L’adelphopoïésis

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Nebularis
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L’adelphopoïésis

Message non lu par Nebularis » lun. 30 mars 2020, 0:29

Chers amis,

je découvre aujourd’hui l’existence de l’adelphopoïésis (ou adelphopoïa).

Je cite l’article Wikipédia :
« L’adelphopoiia ou adelphopoiesis du grec ἀδελφοποίησις, dérivé de ἀδελφός (adelphos) « frère » et de ποιέω (poieō) « faire ou créer », la transcription littérale est « faire frère » et implique l'adoption comme frère ou sœur d'une personne étrangère à sa famille ou une cérémonie de tradition chrétienne d’union entre deux personnes de même sexe. Avant tout, l’adelphopoiia est considérée comme une relation spirituelle entre deux personnes, créée par des prières, un rituel et un banquet. Elle était pratiquée dans l’Empire romain d’Orient et aurait aussi été pratiquée en Occident sous d’autres formes ou appellations. Elle pouvait aussi servir à confirmer une amitié ou l’obligation d'aide et de soutien mutuel entre deux personnes unies par un tel serment. Enfin, elle pouvait servir à constituer une clientèle. De telles unions ont été approuvées pendant un certain temps, puis réprouvées par l’Église chrétienne orthodoxe. Le point important à retenir est qu'elles permettaient le rapprochement de deux êtres par une volonté commune de procéder à une cérémonie sanctifiée, devant témoin. »
Jusque-là, rien de bien surprenant.
Les choses se corsent un peu par la suite :
« Le rituel de l’adelphopoiia a gagné l'attention du public en Occident après que l'historien John Boswell a publié son livre « Les unions du même sexe dans l'Europe antique et médiévale » car son livre soulève l’hypothèse controversée que la cérémonie de l’adelphopoiia aurait eu pour but d'unir deux personnes de même sexe dans une union de type maritale, sans pourtant être considérée par la loi comme une union maritale.

(...)

La thèse de Boswell suggère donc un parallèle potentiel aux constructions modernes de l'identité sexuelle, bien que les rites de l’adelphopoiia mettent explicitement en évidence la nature spirituelle de l'union et ne laissent que suggérer la nature plus profonde et érotico-romantique de cette union. »
Bien entendu, cette thèse est vigoureusement contestée par l’Église :
« L'œuvre de Boswell a également été contestée par la communauté religieuse particulièrement par l'Église orthodoxe grecque, qui considérait le travail de Boswell comme une appropriation culturelle américaine moderne de cette tradition. L’Église orthodoxe grecque traduit la cérémonie de l’adelphopoiesis comme une « fraternisation » ou « faire frère », impliquant une amitié chaste et excluant toute proximité sexuelle dans l’union spirituelle que forme ce rite. »
Bref, c’est surtout ce dernier passage (que j’ai mis en gras) que je retiendrais.

Eh bien, qu’en pensez-vous, amis catholiques ?

Ne serait-ce pas un beau moyen de redorer le blason de l’amitié en ces temps de solitude généralisée et d’individualisme effréné ?

Plus largement, et sans entrer dans la polémique LGBT, pourrait-on, en ressuscitant cette « fraternisation spirituelle » sous la forme indiquée ci-dessus, réconcilier certains chrétiens avec l’Église, je pense notamment aux nombreux enfants de la modernité qui trouvent que la condamnation de l’homosexualité manque de charité, qu’elle est trop dure et « anachronique » ?
Ne serait-ce pas un moyen, pour ces mêmes homosexuels ayant tourné le dos à l’Église, d’y revenir — sous le signe de la philia plutôt que de l’éros ?

cmoi
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Re: L’adelphopoïésis

Message non lu par cmoi » lun. 30 mars 2020, 5:33

Pour dire vrai, je crains que ce soit là dans ce que vous proposez, l'extension possible, ne serait-ce qu'en raison du fantasme, qui fit que cette pratique fut condamnée.
Mais j'ai été très intéressé par ce que vous m'apprenez-là, ce statut officiel donné à une amitié spirituelle qui ne concernait pas nécessairement deux personnes du même sexe.
Je reste néanmoins sur ma position qu'il n'est pas bon que le civil se mêle des sentiments qui relèvent davantage du spirituel, même si dans une société idéale ce serait nécessairement le cas, et par conséquent, dans la mesure où ce que vous proposez serait une sorte de pacte civil de solidarité mais "à blanc", concernant tout ce qu'une relation peut contenir de sexuel (ce qui n'exclut pas des signes d'affection passant par le toucher), je dirai : pourquoi pas ! .

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