Je suis effectivement oblate de Saint-Jean. Je confirme tout ce qu'a dit Nelly sur la communauté, les clones et la personnalité du père Philippe.
En lui, tout est étonnant. Neveu du père Dehau, dominicain (père spirituel de Jacques et Raïssa Maritain, les philosophes du début du siècle), le père Philippe, enfant puis jeune homme, allait régulièrement faire la lecture à son vieil oncle devenu presque aveugle et buvait son enseignement. Non seulement le père Dehau a formé le père Philippe mais il est à l'origine de sa vocation dominicaine ainsi que quinze autres neveux et nièces (
16 neveux et nièces dominicains dont le père Marie-Do et le père Thomas PHILIPPE, père-fondateur de la communauté de L'ARCHE).
Le père PHILIPPE se présente avant tout comme un professeur de philosophie. De fait, il a été professeur de philosophie à Fribourg pendant quarante ans. Dans son humilité, il oublie de dire qu'il est théologien, spécialiste de saint Jean et de 'Apocalypse de Saint Jean, assez délaissée par l'ensemble de l'Eglise à cause de ses difficultés symboliques, mais que la contemplation mystique du père Philippe a pu pénétrer.
De là, la réputation millénariste du père complètement injustifiée. J'ai assisté à de nombreuses conférences du père, en particulier sur l'Apocalypse de Saint Jean qui ont été sources d'enrichissement et n'ont rien à voir avec, par exemple, la réelle dérive millénariste des évangéliques, que je connais.
C'est à l'occasion d'un séjour à Châteauneuf-de-Galaure que Marthe ROBIN lui a demandé de rester pour prêcher la retraite des prêtres et des membres du foyer. Le père Marie-Do avait une grande tendresse pour Marthe. Il a pu assister à ses passions. Quand des élèves français de Fribourg lui ont demandé avec insistance de le suivre, de rester avec lui, le père PHILIPPE a été très décontenancé. Il est allé demander conseil à Marthe qui lui a dit, après avoir prié :
- "Père, c'est bien du Saint-Esprit, vous devez écouter l'appel de ces étudiants, c'est Jésus qui vous le demande. Ecoutez cet appel et faites tout ce que vous pouvez pour eux"
- "Mais, je n'ai pas de mandat !
- "Cela ne fait rien, il faut trouver le moyen de répondre à l'appel de ces étudiants"
LES 3 SAGESSES - page 371
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- On vous reproche parfois de manquer de discernement dans les vocations et d'accepter tous ceux qui se présentent à vous pour entrer dans la Communauté, ce qui expliquerait sa croissance si rapide
- "L'avantage de ma position, c'est qu'il y en a beaucoup ! Donc, on peut en refuser beaucoup ! Mais il y a aussi ce que Marthe m'a dit au début et que je n'oublierai jamais. Peu de temps après les débuts de la Communauté (il y avait alors une quinzaine de frères), quinze autres jeunes la même année, ont demandé à entrer. Cela m'a paru être de la folie. J'ai donc demandé à Marthe et elle m'a dit :
- "Père, que vont-ils faire si vous les refusez ? Où vont-ils aller ? Vous devez les recevoir !"
Alors, j'ai compris combien Dieu voulait que nous soyons accueillants, combien il fallait avoir cette miséricorde du coeur de Marie à l'égard de tous ceux qu voulaient se donner au Seigneur. C'est pour cela que la Communauté Saint-Jean existe. Evidemment il faut tout de même un certain discernement, mais un discernement à la manière de Marthe, et non à la manière des psychanalystes, un discernement dans la lumière divine.
LES 3 SAGESSES (pages 372-373)
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Je crois que tout est dit dans ces passages au sujet du père PHILIPPE : sa miséricorde, mais aussi son obéissance scrupuleuse à accueillir les vocations comme Marthe lui avait demandé.
Il est vrai aussi que dans l'ordre "des talent", si le père Marie-Do est sans conteste un "Docteur", il manque sans aucun doute de discernement (
c'est d'ailleurs un vrai problème dans l'Eglise actuellement dans le discernement des vocations)
Bref, tout cela a poussé le père Marie-Do à accueillir dans la Communauté une soeur d'origine hongroise devenue "Mère Myriam" qui a créé grâce à l'appui de l'évêque sa propre Communauté à l'intérieur de la Communauté Saint-Jean et a défrayé la chronique
Le père a été patient, s'est fait un jour recevoir par Mère Myriam à coups de bâton de chaise, lui qui est quasi aveugle et très âgé (98 ans). Il a sans doute beaucoup compté sur la miséricorde....... Mais comme le disait si justement Sainte Thérèse d'Avila : "Seigneur, à voir comme vous traitez vos amis, ne vous étonnez pas d'en avoir si peu !"
C'est vrai que cela a beaucoup contribué à ternir l'image de la Communauté Saint-Jean, nous le déplorons tous.