Effectivement , on peut se poser la question. Probablement, un certain nombre de personnes n'en ont rien à faire, ne se posent pas la question du sens de la vie. Peut-être est-ce du au confort dans nos sociétés. Il semble que le peuple haitien, l'un des plus pauvres du monde soit aussi le plus fervent. Peut-être un certain niveau de "galère" encourage la foi, le besoin de croire en plus grand que soi pour espérer et tenir le coup. Peut-être le confort anesthésie un certain sens spirituel… Nous somme d'ailleurs un certain nombre sur ce forum à avoir témoigné de drames personnels qui ont été le creuset de notre foi en Dieu. La galère comme creuset de Dieu ? A méditer...Suliko a écrit : ↑ven. 27 déc. 2019, 22:22Alors ma question est : pourquoi les catholiques persévèrent-ils à penser que cette quête de véritable sens est bien réelle et massive ? Il me semble plutôt que la simple notion d'un Dieu révélant des vérités éternelles, des normes morales absolues et des dogmes immuables, est tout simplement inaudible. Totalement inaudible ! Je ne constate pas des gens assoiffés de sens, à la recherche du Vrai... Suis-je trop pessimiste ?
Ceux qui cherchent un sens à leur vie ont tendance à se tourner vers la méditation, le bouddhisme, les stages de développement personnel… Pour fréquenter le milieu du développement personnel, je peux témoigner que la recherche de sens y est profonde et sincère tout en étant tourné vers le soi : ma vie, mon œuvre, mon déploiement. Ce n'est pas négatif, apprendre à s'aimer et à se comprendre est une bonne chose et c'est peut-être une séquelle des erreurs d'une ancienne catéchèse catholique centrée sur la culpabilité qui apprenait plutôt à se hair (d'après ce que m'a raconté ma mère…)
Ce n'est pas négatif mais on y retrouve la culture du bien-être… Quelle ouverture à Dieu, au fait d'être aimé par Dieu, par plus grand que soi qui appelle au dépassement de soi ? Là, c'est le mystère propre à chacun. Certains par cette voie découvrent le Christ, d'autres, pour la plupart demeurent hermétiques à ce dont témoigne l'Eglise, dont ils ne perçoivent actuellement que les scandale et habituellement, la rigidité apparente. L'Eglise sait elle bien communiquer le trésor qu'elle porte en ses flans ? Et nous, comment témoignons-nous par nos mots et par nos actes ? Par notre manière d'écouter et d'être présents aux autres ?
Deux choses me semble-t-il sont au cœur de l'Evangile : nous sommes aimés avec passion par Un Dieu Père qui nous aime, nous entend, nous comprend, nous pardonne, nous sauve, nous donne Sa Vie en abondance. (Le Pape François en a parlé dans son message de Noel : "quelques soient nos ténèbres, la Lumière du Christ est plus forte").
Et la deuxième chose : "l'option préférentielle pour les pauvres" : l'obsession du regard et de l'attention au plus petit, au plus pauvre. l'attention du bon samaritain.
Nous Chrétiens, comment témoignons de cette certitude de nous sentir aimés ainsi et de notre attention aux plus petits? Et d'ailleurs, sommes nous vraiment certains d'être ainsi aimés et sommes nous vraiment attentifs, en clair, avons nous vraiment la Foi ?
Sommes nous suffisamment conscient de note pitoyable tiédeur? Et que faisons nous pour y remédier ?
La question est brûlante.
A titre personnel, j'entends les mots du Pape comme des discours d'une très grande force spirituelle qui me nourrissent beaucoup et m'interpellent. Je trouve qu'il a une foi de titan, une force tranquille habitée par une Force qui vient de plus grand que lui….Suliko a écrit : ↑ven. 27 déc. 2019, 22:22Quant à l'Eglise-institution (François, etc...), elle ne m'inspire pas la moindre confiance. Je sais que c'est un sujet tabou sur le forum, qui considère Vatican II comme intouchable, mais suis-je la seule à juger François hérétique et indigne de son siège ? Ce pontificat m'est tout simplement insupportable. Je me considère comme ayant toujours été relativement lucide sur l'ampleur de la crise de l'Eglise et ses origines, mais j'avoue qu'il y a encore quelques années, je pensais que l'Eglise continuerait sans doute lentement à s'effondrer (sauf miracle), mais pas qu'on aurait un pape aussi pressé de liquider ce qui restait encore de dignité à l'Eglise... C'est pour moi un scandale perpétuel, si bien que j'évite désormais de suivre ce qui se passe à Rome. Je n'ai pourtant pas pu éviter d'être informée de certaines affaires récentes (la Pachamama essentiellement).
Le Pape François fustige notre "culture du bien-être" : chercher son petit confort en toute chose, organiser sa petite vie, ses petites vacances, traiter sa petite cellulite, ses rides, dramatiser et s'appesantir sur ses petits conflits … en ignorant souverainement la détresse de celui qui souffre à côté. Ce que François appelle aussi "la mondialisation de l'indifférence" ou encore l'épidémie des "consciences anesthésiées" : ne penser qu'à son bien-être et s'habituer à la souffrance d'autrui. S'il s'intéresse tant au sort des migrants, (il a rappelé dans son message de Noel le sort terrible qui leur est fait en zone d'esclavage en Lybie), c'est parce que ces gens ont tout perdu, qu'ils sont les plus pauvres parmi les plus pauvres.
Je ne vois pas vraiment pas de différences entre ce que dit le Pape François et ce que dit Jésus de Nazareth, dont la carrière de prophète devait elle aussi susciter nombre d'exaspérations parmi ses correligionnaires Juifs, à commencer par ses proches, partis en masse lorsqu'il a commencé à parler de "qui ne mange pas ma chair n'aura pas la vie éternelle". Jésus a fait scandale en trainant avec des Publicains et des prostituées, en donnant en exemple des étrangers ("un samaritain") au dépends de bon croyants Juifs, en fustigeant le pouvoir des puissants et leur capacité de nuisance et d'oppression sur les plus faibles, en transgressant certaines règles ou du moins la manière de les appliquer (le shabbat), il s'est mis à dos beaucoup de gens, certainement un certain nombre de gens biens et sincères… et il en est passé par la condamnation et la mort.
Le pape François est sur ses traces, avec ses défauts et sa nature de pécheur bien sur, il n'est pas le Christ sans péché, mais il est habité par Lui et Ses préoccupations, son souci intime de toute âme et de toute vie. Son Obsession de l'attention à celui qui souffre, le cœur du cœur du Christianisme.
En confession un prêtre m'en a parlé : "j'ai vraiment compris l'opposition farouche qu'a subi le Christ en analysant l'opposition farouche que subit notre Saint-Père".
Moi, je réponds oui, c'est possible.
En Christ,
Samaritaine