nicolas-p a écrit : ↑mar. 03 août 2021, 19:52
Les chimiothérapies, imunothérapies etc... sont des véritables poisons pour certains , génotoxiques pour certaines et sans commune mesure avec ces vaccins ....
et pourtant, bien utilisées uniquement chez ceux qui en ont besoin, elles sauvent des vies !
Tout ce qui est a risque n'est pas forcément à rejeter mais a utiliser avec discernement.
Toujours le fameux rapport bénéfice risque en médecine.
Et le tout aussi important primum non nocere.
Bonjour,
C'est le fameux
pharmakon cher aux médecins : le médicament est souvent le poison
et le remède
à la fois. L'origine étymologique du mot "pharmacie", qui signifie "usage de drogues", porte en lui ces deux sens possibles : tout l'art médical se situe dans la bonne compréhension de la conjonction "et"; au lieu de cela, "la bonne société des gens respectables" semble complètement occulter cette double nature.
Car je trouve que c'est très descriptif, en effet, de l'art médical dans son rapport aux patients quand il s'agit de juger une pathologie et de considérer le remède. Le même médicament pourra être un remède qui sauve une vie
et un poison qui tue selon les cas particuliers d'administration. Tout traitement médical est ainsi constitué depuis des siècles, donc il n'y a rien de nouveau sous le soleil.
C'est pourquoi la médecine est une affaire de spécialiste : le
pharmakon, en raison de sa double nature, nécessite un jugement qui met en rapport la règle et les cas particuliers, afin de trouver le point d'équilibre où le médicament sera un remède plutôt qu'un poison (ce qu'il peut toujours être en cas de mauvais jugement ou de précipitation). C'est ce qui explique qu'il y a une éthique médicale : en effet, le
pharmakon, en raison de sa double nature potentielle, nécessite une réflexion morale sur la bonne action à accomplir au bon moment et sur les bons patients. C'est pourquoi je suis assez inquiet de voir toute sorte de personnes sans compétence médicale, journalistes en tête (mais pas seulement), exiger d'autrui un acte médical. C'est pourquoi aussi le consentement me paraît être essentiel dans toute la médecine : car ce n'est pas le conseilleur qui paye.
Je suis aussi surpris d'entendre des médecins sur certaines chaînes qui semblent complètement occulter cet aspect nécessairement relatif du
pharmakon, pour présenter le vaccin (qui est un
pharmakon comme un autre) comme un absolu salutaire qui ne mérite aucun jugement mesuré à l'aune des cas particuliers. Oui, ce vaccin est évidemment un remède par son efficacité qui semble se confirmer sur un grand nombre de personnes; mais comme tout médicament, il peut tout aussi bien se retourner en un poison s'il est administré à l'aveugle et sans discernement. C'est le lot de tout traitement médical, et je ne vois pas pourquoi ce vaccin échapperait à ceci (il n'a rien de diabolique, mais il n'a rien de divin non plus). Ce n'est pas pour rien s'il existe des listes précises d'effets secondaires dans tout médicament, et que tout médicament est soumis à un protocole de pharmacovigilance : ceci est directement lié au sens premier du
pharmakon.
Nous prenons une chose relative dont il faut user avec mesure pour un absolu devant lequel il serait interdit de juger d'une quelconque manière. J'ai l'impression que notre société a perdu les évidences communes et ancestrales qui régissaient la médecine depuis des siècles.
Par ailleurs, je suis d'accord avec vous pour le reste : les spéculations farfelues sur ce traitement et les rapprochements absurdes entre ce vaccin et le nazisme sont tout simplement absurdes : ce vaccin présente un réel intérêt médical, sans doute, mais comme toute chose en ce monde, il faut en user avec prudence. Je ne vois pas ce qu'il y a de difficile à comprendre là-dedans.