Je crois au contraire qu'elle a bien d'autres chats à fouetter pour annoncer l'Evangile à ses contemporains.
Mais justement, qu'est-ce qu'elle a de commune, et à qui ?
Ce que, nous Chrétiens, avons en commun, c'est le kérygme résumé dans le Je crois en Dieu (Credo ). Comment dire ce à quoi l'on croit dans une langue qu'on ne comprend pas et que l'on ne peut pas partager avec notre voisin ? Personnellement, cela ne me gêne pas de dire le Credo en latin, puisque j'ai appris le latin au collège, que j'ai plutôt bonne mémoire, et que je l'ai dit assez de fois pour savoir ce que je dis, tout comme je connais Pater et Ave en Anglais, en Allemand et en Italien, tant je l'ai dit de fois avec mes frères pèlerins à Lourdes. Mais quand je dois échanger sur ma foi avec mes enfants, et maintenant mes petits-enfants, je ne vais commencer par leur imposer vocabulaire, syntaxe et déclinaisons latines pour leur apprendre à prier ! Si mes enfants connaissent et partagent le Credo, et bien d'autres choses encore, c'est parce qu'il est dans une langue compréhensible pour eux. S'ils fréquentent aujourd'hui la messe, c'est parce qu'elle leur parle de Dieu dans leur langue et donc dans leur vie. Et maintenant qu'ils deviennent les uns après les autres parents, ils font de même avec leurs enfants, mes petits-enfants. N'est-ce pas là la transmission de la foi à laquelle nous sommes tous appelés par notre baptême ?
Le raisonnement est le même pour aller annoncer l'Evangile dans le quartier HLM voisin en déshérence, comme nous y invite l'équipe d'un prêtre et de deux laïcs envoyée récemment en mission dans ce quartier par notre évêque. Il nous faut parler le même langage que ceux que nous rencontrons ou que nous rencontrerons. Et je ne parle pas ici d'apprendre le Wolof ou le Syriaque, mais bien de partager leurs joies et leurs espoirs, leurs tristesses et leurs angoisses, car cela nous l'avons en commun, infiniment plus que le latin.