ChristianK,
Vous écrivez :
Certes mais il faut tenir compte de tous les facteurs. D'a une certaine relativité, car les travailleurs de 2018 sont 2-4 fois plus riches qu'en 1950. Ensuite le protectionnisme abord avantagé les pays riches et le libre échange a fait démarrer les pays pauvres, où l'extrême misère a spectaculairement reculé en 30 ans.
Non, ce que vous dite n'est pas vrai.
Vous parlez en l'air.
Les humbles travailleurs d'aujourd'hui gagneraient 4 fois plus que ceux de 1950 toutes proportions gardées ? leur niveau de vie serait 4 fois meilleur ?
États-Unis :
" ... adoptée en 1948, la loi Taft-Hartley, qui reste la législation qui a le plus nui au mouvement syndical, est un pur produit de l'hystérie anticommuniste.
Au moment de son entrée en vigueur, environ 50% des travailleurs américains appartenaient à un syndicat; de nos jours, les syndiqués ne représentent plus que 12% de la main-d'oeuvre. [...] Toujours en vigueur aujourd'hui, la loi Taft-Hartley a prohibé les grèves de juridiction, les grèves politiques et les boycottages secondaires (grèves contre les employeurs qui persistaient à entretenir des relations d'affaires avec une firme dont les travailleurs sont en grève). La loi a prohibé le piquetage sur les terrains de l'employeur et a interdit aux syndicats de contribuer aux campagnes électorales fédérales. Elle a permis au gouvernement fédéral d'obtenir des tribunaux des injonctions visant à mettre fin à une grève imminente ou effective s'il juge qu'elle menace "la santé ou la sécurité" de la population. La loi Taft-Hartley a démobilisé le mouvement ouvrier en limitant sa capacité de s'organiser et à mener des grèves, et en purgeant les syndicats de leurs derniers effectifs militants, Elle a anéanti le pouvoir de riposte des travailleurs contre l'État-entreprise."
Source : C. Hedges,
La mort de l'élite progressiste,Lux éditeur, 2012, p. 142
Le rêve américain en panne. Avec les inégalités à des niveaux records aux États-Unis, la classe moyenne périclite
"... la banque alimentaire d'urgence, comme ils l'appellent, est ouverte depuis 2011 et est attenante à un énorme bâtiment moderne où travaillent 200 personnes à temps plein et jusqu'à 1000 volontaires par jour. "
Au cours des quatre dernières années, il y a eu un changement profond dans notre clientèle, explique Terence Franklin, directeur des services de la Houston Food Bank. Avant, les bénéficiaires étaient surtout des sans-emploi ou des gens vivant sous le seuil de la pauvreté, puis les familles de la classe moyenne ont commencé à nécessiter de l'aide. [...] selon les statistiques, les deux tiers des familles avec enfant admissibles à leur aide ont au moins un parent qui travaille".
[...]
M, Merrow travaille 37,5 heures par semaine chez Goodwill Industries. En bon Houstonien, il a longtemps possédé deux voitures, mais il a dû se départir de l'une d'entre elles il y a deux ans. "Je fais tout, tout, tout pour économiser, dit-il. C'était tellement plus simple avant. On pouvait se débrouiller avec un petit salaire et une ou deux combines. Je ne vois pas comment c'est possible aujourd'hui. Quand je reçois la première de mes deux payes mensuelles, il ne me reste que 15$ après avoir payé le loyer. Et je reste dans un petit appartement tout ce qu'il y a de modeste !" assure-t-il.
Source : Le Devoir, les samedi 18 et dimanche 19 octobre 2014
Québec :
Plus rien n'arrête la montée des inégalités. Même une forte présence syndicale n'est plus un frein, constate une étude de l'IRIS
"Les syndicats ne parviennent plus à faire contrepoids à la montée des inégalités de marché même au Québec, où ils sont pourtant encore relativement bien présents, rapporte l'Institut de recherche et d'information socio-économique. Les tendances suivies par les revenus du 1% des Québécois les plus riches et de la moitié de leurs concitoyens les pauvres ont suivi deux trajectoires complètement différentes depuis trente ans [...] Le petit groupe très sélect des uns a vu sa part totale passer de 6,8 % à 10'5 % alors que la part du gâteau des 50% des Québécois les plus pauvres baissaient de 13% à 10,5 %.
L'accroissement des inégalités de revenus entre les plus riches et le reste de la population s'observe un peu partout dans les pays développés.
Le fossé grandissant des revenus s'explique par un ensemble de facteurs, dont la mondialisation et la mise en concurrence des travailleurs des pays les plus riches avec la main d'oeuvre à meilleur marché des pays en développement. Les innovations technologiques, notamment en matière informatique, ont aussi provoqué des bouleversements qui ont bien servi ceux qui les maîtrisent le mieux, mais qui en ont desservi d'autres.
La majorité des travailleurs sont également victimes de la "financiarisation de l'économie". Autrefois, l'augmentation de leur salaire était perçue comme un moyen d'amener de l'eau au moulin de la consommation et de la croissance économique, alors qu'aujourd'hui les salaires ne sont vus que comme un coût qu'il faut contenir autant que possible pour générer un maximum de profits et de rendements pour les actionnaires. "
Source : Le Devoir, le mercredi 27 août 2014
Voyez donc :
... majorité des travailleurs ... victimes de la financiarisation ... aujourd'hui les salaires ne sont vus que comme un coût qu'il faut contenir autant que possible
"[...] car les travailleurs de 2018 sont 2-4 fois plus riches qu'en 1950".
- Vous dites ?
Mais bien sûr que non. Oh que non ! L'accroissement réel du niveau de vie des travailleurs, mais c'est dans l'immédiat après-guerre qu'il a eu lieu et dans le courant des "Trente glorieuses", en France.
Depuis Thatcher en Angleterre, Reagan aux États-unis, Mitterrand en France et la conversion des socialistes aux valeurs de la droite conservatrice et financière : c'est la contraction du niveau de vie qui prévaut pour un très grand nombre de citoyens. C'est le recul au milieu d'une abondance pourtant palpable (... l'explosion d'un marché de luxe, des étals plus fournis que jamais, la démultiplication des grands restaurants pour satisfaire les palais les plus fins, etc.)
Les riches et les entreprises payaient beaucoup plus d'impôts en 1950 qu'ils peuvent en payer aujourd'hui. J'ai déjà vu des études là-dessus. Reagan a tout fait pour détaxer les riches avec sa théorie du ruissellement. En contrepartie, ce sont les (modestes) salariés qui auront vu la part de leurs prélèvements être haussés de différentes manières. Et, d'ailleurs, c'est exactement cela qui aura constitué l'élément déclencheur de la crise des gilets jaunes : cette idée de vouloir faire payer davantage les pauvres et de dédouaner les "gros" pour reprendre un vocable digne de Léon Bloy.
Le phénomène Trump aux États-Unis s'explique par tout ce qui est dit ici, c'est à dire par la dégradation relative du niveau de vie des travailleurs, une inquiétude plus élevée parmi la classe moyenne, la hausse du sentiment que les grands mandarins et technocrates de l'appareil gouvernemental ne roule pas pour les honnêtes citoyens, les petits salariés. Trump ne s'explique pas par le fait que les ouvriers seraient devenus des gens cossus, des gens bien plus capables qu'auparavant de mener la grande vie. Non, c'est l'inverse !