Fée Violine a écrit : ↑mer. 26 févr. 2020, 14:06
Ce qui n'est pas clair, c'est que Jean Vanier, semble-t-il, allait être ordonné prêtre quand le Saint Office a dit qu'il devait se former quelques années dans un séminaire. Mais alors, où se formait-il ? Il n'était pas au séminaire ? Et pourquoi n'y est-il pas allé à la suite de ça ? Parce qu'il ne voulait pas quitter sa secte ?
Et voici la réponse chère Fée Violine :
Dans son livre, “La Communauté, lieu du pardon et de la fête”, Jean Vanier faisait référence à sa propre expérience lorsqu’il expliquait que la véritable formation se faisait en vivant auprès de son maître : “Aujourd’hui, beaucoup de ministres et de prêtres sont formés dans des universités ou des séminaires par des professeurs. En Inde, si on veut devenir un gourou, on vit avec un gourou jusqu’au jour où il vous confirme et vous envoie. On devient alors à son tour un gourou capable de former des disciples. De nos jours, on croit pouvoir tout apprendre dans les livres. On a oublié une autre façon d’apprendre : vivre avec un maître. ”1 C’est bien ainsi que Jean Vanier a été formé par le Père Thomas qu’il rencontra pour la première fois chez ses parents en 1948, juste avant de quitter la marine, alors qu’il avait 20 ans, puis qu’il rejoignit dans la Communauté de l’Eau Vive que le Père Thomas avait fondé en septembre 1950
Ceci est extrait de ce document sur P Thomas Et JV qui raconte et explique beaucoup, beaucoup de choses. Il date de 2016 et est conçu par une personne et sur un site qui souhaite défendre l'honneur des deux frères Philippe (ce site est a été créé par leur sœur. La pauvre !)
Quelques passages concernant le Père Thomas et son éviction par l'Eglise, ou l'on apprend qu'il fut considéré comme malade mental par le Saint-Office :
Par la suite, entre 1956 et fin 1963, date de l’installation du Père Thomas à Trosly Breuil, Jean Vanier témoigna d’une fidélité sans faille au Père Thomas, fidélité qu’il paya d’un prix élevé. Les quatorze années qui précèdent la fondation de l’Arche, entre l’âge de 22 et de 36 ans, sont donc quatorze années cruciales de sa formation auprès d’un maître qu’il voit dès qu’il en a la possibilité et qu’il finit par rejoindre en 1964 à Trosly Breuil.
Mais de quel genre de relation s’agit-il ? Jean Vanier l’a expliqué à de nombreuses reprises. Il écrit en 1994, un an après la mort du Père Thomas :
“La rencontre avec le Père Thomas a marqué ma vie. Par sa parole, ses attitudes, sa qualité d’écoute, la paix qui émanait de lui, il était manifestement un homme de Dieu ; il éveillait en moi le désir de prier et de demeurer dans le silence de Dieu. Il se référait constamment à Jésus et Marie ; c’était comme s’il vivait dans leur intimité. Il m’incitait à avoir confiance en eux, à tout leur demander, à les écouter, et à demeurer en leur présence. Dès ma première rencontre avec lui, il était clair que notre Père des Cieux me le donnait en ce moment crucial de ma vie comme père spirituel.
Il est devenu aussi mon maître sur le plan intellectuel. Il avait été professeur de philosophie et de théologie pendant de longues années, à l’Angelicum à Rome, puis au Saulchoir, centre d’études des dominicains près de Paris. Il avait été formé par son oncle, le Père Dehau, également dominicain."
(oncle Dehau faisant partie de la porno-secte initiale)
Jean Vanier expliquait à la même époque : “Je n'ai pas senti un grand changement dans sa direction spirituelle de l'Eau Vive jusqu'à Trosly. Le but a toujours été de mettre les gens en la présence de Dieu et qu'eux-mêmes sentent ce que Marie désirait, ce que Jésus voulait. Donc quelque chose de très simple: se mettre en la présence de Dieu et l'écouter. Tout avait pour but d'amener à l'oraison. Si je voulais caractériser l'Eau Vive, je dirais que c'était essentiellement une école d'oraison. L'Eau Vive était tellement pauvre et la direction du Père Thomas amenait à une pauvreté intérieure, un abandon, une écoute de Jésus et Marie, à se plonger dans la présence de Dieu.
Car le Père Thomas était essentiellement le prêtre mystique. Il avait quelque chose de très divin. Il y avait comme une aura, une atmosphère divine évidente de tout son être. Il avait un tout petit bureau à l'Eau Vive. Tous les soirs, après complies, il s'y trouvait une longue queue de gens. Il voyait 10 à 15 personnes. Les gens comme moi venaient le voir toutes les semaines pour se confesser, pour rester avec lui, pour prier avec lui. Généralement, ça nous amenait à passer vers minuit.”
Gloups ! (réflexion de Samaritaine)
La place laissée à l’Esprit Saint qui caractérisait ce climat de liberté créait un climat que beaucoup trouvaient surprenant. J. M. Paupert qui passa plusieurs années à l’Eau Vive, décrit l’Eau vive comme un “lieu étranger, baroque, extraordinaire, où se trouvaient brassés le meilleur et le pire. Extravagant mais remarquable milieu d’accueil de tous les étrangers et de beaucoup d’étrangetés.” Et Jacques Maritain qui voulait que cette école de Sagesse soit géré avec beaucoup de rigueur, en mettant un soin tout particulier au choix des étudiants constatait consterné en 1949 : “À l’Eau Vive nous sommes tombés dans une pagaye que vous prévoyiez et redoutiez.” Mais trois mois plus tard il constatait que “malgré la pagaye et peut-être grâce à elle quelque chose qui est du Saint-Esprit se fait à l’Eau Vive”.
Lettre de Jacques Maritain à Charles Journet datée du 15 novembre 1948 “ Nous souhaitons que l’objet formel de l’œuvre soit nettement précisé, et qu’on s’y tienne jalousement et qu’on ne cherche pas la quantité et qu’on soit sévère pour l’admission des étudiants et qu’on réduise la publicité au minimum...Toute cette affaire de l’Eau Vive est si paradoxale, qu’il faut bien croire que Dieu s’en occupe particulièrement, et se charge de tout conduire.”
J Maritain présent aux origines de l'Eau Vive ??? Que savait-il ?
Une vie de partage très pauvre à la ressemblance des premières communautés chrétiennes :
Jean Vanier disait en 1994 que “c'était une vie très pauvre car il y avait peu d'argent, mais aussi très prenante, avec du travail manuel et beaucoup d'étude.”19 Les statuts affirmaient que cette vie de partage très pauvre se voulait à la ressemblance des premières communautés chrétiennes. J’illustre un aspect de cette vie avec un autre extrait d’une lettre de Michael Meaney : “En dehors de la vie de prière, je pense que le froid, pour moi du moins, est l’élément le plus sanctifiant. J’ai vécu au dessus d’un garage depuis quatre mois et je n’ai jamais eu aussi froid, aussi longtemps, de toute ma vie... L’absence de confort (pas d’eau courante, personne pour laver la vaisselle à votre place, pas de chauffage central, etc..) et la maigre nourriture (principalement des pommes de terre, quelques légumes et de temps en temps un petit morceau de viande de basse qualité ; jamais de lait, de beurre, etc..) aident beaucoup en fait à mener une vie chrétienne.”
Tiens ? des restrictions alimentaires. ..
Une aide assurée par des collaboratrices bénévoles qui pour la plupart rejoindront plus tard le Père Thomas à Trosly Breuil :
Jean Vanier remarquait que si “le ministère du Père Thomas était surtout les étudiants”, il était aidé pour les tâches matérielles par un groupe de femmes “qu'on appelait les saintes femmes, dont Jacqueline d’Halluin, Anne de Rosanbo, Maryse Huebert, au total sept ou huit femmes qui étaient là un peu à son service, service de l'accueil, de l'administration, etc....”Parmi ces femmes, cinq d’entre elles, Marguerite Tournoux, qui jouait le rôle principal dans l’administration, et Lucie Denis, deux proches du Père Dehau, Jacqueline d’Halluin qui assurait le secrétariat du Père Thomas, Anne de Rosanbo et Maryse Huebert rejoindront progressivement le Père Thomas à Trosly Breuil après que celui-ci s’y soit installé à la fin de l’année 1963. La présence de ces femmes, et en particulier Jacqueline d’Halluin, durant ces années de fondation de l’Arche doit être notée. Elle confirme qu’en dehors de Jean Vanier et du Père Thomas, d’autres personnes présentes durant cette période de fondation avaient connu l’expérience de vie de la Communauté de l’Eau Vive.
Arrivée des "saintes femmes" dans l'histoire…. A la lumière de ce qu'on vient d'apprendre, l'expression fait sourire.
1952-1963 : l’expérience par le Père Thomas du rejet et du mépris :
De fait, pendant ces onze années, le Père Thomas fit d’abord l’expérience du rejet et du mépris. Il écrivait dans cette même supplique : “Comme les faits incriminés étaient liés pour moi, de fait, psychologiquement, à des grâces très intimes, qui constituaient le secret de mon union à Dieu, je n’en avais jamais parlé, d’aucune façon, à mes meilleurs amis de l’Ordre. Mon directeur de conscience, seul, était au courant. C’est pourquoi ils ont été eux-mêmes bouleversés et tout de suite ils ont cru à un déséquilibre mental, et pour me défendre ils ont donné eux-mêmes cette explication et ils ont insisté pour que je sois soigné. Par suite de toutes ces contradictions je fus pendant plus de dix ans considéré quasi publiquement par mes frères comme un pécheur public ou comme un déséquilibré.” 32
Supplique au Saint Père du Père Thomas (à l’époque Jean XXIII) écrite en février 1963 pour demander sa réduction à l’état laïc et envoyée au Père Général Fernandez. La supplique ne sera pas transmise au pape mais sera à l’origine de son envoi auprès de sa mère, puis à Trosly Breuil. Le Père Thomas explique dans cette même supplique au Saint Père : “J’avais très conscience alors que je risquais d’aggraver mon cas personnel si je n’arrivais pas à me faire comprendre, mais j’ai cru de mon devoir de tenter l’unique chance qui m’était offerte de défendre ceux qui avaient eu confiance en moi, en montrant bien que je n’avais pas agi sous l’impulsion de la passion, ou en vertu d’une doctrine spirituelle erronée, mais comme personne privée prenant consciemment et délibérément ses responsabilités, parce qu’elle croyait sincèrement à une volonté exceptionnelle de Dieu. Cette volonté exceptionnelle de Dieu n’apparaissait pas certes en harmonie avec la doctrine commune de l'Eglise, mais elle pouvait peut-être ne pas être absolument impossible à cause d’exemples analogues dans l’Ancien Testament, retenus par saint Augustin et saint Thomas comme ayant toujours valeur en théologie spéculative, non à titre d’enseignement commun, mais d’exception, que Dieu se réserve absolument comme Auteur de la nature elle-même, et comme Moteur propre d’une vie nouvelle selon les vertus théologales et les dons du Saint Esprit, au-dessus de la nature elle-même.”
Tout n'est-il pas dit là ? Tout n'est-il pas enraciné là ?
En résumé, si le Père Thomas fut coupé de tout ministère et de quasiment tout contact avec ses frères religieux et sa famille pendant onze ans et soumis à un régime très sévère qui l’ostracisait dans l’Église, ce fut parce que ses supérieurs ne pouvaient comprendre qu’il ne reconnaisse pas qu’il s’agissait d’une simple affaire de mœurs, puisqu’il n’avait pas la psychologie d’un pécheur repenti. Et qu’il se sentait profondément en paix avec Dieu. La seule explication possible pour ses supérieurs semblait donc être qu’il était déséquilibré psychiquement. À l’époque on disait fou. Ils ont donc cherché pendant ces onze années à lui faire réaliser qu’il était mentalement malade et n’ont renoncé que devant la perspective d’un scandale lorsqu’il demanda sa réduction à l’état laïque en 1963 dans sa supplique au Saint Père.
Donc, nous découvrons ici que le Père Thomas ne s'est pas caché devant le Saint-Office et a reconnu les faits devant lui en défendant becs et ongles, non pas "une affaire de mœurs" mais une "volonté exeptionnelle de Dieu " et qu'on l'a considéré comme taré. De fait, à la lumière de ce qui est dit là, P Thomas et ceux qui le soutiennent alors nous parraissent bien frappés...Nous avons visiblement affaire à une sincérité absolue de P Thomas (et de ses adeptes) que la grâce de Dieu passe par des gestes sexuels ("par une grâce exeptionelle, une forme d'élection).
Deux choses me frappent : personne visiblement ne s'inquiète des victimes, des personnes concernées : Il y a a procès au Saint-Office parce que des religieuses se sont plaintes d'abus sexuels (des proies ont donc échappé au prédateur et ont parlé immédiatement) mais personne ne semble s'en préoccuper, personne ne semble essayer de faire appel à l'empathie du Père Thomas vis à vis des femmes concernées. Ces hommes sont centrés sur lui et pas sur les conséquences de ces actes sur autrui.
On comprend bien qu'on considère P Thomas comme un malade mental, puis qu'il demeure accroché farouchement à ses thèses sexo-mystiques. Mais personne ne se pose la question de la possession ??? Personne ne songe à l'exorciser ? A exorciser toute cette bande de frappadingues ? Ne peut-on sincèrement se poser la question ?
La manière dont l'Eglise a laissé par la suite se reformer le groupe après un tel évènement est incompréhensible. On s'est empressés d'oublier ces faits gênants.
En Christ,
Samaritaine