1 - Le Concile Vatican II n'a pas statué sur l'orientation des autels.Et.H a écrit :Donc, si certains pensent que vouloir un autel tourné vers le peuple est un caprice qu'ils s'en prennent à la PGMR (et donc aux papes qui l'ont signé et accepté) plutôt qu'aux prêtres de la cathédrale qui ne font qu'appliquer les textes de l'Eglise.
2 - La réforme du Missel romain ne prévoit pas de célébrer face au peuple. Le Missel précise même :
"le prêtre se tournant vers le peuple dit:"
3 - l'édition typique du Missel romain, celui qui est donc en vigueur aujourd'hui, on lit:
La célébration de la Messe face au peuple n'est pas une obligation impérative.- versus ad populum (avant l'Orate fratres, n°29),
- ad populum conversus (avant le Pax Domini sit semper vobiscum, n°127)
- versus ad populum (avant Ecce agnus Dei, n°132).
4 - L'orientation de l'autel (Cardinal Joseph Ratzinger)
("Un chant nouveau pour le Seigneur" La Foi dans le Christ et la liturgie aujourd'hui. Chap. II. Desclée-Mame, Paris, 1995; p.119.)"Les chrétiens ne prient pas en direction du Temple, mais en direction de l'Est: le soleil levant, qui triomphe de la nuit, symbolise le Christ ressuscité et les chrétiens y voient en même temps le signe de son retour. Dans son attitude de prière, le chrétien exprime son orientation vers le ressuscité, qui est le véritable point de référence de sa vie avec Dieu. C'est pourquoi l'orientation vers l'Est est devenue, à travers les siècles, la loi fondamentale de la construction de l'église chrétienne. Elle est l'expression de l'omniprésence de la force rassemblante du Seigneur, dont le royaume, comme celui du soleil levant, s'étend sur le monde entier.."
L'esprit de la liturgie éd. Ad solem, Genève, 2001, chap.II, p.57 à 61" La foi chrétienne apporta trois innovations à l'architecture intérieure de la synagogue, qui donnèrent son nouveau et véritable profil à la liturgie chrétienne. La première: on ne tourne plus le regard vers Jérusalem; le Temple détruit n'est plus considéré comme le lieu de la présence terrestre de Dieu. Le Temple de pierre n'exprime plus l'espérance des chrétiens - son rideau est déchiré à jamais. Le regard se tourne maintenant vers l'Orient, vers le soleil levant. Il ne s'agit pas de rendre un culte solaire, mais d'écouter le cosmos parler du Christ. (…) Ce psaume (19/18), qui passe sans transition de la glorification de la Création à la louange de la Loi, a maintenant pour référence le Christ, le Logos éternel, le Verbe vivant né de la Vierge Marie, véritable lumière de l'histoire qui illumine désormais le monde entier. L'Orient prend symboliquement le relais du Temple de Jérusalem et le Christ, représenté par le soleil, devient le lieu de la shekinah , du trône du Dieu vivant (…) La prière vers l'Est a été considérée par l'ancienne Eglise comme une tradition remontant aux apôtres. (…) L'"orientation" (oriens, en latin, signifie "est"; orientation veut dire direction vers l'Est. Elle a plusieurs significations. Elle exprime la forme christologique de notre prière: en dirigeant notre regard vers l'Est, nous le tournons d'abord vers le Christ, point de rencontre de Dieu et de l'homme.
Symboliser le Christ par le soleil levant, c'est également définir la christologie de façon eschatologique. Le soleil levant symbolise le Seigneur du second avènement, l'aube finale de l'histoire. Prier en direction de l'Est signifie donc aussi partir à la rencontre du Christ qui vient.
Une liturgie tournée vers l'Est nous fait en quelque sorte entrer dans la procession de l'histoire, en marche vers le monde à venir, vers le ciel nouveau et la terre nouvelle, qui viennent à notre rencontre dans le Christ. Elle est prière d'espérance, prière sur la voie ouverte par l'incarnation, la crucifixion et la résurrection du Christ.(…)
La deuxième nouveauté du bâtiment de l'église chrétienne est un élément original, qui ne pouvait exister dans la synagogue. C'est l'autel, sur lequel est célébré le sacrifice eucharistique et qui se trouve dans l'abside, ou plus précisément adossé au mur oriental. De par sa position, l'autel tout à la fois désigne l'Orient et en fait partie. Dans la synagogue, la Tabernacle de la Parole dirigeait le regard vers Jérusalem; dans l'église, l'autel est le nouveau point focal de la liturgie, qui reprend sous une forme nouvelle, la signification du Temple. (…) L'autel est pour ainsi dire une ouverture dans le ciel; bien loin de fermer l'espace de l'église, il permet à la fois l'entrée de celui qui est l'Orient dans la communauté rassemblée et l'échappée de celle-ci hors de la prison de ce monde.(…)
La liturgie eucharistique proprement dite se déroule le regard tourné vers Jésus, elle est elle-même ce regard vers Lui. Dans l'Eglise primitive, la liturgie se déroule donc en deux lieux. Le service de la Parole rassemble les fidèles autour de la bèma, l'estrade où se trouve la trône de l'Evangile, le siège de l'évêque et l'ambon d'où la Parole est proclamée. Le sacrifice eucharistique, lui, se déroule dans l'abside, où les fidèles se tiennent debout autour de l'autel, tournés avec le célébrant vers l'Est, vers le Seigneur qui vient."
Et aussi, pp.64 à 71, notamment:
Pourquoi donc voudriez-vous que nous nous en prenions aux papes qui ont signés la PGMR?"La position du prêtre tourné vers le peuple a fait de l'assemblée priante une communauté refermée sur elle-même. Celle-ci n'est plus ouverte ni vers le monde à venir, ni vers le Ciel.
La prière en commun vers l'Est ne signifiait pas que la célébration se faisait en direction du mur ni que le prêtre tournait le dos au peuple; on n'accordait d'ailleurs pas tant d'importance au célébrant (…) Ils ne s'enfermaient pas dans un cercle, ne se regardaient pas l'un l'autre mais, peuple de Dieu en marche vers l'Orient, ils se tournaient ensemble vers le Christ qui vient à notre rencontre." (p.68)
Ce qui fut un caprice, c'est le fait d'avoir tourné les autels et d'avoir rendu absolument obligatoire ce qui ne l'était nullement.
V.