Pas du tout. Pardonner, cela ne veut pas dire oublier. Notre Seigneur nous appelle à être simples comme les colombes, mais prudents comme les serpents. Si un employé me vole mon ordinateur de bureau pour le vendre et s'acheter des drogues, si je vois bien qu'il le regrette, alors je le pardonnerais. Il sera de nouveau mon employé, mais je ne vais pas lui offrir la gestion. En tout cas, pas tout de suite. Après un temps, peut-être. L'appel évangélique est un appel à la bonté envers l'autrui et non pas un appel à la stupidité envers l'autrui.La mémoire humaine est-elle l'ennemie du pardon
Si vous êtes d'accord jusqu'ici, alors vous avez la réponse à votre tourmente:
Ici, l'erreur est de de faire «ressortir à la moindre occasion». Non, je ne vais pas rappeler au voleur le fait qu'il a volé à la moindre occasion. Je le ferai dans un seul cas: dans le cas où il volera de nouveau.Il y a des "pardons" qui, loin d'oublier la faute, la garde bien en mémoire et ne manque pas d'instaurer un rapport de force invisible. Ce "pardon" en apparence maintient autrui sous une dette double, si je puis dire, et on est très loin de l'acquittement des dettes qu'il est censé apporter. Notre esprit serait donc comme La Pharisienne du roman de Mauriac : tout se passe comme si la chose était pardonnée, "oubliée", mais notre cœur archive les fautes et les compile comme on conserve des dossiers administratifs, et ces dossiers ne manquent pas de ressortir à la moindre occasion, continuant ainsi de peser dans la relation et maintenant par là la lourdeur des dettes sur notre prochain.
Notre pardon doit suivre la manière dont Dieu nous pardonne nous-même. Lorsque nous confessons un péché nous savons, à coup sûr, que Dieu, qui voit bien notre contrition, ne nous rappellera point au jour du Jugement notre péché. Cela ne veut pas dire qu'il va l'oublier, ne doutons pas sur la perfection de la mémoire divine.
Pour faire simple: pardonner veut dire oublier l'offense, pas l'acte pardonné.