Bonjour à tous,
Je ne sais s'il est besoin de présenter Yves Chiron. Né en 1960, membre de la
Société d'Histoire religieuse de la France, il a publié de très nombreux ouvrages sur l'histoire récente de l'Eglise, surtout des biographies : celles des papes Pie IX, Pie X et Paul VI, celle de S. Padre Pio.
Dans un entretien récent qu'il a accordé au journal
Présent, voici ce qu'il a répondu à la question :
Comment vous situez-vous dans la crise de l’Eglise ?
Vaste question et, en même temps, quel intérêt peut avoir ma "position" ? Il importe plus d’écouter et de lire Jean Madiran, l’abbé Claude Barthe, l’abbé de Tanoüarn, Mgr Fellay, Dom Gérard, et d’autres aussi. Et, en même temps, être toujours attentif à ce que dit vraiment Jean-Paul II. Dans l’analyse de la crise de l’Eglise – qui a commencé il y a environ un demi-siècle maintenant –, je suis particulièrement sensible à la durée et à l’espace. La considération sur la durée est double. D’abord, la crise de l’Eglise n’a pas commencé avec le concile Vatican II. Elle lui est bien antérieure, le concile a été, je crois, ce qu’on appelle en photographie, un "révélateur". Ensuite, cette crise n’est pas statique. L’Eglise, aussi bien en France que dans le monde, n’est pas aujourd’hui dans l’état où elle était en 1978, à la mort de Paul VI. Sur certains points, il y a eu aggravation, sur d’autres il y a eu restauration. Il y a eu, il y a et il y aura des actes de restauration doctrinale venus de Rome, il y a des foyers de résistance et de restauration qui ont surgi et qui rayonnent, il y a eu et il y aura des prises de conscience (dans le clergé diocésain et chez certains évêques). Relever ces signes est un devoir d’honnêteté mais c’est aussi un acte d’espérance, même si tant reste à faire. Quant à la considération sur l’espace, je regrette le "nombrilisme" de certaines analyses françaises. La situation de l’Eglise en France n’est pas celle de l’Eglise dans le monde, ni même celle que connaissent les autres pays d’Europe. Par exemple, une question aussi vitale que celle de la messe, de la réforme liturgique et de son application ne se pose pas de la même manière dans une paroisse de Saigon, pieuse, surveillée par la police, parfois persécutée, et dans une "célébration" désacralisée comme on en voit trop en France. Concrètement, donc, face à la crise de l’Eglise, je cherche à capter la lumière comme je le peux et à quelque endroit où j’en aperçois un rayon. Toutes les querelles de chapelles, un jour ou l’autre, apparaissent comme ridiculement disproportionnées. Et aussi, pour reprendre l’expression de Jean Madiran, qui vient de Péguy : "Quand il y a une éclipse, tout le monde est à l’ombre." Madiran ajoute : "Même ceux qui ne prennent pas l’ombre pour la lumière. Ils ont raison de n’être pas dupes. Mais ils ne sont pas assurés, dans l’ombre, de bien discerner le chemin."
Pour le reste de l'entretien :
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Bien à vous,
- VR -