Bonjour Cinci,
L'enquête commanditée par l'Arche a été réalisée par GCPS et deux historiens, Michel Fourcade et Antoine Mourges.
GCPS aide les organismes à mettre en place des procédures pour protéger les enfants et les personnes vulnérables dont ils ont la charge des abus sexuels dont ils pourraient être victimes :
https://gcps.consulting/about/
Ce sont eux qui ont mené l'enquête et interrogé les femmes qui ont été victimes de Jean Vanier. Ils ont clairement une expertise dans le domaine des abus sexuels.
Michel Fourcade et Antoine Mourges ont réalisé le travail sur les archives des dominicains. Michel Fourcade est maître de conférences à Montpellier III, spécialisé dans l'histoire religieuse contemporaine.
Vous avez raison, ces gens-là sont des incompétents.
Anne-Sophie Constant, Docteur et agrégée de lettres classiques, est spécialiste de poésie contemporaine. Son ouvrage date de 2014 alors que le 1er témoignage mettant en cause directement Jean Vanier date de 2016.
Votre argument ne tient pas parce que la chronologie ne correspond pas. Je ne mets pas en doute l'honnêteté de Mme Constant mais elle n'a aucune qualification nécessaire à ce travail d'enquête.
En 2016, les responsables de L’Arche Internationale ont reçu le témoignage d’une femme mettant en cause le comportement de Jean Vanier à son égard dans les années 70. Ce témoignage a fait l’objet d’un examen approfondi. De son côté, tout en reconnaissant l’existence de cette relation, Jean Vanier a déclaré qu’il croyait qu’elle avait été « réciproque ». Rapport p.2
Le contenu des archives consultées par Antoine Mourges a été confirmé par la Congrégation pour le doctrine de la Foi (anciennement Saint-Office, anciennement Inquisition)
Dans ses réponses transmises le 7 décembre 2019, la Congrégation pour la doctrine de la foi au Vatican (auparavant le Saint-Office, dont les archives concernant le procès du père Thomas Philippe ne sont pas encore accessibles à la recherche) a confirmé ou complété certains éléments contenus dans les archives étudiées. p.4
Là encore, des gens à qui on accordera peu de caution…
La réalité, cher Cinci, est que l'enquête a été confiée à des personnes dont la rigueur et l'expertise, dans différents domaines, est indiscutable et que leurs conclusions ont été vérifiées, croisées et confirmées.
Je trouve assez suspect ces histoires de dénonciations tardives. Cette idée d'attendre cinquante ans avant de nous sortir le crime dont un moribond aurait dû s'être rendu coupable, le moribond ou le défunt.
Non, elles ne sont pas suspectes, elles sont caractéristiques. On doit porter ceci au crédit des mouvement "Me too" et "Balance ton porc" : avoir attiré l'attention sur le psychotraumatisme spécifique des personnes victimes de violences sexuelles. Les travaux de Muriel Salmona, psychiatre, sont d'une valeur inestimable, comme ceux de Lise Poirier-Courbet, citée plus haut.
Des travaux plus récents sur le stress post-traumatique, dans le sillage malheureusement des attentats terroristes ou de la dénonciation de crimes sexuels, ont permis d'établir qu'une femme victime de viol à 80% de chances de développer un SPT, qu'elle va développer une série de pathologies physiques ou des addictions qui sont la conséquence directe du traumatisme subi lors de l'agression. Ce sont autant de preuves de la réalité de l'agression.
https://www.youtube.com/watch?v=z0RUUrDAac4
https://www.youtube.com/watch?v=AfQ99CTpBLw
https://www.youtube.com/watch?v=luBVHbzJg_Q
6 femmes ont donné leur témoignage écrit. 5 ont accepté de répondre aux questions des enquêteurs. Mon amie m'a expliqué pourquoi elle aussi, se tait et continuera à se taire :
elle a peur de l'homme qui l'a agressée.
Elle sait aussi que les plaintes pour viol sont 9 fois sur 10 classées sans suite et que si une procédure est engagée, elle sera traînée dans la boue par un homme qui ne reconnaîtra jamais ce qu'il lui a fait, avec des arguments de la même eau que ceux que vous développez "dénonciation tardive", "et pourquoi elle n'a pas porté plainte de suite" "mais elle était consentante et finalement, elle se ravise". Voyez l'axe de défense développée par Donna Rotuno au procès Weinstein, un florilège de la mythologie du viol !
Avec tous ce que les victimes doivent affronter pour retrouver un semblant de vie normale, elles s'imposent le silence pour se protéger. C'est ce qu'écrit Sr Véronique Margron, qui sait de quoi elle parle, dans son commentaire sur l'évangile d'hier :
Car il existe de bien mauvais secrets. Ceux qui volent l’existence, l’empêchent d’aller vers de la vie. Ces secrets où la parole est interdite, empêchée. Ces secrets où l’autre, agresseur, autorité, vous enserre. Comme une pierre qui pèse sur l’âme de tout son poids et la maintient dans un abîme sans rai de lumière. Ils séquestrent plus encore la victime d’agressions, d’abus, de violences intimes. Secrets de la nuit noire.
Certaines n'auront parlé qu'une fois entamé un travail de résilience ; d'autres dans le sillage de dénonciations multiples et d'autres enfin, une fois l'agresseur mort ou très avancé en âge.
A date, il ne me semble pas avoir vu qu'un tel document serait accessible à la consultation à quelque part, mais ne serait-ce qu'un extrait avec un numéro de référence (localisation, date).
Cinci, commencez donc par lire le rapport attentivement, en particulier, laissez glisser votre regard sur les notes de bas de page…Vous y verrez qu'en effet, les archives des dominicains ne se consultent par comme ça et qu'elles ont été mises à la disposition des historiens susnommés. Elles font l'objet de référence :
"Les sources archivistiques auxquelles Antoine Mourges a eu accès sont vastes et pour la plupart inédites, notamment les dossiers complets concernant L’Eau Vive [un centre de formation internationale fondée par le père Thomas Philippe] et les frères Thomas et Marie-Dominique Philippe conservés par la Province dominicaine de France." P. 4
6 Lettre officielle du cardinal Pizzardo secrétaire de la Congrégation du Saint-Office au père Ducattillon, 28 mai 1956, III O
7 ibid
8 Lettre du P. Paul Philippe au P. Ducattillon, 29 mai 1956, III O 59 Eau Vive 2 « L’affaire », ADPF.
9 Lettre du P. Ducattillon au P. Paul Philippe, 10 juin 1956, III O 59 Eau Vive 2 « L’affaire », ADPF P. 9
Vous pouvez continuer à vous leurrer vous-même, en salissant les responsables de l'Arche, les professionnels qui ont enquêté et les femmes qui ont du surmonter toute cette horreur pour décrire ce qui leur a été fait, c'est bien votre affaire. Il n'empêche que depuis au moins 2 ans, les connaissances médicales, psychologiques et judiciaires sur les violences sexuelles ont beaucoup progressé. Cette enquête de l'Arche en est le fruit.
Teano