L'Église en Allemagne

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Fée Violine
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Re: L'Église en Allemagne

Message non lu par Fée Violine » mer. 16 mars 2016, 11:12

Quelle excellente idée a l'Église allemande de mettre des églises au bord des autoroutes !

http://fr.aleteia.org/2016/03/15/vivre- ... 08:00%20am

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St. ange
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Attentat à Munich

Message non lu par St. ange » mer. 24 avr. 2019, 10:09

Selon le site dreuz.info, un réfugié somalien musulman aurait fait irruption dans une église de Munich pour commettre un attentat au cours de la messe de Pâques

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L'Église catholique d'Allemagne et le Vatican

Message non lu par Cinci » ven. 01 nov. 2019, 7:57

Bonjour,

C'est un article qui aura retenu mon attention.


En mai, une grève des femmes a été menée par des catholiques féministes. Une démarche inédite lancée depuis Münster, un appel à la mobilisation pendant une semaine durant laquelle les femmes ont été invitées à ne pas mettre les pieds dans une église et à arrêter tout service volontaire.

Leur analyse du problème est systémique : nous croyons que la structure qui encourage et cache les abus est aussi celle qui exclut les femmes du ministère et de la consécration, et donc des décisions fondamentales , et du contrôle dans l'Église, ont-elles expliqué, célébrant la messe sur le parvis. Marie-Hélène Müssig est membre du comité de direction du conseil diocésain de Berlin. Elle ne comprend pas pourquoi le mariage des prêtres ou bien l'ordination des femmes pose problème : "Il n'y a aucune raison. Je voudrais leur dire haut et fort que je me sens discriminée parce que je n'ai pas le sexe qu'il faut. En Allemagne, une femme peut prouver qu'elle n'a pas été prise dans un emploi parce qu'elle était une femme. Elle peut faire un procès et on lui donne raison. L'Église se mettrait-elle au-dessus de la loi allemande ? On entend partout que si ça continue, l'Église va faire un schisme.

[...]

Cette année, les catholiques féministes ont prévu de faire le 3 novembre la même action qu'en mai : une messe sur le parvis à Berlin. Cette fois, se réjouit Marie-Hélène Müssig, le conseil diocésain a accepté d'apposer son nom sur les invitations. Ce n'était pas le cas en mai. Comme on dit en allemand, à force de persévérance, des gouttes peuvent creuser la pierre.

https://www.ledevoir.com/monde/europe/5 ... e-d-esprit

Il semble qu'on veuille surfer sur la question du scandale de certains prêtres pour remettre à nouveau sur la table les vieux projets de 1970. Toujours sur la thématique du mariage des prêtres et de l'ordination des femmes. Le président de la conférence épiscopale allemande est un proche du pape François.

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Re: L'Église catholique d'Allemagne et le Vatican

Message non lu par Cinci » ven. 01 nov. 2019, 8:08

Et ce qui m'a rappelé pour le coup l'existence d'un certain fil dédié à la première femme théologienne en Allemagne et puis ex-consoeur de classe de Joseph Ratzinger à l'époque.


viewtopic.php?f=118&t=45291&hilit=th%C3 ... +allemande

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Re: L'Église catholique d'Allemagne et le Vatican

Message non lu par Cinci » sam. 02 nov. 2019, 20:37

Lu dans le bulletin paroissial pour la semaine du 27 octobre au 3 novembre :
"La foi en l'Église aujourd'hui

Je crois en l'Église, une, sainte, catholique et apostolique (symbole de Nicée-Constantinople) Cet article de notre profession de foi est mise à rude épreuve en ces temps de scandales sexuels qui se révèlent au grand jour. La pédophilie, plus encore que tous les mauvais traitements imposés par de nombreux prêtres, évêques et même cardinaux, afflige l'Église dans sa hiérarchie et souille le témoignage de sainteté et de lumière qu'elle devrait porter au monde. Cela nous ramène à certaines périodes sombres de l'Église alors qu'elle traversait schismes et guerres de religion interminables.

Aujourd'hui, l'Église est de nouveau ravagée de l'intérieur par ses propres fautes. Quelle douleur d'entendre une victime d'abus sexuel de la part du vicaire de sa paroisse, alors qu'elle était adolescente, répondre à une question sur sa foi cinquante ans plus tard : "Depuis, bien sûr, j'ai fini par apostasier !"

Des conséquences incalculables

Les conséquences de cette crise de crédibilité pour l'Église sont effarantes et incalculables. Nous sommes pour ainsi dire plongés dans l'obscurité; les heures d'ensoleillement, comme en novembre et en décembre, ne cessent de diminuer. Heureusement, le pape François n'hésite pas à prendre la tête d'une nouvelle croisade qui cherche à déployer tous les moyens possibles pour anéantir ce fléau. Et il affirme, dans un discours prononcé le 16 janvier 2018 à Santiago du Chili, que "même si la proposition chrétienne traverse des époques d'obscurité et de faiblesse ecclésiale, l'Église a encore quelque chose à dire et son message demeure pertinent". Timothy Radcliffe ajoute "qu'il ne faut pas avoir peur de la crise".

[...]

Nous pourrions devenir ces miroirs qui doivent refléter plus directement la lumière de l'Évangile. Si chaque chrétienne et chaque chrétien ne prend pas en main sa mission d'évangéliser et de témoigner, l'Église n'a pas d'avenir. [...]"
Commentaire :

Le texte est signé Claude Brissette ( ... ?) mais peu importe le nom de la personne je sais maintenant que la décision d'insérer ce texte dans le bulletin paroissial vient de l'archevêché.

Personnellement, ce genre de commentaire m'ennuie et a fortiori quand je l'y trouve dans une publication paroissiale. Plus ça va, et plus ça m'embête. Je me demande ce que cherche au juste ces personnes qui publient ce genre de commentaires en Église. J'ai l'impression de devoir me trouver en contact avec des complices du cardinal Marx en Allemagne ou de ces féministes qui se promettent de célébrer une messe sur le parvis à Berlin !

Toujours à ressasser ces histoires de curés fautifs, et, encore ! , en dramatisant à outrance. Je suis en total désaccord avec les accents contenus là-dedans.

D'abord, ce n'est pas un "message" que l'Église propose, mais bien la personne de Jésus lui-même. Et les péchés de quelques curés que l'on voudra (ce seraient ceux du pape !) n'en feront jamais rien à l'affaire ! Je veux dire que ce sont pas les scandales de pécheurs pouvant pécher dix, vingt ou cent fois qui risqueraient jamais de compromettre la vérité de l'Évangile et la légitimité de l'Église, à moins de vouloir raisonner bêtement comme tant de gens du monde peuvent le faire en effet (parce que s'imaginant que croyants ou prêtres devrait rimer nécessairement avec saints de vitrail, perfection déjà tout établie sur terre).

Et, ensuite, que penser de cette remarque à l'effet que l'Église n'aurait pas d'avenir, à moins que chacun aille se démener pour évangéliser autrui et témoigner de Jésus-Christ ! L'Église qui n'a pas d'avenir ... Vous entendez bien ? L'Église qui serait fichue si Jacquou ne va pas jouer lui-même le missionnaire auprès de ses voisins, ses collègues de travail et tout. Non mais depuis quand, dans toute l'histoire de l'Église ( 2000 ans), aura-t-on vu le moindre paroissien, comme forcé d'aller lui-même jouer au Père Lacordaire auprès de tout plein de monde ! Pendant des siècles et des siècles l'Église n'aura jamais fait rien d'autre que demander aux paroissiens de payer la dime et de prier. "Pay and Pray". Mais non pas de faire le boulot des frères prêcheurs. Soudain, voilà que l'Église risquerait la disparition à cause du manque d'implication de Jacquou.


Non, la survie de l'Église ne dépend nullement de la qualité de l'activisme personnelle de Jacquouille. Si cela devait être, on imagine bien que l'Église serait morte et enterrée depuis plus de quinze siècles au moins !

L'Église subsiste uniquement parce qu'elle est le corps du Christ. C'est parce que le Christ habite en elle. La mollesse, l'inertie des gens, l'état d'engourdissement stupéfié de l'un ou l'autre n'en fait du tort essentiellement qu'à ces mêmes individus qui sont amorphes, anesthésiés, absents, etc. On se pénalise soi-même et même sans le savoir en se maintenant dans la zone grise, des ruminations dépressives et tout. On peut se pénaliser soi-même et en pénaliser d'autres accessoirement. On ne risque guère de tuer l'Église en elle-même. "Pas d'avenir !" C'est incroyable de lire cela dans un bulletin paroissial. L'avenir ? C'est la résurrection, l'avenir.
Dernière modification par Cinci le dim. 10 nov. 2019, 20:09, modifié 1 fois.

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Re: L'Église catholique d'Allemagne et le Vatican

Message non lu par Cinci » dim. 03 nov. 2019, 16:12

Je poursuis la lecture ...

Je crois en l'Église une, dans la diversité des familles chrétiennes (réformée, catholique romaine, orthodoxe et autres) entre lesquelles doit circuler le lien indispensable de la charité [...]

Source : Prions en l'Église (Claude Brissette), repris dans le bulletin paroissial
La première chose qui me frappe et m'occasionne du désagrément : je me dis que ce genre de propos est d'une orthodoxie douteuse. Le terme "charité" se trouve ici comme vidé de son sens. Sur le plan ecclésial, il est difficile d'évoquer un lien de charité quand on doit parler du phénomène qui sera celui de la dissidence de chrétiens qui refusent de se soumettre à l'unité de direction.

Voir pour la charité (son sens véritable ci-dessous)
Je vous en prie, frères, par le nom de notre Seigneur Jésus Christ, ayez tous même langage ; qu’il n’y ait point parmi vous de divisions ; soyez étroitement unis dans le même esprit et dans la même pensée.

- 1 Co 1,10
On ne peut pas dire qu'un protestant réformé, un orthodoxe et un catholique romain partageront un même esprit, une même pensée et un même langage. Comment un protestant réformé pourrait-il avoir même pensée que nos saints de l'Église catholique sur la messe ou sur le Purgatoire ? Ce n'est pas possible. Parce qu'il n'y a justement pas unité de direction. Les divisions dont Paul ne veut pas. mais ce sont les schismes justement, lesquels auront toujours été compris comme une rupture du lien de charité.

Dans le Prions, l'on viendra nous suggérer qu'il pourrait y avoir lien de charité, en dépit du fait que chacun (pas grave !) pourrait continuer de nourrir et entretenir ses petites différences doctrinales.

S'agit-il de prier en vue de la réalisation de cette Église une ? Il ne le semble pas. Si seulement il s'agissait de cela. Non, le fait que la formulation dans le Prions reprenne à dessein le symbole de Nicée-Constantinople, mais en y glissant cette mention des protestants et orthodoxes et plus, en revient à vouloir nous suggérer que l'existence même de groupes dissidents serait chose normale, bonne, voulue de Dieu, ne serait en fin de compte que l'expression de la catholicité. Mettons nos petits différents de côté (pas grave ! la doctrine, les dogmes ... Bah !) car l'essentiel n'est-il pas que nous puissions avoir de bons rapports d'honnête homme ?

Ce thème de l'Église catholique d'Allemagne et le Vatican me fait songer à quel point la crise de l'Église est énorme énorrrrrrrmmmmmmmmmmme, grave - grave, infiniment plus profonde, majeure et significative que je n'aurais jamais pu le penser. Et le problème c'est vraiment comme si nous avions désormais deux Églises différentes dans une au Vatican même ! On ne se demandera plus après cela comment il se ferait que même les fidèles de l'Église catholique n'arriveront pas à s'entendre entre eux.

Je lisais également Hans Küng (parlant de l'Église allemande ...), oui, oui, Hans Küng (le maudit ?). Ce dernier permettrait quand même bien de nous faire comprendre pourquoi il peut y avoir de ces manifestations comme il y en a avec ces féministes réclamant le sacerdoce et etc. Ce n'est pas une petite affaire. J'entends par là, ne pas être une petite affaire : cette coexistence à Rome de clercs (jusqu'aux prêtres dans les paroisses) pouvant tenir deux discours contradictoires.

C'est en lisant Hans Küng ces jours-ci que j'aurai pu enfin comprendre cette histoire de statue de Luther affichée au Vatican en 2017.

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Re: L'Église catholique d'Allemagne et le Vatican

Message non lu par Cinci » dim. 03 nov. 2019, 16:51

Parlant de deux Églises dans une ...

Européen et surtout allemand. Parce qu’en Allemagne aussi, un « chemin synodal » vient de s’ouvrir dans le but de partir de l’Amazonie pour réformer rien moins que l’Église universelle, un synode dans lequel les laïcs auront la même voix que les évêques, un synode dont les délibérations seront « contraignantes » et porteront sur la fin du célibat sacerdotal, l’ordination des femmes, la réforme de la morale sexuelle et la démocratisation des pouvoirs dans l’Église.

Mais les avertissements donnés par Rome à l’Allemagne n’ont jusqu’ici eu aucun effet. « Ce ne sera pas à Rome de nous dire ce que nous devons faire en Allemagne » avait déjà déclaré le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et président de la Conférence épiscopale allemande, entre la première et la seconde session du synode sur la famille. Et ce slogan reste de mise en Allemagne et bénéficie du consensus du plus grand nombre et d’une opposition minoritaire, dont le plus haut représentant est l’archevêque de Cologne, le cardinal Rainer Maria Woelki, qui est allé jusqu’à dénoncer le danger d’un « schisme ».


« En Allemagne – dit aujourd’hui Müller, qui est lui aussi allemand mais qui n’est pas à la tête d’un diocèse et qui ne fait donc pas partie de la Conférence épiscopale –ils veulent pratiquement refonder l’Église catholique. Ils pensent que le Christ n’a été qu’un homme qui a vécu il y a deux mille ans, ils pensent qu’il n’était pas un homme moderne, ils sont convaincus qu’il n’avait pas une formation érudite comme la leur. Ils pensent donc qu’il est nécessaire de combler ces lacunes et que c’est à eux d’agir


http://www.diakonos.be/settimo-cielo/mu ... ce-synode/

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Re: L'Église catholique d'Allemagne et le Vatican

Message non lu par Cinci » lun. 04 nov. 2019, 1:33

Pas mal de gens sont déboussolés par le pontificat du pape François. Et quand je m'exprimerais à ce sujet dans ce forum, on dirait que je serais le vilain petit canard. Et "polémique bla, bla ... commentaire acide ... blabla. gnosticisme, pélagianisme ..." ; "Comment ? Non, non ... mais rien ne change avec Jean-Paul II ... C'est la continuité, le même esprit ... Ne faites pas votre mauvaise tête. Circulez, il n'y a rien à voir. "

La semaine dernière j'ouvre au hasard un numéro de la revue Panorama (rien mais rien d'une revue de conservateurs grincheux ou de tradis frustrés), le premier article que je vois : c'est un jeune historien français qui a la foi et qui est catholique et qui dit pourtant ne rien comprendre à ce pape Bergoglio (!)

et

Voilà que même le célèbre journaliste italien Vittorio Messori, apologète catholique à ses heures, l'ami de feu Jean-Paul II et de Benoit XVI : lui aussi dit être troublé par la gouverne du pape François.

V. Messori

L’impression est que Bergoglio touche à ce qu’un Pape devrait au contraire défendre. La doctrine telle qu’elle a été élaborée en 2000 ans de recherche est confiée au Pape pour qu’il puisse la défendre, pas la changer. Aujourd’hui, l’impression est que c’est exactement ce qui se passe, et cela alarme plus que tout les croyants. Bergoglio lui-même a récemment reconnu que certains méditent un schisme. Quelque chose dont il dit ne pas avoir peur.


- Vous, quel est votre sentiment?

Certainement, le schisme ne se produira pas, mais il y a une forte anxiété parce que nous sommes devant le premier Pape qui semble souvent donner de l’Evangile une lecture qui ne suit pas la tradition.

http://www.benoit-et-moi.fr/2020/2019/1 ... ori-parle/



Deux Églises dans une ?

Dans le commentaire ci-dessous, on relève l'existence d'une sorte de bagarre qui existerait entre deux factions rivales, et en gros, si on veut faire image, ce serait tel le clan de la revue Communio et celui de la revue Concilium.

Malgré l’addiction médiatique planétaire à la métonymie « liberal/conservateur » dans l’analyse du Concile Vatican II et des débats qui ont suivi, la division réellement importante après le Concile (laquelle, comme l’attestent les journaux de plusieurs théologiens conciliaires, a commencé à s’ouvrir pendant les troisième et quatrième périodes du Concile) était entre deux groupes de théologiens réformistes précédemment alliés, dont l’un semblait déterminé à embrasser pleinement la modernité intellectuelle et ses différents scepticismes, tandis que l’autre s’engageait à assurer une authentique réforme catholique en ancrant le développement théologique dans la tradition vivante de l’Église. Cette « guerre de succession conciliaire » (comme je l’appelle dans mon prochain livre, ‘L’Ironie de l’histoire catholique moderne’) n’a pas été qu’une simple bagarre entre intellectuels; elle a eu de véritables conséquences dans la vie de l’Église catholique

http://www.benoit-et-moi.fr/2020/2019/0 ... -vandales/

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Re: L'Église en Allemagne

Message non lu par Cinci » jeu. 12 déc. 2019, 2:21

Lu dans la revue des jésuites Relations, dans le numéro 801 de mars-avril 2019, un article que ne renierait pas Hans Küng ou bien le cardinal Marx, on peut y voir une autre manifestation de l'aile progressiste en marche dans l'Église.

Ici :
A quand une citoyenneté ecclésiale pour les femme ?

A l'heure ou le droit à l'égalité et à la laïcité sont au coeur des débats, la discrimination envers les femmes qui se vit dans l'Église catholique, soutenue par l'État, devrait nous faire réfléchir.

Johanne Philipps

L'auteur est doctorante en sciences des religions
à l'université de Montréal

"Depuis près de 50 ans, nous sommes témoins du déploiement des théologies et de la militance féministe chrétienne. De nombreuses femmes ont cru que le jour viendrait ou le statut des femmes dans l'Église catholique changerait. Or, nous assistons plutôt au blocage continu des relations de pouvoir dans cette Église, en dépit d'un contexte social qui a évolué en faveur des femmes.

L'immuabilité "voulue par Dieu" et soutenue par l'État

Pourtant, dans notre système politique et juridique, le pouvoir religieux, en grande partie, reste une affaire d'hommes, bien que des Églises protestantes et anglicanes reconnaissent l'ordination des femmes. L'État contribue à cette situation en exemptant les groupes religieux de l'application des lois interdisant la discrimination envers les femmes. Faisant fi des luttes des femmes à l'intérieur des structures religieuses, tout se passe comme s'il était tout à fait "normal" que des femmes qui s'investissent dans un groupe religieux renoncent à leur droit à l'égalité.

Certes, les autorités ecclésiales qui se réclament de la fidélité à Dieu pour maintenir les femmes dans une condition de subordination affichent des positions bien campées, mais le fait que ces positions sont confortées par l'État, politiquement et juridiquement, les rend plus difficile à ébranler. Tout le travail a pourtant été fait par des femmes, sur le plan de l'argumentaire et de la recherche historique et théologique, pour justifier le changement du statut des femmes. De nombreuses activités de représentation ont été réalisées auprès des autorités ecclésiales pour que les femmes soient pleinement reconnues dans l'Église. Vingt-cinq ans après la déclaration Ordination Sacerdotalisde Jean-Paul II (2 mai 1994) affirmant que la position de l'Église concernant les ministères réservés aux hommes "doit être définitivement tenue par tous les fidèles:", position réaffirmée plus récemment par l'exhortation apostolique Evangelii gaudium (24 novembre 2013) du pape François affirmant que " Le sacerdoce réservé aux hommes est une question qui ne se discute pas [...]", force est de constater que la situation est bloquée. Ainsi, peut-on encore aujourd'hui et dans l'avenir se contenter d'en appeler uniquement aux autorités religieuses convaincues que c'est Dieu lui-même qui commande le statu quo ? Que peut-on faire de plus ?

L'autonomie religieuse ne devrait pas être un absolu

La participation de l'État au maintien de la discrimination envers les femmes dans la sphère religieuse, que ce soit en la tolérant, en l'acceptant ou la soutenant, est un phénomène qui intéresse désormais des juristes. Cependant, la question n'a pas encore été posée dans les débats publics portant sur la laïcité de l'État. Assez spontanément, au Québec, on a considéré comme "normal" qu'un État accorde une reconnaissance formelle au droit canon (catholique) pourtant dénoncé par les féministes croyantes parce qu'il les discrimine. Il semble aussi aller de soi que les citoyennes subissant de la discrimination dans un groupe religieux ne puissent pas avoir le même accès aux tribunaux que des femmes qui seraient membres d'un groupe non religieux. La possibilité d'un recours pourrait offusquer plusieurs personnes estimant que l'État n'a pas à s'immiscer dans les affaires internes des groupes religieux.

Selon le juriste Cass R. Sunstein, professeur à Harvard, cette évidence dénote une faiblesse de notre mode de réflexion. Selon lui, le fait que l'Église catholique ne puisse pas être forcée d'ordonner des femmes, ou que des institutions religieuses puissent discriminer les femmes alors que cela est formellement interdit à d'autres groupes démontre que les lois sont appliquées avec une absence d'équilibre manifeste. Il s'agit, selon lui, d'un lieu commun de notre pensée politique qu'il nomme la "thèse de l'assymétrie", selon laquelle il est possible d'imposer des lois civiles et criminelles aux institutions religieuses, tandis que celles interdisant la discrimination fondée sur le sexe dans ces institutions posent problème. Or, cela peut changer. La notion d'autonomie religieuse est certes fondamentale, mais rappelons-nous que la violence domestique a longtemps été à l'abri des dénonciations en raison d'une prépondérance accordée à la notion de vie privée familiale. De façon similaire, la notion d'autonomie religieuse n'a pas à être un absolu.

[...]

La citoyenneté ecclésiale des femmes

Les femmes, à travers leurs luttes, ont forcé leur inclusion dans le concept de citoyenneté; elles ont été reconnues comme des sujets politiques, civils et juridiques. Elles sont aussi des sujets religieux pour qui le droit à la citoyenneté ecclésiale devrait être reconnu, mais cela ne se reflète pas dans notre système juridique et politique.

C'est à la théologienne Margarita Pintos de Cea-Naharro que j'emprunte le concept de citoyenneté ecclésiale des femmes. Être citoyenne ecclésiale comporte le pouvoir d'agir comme sujet moral et de ne plus recevoir passivement le discours moral souillé par le patriarcat. C'est aussi être un sujet théologique qui développe des interprétations de la tradition pour en faire des dépôts légitimes de la foi, en plus d'être un sujet ecclésial doté du droit de s'exprimer et de faire acte de dissidence, et pour qui l'enjeu n'est pas de reproduire un système clérical en lui donnant un visage plus féminin, mais plutôt de changer les structures.

Lorsqu'un État accorde un droit associatif distinct à un groupe qui discrimine les femmes, lorsqu'un tribunal reconnaît un droit religieux discriminatoire à l'égard des femmes, il nie le droit à la citoyenneté ecclésiale des femmes et leur égalité tout court. Lorsqu'on oblige et force les groupes religieux à se soumettre à divers règlements et lois (par exemple en matière de zonage), mais que l'on trouve inconcevable de leur demander de prendre des mesures pour respecter le droit à l'égalité, on nie aussi la citoyenneté ecclésiale des femmes. Pourtant, on affirme que l'égalité entre les hommes et les femmes est une valeur fondamentale de la société québécoise. L'Assemblée nationale du Québec a de manière unanime affirmée en 1981 être liée par la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

L'article 2 de cette convention engage les États à prendre toutes les mesures appropriées pour éliminer la discrimination pratiquée à l'égard des femmes par une personne, une organisation ou une entreprise quelconque; prendre toutes les mesures appropriées, y compris des dispositions législatives, pour modifier ou abroger toute loi, disposition réglementaire, coutume ou pratique qui constitue une discrimination à l'égard des femmes.

Accepterait-on, au Québec, que l'Assemblée nationale attribue un droit associatif particulier à une Église qui entérinerait la discrimination raciale ? Accepterait-on que les tribunaux accordent une reconnaissance à un code de droit religieux qui est discriminatoire envers des personnes racisées ?

Si entrer dans une vie conjugale à l'intérieur de l'institution du mariage n'est plus synonyme pour les femmes d'entrer dans un rapport de soumission privée que l'État protégeait jadis par le Code civil, il fait reconnaître qu'aujourd'hui. devenir membre de l'Église catholique reste pour les femmes synonyme d'abdication de leur droit à l'égalité."

_____

1. discours en ligne sur le site web "femmes-ministeres -org"
2. Voir Cass R, Sunstein, "Should Sex Equality Law Apply to Religious Institutions ? dans Susan Moller Okin (dir.). Is Multiculturalism Bad for Women ?, Princeton University Press, 1999, pp. 85-94
3. Voir M. Pintos de Cea-Naharro, "Women's Right to Full Citizenship and Decision-Making in the Church", Concilium, mai 2002

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Re: L'Église en Allemagne

Message non lu par Cinci » jeu. 12 déc. 2019, 4:46

Incidemment, Hans Küng disait de l'Église catholique :
Hans Küng :

"... dans nos pays démocratiques, il n'y a guère de grande institution qui traite avec autant de mépris les critiques et les penseurs novateurs de ses propres rangs, aucune ne discrimine autant les femmes - avec les interdits de la contraception, du mariage des prêtres et de l'ordination des femmes. Aucune ne divise autant la société et la politique mondiale par des positions rigoristes et tranchées sur des questions comme l'homosexualité, la recherche sur les cellules souches, l'avortement, l'euthanasie et choses semblables. Et si Rome n'ose plus proclamer en bonne et due forme un dogme infaillible, néanmoins on s'y ceint toujours volontiers de l'aura de l'infaillibilité pour toutes les déclarations doctrinales, comme si les paroles du pape étaient immédiatement l'expression de la volonté de Dieu ou la voix du Christ."
Il écrivait cela dans son Peut-on encore sauver l'Église ? , un livre parut au Seuil en 2012, dans le chapitre intitulé "Une Église malade voire moribonde", p. 45

Le prêtre catholique Hans Küng , "qui n'est plus chrétien", disait de lui le feu cardinal Hans Urs von Balthasar, et qui exige des changements de structures formidables, la destruction complète du système romain, l'acceptation de la Réforme protestante et l'acceptation du système des Lumières, etc. C'est le programme de l'élimination complète de toute distanciation entre l'Église et le monde. C'est la négation de la Contre-réforme catholique du XVIe siècle, l'inacceptation du concile de Trente; et puis, cela, il va le dire lui-même dans son livre. C'est un progressiste et un représentant d'un large courant de pensée très très présent dans l'Église catholique d'Allemagne apparemment.

"Ça va pas bien, ça va pas bien ... "

C'est comme la revue Concilium (nos théologienne féministe, Hans Küng, etc.) vs la revue Communio (ex card. Joseph Ratzinger devenu pape émerite, le cardinal Ouellet, le cardinal Sarah, etc,) Et le pape François dans tout cela resterait du côté de la revue Communio, dirait-on, mais quoique tout en y étant beaucoup plus sensible, lui, que ses prédécesseurs, aux représentations des collaborateurs de la revue Concilium; plus sensible ne voulant pas dire nécessairement qu'il devrait consentir lui-même à tout le programme !

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Re: L'Église en Allemagne

Message non lu par Cinci » ven. 13 déc. 2019, 13:17

Si je pense à Hans Küng ce n'est pas parce que je partage ses idées mais parce que je pense qu'il doit, certainement, représenter une façon de penser, qui illustre de quoi est faite la situation de "crise" dans l'Église catholique. Il est probable que cette "crise" s'exprime avec plus de vivacité en Allemagne qu'ailleurs, bien que le désenchantement puisse aussi faire tache d'huile ailleurs et jusque dans ces pays considérés encore il y a peu comme les derniers bastions du catholicisme, la Pologne, l'Irlande, etc. Nous en subissons directement les effets.

Il écrivait encore :

"... l'Église catholique, cette grande communauté de foi, est gravement malade, elle souffre du système de domination romain qui, malgré toutes les résistances, s'est établi au cours du deuxième millénaire et s'est maintenu jusqu'à nos jours. Il est caractérisé par un monopole du pouvoir et de la vérité, par le juridisme et le cléricalisme, l'hostilité envers la sexualité et les femmes, ainsi que par le recours à la violence spirituelle ou non spirituelle. [...] il est le principal responsable des trois grandes scissions de la chrétienté [...] entre l'Église d'Occident et d'Orient [...] entre catholiques et protestants [...] entre le catholicisme moderne et le monde moderne des Lumières." (p. 11)

et poursuivant

"... la papauté ne doit donc pas être abolie, mais rénovée dans le sens d'un service de Pierre inspiré par la Bible. Mais le système médiéval de la domination romaine doit être aboli. C'est pourquoi ma "destruction" critique est au service de la construction, de la réforme et de la rénovation, dans l'absolu espoir qu'à l'encontre des apparences l'Église catholique restera quand même viable au troisième millénaire." (p. 12)


Küng se présente comme le meilleur ami de l'Église catholique. Il lui veut du bien. Médecin, il lui prescrirait un traitement de choc. Sa critique se veut ègalement impitoyable des pontificats de Jean-Paul II et Benoit XVI. Faut voir ce qu'il en dit.

Voici :

Dès le début, Jean-Paul II se présenta à l'opinion mondiale comme un homme de caractère profondément enraciné dans la foi chrétienne, comme un impressionnant champion de la paix, des droits de l'homme, de la justice sociale et plus tard aussi du dialogue interreligieux - et en même temps aussi comme le champion d'une Église forte. Un homme sans nul doute doté d'un charisme, qui sut de manière remarquable, y compris dans l'aisance avec les médias, satisfaire l'aspiration des masses à un modèle moralement digne de confiance. C'est devenu si rare dans le monde actuel ! Il devint étonnamment vite une superstar des médias, et pour beaucoup dans l'Église catholique avant tout une sorte d'idole vivante. [...] Comme pape, avec son charisme rayonnant et son talent d'acteur gardé intact depuis sa jeunesse, il offrait au Vatican ce que possédera bientôt la Maison-Blanche avec Ronald Reagan : le grand communicateur médiatique qui sait par son charme, son allure sportive et ses gestes symboliques rendre acceptable même la doctrine ou la pratique la plus conservatrice.

Car le changement de climat lié à ce pape se fit d'abord sentir aux prêtres demandant leur retour à l'état laïc (souvent en vain à partir de son arrivée), puis aux théologiens et finalement aux femmes. Quelles étaient dès le début, en dépit de toutes les assurances verbales, les véritables intentions de ce pape, cela devint de plus en plus évident même pour ses admirateurs : le mouvement conciliaire devait être freiné, la réforme ecclésiastique interne stoppée, la franche entente avec les Églises d'Orient, les protestants et les anglicans remplacée par la vieille stratégie de repli, le dialogue avec le monde moderne se faire de nouveau plus par des enseignements et des décrets unilatéraux.

Lors de son pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle, en 1982, il annonça une sorte de reconquista de l'Europe par le christianisme. Cependant, à y regarder de près, sa réévangélisation signifiait plus précisément une "recatholicisation", voire une "reromanisation", et son volubile "oecuménisme" sous-entendait en fait un retour dans l'Église catholique.

Avec raison, beaucoup parlèrent d'une trahison du Concile qui éloignait de l'Église d'innombrables catholiques du monde entier. Au lieu du programme conciliaire, on avait encore et toujours les paroles d'un magistère redevenu autoritaire et conservateur.

- Au lieu de l'aggiornamento dans l'esprit de l'Évangile, c'était de nouveau l'intégralité de la doctrine catholique traditionnelle (encycliques morales rigoristes, catholicisme mondial traditionnel) :

-au lieu de la collégialité du pape avec les évêques, c'était encore un strict centralisme romain qui, pour la nomination des évêques et l'attribution des chaires de théologie, ne tient pas compte des intérêts des Églises locales.
-au lieu de l'ouverture sur le monde, la soi-disant adaptation est mise en cause, déplorée et diabolisée, alors que les formes traditionnelles de la piété (mariolatrie) sont encouragées
-au lieu du dialogue, on a une inquisition renforcée et le refus de la liberté de conscience et d'enseignement dans l'Église

Même les plus modestes desiderata oecuméniques internes au catholicisme, tels ceux des synodes allemands, autrichiens et suisses [...] furent rejetés ou totalement ignorés sans la moindre justification par une Curie autoritaire; et on accepta ce rejet, de plus en plus résigné, même dans les pays germanophones. Manifestement, pour le Vatican le peuple ne compte pas, et un prêtre guère plus, et même un évêque bien peu; seul compte un cardinal, tant qu'il est personna grata auprès du pape.

[...]

Mais cinq années après sa mort, des doutes en lien avec la crise des abus sexuels ont malgré tout fait surface au Vatican : d'abord, trop de personnes se souviennent encore du fait que Hans Hermann Groër, pédophile viennois, successeur du grand cardinal König, fut longtemps couvert par le pape Wojtyla, alors que même la conférence épiscopale d'Autriche a considéré que la culpabilité de Groër était établie. Le pape a aussi beaucoup trop longtemps épargné un autre ami autrichien, l'évêque de Sankt-Pölten, Kurt Krenn : il ne se retira que lorsqu'il fut soumis à une trop forte pression publique à cause d'Informations sur des pratiques homosexuelles des séminaristes et des supérieurs du séminaire. Au mécontentement de beaucouo de catholiques américains, le pape nomma aussi le cardinal Bernard Law, qui avait dû démissionner de son archidiocèse de Boston, à cause du scandale des abus sexuels, archiprêtre de la basilique Sainte-Marie-Majeure, une des quatre principales églises de Rome. Il semble que pour ce pape la fidélité de "vassal" excuse toutes les défaillances et tous les crimes.

Cette indulgence devint manifeste à un point effrayant à propos des scandales dus au fondateur de la Légion du Christ (fondée en 1941) : le prêtre mexicain Marcial Maciel Degollado, un protégé spécial de Jean-Paul II. Ce catholique, ce grand croyant défenseur du célibat, menait un double vie bien camouflée. Il avait des relations intimes avec deux femmes fortunées, Blanca Gutierrez Lara et Norma Hilda Banos, qui donnèrent naissance à trois enfants.

Cela faisait déjà trente ans que les premières accusations contre Maciel étaient arrivées jusqu'à Rome :
1976 : les premières plaintes parviennent au pape Paul VI
1978 : Karol Wojtyla élu pape supprime bien vite la possibilité - mise en place par son prédécesseur - d'obtenir plus facilement la dispense du célibat.
1989 : les évêques américains envoient un canoniste à Rome pour obtenir l'autorisation du retour à l'état laïc des prêtres pédophiles, sans passer par une procédure prore à Rome. Jean-Paul II refuse.

Dans son livre-entretien de 2010, Lumière du monde, l'ancien chef de l'autorité pour la foi, maintenant pape Benoit XVI, reconnaît que les congrégations vaticanes compétentes auraient réagi "très lentement et très tard" au scandale des abus sexuels. Ce n'est pas étonnant, d'autant moins que des photos montrent comment Jean-Paul II, déjà chenu, bénit publiquement Maciel sur le front. Et le 15 mars 2005, sur la place Saint-Pierre, alors qu'il était moribond, de sa fenêtre le pape saluait encore expressément les Légionnaires du Christ (appelés "millionnaires du Christ" au Vatican à cause de leur puissance financière).

Sous Jean-Paul II, les rustiques et combatifs Légionnaires du Christ s'élevèrent, à côté de l'aristocratique Opus Dei, au rang d'une des plus puissantes coteries de l'appareil de la Curie. Les deux sont riches et aident volontiers le pape. Jean-Paul II ne se lassa jamais de les glorifier, eux et leurs semblables, comme le "printemps et l'espoir de l'Église" - bien qu'il connut la réalité des abus sexuels de Maciel sur les enfants.


De Benoit XVI

"... beaucoup de catholiques constatent avec irritation et une tristesse croissante, que Benoit XVI prend toujours plus ses distances avec le Concile sur de nombreux points [...] mais il s'agit aussi de décisions de détails mineurs, de nature concrète ou personnelle, qui montrent que ce pape, qui s'est même rapproché des quatre évêques schismatiques, anticonciliares et antisémites de la Fraternité Saint Pie X, s'est toujours plus éloigné de Vatican II et donc aussi de la communauté des croyants.

L'écart avec Vatican II s'exprime symboliquement dans le vieux ou le nouveau goût du faste et de l'apparat vestimentaire du pape Benoit. Peut-être pense-t-il pouvoir compenser un peu la perte de la splendeur morale interne de la papauté - perte due aux scandales - par une restauration de la splendeur et de la gloire d'antan ? Mais Joseph Ratzinger a toujours eu un penchant pour le baroque et une nostalgie de l'ancienne liturgie. Il porte de nouveau volontiers, avec des chaussures modernes de couleur rouge, une courte cape de velours rouge garnie d'hermine et bordée de soie (mozette), datant du XIIIe siècle. Il a fait sortir des entrepôts du Vatican la mitre garnie de pierres précieuses que Pie IX avait portée à l'ouverture de Vatican I, mais aussi le trône princier fastueusement ouvragé du successeur de ce dernier, Léon XIII, et une lourde crosse en or.

Au Vatican, beaucoup exultent de ce que, grâce au nouveau maître des cérémonies pontificales, des coutumes préconciliaires soient réintroduites : six cierges immenses garnissent l'autel du pape, les messes pontificales solennelles sont nanties de célébrants adjoints, deux cardinaux diacre portant la mitre.

On pourrait sourire de voir ce pape se présenter au monde dans des habits raffinés toujours nouveaux et avec des mitres richement brodées : un faste et un attirail d'antan, qui inciteront peut-être certains évêques à faire de même. Mais qu'un pape allemand, après avoir déjà célébré le mercredi des cendres 2008 dans des vêtements du pape Borghèse (Paul V), ait en outre fait confectionner trente nouveaux vêtements liturgiques selon le design du pape Medicis (Léon X, 1513-1521), qui condamna Luther et ne vit pas venir le Réforme est plus qu'une fantaisie en faveur de la mode traditionaliste. Face à cet onéreux manque de tact envers les protestants et à cette indélicatesse envers les catholiques de tendance réformiste, on peut rester dubitatif.

Mais plus graves que les incartades de style et les régressions liturgiques (par exemple le retour de la communion dans la bouche et non dans la main), il y a les constantes nominations à des sièges épiscopaux ou aux postes décisifs de la Curie, de personnes peu favorables ou même hostile au Concile. Là aussi, juste un exemple : en octobre 2010, Benoit a nommé préfet de l'importante Congrégation pour le clergé [...] Mauro Piacenza [...] Piacenza s'oppose à toute discussion sur l'obligation du célibat des prêtres, c'est un adversaire de la langue vernaculaire dans la liturgie et de la célébration de l'eucharistie face à l'assemblée. Dans l'Osservatore Romano, il en appelle, sous toutes les formes, à une "réforme de la réforme" et défend, comme Joseph Ratzinger, une herméneutique de la continuité. (p. 191)

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Re: L'Église en Allemagne

Message non lu par Cinci » ven. 13 déc. 2019, 13:37

Hans Küng est en faveur d'une ordination des femmes à la prêtrise.

Il écrit :

"... les femmes n'acceptent plus la façon dont l'Église les traite concrètement. De nos jours, elles refusent d'être dégradées en devenant l'objet d'ordres, d'interdits, de règles et de rôles décidés par les hommes."

Pour ajouter

"Le critères les plus importants dans l'Église ne doivent plus être le sexe masculin et l'approbation opportuniste ou conformiste du statu quo. Nous devrions plutôt composer sérieusement avec le fait qu'il existe des capacités, des vocations et des charismes divers qui, dans l'Église, contribuent à créer une communauté ou femmes et hommes sont égaux. [...] Il n'y a pas de raisons théologiques sérieuses qui s'opposent à l'accès des femmes au presbyterat. [...] Jésus et la primitive Église étaient, par leur haute estime des femmes, en avance sur leur temps, et l'Église catholique ne peut désormais plus empêcher l'ordination; elle est largement à la traîne de son époque et des autres Églises chrétiennes (p. 220)

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Re: L'Église en Allemagne

Message non lu par Gaudens » sam. 14 déc. 2019, 14:58

Hans Küng est un (in)digne représentant de ces théologiens totalement inattentifs aux justification théologiques de la doctrine traditionnelle de l'Eglise : à leurs yeux ces arguments n'existent tout simplement pas (que le Christ ait été un homme,etc...) et ils retournent même les constatations historiques en faveur de leurs propres positions:que Jésus ait accepté des femmes dans le groupe de ses disciples était bien une nouveauté pour la société juive de son temps mais justement Il n'a pas poussé cette nouveauté jusqu'à faire de ces saintes et belles figures de femmes l'équivalent des prêtresses de nombreux secteurs de l'Antiquité non juive. S'Il l'avait voulu, n'aurait-Il pu le faire ?Mais non, Il était en avance en son temps,soyons le dans le nôtre...
Et identiquement, ces théologiens (tous de l'hémisphère occidental "riche") ne voient que leur propre monde.Quand Küng reproche à l'Eglise "d'être à la traine de toutes les autres Eglises chrétiennes",que fait-il de celles qui,plus que toute autre communauté chrétienne mérite ce nom:les Eglises orthodoxes ,qu'elles soient chalcédoniennes ou adeptes des "Deux" ou "Trois conciles" (dites orthodoxes orientales) ? Et après cela,les mêmes accuseront l'Eglise catholique d'être néo-colonialiste, occidentalo-centrée,etc... !

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Correction fraternelle venant de l'Ukraine

Message non lu par Altior » mer. 12 févr. 2020, 7:54

Les évêques de rite latin d'Ukraïne ont envoyé une correction fraternelle envers leurs homologues de l'Allemagne en les alertant sur leurs positions concernant les homosexuels, lesbiennes et tutti quanti, tout comme leur attitude concernant la loi naturelle dans le cadre du récent «chemin synodal», qui seraient des «menaces pour les fidèle d'Ukraine».
En anglais, détails ici.

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Re: L'Église en Allemagne

Message non lu par Cinci » dim. 16 févr. 2020, 2:54

Le cardinal Marx ne sera pas de retour pour un autre mandat :

https://www.facebook.com/www.diakonos.b ... 23/?type=3


:clap: :nonne: :kasi: :kasi: :ola: :ola:

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