Bonjour monsieur Peltier et merci de prendre le temps de venir sur ce forum.
Nicodème a écrit :2. Je suis d'accord avec cet Enseignement. Je le connais bien. Je pourrais même faire un discours ou un cours à son sujet où un évêque présent ne trouverait rien à redire. Je l'ai écrit dans ma lettre en disant explicitement "et je suis d'accord avec ça." De plus, en réagissant au commentaire d'un lecteur, j'ai encore précisé : "si j'étais homosexuel, je pense que j'essayerais de vivre dans la chasteté. Je ne peux être plus précis, non ?
Excusez-moi mais ce n’était pas si explicite que cela. Au demeurant, je pense que la question du mariage homosexuel est à dissocier de la question de comment vivre ses pulsions homosexuelles.
Nicodème a écrit :3. L'esclavage d'un enfant ne peut être comparé au fait qu'il ait des parents de même sexe. Il n'y a pas de danger de morts et ici, en Belgique, depuis 10 ans, rien ne permet de dire que l'enfant d'un couple homosexuel part dans la vie avec un handicap. J'ai donné cours à plusieurs de ces enfants. S'ils ne m'avaient pas confié leur particularité familiale, jamais je n'aurai pu le deviner. Surtout, qu'ici en Belgique, dire qu'on veut adopter un enfant, pour des homosexuels, c'est devoir attendre très longtemps avant que cela ne se réalise.
Vous m’excuserez mais votre expérience me semble un peu courte, et surtout trop limitée. De fait, il me semble que celle des enfants qui n’ont pas connu leur père ou leur mère, et qui ont ce besoin de filiation parle dans l’autre sens.
Le problème, voyez-vous, c’est que nous ne nions pas qu’un enfant élevé par un couple homosexuel puisse trouver un équilibre. Mais :
1- Rien ne le garantit.
2- C’est un droit de l’enfant d’avoir un père et une mère, même si les circonstances de la vie font que ce n’est pas toujours possible.
3- Priver délibérément un enfant d’un père ou d’une mère (PMA ou GPA) pour satisfaire le désir d’un couple est objectivement une injustice. Qui osera dire que
dans l’idéal, il n’est pas souhaitable qu’un enfant soit élevé par son père et sa mère naturels ? Or avec la PMA et la GPA – qui suivront logiquement le mariage homosexuel –, il ne s’agit pas de palier à des drames (ce que fait l’adoption), mais de priver délibérément un enfant de son père ou de sa mère.
Vous savez, vous trouverez des enfants qui parviennent à se trouver un équilibre après le deuil d’un des parents, un divorce ou même l’abandon du foyer par le père ou la mère. Néanmoins, qui oserait affirmer que ce sont là des situations à créer délibérément et positivement ?
De même, oui un enfant peut trouver un équilibre avec des parents du même sexe. Mais il y a une profonde injustice à priver un enfant d’un père ou d’une mère.
Enfin, il y a des cicatrices qui ne se voient pas. Puisque nous en sommes à parler de nos expériences, voici la mienne : je viens d’un foyer brisé, père ayant d’abord quitté le domicile à deux reprises avant qu’il y ait divorce. Croyez-moi, TOUS mes professeurs, lors des conseils de classe ou discussions avec ma mère, faisaient l’éloge de mon équilibre, de mes bons résultats, de ma joie de vivre, etc. Moi-même, je pensais que ces évènements avaient été sans conséquence dans ma construction psychologique et identitaire. Grave erreur monsieur Peltier, grave erreur, je peux vous le garantir.
Bref, nous n’avons pas le droit, monsieur, de partir du principe que puisqu’un enfant
peut trouver un semblant d’équilibre, alors on peut lui infliger une situation bancale. Ce n’est pas aux adultes de décider ce que peut et doit endurer un enfant. Notre rôle est de leur assurer le meilleur cadre de vie possible, et non pas de les priver d’un père ou d’une mère en jugeant à leur place que ce n’est pas très grave.
Nicodème a écrit :4. Descendre dans la rue quand il y a danger de mort ? Oui, je serais bien le premier à le faire. Mais descendre dans la rue pour que des non-croyants n'aient pas le droit de réaliser quelque chose qui leur semble un progrès, sans que les chrétiens ne perdent quoi que ce soit (Un homo chrétien n'est pas obligé de se marier, que je sache) (un couple homo n'est pas obligé d'avoir un enfant.) non, je me refuse à le faire. Rien n'est enlevé aux droits de l'Eglise dans cette affaire, rien.
Ce que vous ne semblez pas comprendre, c’est qu’il s’agit de vérité et de bien commun, pas d’opinions personnelles et subjectives. L’Église a pour mission de dénoncer le mal, et elle nous exhorte à le faire. C’est dans sa doctrine. Dans cette triste histoire, elle ne défend pas son pré carré, elle dénonce le mal et appelle au bien.
Le mariage homosexuel n’aura pas que des conséquences pour les couples homosexuels. Il aura des conséquences sur les enfants que ces couples ne manqueront pas de revendiquer, et sur la société en général puisqu’il contribue à relativiser le rôle unique de l’union d’un homme et d’une femme. D’ailleurs, cette loi s’accompagne de la volonté d’imposer le Gender à l’école.
C’est un projet global qui se dessine.
Nicodème a écrit :6. A supposé même que les chrétiens aient dû manifester, cela ne s'improvise pas. On ne monte pas dans un train fou qui risque de dérailler à tout bout de champ ou de s'arrêter en pleine campagne. En suivant une espèce de marionnette rose qui n'avait aucune profondeur, en acceptant de marcher avec les repris de justice du Gud, de l'action identitaire et même de la "droite forte", l'Eglise s'est laissée salir. Quand tous les recours ont été épuisé, on voit que ça a fait psssssssssht, et c'est tout. L'Eglise de France, là, s'est trompé lourdement et je pense qu'elle sera obligé un jour de le reconnaître.
L’Église s’est laissé salir ? C’est là votre point de vue. Moi au contraire, je suis fier de cette Église qui a su s’opposer à ce qui constitue objectivement un mal et une injustice.
Votre fixation sur les quelques énergumènes qui se sont joint au mouvement est la preuve, à mon sens, de votre asservissement aux media. Oui, c’est dommage que ce genre de personnes vienne nous enquiquiner. Mais pour la plupart de ceux qui ont vécu les manifs de l’intérieur (j’en fais partie : je les ai TOUTES faites), elles n’ont même pas été visibles.
Et d’ailleurs, je vous signale que ce n’est pas l’Église qui a accepté de marcher avec ces gens. Ce sont ces personnes qui se sont greffées sur un mouvement (qui n’est même pas d’Église), mouvement qui a toujours affiché haut et fort son pacifisme et son respect des personnes homosexuelles. Votre propos est donc encore plus infondé. Vous faites le même genre d’amalgames et de raccourcis que la presse française.
Nicodème a écrit :7. Moi, je suis prêt à descendre dans la rue, pour faire cesser cette chasse aux Roms, qui eux sont chrétiens. Notre village a accueilli une famille de Roms fuyant la France. Quand j'entends ce qu'ils me racontent, je me dis "mais où étaient les chrétiens là-dedans." Tous les problèmes que vous avez avec eux, nous les avons aussi. Mais il y a moyen d'agir en chrétien avec des chrétiens.
Quel rapport avec le sujet ? Oui on pourrait aussi manifester contre la guerre en Syrie, contre les OGM et pour la paix dans le monde. Mais franchement, vous m’excuserez, ce n’est pas un argument dans le débat qui nous occupe.
Nicodème a écrit :8. Je m'excuse beaucoup pour ceux qui pensent le contraire, mais la chrétienté, oui, je le redis : c'est terminé ! Il faut en faire notre deuil et agir, non pas pour convaincre, mais simplement pour se mettre aux service des autres et de Dieu.
Oui, c’est terminé. Et alors ? Ce que vous ne semblez pas comprendre, c’est que l’opposition du chrétien au mal n’est pas un fruit de la chrétienté mais de l’Évangile. Et c’est justement parce que la chrétienté, c’est fini, que les chrétiens doivent s’opposer à ce genre de lois injustes.
Bon sang, monsieur Peltier, à vous écouter, le chrétien ne devrait pas s’opposer au mal. Ou plutôt, si, mais pas à CE mal qui pour vous ne semble pas en être un. C’est pour cela que avons réagi vivement à votre lettre : d’un côté vous dites que vous êtes prêts à manifester pour de « vraies » causes, de l’autre que vous récusez les manifestations (voire l’opposition) contre le mariage pour tous. Conclusion logique : le mariage pour tous n’est donc pas un problème pour vous. Or je suis au regret de vous le dire mais, sur ce point, l’Église n’est pas du tout d’accord avec vous, mais alors vraiment pas.
Et l’ambiguïté demeure dans votre message. Navré, mais l’Église appelle explicitement à s’opposer à ces bouleversements anthropologiques. L’Église VOUS appelle à vous y opposer.
Cordialement,