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par Cinci » lun. 11 oct. 2021, 5:41
Si j'en reviens au sondage dont l'article du Figaro fait état - voir l'article référencé par Aldébaran au début - il faudrait comprendre qu'en 1947 les 2/3 des Français manifestaient toujours une croyance en Dieu alors que cinquante ans plus tard ce pays compterait bien d'avantage d'incroyants qu'en 1947. Le nombre d'incrédules parmi les citoyens en général serait passé de une personne sur trois en 1947 à une personne sur deux dans les années 2000.
Nombre d'incroyants en France
1947 : 33%
2008 : 51%
En examinant le cas de 143 pays dans le monde, la France prendrait place parmi le top 10 des pays dans lesquels l'irréligion se porterait le mieux. La France, fille aînée de l'Église; le pays qui aura naguère produit (fin XIXe/début 1900) le plus important contingent de missionnaires partis évangélisés dans les cinq continents.
Moralité ? Il est évident ... évident, évident, archi-évident ... que ce "beau" résultat obtenu après un siècle n'est que la conséquence prévisible et facilement anticipable, au temps du pontificat de saint Pie X déjà, de la «prise du pouvoir» en France réalisé par les maçons, les voltairiens, les anti-catholiques et libéraux férocement ennemis de l'Église, dans la foulée de l'écroulement du Second empire, dans la cuisine de cette décennie 1870-1880 et ayant eu pour conséquence l'avènement de la IIIe République. C'est là que les bases auront été jetées de la politique française actuelle, le déterminisme politique nuisible aux intérêts de l'Église.
Ce n'est pas un simple accident, le truc purement aléatoire, qui explique qu'un pays comme la France puisse passer de pays dans lequel la catholicité se porte merveilleusement bien (vers 1900) à celui de pays dans lequel la catholicité se porte affreusement mal (2000).
La raison n'en peut que se trouver, à mon avis, dans le fait de l'incroyance carabinée du «personnel cadre» de la république en question, et alors attaché à créer lui-même une atmosphère létale pour la reproduction et transmission de la foi; comme via le système scolaire au premier chef, mais aussi la culture au sens large, et le fait de démarcher sans doute en sous-main, politiquement, pour s'assurer d'avoir des évêques nationaux attachés eux-mêmes aux «bonnes valeurs» de la république; pour obtenir des évêques bien ouverts et bien disposés envers les idées modernes protestantes (eh oui ! anglo-américaines), etc.; et, cela, au lieu de se ramasser avec comme figure de proue des Monseigneur Pie, des Mgr de Ségur et autres ultramontains détestables et «pesteux» au goût de la gouvernance républicaine susdite.
Je perçois le tout comme une autre guerre de cent ans ... idéologique cette fois, et dont les tenants et aboutissants auront fini par produire une certain équilibre (pour l'heure) qui est hautement défavorable à l'Église, tout bénéfice pour ses ennemis.
Je suis convaincu que cette toile de fond historico-politique est la seule qui puisse permettre de bien appréhender ce qui aura rendu possible le concile Vatican II («... le Rhin qui se jette dans le Tibre»), pour voir dans quoi celui-ci sera venu s'insérer comme réalité socio-politique et culturelle.
[...]
En guise de comparaison, dans les années 1850 l'Église canadienne menait la guerre la plus brutale et sans merci qui soit contre les libéraux (les rouges, les Juifs, protestants et associés) mais vers 1950 la moitié de ses soldats (parmi l'effectif des évêques) était déjà gagnée aux idées nouvelles, comme celles ressortant de la «Nouvelle Théologie» (... brocardée par Chesterton en début de siècle je le rappelle), les idées à la Teilhard, comme celles des jésuites de Fourvière, le personnalisme à la Mounier, etc.
Les bouleversements de l'Europe consécutifs aux deux grandes guerres auront non seulement privé l'Église catholique traditionnelle d'alliés parmi les grandes puissances : ils auront propulsé en avant des forces directement contraires comme celles du camp communiste (marxisme culturel/socialisme anticlérical) et celles de l'American Way of Life (agent de dissolution du catholicisme traditionnel); que l'aventure du fascisme - lié lui-même aux deux guerres en question - aura finalement servi à achever de discréditer le catholicisme conservateur traditionnel dans l'opinion des masses. Tout cela explique fort bien que Pie XII n'aura pas eu d'héritiers.
et
C'est ainsi que j'explique les églises vides chez nous.
Par une Église catholique romaine désormais privée d'alliés et de défenseurs parmi les puissances. Une Église forcée de «pactiser» avec ses ennemis et oppresseurs directs (même si, pour l'oppression, l'oppresseur agit de manière civilisée, feutrée, détournée, tranquille via le mode démocratico-légal). Le pacte forcé a pour corollaire la transmission d'un message civilisateur totalement démobilisateur au plan de la foi, liquidateur, culpabilisateur et qui vous en placerait toujours "son" catholique en opposition franche avec ses devanciers et ancêtres; je ne connais rien de plus castrateur que cela. On comprend bien, aussi, que l'homosexualisme puisse avoir le vent dans les voiles dans notre Église ! On ne souhaite pas trouver devant soi une Église de guerriers, de conquérants, de miliciens aptes à attaquer de front le problème du mal. Le "on" veut dire les Bill et Hillary Clinton de la terre, les Obama, Macron, Trudeau père et fils; le département d'État U.S. aussi bien que les hauts fonctionnaires à Bruxelles, etc.
Le fait de vouloir adapter le catholicisme à la pensée protestante ne lui réussit pas. C'est que le catholicisme est conçu pour le collectif d'abord et avant tout, à la différence de l'individualisme protestant.
La pensée catholique collective approuve et ne peut qu'applaudir la victoire de Lépante en guise d'exemple, sa décoction ectoplasmique protestantisée ne peut que condamner l'oeuvre du pape Pie V à l'inverse ... évidemment, évidemment ! Parce que le décoction filtrée au tamis de l'individualisme-roi ne peut tout simplement pas comprendre qu'un pape puisse commander le sacrifice individuel au profit d'un corps qui serait la chrétienté. Ne pas comprendre = s'Imaginer toujours avoir affaire à une corruption, une folie dangereuse, une violence condamnable, tyrannie, etc.
Les églises pleines vont de pair avec l'empire constantinien, le régime byzantin, la monarchie catholique, dirigeants ou aristocrates au pouvoir défenseurs du catholicisme, la république des doges vénitiens, etc. Les églises vides vont de pair avec la décoction individualiste marquant le triomphe de l'individu-roi, de "ma conscience personnelle avant tout", le règne du consommateur, de l'américanisme ...
Il est hautement intéressant, valorisant, compréhensible de devenir prêtre catholique sous le régime collectiviste et lorsque c'est toute la communauté (à commencer le roi !) qui encense le culte, la foi et ceux qui se sacrifient pour elle. C'est encore intéressant dans une Pologne écrasée par le communisme russe, sachant comme prêtre catholique que l'on aurait toute la nation/la collectivité derrière soi. Il est hautement aversif, difficile, inquiétant de songer devenir prêtre catholique au contraire quand on sait d'avance qu'il faudra se coltiner pour l'éternité avec des églises vides, de l'incompréhension générale, des consommateurs indisciplinés tirant dans toutes les directions, un sacrifice personnel d'autant plus difficile à réaliser et à tenir que plus personne ne le comprend autour de soi
Les vocations sont rares chez nous tout simplement parce que cette voie fait l'objet d'un grand mépris universel, du premier ministre en passant par les juges, les recteurs d'université jusqu'au moindre journaliste, tous plus incroyants et modernistes les uns que les autres et anti-catholiques sur le fond naturellement.
Il n'y a vraiment pas de magie, à mon sens, quant aux raisons qui font qu'une société produit des prêtes en foule ou bien qu'elle n'en produit pratiquement pas.