Bonjour,
Prodigal a écrit :
Si on tente de ramener le libéralisme à quelques principes essentiels, je proposerai ceci :
1) nous sommes tous rivaux, et donc concurrents
2) cette concurrence est productrice de richesse, donc bonne
3) le seul bon moyen de tempérer les effets négatifs de cette concurrence universelle est la loi
4) la liberté consiste à faire ce que l'on veut sans contrarier la liberté du voisin.
Or, nous sommes tous frères, la richesse corrompt les âmes, l'amour vaut mieux que la loi, fille du péché, et c'est la vérité qui libère.
Je ne vois pas de conciliation possible.
Chris Hedges écrivait :
"Pour le philosophe John Gray, le libéralisme classique se distingue par quatre principes : l'
individualisme, qui affirme la primauté morale de la personne sur la collectivité; l'
égalitarisme qui accorde à tout être humain le même statut moral essentiel; l'
universalisme, qui postule l'unité morale de l'espèce; enfin, le
méliorisme, qui soutient qu'on peut, grâce à la raison critique, améliorer la condition humaine de manière indéfinie."
et
"Thomas Hobbes, John Locke et Baruch Spinoza ont jeté les bases de la doctrine. Au XVIIIe siècle, leurs thèses ont été approfondies par les moralistes écossais, les philosophes français et les précurseurs de la démocratie américaine. Au XIXe siècle, le philosophe John Stuart Mill a redéfini le libéralisme en insistant sur ses dimensions progressistes que sont la redistribution de la richesse et la mise en place d'un État-providence.
et
"L'ère progressiste, qui a connu son apogée dans la seconde partie du XIXe siècle et les premières années du XXe, a été marquée par l'essor des mouvements sociaux luttant pour l'amélioration des conditions de travail des ouvriers, la syndicalisation, les droits des femmes, l'instruction publique, le logement des pauvres, la santé publique et le socialisme. Cette période a pris fin avec la Première Guerre mondiale. En plus de briser l'optimisme libéral en vertu duquel on considérait le progrès comme inéluctable, la guerre est venue consolider la mainmise de l'État et des milieux d'affaires sur l'économie, la politique, la culture et la société en général. On a ainsi crée une culture de masse nourrie par la consommation et le culte du soi, poussé les États-Unis dans une guerre permanente, et généralisée le recours à la peur et à la propagande pour intimider les citoyens et faire taire les voix indépendantes et radicales de l'élite progressiste. Le New Deal du président Franklin Delano Roosevelt, mis en oeuvre uniquement parce que le capitalisme était en train de s'effondrer, a constitué l'ultime sursaut du libéralisme classique aux États-Unis"
- C. Hedges,
La mort de l'élite progressiste, Lux, 2012, p. 20