Ombiace a écrit : ↑mar. 12 oct. 2021, 3:02
Il n'y a que Nicolas pour réagir à ma proposition?
Non, je vais le faire aussi. Elle m'avait fort séduit, mais je ne l'avais pas comprise comme devant réglementer la relation prêtre/enfant, mais les débats médiatiques sur le sujet.
Je pense que nous sommes tous trop impatients mais que c'est normal. La réglementation de la relation prêtre/enfant risque bien de venir en dernier ou presque, c'est regrettable mais d 'un autre côté, elle ne sera ainsi pas touchée par tout ce qui pourrait blesser les victimes antérieures, en espérant qu'elle sera juste.
Elle serait prioritaire, c'est vrai, et je pense que dans l'urgence il y a sûrement eu déjà des instructions provisoires mais dans une crispation.
Il y a plusieurs sujets distincts à discerner :
- 1 l'indemnisation individuelle et le soin/accompagnement à donner aux victimes du passé,
2 la réparation publique et communautaire,
3 un protocole sécuritaire pour l'avenir,
4 une prise en compte théologique à développer et promouvoir pour un vrai renouveau sur des bases plus précises et plus saines.
Je suis d'accord avec Nicolas sur ses remarques, et oui, cet évêque s'est fait avoir comme un bleu. Il aurait dû indiquer qu'une modification des règles concernant le secret de confession ne pouvait être prise en compte que par le pape, qu'elle dépendrait bien de préoccupations pénitentielles mais non sans y faire intervenir la vie spirituelle, rappeler qu'une confession c'est une conversation secrète et privée avec Dieu dont le prêtre n'est pas un témoin civil mais un représentant, et que sans elle la chose ne se serait sinon jamais sue. Que la préoccupation de l'Eglise est aussi de mettre les victimes potentielles hors de danger et que cela fait partie de la mission de l'Eglise avec une exigence qui va bien au-delà des préoccupations et des moyens civils.
Là encore Altior, je pourrai dire que votre réaction est typiquement tradi, croyez cependant que je la comprends fort bien et la partage.
Mais il y a une ouverture que j'ai déjà évoquée et elle s'appuie sur le fait que la victime est évidemment déjà au courant, et que la "pénitence" normalement dans un cas pareil suppose réparation vis à vis de la victime quand c'est possible.
Or dans un cas pareil, ce n'est pas possible mais obligatoire car si elle s'est enfermée dans le secret, c'est déjà 50% ou 30% de sa délivrance que le mal soit reconnu, qu'elle sache comment son prédateur vit l'acte qu'il a commis et peut-être comprenne pourquoi, sente en tout cas sa « fragilité », soit à cause de son déni, soit à cause de son repentir, soit à cause d’autre chose dont plus qu’un autre il sera ultra-réceptif.
Cela ouvre la possibilité de poursuivre le processus de soin/guérison ainsi initié (je ne répéterai pas tout ce que j’ai déjà exposé en condensé).
En plus, dans le cas d'un clerc ou d'un laïc catho, (j'insiste car je crois qu'on ne peut y penser sans avoir été la victime !) la victime ne peut que supposer que l’acte sera évoqué en confession, et se sentir bernée si elle ne sera pas approchée, soutenue, soignée.
Cela renforcerait alors son mal et lui donnerait des pensées anti-religieuses fort légitimes.
Elle aura généralement été menacée ou sous emprise pour ne pas « dénoncer » et de toute façon, ce n’est pas à priori le rôle d’une confession la sienne.
La problématique du secret de confession ne joue normalement que si c’est le prédateur qui en parle, une victime ne peut que consentir à le lever au cas où elle s’y confierait, sinon c’est la question de son choix de porter plainte ou non quand/comme elle est mineure, c’est du ressort des parents.
Il est aussi possible d’envisager l’ignorance de la victime, voire qu’elle ne pense pas à un péché, mais alors la nécessité de la tenir informée renforce le besoin !
On peut bien sûr imaginer les conditions de cette levée (quand il s’agit du prédateur) : par exemple, que ce soit une partie de sa pénitence : devoir appeler sa victime devant son confesseur à lui (car je peux témoigner du mensonge possible sinon sur ce qu’il aura réellement fait, allant jusqu’à manipuler la victime pour qu’elle témoigne à faux qu’il a bien fait le nécessaire) et que ce dernier « assiste » pour le moins à leur entretien et puisse « assister » la victime, associée au secret de la confession.
Ces prédateurs ne seront empêchés de récidive que si déjà on les oblige à reconnaître ce qu’ils ont fait, et ce ne sera pas encore gagné. C’est donc une nécessité même pour son salut et son progrès spirituel !
Je ne vois rien qui empêcherait que le « protocole » ainsi mis en place soit rendu public, au contraire !
Et depuis le temps (plusieurs années) que nous savons ce qu’il en est de ces agressions, je ne comprends pas (je rejoins Ombiace) que cela n’ait pas déjà été réfléchi, pensé, mis en place ! Cela aussi est en soi un scandale et en fait grandement partie dans la mesure où il n’est pas tant dû à l’acte de prédation, qui en est un autre, mais à la « passivité » de l’Eglise dont cela devrait être la préoccupation première…
Au fond Ombiace vous avez raison, ce protocole devrait être la première étape et non la dernière.
L’intervention de Mr Devaux (lors de la remise du rapport) a bien dénoncé ce phénomène-là par des exemples et je le comprends et j’y ressens beaucoup de sincérité, un désir altruiste de dépasser le cas personnel.
- Je suis pour ma part fort attaché aussi au 4 ème point : l’impact théologique.
J’ai peur de me sentir berné par le second,
et quant au premier j’aimerai qu’il me touche et me surprenne mais j’appréhende et me prépare au contraire.
Altior, je voudrais attirer votre attention sur le fait qu’un homosexuel n’est souvent pas (ou plus, car quand c’était condamné par la loi c’était plus envisageable) un violeur, tandis qu’un pédophile dans le meilleur des cas n’obtient un consentement que pour quelque chose qui est ignoré et qui ne sera « connu » (donc consentement réellement possible seulement alors) qu’après la fin de la puberté. C’est d’ailleurs une partie de l’attrait que cela lui représente que cette innocence qu’il va bafouer, salir. Accepteriez-vous que l’on minimise ainsi et relativise un acte dont vous auriez été la victime ? Que l’on traite (pour essayer une comparaison) le meurtrier de votre fille outragée comme un simple pratiquant de boxe ayant dérapé dans son envie de démontrer sa capacité ?
N’oublions pas enfin que c’est grâce à la sanction civile que les victimes ont pu obtenir de l’Eglise une certaine reconnaissance de la gravité du péché commis, et cela aussi est scandaleux et mérite que les autorités civiles en soient bien traitées et remerciées…
C’est à cause de ces multiples scandales que j’ai du mal à adhérer à l’idée qu’il faut protéger l’Eglise de ses détracteurs, car/quand ces détracteurs ont raison. En revanche, qu’il faille sévèrement sanctionner (d’un point de vue religieux) les personnes qui, du sein de l’Eglise, entendent en profiter pour lui imposer en connaissance de cause à cette Eglise des voies théologiquement incorrectes à partir de la vox populi, bien sûr ! Et leur cas devrait être examiné pour un procès religieux à Rome et publiquement annoncé.
L’Eglise n’a pas à rougir de prendre maintenant les choses en main comme elle l’aurait dû depuis longtemps. Elle doit aussi reconnaître son péché et c’est déjà fait, mais le faire « bien », la tête haute puisqu’elle s’en relève. Sinon elle rechutera…
Pardon d'avoir été long, mais j'ai fait plusieurs posts en un !