Le deuil n'est pas une maladie mentale

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Fée Violine
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Re: Le deuil n'est pas une maladie mentale

Message non lu par Fée Violine » sam. 18 févr. 2012, 0:21

d’une catégorie de troubles mentaux en 1840, on est passé à 59 en 1917, à 128 en 1959, à 227 en 1980 et à 347, selon l’APA, en 2013
Est-ce étonnant, dans un monde gouverné par les laboratoires pharmaceutiques?
« Les médecins feraient mieux d’offrir du temps, de la compassion et de l’empathie que les pilules », certes, mais dans tout ça il n'y a que les pilules de rentable.

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Re: Le deuil n'est pas une maladie mentale

Message non lu par Nanimo » mar. 21 févr. 2012, 21:32

Il serait temps que l'on réagisse à toutes ces fadaises. Mais on vit maintenant dans une société ou il faut aller bien tout le temps. Une idiotie. D'autant plus que nous avons des ressources prévues par le bon Dieu : si vous vous laissez aller à chialer parce que ça ne va pas, - sans retenue et sans culpabilité, c'est important - à la fin de votre crise de larmes, vous pourriez esquisser presque un sourire tellement que vous vous sentirez mieux, et vous vous surprendrez à dire "Bon, ou en étais-je".
Dernière modification par Nanimo le jeu. 23 févr. 2012, 23:13, modifié 1 fois.
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Re: Le deuil n'est pas une maladie mentale

Message non lu par Kerniou » mer. 22 févr. 2012, 11:37

Le deuil fait partie des étapes et des épreuves de la vie et ne doit en aucun cas être considéré, a priori, comme pathologique et encore moins avec des temps arbitrairement prédéterminés. A chacun son rythme; cependant, une vigilance n'est pas à exclure. Nous avons tendance à partager plus facilement les joies que les peines qui resteraient davantage dans le registre " du chacun pour soi ". Cette solitude, dans la peine, peut se révéler pesante au démarrage d'une vie à " reconstruire " sans le défunt.
On s'est posé la question, à la paroisse, d'une éventuelle visite aux familles en deuil, deux à trois semaines après les obsèques. Pour évaluer les besoins, j'ai rencontré des familles et j'ai constaté que plusieurs années après, certaines d'entre elles restaient comme traumatisées et disaient qu'elles avaient eu peu d'occasions de parler. Il arrive que l'entourage, dans une attitude de respect pour le chagrin ne dise rien et la famille, pour se protéger ne parle pas. Ce silence consenti peut, dans certains cas, devenir préjudiciable. Dans ces rencontres,les familles ont abordé les problèmes psychosomatiques qui se sont fait jour et toutes les mères qui ont perdu un enfant m'ont dit spontanément qu'elles avaient, maintenant, des troubles du sommeil. Ce qu'à titre personnel, je peux confirmer et je ne pense pas, pour autant, faire un deuil pathologique. Alors que je dormais comme un loir, j'ai découvert les insomnies sans, toutefois, prendre des somnifères; mais certaines mères disent qu'elles en prennent, faute de pouvoir trouver le sommeil.
Je voudrais dire que, sans exagérer les symptômes inhérents au deuil, il ne faudrait pas les minimiser non plus.
Par ailleurs, certains d'entre vous auraient-ils, dans leur paroisse, l'expérience de ces visites post mortem ?
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.

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Re: Le deuil n'est pas une maladie mentale

Message non lu par Teano » jeu. 23 févr. 2012, 20:29

En lisant cet article, je me suis dit : "tiens la courbe des "pathologies mentales" est parallèle à la perte des valeurs de notre société". Plus la société de consommation et le matérialisme progressent, plus on considère certains comportements comme des symptômes de maladie mentale. La spiritualité et la religion occupent de moins en moins de place dans la vie des familles et après on s'étonne d'être désemparés face au deuil !

Perdre un être cher est une chose affreuse mais on trouve bien du réconfort dans ces valeurs sûres que sont la famille, la foi, la prière et l'amitié. Notre société avec son individualisme à tout crin, a balayé des traditions qui permettaient aux familles d'exprimer leur chagrin et de porter leurs proches en terre avec dignité. Cela aussi serait folie ? Et dire que l'on croit à une vie après la mort ?

J'ai l'impression que l'on veut faire de nous des machines, des choses insensibles à toute souffrance, incapable de compassion et de reconnaître et d'accepter notre chagrin (pourtant légitime).

Comme disait le poète latin Térence : rien de ce qui est humain ne m'est étranger.

In Christo
"« Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, sainte Mère de Dieu. Ne repousse pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais de tous les dangers, délivre-nous, Vierge glorieuse et bénie »"


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Lexi
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Re: Le deuil n'est pas une maladie mentale

Message non lu par Lexi » dim. 28 avr. 2013, 16:58

Bonjour à tous,



Qu'il s'agisse des médecins ou des psychologues, je crois que peu comprennent la douleur ressentie à la perte

d'un être cher.

Je dirais que les médecins peuvent être très maladroits. Récemment, une doctoresse m'a dit qu'il me faudrait

à peu près deux ans pour me remettre du décès de mon mari. Elle a ajouté que l'amour ne durait que

deux ans tout comme le deuil. Elle m'a dit que je n'aurais aucun mal à refaire ma vie étant donné mon âge.

Elle m'a même prédit que j'aurais un enfant d'ici neuf ans et que je pourrais lui donner un jour les vêtements

de mon mari décédé. Enfin, elle m'a prescrit du lexomil.

Le discours de cette doctoresse m'a fait très très mal. Elle n'a, à aucun moment, respecté ma peine. Je suis

profondément attristée par ces médecins qui se permettent de minimiser la douleur provoquée par la perte

d'un mari.

Le véritable amour ne dure pas que deux ans. J'ai vécu six ans avec mon époux et je n'ai jamais cessé de

l'aimer. Je lui voue un amour éternel. Et, bien que je paraisse anormale aux yeux des médecins et

psychologues, je ne remplacerais jamais mon mari.Pourquoi referais-je ma vie sous prétexte que j'ai 31 ans?.

Et, pourquoi aurais-je un jour un enfant?. C'est totalement absurde. Si j'avais dû avoir un enfant, je l'aurais

eu avec l'homme que j'aime le plus dans l'univers. Les médecins me tuent avec leurs discours. Et, quand je

vois comment les psychologues traitent les personnes en deuil, cela m'effraie au plus au point. Est-il si

difficile de comprendre qu'on ne peut pas remplacer les personnes qui sont chères à nos cœurs?. Est-il

si difficile pour tous ces matérialistes de comprendre qu'il est impossible de faire son deuil de l'être aimé?.

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Suliko
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Re: Le deuil n'est pas une maladie mentale

Message non lu par Suliko » dim. 28 avr. 2013, 19:05


Je dirais que les médecins peuvent être très maladroits. Récemment, une doctoresse m'a dit qu'il me faudrait

à peu près deux ans pour me remettre du décès de mon mari. Elle a ajouté que l'amour ne durait que

deux ans tout comme le deuil. Elle m'a dit que je n'aurais aucun mal à refaire ma vie étant donné mon âge.

Elle m'a même prédit que j'aurais un enfant d'ici neuf ans et que je pourrais lui donner un jour les vêtements

de mon mari décédé. Enfin, elle m'a prescrit du lexomil.
Chère Lexi,

Je compatis tout à fait à vos souffrances. Le discours de cette doctoresse était extrêmement déplacé. Je ne comprends pas comment on peut manquer de tact à ce point...D'autant plus que je ne sais pas dans quel bouquin elle a pu lire que l'amour ne durait que deux ans...C'est d'une absurdité...
Ne vous préoccupez pas trop de ce genre de remarques inutiles. Quelle que puisse être votre vie dans le futur, jamais l'amour pour votre mari ne saurait être effacé ou oublié. On n'oublie jamais les proches qu'on a aimés!

Suliko
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Re: Le deuil n'est pas une maladie mentale

Message non lu par Lexi » mer. 01 mai 2013, 12:43

Bonjour Suliko,



Merci pour votre message.

J'ai entendu tellement d'absurdités, vous savez. Certaines personnes, telles que cette doctoresse, ont des

propos très déplacés à mon égard. Leur manque de tact est, pour moi, un manque de respect total. Parfois,

j'ai le sentiment d'être en décalage avec les mentalités actuelles. J'ai peut-être un caractère un peu trop entier.

Je ne sais pas. Je pense que cette doctoresse ignore la définition des mots "aimer", "âmes sœurs" et "fidélité".

Comme vous le dîtes si bien, on ne peut pas oublier les proches qui sont chers à nos cœurs.

Malheureusement, j'ai entendu beaucoup de discours similaires à celui de cette doctoresse. J'essaie de ne plus

trop prêter attention à ces bêtises. Mais, je dois avouer que j'ai du mal à digérer ce genre de propos que j'ai

aussi tendance à interpréter comme de la méchanceté gratuite. Je suis très loin d'être parfaite, mais certaines

personnes manquent cruellement de valeurs à mon goût.

Bonne journée à vous, Suliko!

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Kerniou
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Re: Le deuil n'est pas une maladie mentale

Message non lu par Kerniou » ven. 24 mai 2013, 16:50

Vous avez raison, les propos de ce médecin sont déplacés. Elle faisait certainement référence à des données statistiques.
Faire le deuil, c'est accepter la mort de l'autre et pour nous chrétiens reconnaître que l'autre vit dans dans l'Eternité et plus sur terre.
Faire le deuil ne signifie pas oublier: on n'oublie jamais. Au fil du temps, on accepte de laisser l'autre partir dans la vie éternelle. On ne peut plus faire comme s'il était encore avec nous; il n'est plus avec nous mais en nous et nous avons à vivre avec cette nouvelle forme de présence.
C'est un peu comme une séparation que nous n'avons pas décidée; l'autre est parti près de Dieu et nous le retrouverons un jour. En attendant ce jour, notre vie continue et peut redevenir belle mais différemment. Il faut arriver à accepter de le laisser partir pour la vie que Dieu a prévue pour lui.

Certaines personnes font un deuil pathologique; plus ou moins volontairement, elles refusent d'accepter la mort de l'autre et font comme s'il était toujours là. Au début, c'est normal, il faut le temps de s'habituer à la séparation et certains, même avec le temps ne peuvent concevoir cette séparation; d'autres décident qu'ils ne se sépareront pas. La souffrance de certaines mères est parfois telle qu'elles ont "tout perdu" à la mort de leur enfant, alors qu'elles en ont d'autres, par exemple. Elles ne peuvent plus fêter Noël ni aucune fête. Elles ne vont plus aux mariages ni à aucune cérémonie, pas -même dans leur famille. C'est comme si plus rien n'existait que la mort de leur enfant; elles arrêtent leur vie et aussi celle de leur entourage. Je connais une grand-mère qui emmène ses petits enfants tous les jours au cimetière sur la tombe de leur oncle décédé, il y a 15 ans. Elle dispose toujours le couvert de ce fils quand elle met la table et personne ne peut s'asseoir à sa place." Il est toujours-là et je ne veux pas qu'on l'oublie" dit-elle.
Il est normal de pleurer nos morts, mais la vie continue: la leur et la nôtre, pas sur le même chemin.
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.

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Re: Le deuil n'est pas une maladie mentale

Message non lu par Isabelle47 » ven. 24 mai 2013, 17:29

Merci Kerniou, vous savez trouver les mots justes.

La description que vous donnez de cette grand-mère mettant le couvert de son fils décédé il y a quinze ans est en effet pathologique et même effrayante; on se demande comment les autres membres de la famille peuvent vivre avec le poids que doit représenter pour eux le délire et l'enfermement de cette personne.

Mon plus jeune frère est mort subitement, à l'âge de vingt et un an.
Si ma mère n'a pas été anéantie - et Dieu sait si elle aimait ce fils! - c'est parce qu'elle avait la foi et qu'elle a accepté, comme vous le dites, qu'il vive "ailleurs", dans l'éternité; elle a accepté de le laisser partir.
"Aussi, croyez-moi, vous pratiquerez beaucoup mieux la vertu en considérant les perfections divines, qu'en tenant le regard fixé sur votre propre limon"
(Thérèse d'Avila)

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Re: Le deuil n'est pas une maladie mentale

Message non lu par Lexi » sam. 25 mai 2013, 11:30

Bonjour Kerniou,



Merci pour votre message.
Je peux comprendre cette dame dont vous parlez.
Néanmoins, vous avez raison de dire que nous devons essayer de laisser nos amours partis trop tôt mener la vie que Dieu a prévu pour eux. Ils sont toujours près de nous, dans le sens où ils sont gravés à jamais en nous. En outre, nous finirons nous aussi par les retrouver un jour. Cette seule pensée peut nous aider à affronter notre vie. Malheureusement, c'est un très long travail sur soi que de tenter de s'apaiser. Notre vie ne sera plus jamais la même... C'est très compliqué de vivre sans la présence physique de l'être qu'on aime le plus dans l'univers, dans la mesure où il n'est plus là pour nous rassurer.

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Kerniou
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Re: Le deuil n'est pas une maladie mentale

Message non lu par Kerniou » sam. 25 mai 2013, 17:41

Oui, vous avez raison, Lexi, le deuil est douloureux, c'est une épreuve de tous les jours.
La perte d'un être jeune est d'autant plus difficile à accepter qu'il n'a pas eu le temps de "faire sa vie" au sens terrestre où nous l'entendons. Nous grandissons avec l'idée qu'un jour nous perdrons nos parents. Ils nous donnent la vie et nous protègent quand nous sommes jeunes et ils nous apprennent à nous séparer d'eux pour devenir, à notre tour, des parents. Quand ils vieillissent, ils deviennent fragiles et c'est nous qui devons veiller sur eux et les les protéger. Ils nous quittent quand ils ont fini leur vie.
Un être jeune, c'est différent; et dans votre cas, Lexi, vous n'avez pas eu le temps de faire votre vie ensemble ni de réaliser vos projets: ses ailes se sont brisées en plein vol ... et vous restez seule avec une vie à reconstruire qui ne sera pas celle que vous avez prévue ensemble.
Il nous faut du temps et parfois de la volonté. L'amour que nous avons reçu de l'être aimé nous fortifie pour cheminer sans lui. Forts de cet amour, nous sortons grandis de cette épreuve et plus humains, plus ouverts à la souffrance et à la joie des autres.
En ce qui nous concerne, nous ne pouvions nous laisser abattre, notre fille s'est tellement battue contre la maladie; et nous sommes deux...
La vie est belle et vaut la peine d'être vécue pleinement, même pour vous, Lexi, qui êtes seule. Votre mari vous aime et le Seigneur vous comblera de Sa grâce.
Bon courage à vous.
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