Bonjour,
je trouve le point de vue de Cinci intéressant. Oui, il y a bel et bien un déchaînement présentement contre l'Eglise catholique, mais peut-on pour autant parler de persécution?
Quoi qu'il en soit, je crois que ce n'est pas une bonne idée d'utiliser ce mot, car il renvoie à la notion de "victime" et franchement, est-ce approprié dans la situation actuelle?
Il y a peu de gens encore fidèles à l'église catholique autour de moi et quand je discute avec eux de ce qui se passe actuellement, une chose ressort continuellement avec persistance. Je l'ai déjà mentionné sur un autre fil, et je crois important de le rappeler. C'est que si la pédophilie de certains prêtres les horrifie, ils le sont tout autant, horrifiés, par la pédophilie qui se manifeste partout ailleurs, dans les familles, les écoles, les clubs sportifs, le tourisme sexuel, le net etc. Faudrait arrêter de nous rabattre les oreilles avec la "révélation" qu'il y a des pédophiles partout et pas seulement chez les prêtres. Tout le monde sait ça depuis longtemps. C'est une défense inefficace.
En fait, et c'est là que je veux en venir, ce n'est pas "ça" que les gens en général on du mal à pardonner à l'Eglise catholique, mais plutôt la façon dont l'Eglise a réagi à ce problème.
La semaine dernière, une autre histoire de camouflage a été mise au jour par le 'Globe and Mail' de Toronto, une histoire à peine croyable dont le cynisme laisse pantois. Je ne crois pas qu'on en ait fait mention sur ce forum.
Il s'agit d'une lettre de l'ancien évêque de Pembrooke, Joseph Windle, lettre adressée en 1993 à Carlo Curis, le représentant du pape au Canada.
Cette lettre concerne un prêtre qui s'est rendu coupable d'agressions sexuelles sur plusieurs enfants alors qu'il était en poste en Ontario. Il purge présentement une peine de quatre ans d'emprisonnement.
A l'époque où la lettre fut écrite, le prêtre en question, un proche de Jean-Paul ll , avait été transféré à Rome où il occupait le poste de secrétaire général de l'Oeuvre pontificale de la propagation de la foi.
L'évêque Windle avait reçu antérieurement une lettre d'un homme révélant les sévices sexuels dont il avait été victime de la part de ce prêtre.
Dans la lettre que l'évêque Windle adresse à Carlo Curis, en réaction à ces révélations, on lit clairement que sa préoccupation première est que cette affaire ne 'sorte' pas.
Ce qui était important, c'était l'image, le prestige de l'Eglise, qu'il fallait protéger à tout prix!
Il nomme dans sa lettre six archevêques et évêques de l'Ontario qui sont parfaitement au courant de l'affaire et qui selon lui, ne pourraient qu'endosser son point de vue et sa démarche.
Il est d'accord pour que le prêtre pédophile ait une autre chance (sic) , mais demande qu'il ne soit pas honoré par le Vatican,
non parce que cela serait scandaleux, mais simplement pour éviter que la victime qui a porté plainte (à l'évêque) en soit offusquée et décide de porter plainte à la police, ce qu'il fallait à tout prix éviter.
A noter que cette lettre a été écrite
après que l'Eglise ait adopté une politique de transparence pour les cas de pédophilie.
Je laisse un lien relatant cette histoire, que les autorités catholiques n'ont pas niée. (il y a présentement une poursuite en cour- et en cours)
Des affaires de ce genre, il n'est pas dit, malheureusement, qu'on n'en sortira pas d'autres des placards.
Et il ne faut pas s'y tromper. Les gens savaient déjà beaucoup de ces choses avant que les journalistes les publient, car ces histoires se parlent dans les familles, dans les communautés, les villages etc. Kerniou nous en a donné un bel exemple.
Les gens en gardent un goût amer d'hypocrisie et de mensonge, et beaucoup, malgré les regrets exprimés aujourd'hui par leur Eglise, ont perdu foi et confiance en cette Eglise, et ils sont, eux aussi, des victimes, en fait des victimes indirectes (des dommages collatéraux...). Car plusieurs, en quittant l'Église, ont quitté ce qu'elle représentait, et quitter toute recherche de vie spirituelle, quitter Dieu, c'est parfois un acte de rébellion, mais perdre la foi, c'est aussi souvent un grand deuil, et c'est objectivement un drame.
Alors de présenter aujourd'hui l'Eglise comme une victime persécutée, je ne crois pas que ce soit opportun, en fait je ne sais pas si c'est défendable ou non, mais chose certaine , ça n'émeut personne...
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Na ... vril.shtml