Bien que cela puisse paraître contradictoire avec ce que j’ai écrit, je suis d’accord. Ce peut être un professeur, ce peut être simplement la paresse, l’attrait des séductions de monde qui s’augmentaient et se perfectionnaient, récupéraient aussi les « blessés de la foi » (il n’y a pas eu que les abus sexuels, il y en a eu ceux d’autorité, de mauvaise pédagogie, de faux raisonnements, de corruption (la récupération par l’Eglise des fonds versés à Padre Pio pour ses œuvres de miséricorde, m’avait profondément marqué), etc.), et n’oublions pas les influences sataniques aussi exercées sur chacun et par les médias (même si moins pléthoriques qu’aujourd’hui, d’où une plus grande possibilité de généraliser l’influence d’une simple émission TV : pour donner un exemple neutre, une simple affaire de disparition d’enfant pouvait réellement monopoliser tous les médias et l’attention pendant des semaines et mettre toute la France en émoi.)
En tout cas la chute de la pratique religieuse n’est pas à associer à un concile, ce serait bafouer les conditions même d’existence de la foi dans une âme…
Moi-même, comme beaucoup, j’ai ressenti l’envie d’abandonner l’Eglise lors des changements de liturgie. Et la seule raison à opposer à cette envie est la foi. La même qui fit que certains initièrent le mvt tradi qui n’était qu’une sédition/sécession liturgique exercée d’abord en catimini (et dont la survie a tenu à si peu de chose, un jour peut-être j’en parlerai…) et dont il est difficile de dire, si elle avait échoué en ses débuts, si leurs membres auraient rejoint l’Eglise, seraient restés à côté, ou auraient pu et osé s’organiser autrement et créer d’emblée un schisme.
Or cette envie a tout d’une réaction psychologique et naturelle de résistance au changement, qui est bien connue dans les grandes Entreprises, quand il y a une vaste réorganisation structurelle ou managériale. Des écoles de formation managériale parlent d’un « swing du changement », car la courbe ressemble à celle du club de golf : elle chute brutalement en courbe puis se relève tout doucement et progressivement et va ensuite beaucoup plus haut en s’accélérant. Les différentes étapes correspondent à des comportements observables et pour lesquels il y a des remèdes à adapter. (Malheureusement, certaines courbes ne frappent plus la balle mais le sol et s’arrêtent, abandonnent !) Et le mangement de l’Eglise n’avait pas les compétences pour s’y adapter et l’encadrer comme il aurait fallu.
Mais c’est à relativiser : ce fut en particulier le cas en France, d’où est venu le mvt tradi.
Chacun vit son « swing » à une vitesse différente et a plus ou moins besoin de soutien, d’’accompagnement, etc..
Et justement ! Cela a obligé à séparer des choses qui ne se séparaient pas, à les remettre en cause, à réfléchir à ce qui paraissait évident et avait perdu du sens et de la profondeur, et cela n’était pas en soi une si mauvaise chose même si ce fut douloureux. Même les tradis y ont gagné la nécessité d’un approfondissement qui était loin d’être « déjà là » : avoir un certain « goût » n’était nullement une indication quant à une spiritualité plus développée, ce fut le cas pour les meneurs, mais pas pour tous, loin de là. Pour certains cela a pu même être un moyen de « dormir » ou ronronner, de refuser la remise en cause en elle-même sans y engager leur foi, faire l'autruche, se la couler douce, etc..Thurar a écrit : ↑lun. 25 oct. 2021, 14:51Je ne vois pas comment on peut séparer les deux. Ce sont les ''habitudes'' (les rites, les traditions... ) qui donnent la foi.
Au nombre de ces comportements inadaptés reliés au swing dans sa version descendante, comme ici certains en témoignent encore il y a la recherche de bouc-émissaire, le « c’était mieux avant », le refus de certaines nouveautés par simple attachement à ses habitudes et refus d’en changer, la crainte d’une perte de compétence ou de dévalorisation, le refus de « retourner en formation », l’instruction d’un procès incessant fait à l’autorité, la jalousie pour ceux que cela a favorisé, la crainte pour son statut et son salaire, la grève, le sabotage, le « je m’en foutisme », etc.
Cela n’a rien de spirituel, tout cela relève de la psychologie la plus élémentaire et demande un management opérationnel et au fait, sinon l’Entreprise est en danger.
Alors, on en revient au pb de l’autorité du clergé. Du moins en ce qui concerne ceux qui étaient du bercail et qui ne sont pas partis simplement parce qu’ils étaient plus attachés à une forme (devenue la tradi) que à la foi elle-même, et peut-être aussi pour profiter de ce changement pour réaliser une émancipation qu’ils avaient déjà faite dans leur tête : il devenait « convenable » de pouvoir le faire.
Mais il y a encore d’autres aspects à ce problème, et notamment l’influence des élites intellectuelles surtout philosophiques. La scolastique n’était pas en mesure de les contrer : comment contrer les raisonnements fins de ces messieurs en parlant des vertus cardinales et théologales, des vertus et des péchés, du ciel et de l’enfer, etc. tout un enseignement formel qui ne « raisonne pas » (sur les sujets qui touchent le coeur et l'esprit, l'âme même...) mais détermine, impose et définit dans un jargon impropre à tout débat populaire ?
Même au sein de l’Eglise, la place exagérée donnée à la souffrance au risque d’atteindre au sado-maso, etc., certains arguments spécieux (sans doute le pire), pour défendre la foi et les œuvres etc. on n’a pas encore fini d’en souffrir et d’en sortir ! Il y a eu un vrai choc, une plus grande exigence de vérité qui en soi n’était pas une si mauvaise chose non plus, cela nous a obligé à retrouver en nous ce que la foi a de vivant qui la rend authentique et non sclérosée, mortifère…
La foi nous offre et doit nous offrir une vraie libération de l’être, dans le cas contraire c’est qu’elle est fausse, et nous avions en face de vrais détecteurs plus impartiaux que nous l’aurions tristement souhaité, de toutes nos faussetés !
Aujourd’hui ils se retrouvent plus souvent en notre sein et c’est très bien, mais ils ont du pain sur la planche aussi bien en interne qu’en externe !
Si le mvt tradi a pu survivre aussi, c’est parce qu’il en a détecté dans le nouveau système mis en place, et que pour ne pas faire de favoritisme, ou parce qu’il était provisoire et que mieux allait venir, avec lequel l’ancien outil était jugé incompatible, pas assez adaptable aux évolutions futures à venir, on ne les a pas écoutés (il faut dire qu'ils voulurent "tout ou plutôt rien" et ne se prêtèrent que peu aux compromis)…Aussi parce qu’il y avait d’autres attaques plus urgentes dont il fallait se défendre et dont ils n’ont pas été informés ou à l’égard desquels ils ont fait preuve d’un égoïsme pervers. Ils n’ont pas pensé « collectif » et manquaient de vision d’avenir. Rien à voir en soi avec le progrès. Je suis convaincu que si les premiers meneurs avaient été davantage écoutés et surtout impliqués dans le changement, cela se serait passé autrement.