Avé
Je n'ai pas voté FN (ma nature est centriste

), mais je comprends ce type de vote. Plusieurs choses me retiennent de le faire :
- une grande incompréhension des mécanismes économiques, même si je reconnais que ça s'est amélioré
- la volonté de sortir de l'euro, qui me paraît suicidaire, même s'ils me semblent avoir atténué leur point de vue
- l'attitude systématiquement pro-poutinienne - mais on ne va pas se lancer dans le débat, on l'a fait ailleurs.
A cela s'ajoute un autre problème : la présence de vrais excités dans ce parti et, plus généralement, dans cette frange de l'opinion, de gens qui ont peine à masquer une agressivité parfois inquiétante (j'en ai connu un, délicieux par ailleurs, sur ce forum). A la décharge du FN, il faut reconnaître que ce type de personnages se retrouve dans presque tous les milieux militants, quel que soit leur bord.
Je pense aussi que l'interprétation des institutions européennes - qui, il est vrai, ne conviennent pas - n'est pas la bonne. La situation actuelle est du centralisme bureaucratique ; il faut la remplacer par du fédéralisme (si vous pensez qu'une telle solution rendrait la France moins souveraine qu'elle ne l'est aujourd'hui, vous donnez la preuve de ce que vous ne savez pas ce que c'est que le fédéralisme

).
Reste quand même une sorte de
Schadenfreude à voir ces résultats. Dans le fond, les hommes politiques français les ont bien mérités ! J'y vois plusieurs enseignements :
- le besoin d'une rhétorique patriotique et non plus simplement technique : le FN en a désormais le monopole, et je le regrette beaucoup.
- une chose que les médias refusent de voir : le rejet, par une grande partie de la population, des lobbies et milieux médiatiques cristallisés autour de la querelle du "mariage pour tous" (pour le dire de façon cavalière : "marre des homos", souvent confondus avec des cadres du Marais déconnectés des réalités)
- une autre chose que personne ne veut voir (je m'étonne qu'AUCUN commentateur n'ait osé le faire, ça en dit long, alors que ça me paraît la motivation première) : le rejet des cailleras et de la culture islamique telle qu'on l'importe actuellement en France.
Je suis frappé aussi par le rejet des milieux dirigeants français, qui est un phénomène très large - et justifié, me semble-t-il. On a affaire, de plus en plus, à des fils à papa, à des gens qui ne connaissent rien à rien, à des "élites" appelées ainsi malgré leur ignorance, leur inculture, parfois leur vulgarité (des gens qui ont trahi la culture française, quoi, il suffit de les entendre parler) - et de fait, la critique du FN, qui actuellement vise les journalistes, fait mouche. Tout le monde provient du même milieu parisien (y compris les provinciaux qui s'y sont agrégés) et a les mêmes réflexes. C'est assez pénible ; je peux d'autant plus me permettre de faire cette critique que je proviens de ce milieu. Plus que le jeu des institutions ou de je ne sais quel complot, j'y verrais plutôt un effet de la géographie humaine récente : quand une petite région concentre 25 % de la population, quand l'hypercentre de la capitale est de la taille d'une grande agglomération de province, quand les lieux de pouvoir se trouvent uniquement là et pas ailleurs, ces phénomènes sont inévitables...
Amicalement
MB