annoncée de deux positions extrêmes que je trouve éclairante dans notre débat.
Vous évoquez, cher Xavi, la « valeur parfaite de l’ancienne alliance donnée par Dieu lui-même pour se constituer un peuple. ».
Parfaite,certes,elle l’était quand elle a été formulée entre Dieu et Moise. Mais tout porte à penser qu’au fil des infidélités d’Israël, cette perfection a diminué et a été réduite à une mise à l’écart temporaire (comme le peuple lui-même) quand la Rédemption a suscité la Nouvelle et définitive Alliance.
De plus, dans une alliance, il faut être deux. Croyez-vous que Dieu serait lié par une alliance au prétexte de laquelle l’autre partie serait prête à déclencher une catastrophe mondiale, peut-être ultime pour l’humanité historique pour qui le retour du Messie pourrait devoir se limiter à ramasser les pauvres morceaux épars et subsistants ? Qu’on le veuille ou non, la réalité géopolitique, l’histoire de ce monde, ne se sépare pas aisément de la théologie.
Par ailleurs, votre dernier paragraphe me semble à nouveau comprendre du vrai et du faux, qui du reste, m’apparaissent mêlés dès la première phrase :

« Alors, bien sûr que « La Schekinah réside dans le Christ seul », mais Dieu ne cesse pas d’être présent du seul fait que sa présence est voilée aux yeux de certains. »

Si la Présence divine réside dans le Christ seul, comment la percevriez-vous au même degré, même voilée, dans un lieu que vous ne précisez pas, soit le Temple reconstruit de façon sacrilège soit dans une synagogue. À cet égard, la petite lampe rouge devant la Torah est certes touchante et évocatrice pour nous d’un mystère voilé aux yeux de la synagogue mais nous ne pouvons y attacher la même force, du moins tant que Jésus n’est pas reconnu par elle. Présence spirituelle peut-être, d’une façon que nous ignorons ,Dieu ne pouvant être indifférent à la foi et à l’attachement de fidèles à l’ancienne Loi mais pas davantage que cela. Je pense ici à l’analogie avec la présence spirituelle vraisemblable du Christ dans les Cènes protestantes…).

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Re: Ancien et Nouvel Israël

Message non lu par Xavi » lun. 11 mars 2024, 20:24

Merci pour votre réaction qui permet de montrer avec précision les difficultés persistantes.

Gaudens a écrit :
lun. 11 mars 2024, 19:16
Vous évoquez, cher Xavi, la « valeur parfaite de l’ancienne alliance donnée par Dieu lui-même pour se constituer un peuple. ».
Parfaite, certes, elle l’était quand elle a été formulée entre Dieu et Moise. Mais tout porte à penser qu’au fil des infidélités d’Israël, cette perfection a diminué et a été réduite à une mise à l’écart temporaire (comme le peuple lui-même) quand la Rédemption a suscité la Nouvelle et définitive Alliance.
Il me semble que la perfection de l’alliance formulée entre Dieu et Moïse ne peut « diminuer » ou être « réduite » « au fil des infidélités ».

Heureusement pour nous que, même lorsque nous sommes infidèles, Lui reste fidèle. Vous le savez certainement.

Par contre, l’infidélité des hommes implique certes un éloignement de Dieu et peut expliquer la mise à l’écart de ceux qui rejettent Dieu. Comme vous l’écrivez bien, « dans une alliance, il faut être deux ».

Mais, quoi qu’il en soit, la perfection de l’alliance donnée par Dieu demeure.

Gaudens a écrit :
lun. 11 mars 2024, 19:16
Croyez-vous que Dieu serait lié par une alliance au prétexte de laquelle l’autre partie serait prête à déclencher une catastrophe mondiale, peut-être ultime pour l’humanité historique pour qui le retour du Messie pourrait devoir se limiter à ramasser les pauvres morceaux épars et subsistants ? Qu’on le veuille ou non, la réalité géopolitique, l’histoire de ce monde, ne se sépare pas aisément de la théologie.
Dieu n’est jamais lié par un quelconque prétexte et l’humain est seul responsable de ses folies.

L’homme qui pèche s’éloigne de son Créateur et de son alliance, mais cela n’est dû en rien à un défaut de l’alliance donnée par Dieu et cette alliance ne peut jamais servir de prétexte à celui qui, en réalité, la rejette.

Les choix politiques d’aujourd’hui comme tout le reste des actions humaines peuvent déjà trouver beaucoup de lumière dans le chemin de l’ancienne alliance mais tout ne s’éclaire vraiment que par le Christ.

Reconnaître la valeur persistante de l’ancienne alliance ne signifie jamais une reconnaissance a priori des interprétations humaines qui peuvent, hélas, errer bien loin de la volonté divine (autant que bien des interprétations du Nouveau Testament par des chrétiens…).

Gaudens a écrit :
lun. 11 mars 2024, 19:16
Si la Présence divine réside dans le Christ seul, comment la percevriez-vous au même degré, même voilée, dans un lieu que vous ne précisez pas, soit le Temple reconstruit de façon sacrilège soit dans une synagogue. À cet égard, la petite lampe rouge devant la Torah est certes touchante et évocatrice pour nous d’un mystère voilé aux yeux de la synagogue mais nous ne pouvons y attacher la même force, du moins tant que Jésus n’est pas reconnu par elle. Présence spirituelle peut-être, d’une façon que nous ignorons, Dieu ne pouvant être indifférent à la foi et à l’attachement de fidèles à l’ancienne Loi mais pas davantage que cela. Je pense ici à l’analogie avec la présence spirituelle vraisemblable du Christ dans les Cènes protestantes…).
Cela me paraît assez exact car, si Dieu est toujours Dieu partout et en tout lieu, sa « pleine » présence n’est réelle que par l’Eucharistie et n’est perçue « pleinement » que par la lumière du Christ. À défaut de reconnaître le Christ, il me semble que vous évoquez adéquatement une forme de « perception spirituelle » avec une différence de « degré », ou de « force », ou une perception « voilée ».

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Re: Ancien et Nouvel Israël

Message non lu par Olivier JC » mar. 12 mars 2024, 9:08

Gaudens a écrit :
lun. 11 mars 2024, 19:16
De plus, dans une alliance, il faut être deux. Croyez-vous que Dieu serait lié par une alliance au prétexte de laquelle l’autre partie serait prête à déclencher une catastrophe mondiale, peut-être ultime pour l’humanité historique pour qui le retour du Messie pourrait devoir se limiter à ramasser les pauvres morceaux épars et subsistants ? Qu’on le veuille ou non, la réalité géopolitique, l’histoire de ce monde, ne se sépare pas aisément de la théologie.
Il me semble utile de distinguer deux choses dans une Alliance :
1. Ce que Dieu donne aux hommes composant le Peuple auquel il a consenti une Alliance. Ces hommes peuvent y être infidèles, on voit qu'Israël le fut plus souvent qu'à son tour. Il en résulte une punition divine méritée.
2. L'usage que Dieu entend faire de ce Peuple dans l'histoire du Salut, qui ne dépend pas de sa fidélité à l'Alliance. Ainsi qu'il est écrit, d'un mal Dieu peut faire sortir un bien. Aussi bien Dieu se sert-Il de ces infidélités, tout comme au demeurant Il se sert des infidélités de l'Eglise dans le même but.

C'est ainsi que quel que soit le comportement et la fidélité du peuple d'Israël, il n'en demeure pas moins que Dieu continue à en faire usage dans le cadre de l'histoire du Salut, fut-ce au corps défendant d'icelui. Ce qui ne signifie naturellement pas que Dieu approuve tout ce que fait Israël. Dieu désapprouve le péché. Mais Il s'en sert pour avancer méthodiquement ses pions jusqu'au dénouement final où il sera pleinement manifesté que le Mal, d'ores et déjà, est échec et mat.

+
MOTUS IN FINE VELOCITOR

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Re: Ancien et Nouvel Israël

Message non lu par Gaudens » mar. 12 mars 2024, 21:35

Cher Xavi, votre dernier post m’a laissé perplexe : j’y voyais invisiblement mêlées (pour moi) tant des propositions auxquelles je pouvais pleinement adhérer ou du moins trouver acceptables et d’autres qui l’étaient moins. Le message d’Olivier JC ci-dessus ayant ajouté à ma perplexité.
Peut-être providentiellement, je viens de retrouver dans ma bibliothèque un petit livre jamais lu qui regroupe quatre contributions du pape Benoît, de bienheureuse mémoire, alors qu’il était encore le cardinal Ratzinger, datant des années 1994/1997 et regroupées sous le nom « L’Unique Alliance de Dieu » (Parole et Silence) :
I. Israël, l’Église et le monde
II. La Nouvelle Alliance
III. La nouvelle manne
IV. Le dialogue interreligieux et la relation judéo-chrétienne.
Difficile de résumer ces textes, comme toujours si denses et riches, en peu de lignes. J’essaie toutefois ci-dessous d’en retenir quelques informations utiles à notre propos.
Le cardinal Ratzinger distinguait dans l’Ancienne Alliance plusieurs Alliances en fait, ne s’abrogeant pas les une les autres mais plutôt se superposant. L’Alliance avec Noé (souvent dite « noachique »), l’Alliance avec Abraham, celle avec Israël-Jacob, l’Alliance au Sinaï, l’Alliance de Dieu avec David »(I p 46). En suivant Saint-Paul, l’auteur mettait deux d’entre elles en relief : l’Alliance avec Abraham et l’Alliance au Sinaï. Avec Paul, il voyait dans l’alliance abrahamique l’Alliance de la promesse, fondamentale, permanente et de portée universelle (en citant Rm,5,20 et Gal 3,17). L’Alliance avec Moise ensuite, considérée comme « un degré intermédiaire dans les dispositions de Dieu, mode de la pédagogie divine, législation, une « imposition d’ordonnances et de coutumes pour le peuple ». Cette Alliance ajoutait-il « peut être rompue »(p47) et plus loin ( p 52) il indiquait bien qu’elle l’avait été, « l' » histoire d’Israël apparaissant même comme une histoire de l‘Alliance rompue ». Face à elle, l ’Alliance avec les Patriarches passe pour avoir une valeur éternelle ». » Contrat conditionné …se référant au sens strict au peuple d’Israël », l’alliance au Sinaï, précisait-il , est différente essentiellement de l’Alliance scellée dans la Cène, « don d’amitié offerte de façon irrévocable » (p52). Dépassée,rompue, l’Alliance au Sinaï apparait ainsi comme dépassée de fait mais révélant ce qu’elle contenait d’éternel ou plutôt de « définitif » : « miter le Christ, Le suivre, c’est dès lors observer la Torah qui est irrévocablement accomplie en Lui-même »
Voilà pour la notion d’Alliance, qui peut nous aider à discerner ce qui doit l’être.
En ce qui concerne le chapitre IV , on y trouve une formulation forte mais qui ne laisse pas de poser des questions, me semble-t-il :
« …les chrétiens devraient reconnaitre le dessein de Dieu qui a manifestement confié à Israël dans le « temps des païens »( ?), une mission propre que les Pères décrivaient en expliquant qu’Israël doit rester pour nous comme le premier propriétaire de de l’Écriture Sainte, afin de constituer de cette manière un témoignage aux yeux du monde ». Puis le cardinal essayait de préciser cette mission : « …construction de son règne, de sa royauté en ce monde et regard d’espérance, l’attente du Messie, certitude que Dieu entrera dans cette histoire et fera justice »…

Là, je dois avouer que je cale un peu : cette responsabilité historique n’est elle pas surtout celle du Nouvel Israël (terme que Ratzinger ne reprenait pas) qu’est l’Église et l’ensemble de ses fils ? Quant à un rôle spécifique du peuple d’Israël dans l’avènement de la royauté de Dieu en ce monde, l’évolution de ces dernières décennies me rend suspicieux et à franchement parler me fait plus craindre qu’espérer. Il est vrai que les opinions du vénéré pape sont formulées comme libre expression personnelle et ne relèvent d’aucune sorte d’infaillibilité… Je me demande sincèrement si le pourtant très clairvoyant (tant intellectuellement que spirituellement) Benoît XVI n’était pas là un peu trop influencé par un état d’esprit alors encore presque général depuis la découverte de l’horreur de la Shoah.

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Re: Ancien et Nouvel Israël

Message non lu par Olivier JC » mer. 13 mars 2024, 10:19

Gaudens a écrit :
mar. 12 mars 2024, 21:35
En ce qui concerne le chapitre IV , on y trouve une formulation forte mais qui ne laisse pas de poser des questions, me semble-t-il :
« …les chrétiens devraient reconnaitre le dessein de Dieu qui a manifestement confié à Israël dans le « temps des païens »( ?), une mission propre que les Pères décrivaient en expliquant qu’Israël doit rester pour nous comme le premier propriétaire de de l’Écriture Sainte, afin de constituer de cette manière un témoignage aux yeux du monde ». Puis le cardinal essayait de préciser cette mission : « …construction de son règne, de sa royauté en ce monde et regard d’espérance, l’attente du Messie, certitude que Dieu entrera dans cette histoire et fera justice »…

Là, je dois avouer que je cale un peu : cette responsabilité historique n’est elle pas surtout celle du Nouvel Israël (terme que Ratzinger ne reprenait pas) qu’est l’Église et l’ensemble de ses fils ?
Il me semble que ce que cherche à explique le Cardinal, c'est que par sa permanence historique, Israël est la preuve que Dieu est fiable, en un sens qu'il faut bien préciser, quoique mon propos à venir puisse paraître s'inscrire à rebours de l'idéologie du dialogue interreligieux tel qu'il s'est malheureusement développé depuis le dernier Concile.

Il se trouve, c'est un fait historiquement attesté qui ne peut être nié, que nombre de fils d'Israël ont refusé de reconnaître Notre Seigneur comme le Messie annoncé par les Prophètes, ni a fortiori comme étant la deuxième Personne de la Trinité ayant pris chair humaine. Plus encore, il est même possible de soutenir que ce refus n'émane pas uniquement d'individus, mais bien d'Israël considéré comme une société humaine. Ce sont des individus qui ont reconnu Notre Seigneur, mais ce sont bien les autorités légitimes d'Israël, soutenues par "la foule", qui ont refusé de reconnaître Notre Seigneur pour ce qu'Il est et qui ont fait en sorte qu'Il soit tué.

Entendons-nous bien, il ne faut pas entendre par là, et c'est un écueil devant absolument être évité, que tout juif serait par conséquent déicide, dès lors que nul n'est coupable que de son propre fait, encore qu'il soit commis avec une advertance raisonnable. Si Caïphe et le Sanhédrin sont de ce point vue incontestablement coupables, on ne peut certainement pas en dire de même sans distinction de la foule réclamant la crucifixion de Notre Seigneur. Alors le soutenir pour des personnes qui n'étaient pas présentes ou n'étaient même pas nées est une idiotie sans nom. Bref, ne me faites pas dire ce que je ne dis pas...

Reprenons... Voici donc que le peuple d'Israël, au sens évoqué précédemment, refuse de reconnaître Notre Seigneur comme le Messie annoncé et, partant, comme Dieu venu dans la chair. Dès lors, du point de vue de Dieu, le peuple d'Israël a été infidèle, comme il le fut plus souvent qu'à son tour si l'on en juge sur les récits de l'Ancien Testament.

Or, ce même Ancien Testament nous montre Dieu revenant inlassablement vers son peuple, quelle que soit la gravité de ses infidélités, précisément parce qu'Il est fidèle à la promesse qu'Il lui a faite, et que la fidélité de Dieu ne dépend pas du comportement de l'homme. Pour paraphraser le mot de Talleyrand, ne se fâche pas avec Dieu qui veut. Le livre du prophète Osée est particulièrement adapté pour comprendre cette attitude de Dieu par rapport à son peuple.

En conséquence de tout cela, on voit immédiatement que si Dieu abandonne Israël au motif qu'il a été infidèle, alors Il devient Lui-même infidèle aux promesses qui lui ont été faites. Et si Dieu ne respecte pas les promesses faites à Israël, alors ces promesses ne sont plus fiables et il n'est plus possible de s'appuyer sur elles. Or, c'est précisément parce que ces promesses existent que Jésus de Nazareth peut être reconnu comme le Messie annoncé dans l'Ancien Testament, plus encore comme accomplissant les promesses faites par Dieu à Israël.

C'est ainsi qu'"Israël doit rester pour nous comme le premier propriétaire de de l’Écriture Sainte", c'est-à-dire comme le récipiendaire des promesses de Dieu parmi lesquelles notamment celles concernant l'envoi d'un Messie, "afin de constituer de cette manière un témoignage aux yeux du monde", c'est-à-dire de témoigner de la fidélité de Dieu à ses promesses même si l'homme n'en est pas digne, et donc de la fiabilité de Dieu et de ses promesses.

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MOTUS IN FINE VELOCITOR

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