2014 - Synode sur la famille, les divorcés remariés

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jean_droit
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2014 - Synode sur la famille, les divorcés remariés

Message non lu par jean_droit » jeu. 07 août 2014, 13:58

De Riposte Catholique :
Divorcés remariés : le sain réveil de l’opinion publique ecclésiale ?

Le rappel de la revue Nova Vetera (l’article mérite d’être lu), la défense de la doctrine classique de l’Église par le cardinal MÜLLER (La Croix, 31 juillet 2014), mais aussi l’annonce d’un ouvrage signé par cinq cardinaux (voir aussi le lien suivant) sont autant de signes d’un salutaire réveil pour la défense de l’une des positions traditionnelles de l’Église.

Certes, une telle ligne se heurte à des incompréhensions.

Mais cela pèse quand même dans le débat ecclésial.

Mieux : de telles attitudes démontrent qu’il existe un souci défendre la foi et la morale dans différents milieux ecclésiaux.

Ces différentes réactions, pas coordonnées mais concordantes, témoignent clairement d’un malaise face à la légèreté par laquelle on considère la doctrine traditionnelle (cf. l’intervention du cardinal KASPER au dernier consistoire).

Autre aspect à souligner : la miséricorde revendiquée par les propositions « accommodantes » découlent d’une conception erronée de Dieu. Pour le cardinal MÜLLER, il y a une « référence erronée à la miséricorde (qui) comporte le risque grave de banaliser l’image de Dieu, en donnant à penser que Dieu ne serait pas libre, mais qu’il serait obligé de nous pardonner » (La Croix, préc.). Au fond, c’est bien un risque d’immanentisme qui se profile : Dieu n’est plus distinct du monde et des créatures.

On connaît le souci de l’actuel préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi face à cette déviation. De même, il y aurait, paradoxalement, dans ce « pardon obligatoire » une forme de kénose. Dieu s’abaisserait non pour pardonner le péché, mais pour le justifier, renonçant alors à sa perfection (à cet égard, on peut aussi se rappeler les propos du cardinal MÜLLER qui datent du 23 octobre 2013: « au mystère de Dieu appartiennent, outre la miséricorde, également sa sainteté et sa justice. Si l’on occulte ces attributs de Dieu et que l’on ne prend pas au sérieux la réalité du péché, on ne peut finalement pas non plus communiquer sa miséricorde aux hommes. Jésus a rencontré la femme adultère avec une grande compassion, mais il lui a aussi dit : « Va, ne pèche plus » (Jn 8, 11).

La miséricorde de Dieu n’est pas une dispense des commandements de Dieu et des instructions de l’Église. Elle accorde plutôt la force de la grâce pour leur accomplissement, pour se relever après la chute et pour une vie de perfection à l’image du Père céleste. ») On ne peut que se réjouir de ces positions visant à éviter les contresens tant sur le pardon que sur la communion eucharistique, laquelle ne saurait être un rite mondain (cet aspect mériterait d’être approfondi, car la banalisation des communions eucharistiques dans des conditions douteuses interroge encore assez peu la hiérarchie ecclésiale).

On espère que ces interventions donneront une image plus sereine de l’attachement à la doctrine catholique. Il y a quelques décennies, PIE XII parlait de la nécessité d’une « opinion catholique » dans l’Église. Assisterait-on à son réveil ?

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Re: Divorcés remariés : le sain réveil de l’opinion ecclésia

Message non lu par gerardh » jeu. 07 août 2014, 14:07

______

Bonjour,

Un schisme est-il possible au sommet ?



________

jean_droit
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Re: Divorcés remariés : le sain réveil de l’opinion ecclésia

Message non lu par jean_droit » jeu. 07 août 2014, 14:18

Vraiment je ne le crois pas.
J'ai l'impression que, pour l'instant, le Saint Père recueille les différents avis.
Il me semble que les idées du cardinal Kasper qui avaient le vent en poupe il y a quelques mois sont de plus en plus minoritaires au sein de la communauté des évêques.
Pour ma part je regrette que ce problème phagocyte fortement les vrais objectifs du synode sur la famille.

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Re: Divorcés remariés : le sain réveil de l’opinion ecclésia

Message non lu par AdoramusTe » jeu. 07 août 2014, 14:27

jean_droit a écrit :Vraiment je ne le crois pas.
J'ai l'impression que, pour l'instant, le Saint Père recueille les différents avis.
Il me semble que les idées du cardinal Kasper qui avaient le vent en poupe il y a quelques mois sont de plus en plus minoritaires au sein de la communauté des évêques.
Pour ma part je regrette que ce problème phagocyte fortement les vrais objectifs du synode sur la famille.
S'il y a risque de schisme, c'est plutôt à la base. Car ces enquêtes montrent un décalage total entre la doctrine de l'Eglise et la base des catholiques. D'une certaine manière, nous risquons de revivre ce qui s'est passé au moment du Concile.
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Re: Divorcés remariés : le sain réveil de l’opinion ecclésia

Message non lu par PaxetBonum » jeu. 07 août 2014, 21:23

gerardh a écrit :______

Bonjour,

Un schisme est-il possible au sommet ?



________
Aucun risque, il a déjà eu lieu avec Mgr Lefebvre.
Seul des convictions profondes concernant la Foi et l'Eglise peuvent conduire au schisme.
Il n'y aura jamais de schisme de la part de ceux qu'ils veulent l'édulcorer.
Tout au plus une excommunication, mais ils n'auront pas d'intérêt au schisme.
Ils peuvent continuer à sournoisement véhiculer au sein de l'Eglise leurs mensonges et leurs erreurs.
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Re: Divorcés remariés : le sain réveil de l’opinion ecclésia

Message non lu par AdoramusTe » jeu. 07 août 2014, 21:33

PaxetBonum a écrit : Il n'y aura jamais de schisme de la part de ceux qu'ils veulent l'édulcorer.
Tout au plus une excommunication, mais ils n'auront pas d'intérêt au schisme.
Ils peuvent continuer à sournoisement véhiculer au sein de l'Eglise leurs mensonges et leurs erreurs.
Ce n'est pas l'avis de Mgr Schneider et d'autres comme Roberto Mattei.
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Re: Divorcés remariés : le sain réveil de l’opinion ecclésia

Message non lu par Héraclius » jeu. 07 août 2014, 22:39

C'est une question d'une extrême complexité.

Fondamentalement, le dogme est tel qu'il est, et la logique théologique de l'interdiction est irréfutable. Après, on est orthodoxes ou on ne l'est pas.

Mais vous voyez, mon oncle et ma tante sont des divorcés remariés. Mon oncle n'a pas cherché à divorcé, c'est son ancienne femme qui l'a laissé tomber. Ensemble, ils sont extrêmement heureux, animés d'un amour profond l'un envers l'autre. Ils ont bâtis quelque chose, avec trois enfants allant au catéchisme, et eux pratiquant tout en respectant l'interdiction. A tout point de vue (si ce n'est celui qui nous intéresse), ce sont de "bon chrétiens", dans la mesure ou cette expression signifie quelque chose. Charitables, aimants, croyants, etc...

Me dire qui si ils meurent maintenant, ils devraient techniquement aller en enfer (péché mortel sans pénitence) me mortifie. Bon, c'est beaucoup plus compliqué que cela, on est d'accord, et nul ne peut juger du salut d'un autre, mais factuellement, c'est le châtiment que leur promet le dogme. Et ça... Ca me passe en travers de la gorge.

Et que doivent il faire pour se repentir ? Briser l'édifice de toute une vie ? Briser le cœur de leurs enfants ? Renier l'amour véritable qui les lie ? Jésus nous a bien commandé de tout abandonné, je connais ce qu'en dise les écritures, mais c'est quand même beaucoup.


Dire "les zentils évêques orthodoxes affrontent les vilains qui z'ont rien compris à la miséricorde", c'est à mon sens un peu réducteur (sans être dénué d'une certaine vérité).





Héraclius -
''Christus Iesus, cum in forma Dei esset, non rapínam arbitrátus est esse se æquálem Deo, sed semetípsum exinanívit formam servi accípiens, in similitúdinem hóminum factus ; et hábitu invéntus ut homo, humiliávit semetípsum factus oboediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Propter quod et Deus illum exaltávit et donávit illi nomen, quod est super omne nomen, ut in nómine Iesu omne genu flectátur cæléstium et terréstrium et infernórum.'' (Epître de Saint Paul aux Philippiens, 2, 7-10)

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Re: Divorcés remariés : le sain réveil de l’opinion ecclésia

Message non lu par Robin » ven. 08 août 2014, 2:16

Héraclius a écrit :[...]et eux pratiquant tout en respectant l'interdiction[...]
Je n'ai pas bien compris cette phrase. Le reste me laisse penser qu'ils vivent comme un couple marié, mais cette phrase me laisse penser qu'ils pourraient simplement vivre ensemble abstinents ?

En ce moment, nous avons tous le même problème vis à vis de membres proches de notre famille, très proches pour moi, en tant que jeune homme ayant des frères et soeurs pas tous croyants.
Malheureusement, quand bien même l'amour semble véritable, les hommes et femmes ayant fait ce choix l'ont souvent fait en se disant que c'était mieux ainsi, sans forcément chercher l'aide de Dieu.
Je ne me met pas à la place de, mais il me semble qu'on essaye toujours de se convaincre que l'amour est voulu par Dieu, qu'après tout l'écriture et la traditions ne sont pas infaillibles, on éprouve sans cesse des doutes (eux avec ce sujet grave et important, moi avec d'autres plus petits, pour lesquels je me dis que finalement, "c'est pas si grave", ou "Dieu comprendra") qu'on essaye de refouler en se basant sur des sentiments humains ou des réflexions et créations philosophiques parfois assez élaborées.
Je n'ai pas le même vécu que votre oncle, mais je me suis de la sorte enfermé dans une spirale de péchés aussi bien véniels que mortels de laquelle je suis encore en train d'essayer de sortir.
Lorsqu'on essaye de se prouver quelque chose qui va en dehors de ce que recommande l'Eglise, il faut toujours y réfléchir à deux fois.
En Christ.
Thomas lui dit : Seigneur, nous ne savons où tu vas ; comment pouvons-nous en savoir le chemin ?
Jésus lui dit : Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi.
Evangile selon Saint-Jean, 14:5-6

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Re: Divorcés remariés : le sain réveil de l’opinion ecclésia

Message non lu par jean_droit » ven. 08 août 2014, 9:17

Autre article de Riposte Catholique sur le même sujet :

Il est une redite de l'article du début de ce fil mais il donne quelques précisions interessantes. Par exemple le fait que beaucoup d'évêques allemands, dits "rebelles" dans cet article, soutiennent la position du cardinal Kasper.

On retrouve, toujours et toujours, les positions de l'Eglise progressiste. Etre ou ne pas être du monde ? Mais le Christ a déjà répondu de nombreuses fois il y a 21 siècles. Le débat devrait être clos.

Reste à savoir quelle est la position de nos évêques ? Qu'en dit la CEF ?
Cardinal Müller : le mariage ne saurait être dissous par aucune loi humaine

L’article de la foi catholique selon lequel le mariage ne saurait être dissous par aucune loi humaine est d’origine « divine », et n’est pas un enseignement que la hiérarchie pourrait modifier par voie hiérarchique : voilà le cœur des propos du cardinal Gerhard-Ludwig Müller dans une interview à paraître prochainement sous forme de livre, évoqué ici et ici.

L’entretien avec le journaliste espagnol Carlos Granados, directeur de la prestigieuse Biblioteca de Autores Cristianos de Madrid, a déjà paru sous le titre La Esperanza de la Familia en espagnol, et sera publié prochainement en italien, et en anglais par Ignatius Press.

« L’indissolubilité absolue d’un mariage valide n’est pas une simple doctrine, c’est un dogme divin et définitif de l’Eglise », affirme le préfet de la Congrégation de la doctrine de la Foi, rappelant que l’idée selon laquelle des personnes divorcées seraient libre de se remarier et de fonder une nouvelle famille est « radicalement fausse », rapporte Hilary White de LifeSiteNews, dont je traduis assez largement l’article.

« On ne serait décréter la mort d’un mariage au prétexte que l’amour entre époux serait “mort” », souligne le cardinal Müller. L’indissolubilité « ne dépend pas des sentiments humains, qu’ils soient permanents ou transitoires. Cette propriété du mariage résulte de l’intention de Dieu lui-même. Notre Seigneur est impliqué dans le mariage entre un homme et une femme, c’est la raison de l’existence du lien et de son origine en Dieu. C’est cela, la différence. »

Le livre a pour but évident de préparer le Synode extraordinaire sur la famille qui aura lieu cet automne et dont l’une des controverses programmées semble devoir être l’accès à la communion sacramentelle des catholiques divorcés « remariés », comme l’a indiqué le choix du cardinal Kasper pour ouvrir le consistoire préparatif du Synode en février dernier. Le cardinal Kasper proposait alors l’accès des divorcés « remariés » à la communion après une période de « pénitence » – mais sans changement de leur choix de vie.

Le cardinal Müller n’en est pas à sa première déclaration publique sur le sujet ; il a multiplié les charges contre cette idée erronée.

Dans son entretien avec Carlos Granados, il affirme que l’Eglise propose une voie différente de celle « d’un monde violemment individualiste et subjectiviste ». Un monde où « le mariage n’est plus perçu comme un lieu où l’être humain puisse atteindre sa complétude, en partageant l’amour. »

Il rappelle que les catholiques engagés dans le mariage sont « appelés à annoncer une nouvelle fois Dieu, la Trinité aimante ! ». « Nous devons annoncer le Dieu révélé qui nous appelle tous à faire partie de son être de relation », poursuit le cardinal.

Le cardinal Kasper, lui, avait réitéré ses affirmations lors d’une interview au mois de mai en assurant que la solution proposée par l’Eglise, qui encourage les divorcés « remariés » à vivre ensemble dans la chasteté, est un idéal « héroïque » : « L’héroïsme ne vaut pas pour le chrétien moyen ». « J’ai beaucoup de respect pour ceux qui le font. Mais puis-je l’imposer ? C’est une autre question. Je dirais que les gens doivent faire ce qui leur est possible dans leur situation. » Il suit ainsi la ligne des évêques rebelles allemands qui voudraient voir changer la discipline de l’Eglise à leur sujet.

Outre le livre du cardinal Müller, un autre livre signé par cinq cardinaux dont le nom n’a pas été révélé est en préparation en vue de réaffirmer la doctrine catholique du mariage en vue du Synode ; sa parution est programmée pour octobre.

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Re: Divorcés remariés : le sain réveil de l’opinion ecclésia

Message non lu par gerardh » ven. 08 août 2014, 12:27

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Bonjour,

Un divorcé remarié ira-t-il obligatoirement en enfer ? même s'il s'en repens ? même s'il abandonne sa seconde épouse et ses enfants du deuxième lit pour revenir à la première ?


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Re: Divorcés remariés : le sain réveil de l’opinion ecclésia

Message non lu par AdoramusTe » ven. 08 août 2014, 13:11

gerardh a écrit :______

Bonjour,

Un divorcé remarié ira-t-il obligatoirement en enfer ? même s'il s'en repens ? même s'il abandonne sa seconde épouse et ses enfants du deuxième lit pour revenir à la première ?


_________
Un divorcé remarié est dans un état de péché d'adultère. Un pécheur peut toujours se repentir.
Mais il faut proposer une solution en fonction de sa situation. S'il a des enfants d'un second mariage il ne peut pas les abandonner, le remède serait encore pire.

La solution proposée est généralement que les époux vivent en frère et soeur.

Quant à la question de l'Enfer, il ne nous appartient pas de dire que telle ou telle personne va y aller. C'est l'affaire de Dieu seul.
Par contre, nous devons par charité dire à nos frères que le péché conduit à la mort plutôt qu'à la vie, et que l'Enfer est une possibilité qu'il ne faut pas écarter.
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Les divorcés remariés (Synode sur la famille 2014)

Message non lu par Xavi » mar. 21 oct. 2014, 18:13

Quelle intelligence de la foi?
Le synode a secoué fort.

Qu’on le veuille ou non, des interpellations contradictoires ont été présentées sur des sujets extrêmement sensibles. Les textes sont désormais publics : le rapport intermédiaire (bien qu’il ait été très contesté jusqu’à être qualifié de honteux, indigne, complètement faux…), les conclusions de divers groupes de travail, le rapport définitif (avec les votes divisés de chaque paragraphe dont un seul a rallié l’unanimité), et le message final.

Les contestations entendues au plus haut niveau de l’Eglise ont atteint une ampleur sans précédent lors des synodes antérieurs.

Un prochain synode sur le même thème aura lieu dans un an, ce qui ouvre un temps précieux pour la méditation, le partage et la prière.

A chacun d’y contribuer et un forum pour l’intelligence de la foi a certainement une fonction utile dans ce grand travail qui attend toute l’Eglise.

Je souhaite y développer ici ma réflexion personnelle sans la dissoudre dans les nombreux sujets déjà ouverts pour clarifier les dialogues qui pourraient s’en suivre.

Ceux qui me connaissent dans ce forum savent tout l’intérêt que j’ai pour la révélation de la création dans la Genèse, toute l’importance que je lui accorde pour la foi aujourd’hui.

Marié depuis plus de trente ans et père de nombreux enfants, mon attachement à la vocation du mariage fut un choix fondamental au cours de mon adolescence, après avoir été attiré par la prêtrise, tant le besoin de couples chrétiens vivant pleinement leur foi, d’une manière aussi forte que les célibataires consacrés dans une vie religieuse, m’a semblé prioritaire dans la société des années septante et ce besoin me paraît toujours aussi important aujourd’hui, voire davantage.

Cette orientation et diverses circonstances personnelles m’ont incité à creuser toujours davantage les fondements de la valeur du couple chrétien, ce qui m’a amené à méditer de plus en plus la révélation de la Genèse vers laquelle le Christ renvoie celui qui écoute sa parole sur l’union conjugale.

Il en résulte des centaines de pages dans ce forum. Certains se demandent : à quoi bon ?

Parce que la Genèse n’est pas qu’un vieux livre poussiéreux des temps anciens loin des réalités concrètes du temps présent qui ne serait évoquées que de manière symbolique, mais se révèle, à la lumière de l’Evangile du Christ, comme Parole de Dieu authentique sur ce que nous sommes dans la réalité concrète de l’histoire du monde présent autant que dans la réalité spirituelle de Dieu.

Les interrogations du récent synode y trouvent des éléments essentiels de réponse.

La parole du Christ résonne certes avec force : que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni… celui qui répudie sa femme et qui en épouse une autre, commet un adultère à son égard, et si une femme quitte son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère.

Et le fondement de cette parole, le Christ le montre dans la création de l’homme et de la femme relatée par la Genèse. C’est à cause de cette création que l’homme quitte son père et sa mère, s’attache à sa femme, et que les deux deviennent une seule chair.

On est a priori bien loin du seul problème particulier des baptisés catholiques ayant contracté un sacrement du mariage suivi d’un divorce légal et d’un remariage non religieux.

L’union sexuelle, qui attache un homme et une femme par un amour plus fort que l’affection que chacun d’eux peut avoir pour ses père et mère, reproduit l’acte créateur le plus essentiel de l’humanité à son origine, la création spirituelle de notre âme immortelle à l’image de Dieu, le baptême de l’humanité dans l’amour de Dieu qui a achevé la création.

Après avoir été créé mâle et femelle dans la nature animale, l’humain était encore seul, malgré tous les liens matériels, intellectuels et affectifs qu’il pouvait avoir avec toutes les autres créatures vivantes.

Pour être parfaitement à l’image de Dieu, il lui fallait encore accéder à la vie spirituelle qui fait vivre Dieu de toute éternité dans une communion d’amour.

La Genèse nous révèle que, pour donner à l’humanité cette vie immortelle, Dieu a introduit toute la création terrestre dans sa propre réalité, dans son monde à Lui. Il a planté un « jardin » (un endroit protégé) dans « l’Eden » (le paradis spirituel de Dieu). Il y a introduit le vivant créé, aussi bien végétal que animal, et il y a mis l’humain.

C’est là, par une entrée du terrestre dans l’Eden spirituel de Dieu, que le Créateur a façonné un être vivant absolument nouveau par une communion d’amour qui a fait exister, dans un homme et une femme, une vie immortelle à l’image de la vie même de Dieu.

L’humain terrestre solitaire, animé uniquement d’une vie naturelle animale précaire incapable de partager la vie d’amour de Dieu, a été plongé dans cette vie éternelle de Dieu et a accédé à l’amour de Dieu, ce qui en a fait des créatures nouvelles et immortelles vivant de la vie même de Dieu.

Ce plongeon dans la vie divine est l’événement le plus essentiel de notre création, de notre identité, de notre vocation. Il est la source de notre vie. Un baptême spirituel qui est éclairé par le baptême par lequel le Christ fait homme passera lui-même dans le Jourdain.

L’essentiel dans la création, ce n’était pas la longue histoire de la création terrestre, mais son aboutissement dans la communion divine par une créature à l’image de Dieu, gouvernant et développant le monde en communion avec son Créateur.

L’essentiel n’est pas dans la longue création des corps humains, mâles et femelles, au milieu des autres espèces vivantes de la création, mais la création de personnes immortelles capables de partager et de multiplier la vie de Dieu.

Et cet événement créateur s’est réalisé par l’union sexuelle d’un couple d’humains, par une femme tirée d’un homme par une côte saillante qui est prise avant une chair qui se replie, ce qui a fait surgir dans ce couple d’humains un amour, plus fort que celui qu’ils avaient pour leurs propres pères et mères, qui les a attachés l’un à l’autre et les a fait devenir une seule chair.

Dans l’Evangile, Jésus nous indique que c’est Dieu lui-même qui les a ainsi unis l’un à l’autre, que c’est ce même lien que les humains reproduisent de générations en générations, et que ce lien est à l’origine de nous-mêmes au point que l’humain ne peut pas le séparer sans un adultère dans le royaume des cieux.

Sauf les unions sexuelles sans attachement de la prostitution ou d’autres rencontres précaires, le Christ lui-même nous révèle que l’union sexuelle d’un homme et d’une femme engage l’humain créé à l’image de Dieu dans une réalité voulue par Dieu qui a ainsi créé l’humanité à son image et qui lui a ainsi donné une vie immortelle, une capacité de partager la vie éternelle de Dieu.

Avant la création de cette humanité dans le jardin d’Eden, il y avait déjà des humains naturels mâles et femelles, avec une vie animale, mais leur création à l’image de Dieu était encore en cours, inachevée. L’humain seul, ce n’était pas encore bon.

Une partie saillante d’un humain est prise, puis les chairs sont refermées, et Dieu en tire un être radicalement nouveau qui va transmettre sa vie nouvelle sur la terre aux générations qu’elle va engendrer. Il y avait déjà des mâles et des femelles. Mais ici, une « femme » est créée et l’humain en est rempli d’amour au point que l’homme quitte ses père et mère, sa solitude naturelle, pour s’attacher à sa femme.

Comment ne pas comprendre, dans une telle révélation, la valeur essentielle pour l’humanité et pour sa communion avec Dieu de ce lien que les générations suivantes vont reproduire ?

Le synode s’est penché sur les cas difficiles de certains divorcés remariés en citant les paroles de Jésus sur l’indissolubilité du mariage et sur les dispositions tolérantes de Moïse.

D’autres ont rappelé que Jésus déclare adultères les divorcés remariés conformément à la loi de Moïse.

Il y a ici beaucoup de confusion.

Jésus parle dans l’Evangile de la répudiation d’une femme par un homme, sans les distinctions juridiques de notre époque.

Il écarte clairement les union sexuelles précaires désapprouvées en étant qualifiées de fornication, mais il ne distingue pas les autres unions sexuelles d’un homme et d’une femme. Dans le récit fondateur de la Genèse, il n’y a pas encore de loi, ni de célébration formelle d’un mariage. Lorsque le Christ évoque la situation d’un homme qui répudie sa femme, il ne précise pas s’il s’agit d’une union libre, d’une cohabitation légale, d’un mariage légal ou d’un mariage religieux.

La question des divorcés remariés évoquée au récent synode ne concerne pas toutes ces unions terrestres, mais seulement les mariages religieux catholiques célébrés par un sacrement de mariage.

Et encore, pour autant qu’ils aient été contractés de manière valide, en connaissance de cause des engagements impliqués, avec la possibilité s’ils ne l’ont été qu’avec une conscience immature ou insuffisante, d’en obtenir l’annulation.

Cette perspective limitée ne montre guère la valeur divine de toutes les unions sexuelles non précaires qui attachent un homme et une femme par une répétition, de génération en génération, de l’union conjugale créée par Dieu.

L’Eglise ne peut se limiter à parler du seul mariage sacramentel conclu en connaissance de cause par des catholiques.

C’est, en effet, une situation bien plus limitée que la question générale de l’indissolubilité des unions conjugales dont Jésus nous parle dans l’Evangile.

L’Eglise doit rester témoin de l’indissolubilité fondamentale de toute union conjugale d’un homme et d’une femme que le Christ a enseignée.

Il peut d’autant moins ignorer l’étendue de cet enseignement que les catholiques unis par un sacrement du mariage ne sont qu’une minorité des couples dans le monde et que de nombreux baptisés se retrouvent aujourd’hui dans des unions conjugales sans le sacrement du mariage.

Suffit-il de vivre en cohabitation informelle ou légale pour être dispensé du devoir moral de fidélité indiqué par le Christ ?

Moralement, y a-t-il des devoirs moraux du mariage qui n’existeraient pas dans la même mesure entre des concubins après de nombreuses années de vie commune ?

Dira-t-on à de tels concubins (et c’est le cas de tant de jeunes, même catholiques…) : séparez-vous parce que vous n’êtes pas mariés et soyez libres de chercher des nouveaux liens amoureux avec d’autres personnes ou, plutôt, mariez-vous entre vous parce que toute recherche d’un autre lien amoureux serait fautive ?

Le Christ a parlé pour tous et pour toutes les unions conjugales humaines. Dieu est présent dans toute union conjugale qui attache un homme et une femme dans l’amour à la sortie de leur foyer parental parce qu’à l’origine, c’est Dieu qui a créé cette union.

Cette union, qui se reproduit de génération en génération, est une création de Dieu lui-même dont toute l’humanité est héritière.

Dans l’intervalle qui nous sépare du second synode d’octobre 2015, l’Eglise ne devra-t-elle pas d’abord renouveler sa pensée et sa parole pour tous les hommes à notre époque où les unions conjugales prennent des formes diverses qui s’écartent de multiples manière de l’union stable de l’homme et de la femme, à la sortie de leur foyer parental, qui est au cœur de notre création à l’image de Dieu ?

L’indissolubilité spécifique du sacrement du mariage nous plonge dans une réalité plus profonde, celle de la vie éternelle qui nous vient par le Christ.

L’union conjugale humaine est, hélas mais comme toute autre réalité humaine, marquée par le péché et par la mort.

A cet égard, Jésus n’a pas rejeté la loi de Moïse qui autorisait la répudiation, mais il a clairement dissocié la loi de la vérité. Ce que la loi permet n’est pas nécessairement juste et bon. Jésus nous montre que la répudiation permise légalement (comme nos divorces juridiques modernes) et les remariages qu’elle permet en conséquence n’en retire en rien la réalité négative, dommageable, ni le caractère adultère et pécheur d’un remariage après une répudiation.

Le sacrement du mariage va plus loin que la loi.

Il considère, audacieusement, que le mariage contracté en communion avec le Christ entre un homme et une femme, par un sacrement de l’Eglise, est indissoluble au contraire du mariage selon la loi de Moïse ou selon la loi civile qui peut être rompu par une volonté humaine adultère.

Aussi indissoluble que le baptême.

Aussi indissoluble que l’union du Christ et de l’Eglise.

Ce qui est lié sur la terre est lié dans les cieux.

Parce que ce qui est proposé aux époux chrétiens, c’est de devenir des figures de l’union du Christ et de l’Eglise, c’est de faire de leur mariage un sacrement de cette union conjugale du Christ.

Le sacrement du mariage permet ainsi aux époux de rejoindre l’acte créateur de l’humanité, de réintroduire en eux, dans leur vie conjugale, l’union sans péché qui a créé le premier couple humain, qui a créé l’humanité, qui a créé sa fécondité spirituelle, sa capacité à partager l’amour de Dieu et à multiplier la vie nouvelle créée dans toute sa descendance de manière indissoluble.

Car, malgré le péché et la mort ainsi que la nécessité d’une délivrance par le Christ, jamais aucun descendant de ce couple originel ne sera privé de cette vie nouvelle transmise de manière infaillible de génération en génération.

Parce que c’est la volonté de Dieu que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni et parce que le Christ nous délivre du péché, le baptisé peut, à nouveau, par le Christ et en communion avec lui, revêtir le lien indissoluble de la communion conjugale donnée à nos premiers parents.

Lorsque un homme et une femme veulent, en connaissance de cause, avec une conscience et une maturité suffisantes, contracter un mariage conforme à l’union inséparable voulue par Dieu, le sacrement du mariage leur permet de créer un tel lien indissoluble, à l’image du lien originel qui a achevé la création de notre humanité et du lien entre le Christ et l’Eglise.

Certes, le lien légal et le lien humain restent avec leurs fragilités. Le couple chrétien n’est pas à l’abri des échecs ou de l’obscurité.

L’indissolubilité n’est ni une assurance tous risques, ni une contrainte. C’est une grâce qui réalise dans la vie des conjoints qui s’unissent par un sacrement du mariage, la volonté divine d’une union indissoluble et leur fait devenir signe et moyen de la présence du Christ, de l’union indissoluble du Christ et de son Eglise.

L’Eglise doit certes toujours rappeler que ce signe suppose une volonté réelle que la légèreté de certains mariés autant que de certains célébrants ne permet pas toujours de constater. Dans ce cas, il n’y a pas vraiment de sacrement et la nullité du mariage doit être constatée.

Mais, attention ici de ne pas s’égarer dans une approche abstraite. L’homme et la femme qui contractent un sacrement du mariage sont des pécheurs dont la conscience et la connaissance sont faibles.

La conscience et la maturité nécessaires à un mariage valable sont celles de pauvres pécheurs.

Le discernement ne peut ici devenir de la mauvaise foi.

Mais, comment ignorer aujourd’hui le nombre élevé de mariages catholiques célébrés pour des motifs davantage sociologiques que religieux par des baptisés qui ne fréquentent guère l’eucharistie et ne pratiquent qu’occasionnellement la religion catholique ?

Ont-ils vraiment voulu inscrire leur union dans l’union indissoluble du Christ et de l’Eglise ?

Quoi qu’il en soit, ce qui demeure, en tous temps, ce sont cependant des baptisés remplis de l’amour du Christ, malgré leurs faiblesses et leurs péchés, qui ont en eux un désir de réaliser dans leur vie une union conjugale indissoluble, pour le meilleur et pour le pire, pour être témoins de l’amour inconditionnel et indéfectible de Dieu, de l’union indissoluble du Christ et de son Eglise, dans leur vie conjugale.

Ce que ces baptisés croient, c’est que la volonté initiale et créatrice de Dieu reste possible malgré les vicissitudes humaines. Oui, Dieu lui-même vient unir l’homme et la femme et ce lien peut tenir, même si les ténèbres de ce monde viennent le recouvrir. La réalité spirituelle de cette union est indestructible.

C’est ici que se joue le drame de ceux qu’on appelle, improprement, des divorcés remariés.

Les mots sont impropres parce que le mot divorcé signifie qu’un mariage est dissous (alors que le sacrement du mariage est indissoluble) et que le mot remarié signifie qu’un nouveau mariage est conclu (alors qu’il ne s’agit ici que d’un remariage légal, mais non d’un nouveau sacrement).

Pourquoi un drame ? Parce que ce qui est en cause ce n’est pas seulement, ni principalement, la situation douloureuse d’un couple de divorcés remariés, ni toute la miséricorde et l’accueil qu’elle exige, mais la valeur du sacrement du mariage.

La question que les divorcés remariés ne peuvent éviter concerne la valeur du sacrement de leur mariage dont ils ont divorcé légalement.

S’ils pensent que ce mariage n’était pas valable, l’Eglise ne cesse de les inviter à considérer cette validité avec attention et il est probable que, dans un avenir proche, des voies nouvelles plus adéquates seront proposées pour apporter des réponses aux questionnements sur cette validité.

Mais, s’ils admettent que le sacrement de leur mariage a bien été contracté valablement, puis généralement vécu de manière satisfaisante pendant plusieurs années avec l’accueil d’enfants nés en son sein, comment considèrent-ils la dégradation de l’entente des époux survenue ensuite avec diverses difficultés et souffrances ayant abouti à une décision de séparation précédée ou suivie de la constitution d’un autre attachement sexuel ?

Cette dégradation, bien réelle, a-t-elle détruit le sacrement du mariage qui les a unis ?

Croire à cette destruction, c’est cesser de croire à son indissolubilité. Non seulement pour soi-même, mais aussi pour tous les autres.

C’est croire que l’indissolubilité n’existe pas, mais qu’elle dépend des circonstances et des personnes.

Mais, ne plus pouvoir proposer un mariage indissoluble serait une atteinte immense à un des dons les plus essentiels de Dieu à l’humanité et à l’Eglise.

L’Eglise ne peut cesser de proposer la grâce du sacrement de mariage indissoluble à ceux qui le désirent. Oui, le mariage indissoluble est un sacrement qui existe.

Il ne s’agit pas ici de juger les personnes et les circonstances, mais de sauvegarder un bien essentiel pour l’humanité.

Il serait vain et injuste d’affaiblir l’indissolubilité du mariage par des jugements concrets qui feraient des exceptions en considérant les fautes, les difficultés ou les souffrances en cause.

Le mariage sacramentel n’est pas moins infaillible pour la victime de l’infidélité de son conjoint ou pour celui qui a de nombreuses obligations dans un autre mariage légal.

Le sacrement du mariage d’un divorcé remarié, qui n’a eu aucun enfant avec son premier conjoint dont il a divorcé après avoir été abandonné par l’effet de violences et d’adultères répétés, mais qui a ensuite contracté un autre mariage avec un conjoint actuellement gravement handicapé, dont sont issus de nombreux enfants à prendre en charge, n’est pas moins indissoluble que n’importe quel autre.

Qui oserait cependant prétendre qu’un tel divorcé remarié devrait abandonner son foyer actuel ?

Mais, faut-il pour autant oublier l’indissolubilité de son mariage sacramentel ?

Elle demeure au plus profond de l’obscurité avec toutes ses lumières.

C’est un message pour tous les conjoints unis dans le Christ. Même lorsque l’obscurité ou les contradictions des réalités terrestres sont extrêmes ou totales, la grâce du sacrement du mariage demeure et peut, et même doit, être regardée comme une lumière et une vérité qui demeurent pour l’éternité.

Comment le conjoint lié à une personne par un sacrement du mariage indissoluble, mais légalement divorcé et remarié avec une autre personne, peut-il exprimer sa foi persistante dans l’indissolubilité de son mariage sacramentel alors même que la contradiction objective de sa vie présente est manifeste ?

C’est ici que l’abstention de la communion eucharistique peut prendre tout son sens pour le baptisé repentant, lié par un remariage, qui ne cherche plus à justifier sa propre route, ni ses échecs et ses contradictions, mais qui prend conscience de l’immense valeur sacramentelle du mariage pour l’Eglise et le monde jusqu’à admettre que son conjoint dans ce sacrement dont il est divorcé demeure son époux dans le mystère de Dieu, alors même qu’il a cessé de l’être dans la réalité intelligible du monde présent.

etienne lorant
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Benoît XVI à propos des divorcés remariés

Message non lu par etienne lorant » ven. 05 déc. 2014, 15:26

Dans les Œuvres complètes du pape émérite qui viennent d'être publiées, les paragraphes concernant les divorcés remariés ont été très largement réécrits. Comme le note le vaticaniste Sandro Magister qui reproduit de larges extraits des textes en question, Benoît XVI a totalement amendé ce qu'il disait à propos de l'accès aux sacrements pour les divorcés remariés en 1972.
(...)
il faut prendre en considération cette nouvelle donne qu'est la difficile relation de nos sociétés contemporaines à la notion de fidélité : « Peut-on encore, aujourd’hui, présumer que les gens soient conscients "par nature" du caractère définitif et de l’indissolubilité du mariage et qu’ils y consentent lorsqu’ils prononcent leur oui ? Ou bien est-ce qu’il ne s’est pas produit dans la société actuelle – ou tout au moins dans les pays occidentaux – un changement de la conscience qui fait plutôt présumer le contraire ? Peut-on considérer comme un fait acquis la volonté de dire un oui définitif ou ne faut-il pas, plutôt, s’attendre au contraire, c’est-à-dire au fait que, avant même de dire oui, les époux sont déjà prédisposés au divorce ? » interroge-t-il.
Courts extraits d'un long article sous ce lien :

http://www.lavie.fr/religion/catholicis ... 461_16.php
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Les divorcés-remariés

Message non lu par papounet » ven. 13 mars 2015, 18:30

Les divorcés-remariés, sorte d'épine acérée dans le pied des conservateurs de l'Eglise catholique romaine, est un des trois chantiers du synode sur la famille prévu en automne prochain.

Notre dynamique pape François veut remplacer "l'exigence morale" par "la miséricorde de Dieu" ouverte à toutes les situations personnelles. Il veut aussi répondre à ce qu"'il perçoit comme un manque d'ouverture de l'Eglise à l'encontre de ces personnes de plus en plus nombreuses, y compris dans la nébuleuse catholique. 1/3 de divorces en France actuellement dont 50% dans la région parisienne. Du temps de Jésus, la durée moyenne de vie était de la moitié de celle d'aujourd'hui, donc les unions n'avaient pas le temps de se fissurer. Par contre, en contrepartie, les adultères - condamnés par Jésus- étaient monnaie courante avec lapidation de la femme coupable (pas l'homme, bien sûr).

Tout a changé en plus de 2.000 ans et il est nécessaire que les cardinaux conservateurs mettent de l'eau dans leur vin s'ils ne veulent pas ne voir que des églises vides de paroissiens un peu partout...

Je fais confiance au pape François pour nous réformer tout ce passé devenu obsolète...l'Eglise doit changer et ne pas rester figée sur son passé. Elle est en train de mourir de cela...

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Héraclius
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Re: les divorcé-remariés

Message non lu par Héraclius » ven. 13 mars 2015, 20:41

La question est : est-ce qu'un commandement de l'Eglise peut devenir obsolète ?

Au-delà, dénoncer une situation c'est très bien, mais que préconisez-vous ? Renoncer à un dogme de foi, l'indissolubilité ? Non, cela est impossible. Alors quoi ? Trouver une solution qui, tout en ne remettant pas en cause la doctrine, laisse une plus grande place à la miséricorde ?

En même temps, la définition même de la miséricorde implique qu'il y a un péché, une faute, un mal. Comment se positionner par rapport à ce mal ? Et comment continuer à encourager les gens à ne pas se remarier tout en étant plus flexible sur les cas de péchés ?


Encore une question importante : comment obtenir le regret spécifique du péché quand il est mêlé à beaucoup de bien ? On ne peut pas demander à une femme ou un homme qui s'est remarié et a des enfants de mettre à terre ce qu'il a fondé, et de regretter tout le bien qui a émergé d'un mal originel : l'amour, les enfants, la famille nouvelle. Il faut donc dissocier le mal du bien, chose difficile quand le mal a débouché sur des biens existants... Comment expliquer à un homme qui aime sa fille qu'il n'aurait pas dû la "faire" mais que, pour autant, cette fille et l'amour réciproque entre eux est un bien ?

Car une large partie du problème est bien entendu lié aux conditions de l'absolution.


Bref, la question est très complexe, et ce dont les vilains conservateurs ont peur (remettre en cause la Sainte Doctrine, et de ce fait briser la cohérence de la religion catholique) est tout à fait légitime.


Il faut s'en remettre à l'Esprit de Vérité. Puisse-t-il accompagner le Saint Synode. :paix!
''Christus Iesus, cum in forma Dei esset, non rapínam arbitrátus est esse se æquálem Deo, sed semetípsum exinanívit formam servi accípiens, in similitúdinem hóminum factus ; et hábitu invéntus ut homo, humiliávit semetípsum factus oboediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Propter quod et Deus illum exaltávit et donávit illi nomen, quod est super omne nomen, ut in nómine Iesu omne genu flectátur cæléstium et terréstrium et infernórum.'' (Epître de Saint Paul aux Philippiens, 2, 7-10)

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