Le pouvoir et le faste, c'est une chose, les actes mauvais en sont une autre.Cgs a écrit :le pouvoir, le faste, les actes mauvais de certains membres de l'Eglise ?
Le Christ a confié le gouvernement de l'Église à Saint Pierre, le Christ est lui-même un Roi, il est le Principe par lequel le monde a été créé, il est Dieu lui-même, et il a confié un pouvoir à saint Pierre, de lier et de délier définitivement, et de gouverner l'Église. Le pouvoir n'a rien de mauvais, quand il est la continuation de la volonté divine. Mais exercer le pouvoir est une responsabilité, et il y a comme dans toute activité humaine un risque de défaillance. Malgré ce risque, le Christ a fondé une Église en confiant des responsabilité à des hommes.
Le faste n'est pas non plus une mauvaise chose. Le Christ a accepté des fastes, le parfum, les repas de fête... parce qu'ils sont des moyens de signifier un sens : la valorisation d'une réalité particulière, d'une personne, d'une fonction ou d'une idée particulière. Tout n'a pas la même valeur. Il n'y a pas que la langue pour signifier des réalités ou des valeurs : il y a les rites, les symboles, les fastes, des gestes, des images, des comportements, etc.. J'ai récemment assisté à la messe dans une église normande dont la chaire était réalisée dans un sublime travail de ferronnerie d'art, je comparais le faste (et le travail appliqué du ferronnier) de cette chaire à la laideur de haut-parleurs qui l'avaient remplacée. La chaire comme le haut-parleur sont des outils techniques, mais le faste de la chaire signifiait l'importance donnée au prêche et à l'enseignement de la parole de Dieu, à l'outil était associé une signification supplémentaire : la valeur attribuée à sa finalité, à l'annonce de l'Evangile et à l'Evangile elle-même. On utilise constamment des fastes pour signifier la valeur que l'on attribue à telle ou telle chose importante pour nous : une repas de fête, l'ouverture d'une bonne bouteille, pour signifier la valeur qu'on attribue à nos amis et à ceux qui nous sont chers, un vêtement de cérémonie pour une soirée, un baptême, un mariage, une dépense supplémentaire pour une pièce ou un bâtiment qu'on veut particulièrement valoriser. A l'échelle de leurs moyens, les hommes font tous une différence, manifestée par une augmentation dans la dépense, pour signifier les choses qui leurs paraissent plus importantes, plus précieuses que les autres. Le faste n'est qu'un signe attaché conventionnellement à une idée ou une réalité qu'on veut valoriser moralement.
Mais comme pour l'idolâtrie et l'iconoclasme, le refus de tout faste ne fait que révéler la séduction irrésistible que la richesse opèrent sur ceux qui ne sont pas capables d'en user de façon désintéressée. C'est parce qu'il ne peuvent s'empêcher de convoiter la richesse qu'il ne peuvent supporter de la voir dépensée et utilisée dans l'Église. Ils sont tentés par la richesse et comme Nietzsche, il pensent que le meilleur moyen de surmonter la tentation est d'y succomber : distribuons-nous la richesse entre nous plutôt que de l'avoir tous les dimanches sous les yeux sans pouvoir en profiter et d'avoir à souffrir la morsure de la convoitise. C'est la même erreur que l'iconoclasme, qui croît qu'il suffit de détruire les images pour détruire l'idolâtrie. Mais l'idolâtrie et la convoitise ne sont pas détruites par la destruction de leurs objets, au contraire, elles sont capables de les produire même à partir de rien...