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par cmoi » mar. 17 déc. 2019, 11:00
Ce développement n’est pas le sujet principal du Topic mais sa digression antérieure aborde des points importants et puisqu’il va y retourner, il convient de ne pas s’en effaroucher…
C’est un reproche assez récurrent que de considérer que l’orthodoxie n’est pas « missionnaire ». Pourtant, la conversion des slaves et d’une mosaïque de peuples « de l’Est », par les grecs vaut bien ce que firent de leur côté les celtes et les romains sur la même période. Il suffit de regarder le territoire couvert ainsi que les conditions climatiques et topographiques des zones concernées par l’actuelle Russie et/ou pas ses ex-satellites.
Où eurent lieu des rivalités avec l’Eglise catholique : en Moravie (Tchécoslovaquie), saint Méthode fut emprisonné par les germains et ses convertis expulsés ou vendus comme esclaves, bien qu’il avait obtenu avec saint Cyrille,l’aval du papequi résolut « en théorie » le conflit en leur faveur- d’où leur canonisation par JPII.
Beau geste : car pour ces saints, en plein milieu du IXème siècle, l’orient et l’occident étaient toujours unis !
Le joug de l’Islam priva ensuite les grecs et les arabes de tout travail missionnaire, mais les slaves prirent le relais : Alaska (puis Canada et Amérique, dans des conditions climatiques/géographiques encore très difficiles), Chine, Japon, Corée, Finlande, avant que le communisme en étouffe ensuite la propagation par le sang des martyrs.
(En Corée du Nord, où actuellement posséder une bible rend susceptible d’une condamnation à mort, j’ignore comment mais une cathédrale orthodoxe a été construite récemment !)
Alors ce reproche est sans doute vrai, mais l’explication (il semble aussi que la longue contrainte politique ait fait que la qualité, l’intériorité, soit privilégiée sur la quantité, l’extériorité) tourne à l’honneur de cette Eglise.
Considérée sous un certain regard, la survie de l’orthodoxie et surtout de sa majestueuse liturgie, relève du miracle : quand on est persécuté et doit vivre dans la clandestinité, que c’est la guerre et/ou qu’on meurt de faim, on a tendance à écourter et à ne pas se faire remarquer. Je n‘imagine pas les cérémonies des catacombes jouer les prolongations ni « monter le son » ou l’encens. Et pourtant, c’est justement comme cela que put se préserver la foi orthodoxe, restée debout, c’est le cas de le dire, tragédie qui me touche infiniment à chaque cérémonie… Et qui aide à se souvenir que la messe est un saint et sanglant sacrifice.
Il y eut aussi des missions en Indonésie, aux Philippines, au Bengale…
En Afrique (Kenya, Ouganda, Tanzanie) c’est la recherche spirituelle et autochtone de ses indigènes qui aboutit à des conversions à l’orthodoxie, sans qu’il y ait eu de missions.
Quant à parler de l’usage de la force, ce fut aussi le cas par Charlemagne et bien d’autres à l’égard des peuples païens qu’ils soumettaient. La comparaison ne tournerait clairement pas à l’avantage de l’Eglise catholique(faut-il parler des colonisations ?) ni des protestants. C’est seulement à leur contact que le problème de l’usage de la force se posa, et il se résolut la plupart du temps par un retrait.
La « conquête de l’Est » (et du nord) ne se fit pas à coups de canons, mais par l’implantation toujours plus loin dans la forêt (le désert local) et vers des peuples insoumis de skites (mini-monastères) où vivaient des moines cherchant à s’éloigner du monde et que venaient rejoindre et entourer des personnes désireuses de suivre leurs exemples et enseignements, de profiter aussi de leur savoir/travail. Quand cela prenait de l’ampleur (villages, etc.) les moines les plus stricts s’éloignaient encore et ainsi de suite…
La réussite ou l’échec de missions d’Evangélisation n’a rien à voir avec le statut des prêtres, d’autant que les missionnaires orthodoxes étaient des moines (toujours nombreux dans l’orthodoxie). Dans le principe de déléguer rapidement aux « régionaux » la gestion de leur Eglise, la possibilité de prêtres mariés pourrait bien même avoir été une facilité.
Les nombreuses diasporas, y compris dans des pays comme les Etats-Unis où la présence orthodoxe s’était implantée d’avant, n’ont pas abouti en « missions » et cela se comprend aisément. II aurait déjà fallu les réunir localement au détriment de leurs nationalismes (un vrai défi pour l’orthodoxie) et souvent les pays d’accueil relevaient déjà de religions dites chrétiennes.
Quoi qu’il en soit, à mon avis il n’y a pas là et sur cette question de quoi juger d’une religion, et ce serait lui faire un mauvais procès que de juger de sa vertu sur l’aptitude à la transmettre en dépit de ses « pécheurs ». Je crois même plutôt rare qu’une religion ait été autant choisie librement par un peuple ou des « chercheurs de vérité » (pas que en Afrique, ce fut le cas de la Bulgarie, moins de la Serbie…) qui sans aucune contrainte extérieure, se sont livrés à une étude comparative sérieuse et approfondie.
Quoi qu’il en soit encore, c’est une évidence historique que la christianisation du monde s’est servie de la force, ce qui était une facilité, et qu’il nous appartient d’en payer le prix.
C’est pourquoi la réunification des Chrétiens est une nécessité. Cela ferait baisser « disons » d’environ 1/3 le potentiel d‘agressivité et d’énergie négative épars, le risque de guerre…
Cela ne peut pas se mesurer bien sûr, mais combien de péchés seraient ainsi évités !