Bonjour cmoi,
Une première réponse trop rapide.
cmoi a écrit :Pourquoi voulez-vous à tout prix que l’explication soit interne à l’Eglise et l’en rendre responsable, et non externe !
Parce que certains le chantent en boucle, et parfois avec une visée sociologique et/ou politique. Et que beaucoup le suivent,
de bonne foi, parce qu'ils trouvent que ce monde d'avant tel qu'il est faussement dépeint leur conviendrait bien mieux. Il suffit de parcourir le FC, c'est du vrai matraquage de crâne (assorti d'injures diverses et de mépris peu évangélique
). Si une crotte de mouette tombe quelque part, c'est la faute au Concile! A ces gens, influencés, de prendre un peu de recul.
Je vais passer sur les détails qui assoiraient une démonstration (l’éloignement et l’attiédissement religieux des maîtres successifs, de moins en moins nombreux, leur remplacement par de grands propriétaires agricoles pragmatiques et opportunistes, peu enclins à la religion, comment et pourquoi, la « montée » de l’instit, du maire et du laïcisme), mais en gros, quand il sera parvenu à se hisser socialement, il associera la religion à l’obscurantisme qui l’asservissait, il associera les grandes thèses philosophiques athées comme l’existentialisme et leurs dérivés à sa libération sociale, il oubliera les œuvres caritatives et sa dette à leurs égards (hôpitaux, orphelinats, hospices, écoles, etc.), etc. Il prendra une revanche et croira s‘épanouir ainsi s’il ne tombe pas dans le nihilisme (abrutissement de l’usine…)
Au début du siècle dernier et jusqu’à la fin des 2 guerres la France était encore très rurale. Et le « tournant » (posthume à ce changement, car il suppose un « au-delà » notamment de l’usine vers des métiers du tertiaire) s’est fait à peu prés au même moment, ce pour quoi il fallait y réfléchir à cette « nouvelle donne » et convoquer un concile, même si l’aperçu filtré n’évoquait de ce tournant que l’impact qu’il avait sur les âmes.
C'est le passage où je me retrouve le plus et qui me parait le plus correspondre à la réalité suite à une analyse objective.
Bref la déchristianisation de la France est à associer avec l’exode rural, tout simplement, et ensuite l’impact social et un véritable choc culturel provoqué par la télévision...
Petit bémol, si l'exode rural et l'évolution du modèle économique paraissent avoir l'importance que vous dites, la deuxième mâchoire de la tenaille est certainement la montée du matérialisme. Qui existait dès nombres de philosophes grecs antiques, mais qui avait été gommé par Platon, et surtout par Aristote. Aristote repris par la scolastique et base référente de toute la chrétienté jusqu'à la renaissance, alliant la philosophie première (Aristote) avec la théologie (Saint Augustin et Saint Thomas d'Aquin pour ne citer qu'eux). Et qui donnera une théologie de la création. En opposition vient très vite le matérialisme :
l'ouvrage "L'homme machine" date de 1748! Le démon de Laplace et son déterminisme dur, c'est 1814. Pour faire bref, les articles sur le sujet ne manquant pas il suffit de chercher, l'idée que la matière se suffit à elle-même sans besoin de surnaturel ou de divin. Et que l'esprit n'est que le reflet de mécanismes physico-chimiques sans besoin du recours à une âme, c'est le grand combat contre le dualisme. Matérialisme également historique qui aboutira à Marx. En parallèle évidemment Darwin qui amènera une rupture énorme avec l'ancienne vision, et sans doute pire Freud qui met à mal le libre arbitre et décrit l'importance des mécanismes pulsionnels. Et surtout, avec le matérialisme même primitif intervient l'idée que, sans extérieur et donc sans but transcendant, l'intérêt de l'homme ne peut se situer que dans l'hédonisme, le plaisir et la recherche du bonheur subordonné pour ce courant aux deux premiers. Entre ce nouveau but, et la sainteté souffrante mise en avant maladroitement (en omettant la félicité en retour d'être habité par Dieu), la population a choisi et choisit encore le un. Début de la sécularisation dans les esprits. Evidemment l'école laïque et son cortège d'instituteurs engagés répandra cette doctrine au plus grand nombre.
Pour en revenir à une étape importante que le sommet de l’Eglise a reconnue : son échec à conquérir le monde ouvrier, alors qu’il était issu du monde rural lui pourtant chrétien !
Cela a plutôt bien marché en début de XXe siècle, pour s'essouffler carrément en deuxième partie. En passant par les prêtres ouvriers, ou des figures singulières comme "le prêtre blouson noir". Je me rappelle son passage pour faire un exposé dans le lycée bien policé de Versailles, qui s'était très bien passé au demeurant. On peut quand même dire qu'il était difficile de faire se fondre une idéologie socialiste basée avant tout sur la lutte des classes avec l'intégralité du catéchisme. Il y avait des points de contacts, mais non identité il faut être lucide. Même si la foi est restée chez certains c'est visible par exemple dans le nord de la France et je peux en témoigner. La partie communiste n'a jamais basculée, mais on trouvait tout de même des personnes pour être à la fois communistes et chrétiennes, communistes pour le mouvement social et chrétiennes par adhésion de cœur, même si la spiritualité semblait faible. La JOC, assez étoffée, n'est plus qu'une ombre, quasiment convertie uniquement à un mouvement d'entraide sociale, voire de promotion de l'idéologie mondaine comme l'avortement ce qui est très problématique. Pourquoi un si faible résultat, là aussi il faudrait se pencher lucidement sur la question (et peu l'on fait à ma connaissance), et cela mériterait un fil dédié à cette seule question. Alors que cela a assez bien fonctionné en Pologne effectivement ; l'Eglise était-elle plus impliquée dans et avec le peuple, alors qu'en France l'origine des clercs restait une (grande) bourgeoisie ou la noblesse?
L'influence polonaise perdure, à cause de certaines dévotions comme Sainte Faustine (et des sanctuaires qui s'ouvrent comme dans notre diocèse), ou bien Saint Jean Paull II, qui avait su être le pape accessible, de et pour tout le monde.