Bonjour,
Je me préparais à partir pour une journée complète de ressourcement samedi dernier. Il se trouve que j'aurai eu le temps de lire rapidement la manchette explosive avant de quitter mon domicile. Un vrai miracle si malgré cette bombe ma journée entière n'en fut pas gâchée. Je me demande encore comment j'ai fait pour parvenir à oublier "ça" au moins jusqu'en soirée.
J'avais reçu une invitation de mon amie pour prendre part à une journée d'enseignements et de ministère de guérison intérieure. La totale ! Avec au programme : adoration, chapelet, confession ... temps de prières, messe. Il s'agissait d'intercéder pour autrui. Je n'ai pas regretté du tout de m'être montré si docile à l'invitation reçue. Tout cela m'a permis de faire la connaissance d'un jeune prêtre bien de chez nous; à peine 32-33 ans. Excellent ! Infiniment sympa, très humble, bon communicateur. Le théme de la journée : l'angoisse et l'agressivité. Il nous aura tellement bien "vendu" la confession, je m'y serai re-précipité sans hésiter. Je dis re-précipité, il ne faisait pas cinq jours que je m'étais ouvert à un autre prêtre.
Le ménage n'était pas encore terminé.
Par la suite, le dimanche et le début de semaine jusqu'à hier, mercredi des cendres, furent assez chargés avec toutes sortes de petites démarches. Et ceci explique cela. C'est pourquoi je ne me serais pas jeté sur la nouvelle du scandale comme un ours affamé sur une talle de petits fruits ou une ruche pleine de miel
Pour en revenir à Jean Vanier ...
Ma première impression en fut une d'irréalité vous pensez bien. Ça m'a fait beaucoup de peine de voir sa personnalité ainsi que son oeuvre être ainsi entraînés dans une pareille fange. Ma deuxième, c'est que je trouve le dossier à charge assez mince en réalité en comparaison de la dureté des jugements expédiés ici et là, comme sans retenue aucune. Je trouve pénible de voir des catholiques ne pas hésiter cinq secondes à vouloir incendier un homme semblable, le lendemain de sa mort pratiquement, après une telle vie au service des êtres les plus fragiles. On pourrait se garder une petite gêne. Il mériterait au moins de jouir un peu plus que ça d'un certain bénéfice du doute,
Car c'est bien beau qu'il puisse y avoir des plaignantes. Le hic c'est qu'il faudrait pouvoir être vraiment certain qu'il ne s'agirait pas plutôt d'affabulations dans une large mesure. Je trouve que les éléments qui sont repris en boucle ne valent pas grand chose, mais tout simplement parce que nous n'avons pas affaire à des pièces ressortant d'un authentique procès. C'est comme si l'on devait se trouver en présence d'accusateurs civils se trouvant à la fois juges et parties, en l'absence de l'accusé lui-même. Il en rappelle drôlement une sorte de chasse au sorcières. Personnellement, je ne suis pas du tout à l'aise avec ce genre de procédé.
Il est possible que Jean Vanier, -
pécheur comme nous le sommes tous et toutes - et lui célibataire, outre d'y avoir été exposé à tant de rencontres, qu'il ait pu céder à quelque désir ou fringale sexuelle à quelques occasions. Je ne dirais pas que la chose soit humainement impossible. Il ne vivait pas dans la cahute désertique en compagnie de chameaux uniquement. Sauf que toute la différence du monde réside dans l'interprétation que l'on veut bien plaquer ensuite à des tas de faits (réels ou supposés) que l'on voudra lier ensemble, et pour avec ça nous dresser le portrait d'un monstre. C'est juste là où la chose est pas mal moins avérée.
Avec seulement le témoignage de quelques plaignantes, un témoignage ayant pu être recueilli de façon complaisante et soustrait d'emblée à toute forme d'examen critique, je vois mal ce qui autoriserait immédiatement l'un ou l'autre à nous balancer que nous serions en présence d'un prédateur sexuel, un salaud, une fripouille, un escroc, un violeur, un criminel exerçant une emprise psychologique de chef de secte, etc. Quel cinéma !
Il existe tout de même une marge importante entre l'expression d'un péché quelconque, tel un manquement à la vertu de chasteté, une faiblesse, un désordre passionnel qui inciterait l'autre à croire à une sorte de réciprocité, puis le mode opératoire d'un authentique criminel, celui d'un type réellement déviant, mû par la haine des femmes, détraqué, désireux d'assouvir une envie d'utiliser le viol comme façon de se venger, pour humilier et détruire.
Je n'aime pas non plus que l'un ou l'autre nous fasse part de sa propre opinion (car il s'agit bien de cela en premier : une opinion), mais tout en nous gratifiant d'avance que personne n'aura le droit de penser autrement, sous peine de devoir être lui-même un irresponsable et complice du Mal, un aveugle volontaire qui préfère assurément l'aveuglement à la Vérité, et etc. Dès le jour 1, comme à peine la nouvelle sortie : tout est pré-emballé et prêt à consommer ! On a droit tout à la fois à l'exposition du point de vue de la plaignante, les idées entendues de monsieur X, la conclusion du comité machintruc ou des experts de l'agence privée de sécurité à Londres. La cause est déjà entendue et jugée. Crac ! Jean Vanier est un salaud, manipulateur, traître, gourou complètement dingue, etc. Comme disait miss Thatcher : "There is no Alternative". Et sans la tenue d'un véritable procès. Pas le moindre ! Non, il faudra faire confiance aveuglément aux dires de madame "X" posant en victime d'un monstre bien sûr.
A priori, il me semble que beaucoup d'éléments seraient sujet à caution.