Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

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Teano
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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Teano » lun. 24 févr. 2020, 13:45

Cher Altior,

Un viol est un acte de pénétration, en l'absence de consentement de la personne qui le subit. Une fellation imposée par la force ou la manipulation est un viol. Une pénétration digitale dans le vagin ou l'anus est également un viol. Tout le reste est diversement qualifié, attouchement, agression. Il y a une qualification juridique précise en oeuvre dans le droit, ce n'est pas sans conséquence. Certains des faits reprochés à Jean Vanier sont certainement des attouchements mais je crains qu'il y ait bien aussi des viols.

Voici la déclaration d'une des victimes, extraite du rapport de 11 pages :
J’étais comme figée, je réalisais que Jean Vanier était adoré par des centaines de personnes, comme
un Saint vivant, qu’il parlait de son soutien aux victimes d’abus sexuel, ça avait l’air d’un
camouflage et j’ai trouvé difficile de soulever la question.
C'est exactement ça : cette femme seule et sans doute vulnérable psychologiquement ou socialement, se trouve face à un intouchable, un saint vivant. Elle sait très bien qu'on ne l'écoutera pas, qu'on ne la croira pas, en raison de sa fragilité et sans doute aussi, de sa féminité. Quand le piège s'est refermée sur elle, il était déjà trop tard, elle n'avait plus qu'à subir. Cela s'appelle "la sidération" : le cerveau disjoncte et le corps ne répond plus (je simplifie).

Le vrai mot, c'est "camouflage". Ce genre de personnalité sait très bien se construire une image aux antipodes de sa personnalité réelle. L'Arche aura fait partie de ce que la psychiatre Muriel Salmona appelle la "stratégie agresseur", celle qui vise à lui garantir l'impunité : vous la trouverez à l'oeuvre chez Jean Vanier et le dominicain Philippe, comme chez Matzneff ou Preynat. C'est typique du modus operandi de ces prédateurs.

Le Dr Salmona parle aussi de la "colonisation agresseur", de la façon dont l'agresseur prend l'ascendant sur sa victime pour la conduire à ne pas s'opposer à lui et même...à prendre sa défense. Nanimo a raison, c'est une relation bourreau-victime qui met en jeu des mécanismes psychologiques difficile à concevoir pour tout un chacun.

Ces crimes, viol, attouchement, agression, dévastent le psychisme des victimes, les enfants comme les adultes. En fait, le plus difficile à comprendre, c'est que ces agressions ne laissent pas tant de trace au niveau des organes sexuels qu'au niveau du cerveau (voir les imageries médicales sur des personnes souffrant de stress post-traumatique qui montrent une hyperactivité de l'amygdale cérébrale). Ce que les victimes ressentent, les combats qu'elles doivent mener est au-delà des mots.

J'ai lu le rapport de 11 pages qui est effroyable : l'Arche n'aurait même jamais dû voir le jour tant cette belle organisation qui a fait tant de bien apparaît comme la résurgence de ce groupe sectaire qu'était "l'Eau vive". Les deux hommes n'ont eu de cesse de contourner la sanction ecclésiastique (et dès 1956 ! on ne peut pas dire que l'Eglise a tardé), sans doute pour y assouvir leurs petits délires mystico-partouzeux (ce que le dominicain Philippe fait dire à la Très Sainte Vierge, j'en ai la nausée !). Aussi zinzin l'un que l'autre.

Teano

P.S. : il me semble que pour avoir une vision complète des façons de faire de ces prédateurs, il faudrait aussi entendre la parole des femmes et des enfants qui, ayant été approchés par ce genre de dingo, ont réussi à échapper au piège. La proie échappe parfois au prédateur.
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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par la Samaritaine » lun. 24 févr. 2020, 16:18

Teano a écrit :
lun. 24 févr. 2020, 13:45

P.S. : il me semble que pour avoir une vision complète des façons de faire de ces prédateurs, il faudrait aussi entendre la parole des femmes et des enfants qui, ayant été approchés par ce genre de dingo, à réussi à échapper au piège. La proie échappe parfois au prédateur.
Ah oui chère Teano, on manque de témoignages de cette sorte.

Dans son livre sur les manipulateurs, le père Pascal Ide raconte un fait incroyable. Il rencontre un jeune couple de fiancés déboussolés qui viennent lui demander conseil. Voilà : accompagnés au mariage par un moine dans un monastère, la jeune femme, lors d''un entretien à trois, confie au moine qu'elle "trouve son fiancé trop tiède, sur le plan amoureux". Le moine demande donc à la jeune femme d'enlever chemisier et soutien-gorge (laquelle s'exécute) et il caresse la poitrine de la jeune fille en disant au jeune homme (qui laisse faire en silence) "voilà comment il faut faire.
Après cet "entretien", les jeunes se sentaient mal et ont donc été voir le Père Ide, qui, estomaqué a aussitôt demandé à la jeune fille "comment elle avait pu se laisser toucher par un autre homme que son fiancé "et demandé au jeune -homme "comment il avait pu laisser toucher sa fiancée par un autre homme, devant lui". Et qu'ont répondu nos deux jeunes perdrix de l'année ?
"Ben, il était moine."

Bon. Passé le premier moment d'hilarité qui m'a saisie en lisant cela, vient la colère : pourquoi ces deux ahuris adultes bien que jeunes se laissent manquer du respect élémentaire de leur personne, en oubliant toute notion de péché élémentaire (comme le dit Altior), en oubliant même, concernant le jeune homme le simple instinct viril de protection de sa fiancée, comment CELA est il possible ???
C'est là que se joue le nœud. On peut bien sûr se dire que ce sont deux neuneux, à la vertu faible finalement, bref on peut tomber dans le jugement facile. Ou on essaye de comprendre ce qui se joue là : des jeunes formatés au respect de l'homme religieux, formatage qui semble plus puissant que la notion du péché et la notion du respect de soi. Oui, ça fait peur : il a suffi que ce moine, non seulement moine, mais certainement CHARISMATIQUE, donne un ordre pour que celui ci soit immédiatement exécuté, bien que peccamineux à plusieurs titres.
(pour la petite histoire et sur l'entremise du Père Ide, le Père supérieur a été prévenu de l'originalité de l'accompagnement spirituel du moine…)

Jean Vanier était un homme d'un charisme énorme, considéré comme un saint vivant, et d'autant plus qu'il était (ou paraissait) très humble.
Ici, et dans nos différentes histoires d'agression, il y a la rencontre entre des personnes soumises à l''autorité religieuse (un profond formatage à la fois psychique et spirituel) et une personne dotée d'une puissance charismatique qu'il utilise pour assouvir ses besoins sexuels. Parce qu'à l'origine de tout cela, il y a des personnes habitées par de forts désirs sexuels (rien d'anormal) mais qui, à partir d'un moment dans leur vie sensée être chaste, se défoulent à force d'avoir été refoulés. Des désirs qui n'ont pas été intégrés, transcandés, sublimés. Des désirs qui les bouffent et qui les transforment eux-même en ogres.

Il va bien falloir en Eglise qu'on se pose sur la question du désir et des besoins sexuels qui ont besoin de trouver une porte de sortie, de son intégration ou de son manque d'intégration, du refoulé-défoulé qui crée des ravages. La question est plus vaste qu'une histoire de faire le ménage parmi quelques pervers et dépasse de beaucoup la question du célibat des prêtres.

En Christ,

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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par la Samaritaine » lun. 24 févr. 2020, 17:25

https://rcf.fr/la-matinale/jean-vanier- ... G6-z-kMm25

Réflexion très interessante d'Isabelle de Gaulmyn sur cette notion de "saint vivant".

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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Teano » lun. 24 févr. 2020, 17:46

Chère Samaritaine,

J'ai une amie très chère qui a été violée il y a environ une vingtaine d'années. Ce n 'était pas un ecclésiastique et elle était adulte mais le type était dans cette catégorie de prédateur, insoupçonnable, charismatique, avec des valeurs. Elle n'avait d'ailleurs aucune raison de se méfier de lui(on ne peut pas non plus se méfier de tous les hommes par principe...). Quand elle s'est retrouvée maintenue immobilisée et étouffée, à la merci de cet homme, c'était trop tard. Elle n'a jamais porté plainte, elle ne voulait pas que ça se sache et en plus, elle se sentait coupable d'avoir été si naïve.

Elle a traîné pendant des années des crises de stress post-traumatique, sans savoir que cette souffrance qui l'envahissait était un trouble psychologique et la conséquence de ce viol. Elle a développé des addictions, des comportements d'évitement, des phobies. Bref, tout le panorama de la personne traumatisée.

Il y a environ 2 ans, elle s'est retrouvée plongée dans une crise particulièrement intense et par un ensemble de circonstances diverses, elle s'est décidée à consulter une psy, pour lui décrire son mal-être. La psy lui a expliqué très calmement et très délicatement que ce qu'elle décrivait s'appelait l"état de stress post-traumatique" et que c'était fréquent chez les femmes "qui avait vécu le même traumatisme qu'elle". Mon amie était secouée. Et puis, la psychologue lui a posé la question que personne ne lui avait jamais posé, celle à 1 million d'euros : "qu'est-ce qui vous a fait ce gros fumier ?"

Voilà, voilà...

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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Suliko » lun. 24 févr. 2020, 18:26

Dans son livre sur les manipulateurs, le père Pascal Ide raconte un fait incroyable.
Et bien moi, ce qui me choque en premier lieu dans cette histoire, c'est que tout le monde semble considérer les relations pré-maritales (entre fiancés) parfaitement normales. Dans un milieu vraiment catholique, la fiancée n'aurait tout d'abord jamais fait une confidence de cette sorte à un moine, parce que cela aurait signifié lui dévoiler un péché, et dans le cas improbable où elle en serait venue à ce point, un moine digne de ce nom aurait clairement rappelé l'enseignement de l'Eglise sur le sujet. Point. A force de vouloir étaler ce qui relève de l'intime à n'importe qui, n'en sommes-nous pas venus à une situation profondément malsaine ?
Il va bien falloir en Eglise qu'on se pose sur la question du désir et des besoins sexuels qui ont besoin de trouver une porte de sortie, de son intégration ou de son manque d'intégration, du refoulé-défoulé qui crée des ravages. La question est plus vaste qu'une histoire de faire le ménage parmi quelques pervers et dépasse de beaucoup la question du célibat des prêtres.
Je vois très bien où vous voulez en venir, mais toute tentative de renverser l'enseignement traditionnel de l'Eglise doit être écarté. Qu'on se remette plutôt à retransmettre correctement la foi et la morale catholiques et à sanctionner les pervers et une bonne partie du travail sera déjà faite.
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par la Samaritaine » lun. 24 févr. 2020, 19:59

www.lavie.fr/religion/catholicisme/abus ... j8qo-DyaCc

Le père supérieur des Chartreux se positionne au sujet des abus sexuels dans l'Eglise. Une explication entre autres sur le grand nombre de cas dans les communautés nouvelles contrairement aux communautés anciennes : "le culte de la personnalité serait une idée moderne".

Suliko a écrit :
lun. 24 févr. 2020, 18:26
Dans son livre sur les manipulateurs, le père Pascal Ide raconte un fait incroyable.
Et bien moi, ce qui me choque en premier lieu dans cette histoire, c'est que tout le monde semble considérer les relations pré-maritales (entre fiancés) parfaitement normales. Dans un milieu vraiment catholique, la fiancée n'aurait tout d'abord jamais fait une confidence de cette sorte à un moine, parce que cela aurait signifié lui dévoiler un péché, et dans le cas improbable où elle en serait venue à ce point, un moine digne de ce nom aurait clairement rappelé l'enseignement de l'Eglise sur le sujet. Point. A force de vouloir étaler ce qui relève de l'intime à n'importe qui, n'en sommes-nous pas venus à une situation profondément malsaine ?
C'est justement parce que ces jeunes font partie "d'un milieu vraiment catholique" qu'ils font appel à un moine, à tort à mon avis : ils devraient voir un conseiller conjugal, bien plus à même de les accompagner dans leur relation.
Ce "milieu vraiment catholique" dont vous parlez n'existe pas, c'est un fantasme. Vous rêvez d''un milieu aseptisé, où tous les désirs sont bien rangés et ordonnés à leur place et sous contrôle. Ce n'est pas le cas. Ce n'est pas la réalité de notre humanité.

Suliko a écrit :
lun. 24 févr. 2020, 18:26
Il va bien falloir en Eglise qu'on se pose sur la question du désir et des besoins sexuels qui ont besoin de trouver une porte de sortie, de son intégration ou de son manque d'intégration, du refoulé-défoulé qui crée des ravages. La question est plus vaste qu'une histoire de faire le ménage parmi quelques pervers et dépasse de beaucoup la question du célibat des prêtres.
Je vois très bien où vous voulez en venir, mais toute tentative de renverser l'enseignement traditionnel de l'Eglise doit être écarté. Qu'on se remette plutôt à retransmettre correctement la foi et la morale catholiques et à sanctionner les pervers et une bonne partie du travail sera déjà faite.
Certes, mais toutes ces personnes déviantes et leurs victimes ont il me semble reçu une éducation catholique très solide. Il y a un nœud plus profond derrière les apparences.

En Christ,

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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par la Samaritaine » lun. 24 févr. 2020, 20:13

Teano a écrit :
lun. 24 févr. 2020, 17:46
Chère Samaritaine,

J'ai une amie très chère qui a été violée il y a environ une vingtaine d'années. Ce n 'était pas un ecclésiastique et elle était adulte mais le type était dans cette catégorie de prédateur, insoupçonnable, charismatique, avec des valeurs. Elle n'avait d'ailleurs aucune raison de se méfier de lui(on ne peut pas non plus se méfier de tous les hommes par principe...). Quand elle s'est retrouvée maintenue immobilisée et étouffée, à la merci de cet homme, c'était trop tard. Elle n'a jamais porté plainte, elle ne voulait pas que ça se sache et en plus, elle se sentait coupable d'avoir été si naïve.

Elle a traîné pendant des années des crises de stress post-traumatique, sans savoir que cette souffrance qui l'envahissait était un trouble psychologique et la conséquence de ce viol. Elle a développé des addictions, des comportements d'évitement, des phobies. Bref, tout le panorama de la personne traumatisée.

Il y a environ 2 ans, elle s'est retrouvée plongée dans une crise particulièrement intense et par un ensemble de circonstances diverses, elle s'est décidée à consulter une psy, pour lui décrire son mal-être. La psy lui a expliqué très calmement et très délicatement que ce qu'elle décrivait s'appelait l"état de stress post-traumatique" et que c'était fréquent chez les femmes "qui avait vécu le même traumatisme qu'elle". Mon amie était secouée. Et puis, la psychologue lui a posé la question que personne ne lui avait jamais posé, celle à 1 million d'euros : "qu'est-ce qui vous a fait ce gros fumier ?"

Voilà, voilà...

Teano
Chère Teano,

votre amie semble avoir attendu bien longtemps pour voir une psy. Le système de défense psychique est vraiment impressionnant : elle ne faisait pas d'elle-même le rapprochement entre son mal-être et son agression. Sans doute s'efforçait-elle de minimiser la chose pour survivre. Minimiser, c'est le piège. J'espère qu'aujourd'hui elle se porte mieux. Il n'est peut-être pas trop tard pour faire appel à la Justice ? Cela peut rendre service à d'autres qui auraient été agressées par lui.

Je crois que vous avez fait un lapsus écrit : je pense que la question de la psy était "qu'est ce qu'il vous a fait ce gros fumier ?"
mais vous avez écrit "qu'est ce qui vous a fait ce gros fumier?", c'est à dire : à quoi est dû ce gros merdier dans votre vie ? Bien sûr aux actes commis. Merveilleux les lapsus ...

Bien à vous,

Samaritaine

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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Suliko » lun. 24 févr. 2020, 21:22

Ce "milieu vraiment catholique" dont vous parlez n'existe pas, c'est un fantasme. Vous rêvez d''un milieu aseptisé, où tous les désirs sont bien rangés et ordonnés à leur place et sous contrôle. Ce n'est pas le cas. Ce n'est pas la réalité de notre humanité.
Vous faites semblant de ne pas me comprendre... Je ne vous parle pas d'un monde sans péché, je vous parle d'un monde où on reconnaît l'existence du péché et d'une morale intangible. Et normalement, quand on a été élevé dans la foi catholique, on est au courant que les relations pré-maritales sont interdites et on n'en parle pas comme d'une chose allant de soi, qui plus est à un moine. On cherche plutôt à rompre avec le péché, ou on a au minimum le tact de ne pas l'exposer en public. D'ailleurs, un moine vraiment catholique ne cautionnerait pas une telle morale et rappellerait à ses frères et sœurs dans la foi l'enseignement de l'Eglise. J'ose tout de même espérer que vous percevez la nuance... Ce père Pascal Ide est peut-être fort sympathique, mais on constate bien que son enseignement moral n'a pas l'air des plus orthodoxes, et c'est déjà une partie du problème.
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Message non lu par la Samaritaine » lun. 24 févr. 2020, 23:49

Suliko a écrit :
lun. 24 févr. 2020, 21:22
Ce "milieu vraiment catholique" dont vous parlez n'existe pas, c'est un fantasme. Vous rêvez d''un milieu aseptisé, où tous les désirs sont bien rangés et ordonnés à leur place et sous contrôle. Ce n'est pas le cas. Ce n'est pas la réalité de notre humanité.
Vous faites semblant de ne pas me comprendre... Je ne vous parle pas d'un monde sans péché, je vous parle d'un monde où on reconnaît l'existence du péché et d'une morale intangible. Et normalement, quand on a été élevé dans la foi catholique, on est au courant que les relations pré-maritales sont interdites et on n'en parle pas comme d'une chose allant de soi, qui plus est à un moine. On cherche plutôt à rompre avec le péché, ou on a au minimum le tact de ne pas l'exposer en public. D'ailleurs, un moine vraiment catholique ne cautionnerait pas une telle morale et rappellerait à ses frères et sœurs dans la foi l'enseignement de l'Eglise. J'ose tout de même espérer que vous percevez la nuance... Ce père Pascal Ide est peut-être fort sympathique, mais on constate bien que son enseignement moral n'a pas l'air des plus orthodoxes, et c'est déjà une partie du problème.
Mais la question ne se posait pas ainsi : ces deux jeunes fiancés n''avaient pas de relations pré-maritales d'après ce que j'ai compris. La jeune fille s'est plaint de "tiédeur" sans donner de détails (on peut imaginer que dans la manière de s'embrasser, il y avait entre eux ...inadéquation, un ressenti de sa part à elle comme manque d'intérêt véritable, un amour un peu trop...intellectuel, je ne sais) et le moine s'est aussitôt positionné comme professeur d'éducation sexuelle. Il a senti leur soumission à l'autorité et il s'est engouffré dans la faille. De mémoire, Pascal Ide leur avait parlé aussi de chasteté des fiançailles mais l'urgence pour lui était de les sortir de l'emprise, de leur faire prendre conscience de l'énormité de leur soumission, ce qu'il est parvenu à faire.
Vous me faites sourire avec votre expression "vraiment catholique". Mais justement, il semble que ce monde vraiment catholique génère de façon systémique de la soumission à l'autorité et de la déviance. Et que la mainmise totalitaire sur autrui et l'abus sexuel sur autrui sont d'une immoralité autrement plus grave que les relations pré-maritales. C'est notre sujet sur ce post : la déviance et la soumission qui se rencontrent. Un sujet dramatique qui pollue notre monde catholique et qui a sans doute des racines profondes.

En Christ,

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Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Boris II » mar. 25 févr. 2020, 0:42

Pleinement d'accord avec la personne sur RCF qui dénonce cette fascination qu'ont les catholiques (pas tous) pour les personnalités "charismatiques", ces personnes promises à un avenir brillant dans la banque et qui ont tout quitté pour Jésus... blabla... oui, faut arrêter avec ça... stop.

Ensuite, ce monde catholique a une deuxième fascination : pour les psys, les sexologues et j'en passe... si ça pouvait s'arrêter aussi, ça, ce serait très bien.

Pourquoi elle a ces fascinations, vraisemblablement parce qu'elle a été entièrement assimilée aux idéologies du monde qui sont athées dans leur essence.

Existe-t-il un prêtre qui soit réellement en capacité d'expliquer à un jeune pourquoi il est capital d'apprendre à être chaste et ce, sans la moraline et sans le discours psychologisant dont on a ras la soucoupe.
Je me souviens d'un prêtre, spécialiste du sujet, c'était chez lui, on l'écoutait... et d'après lui, il était normal qu'on papillonne jusqu'à ce qu'on trouve l'épouse, la bonne. Aucune profondeur théologique.

Dumouch est intervenu sur la question du "faut-il rendre ce cas public" ?

Ce dont il faudrait parler, c'est de l'indigence absolue de la formation. Et donc, on a Thérèse Hargot...

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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Foxy » mar. 25 févr. 2020, 11:05

Sur Facebook :
Jean Vanier, l’homme explique l’œuvre

Christian Delorme, prêtre du diocèse de Lyon, appelle à considérer Jean Vanier dans la totalité et la complexité de l’être qu’il fut et au regard de l’œuvre qu’il a créée

Celui qu’on voulait regarder comme un saint laïc aurait-il été, en réalité, un démon ? Le grand géant fraternel qui nous touchait par la tendresse que tout son être exprimait, nous aurait-il joué la comédie pendant des décennies ? Jean Vanier, le fondateur de l’Arche et l’inspirateur de Foi et Lumière, aurait-il, en vérité, fait partie d’une association de criminels assumés avec les pères Thomas Philippe et Marie-Dominique Philippe, eux-mêmes accusés d’abus sexuels ?

→ Les faits. Douloureuses révélations sur Jean Vanier

Quand on a tellement idéalisé un homme, qu’on en a fait – surtout les médias catholiques – une sorte d’icône qu’on aurait voulu placer sur les autels de nos églises, le choc des révélations récentes concernant « la part sombre » de Jean Vanier est rude. Toute l’Église en est bouleversée, et d’abord toute la famille de l’Arche et de Foi et Lumière. C’est pourquoi – et cela est légitime et compréhensible –, on cherche des réponses à ce qui semble relever de l’inexplicable. Et, surtout, parce qu’il faut sauver l’œuvre dont personne ne peut nier qu’elle est magnifique, on commence à s’évertuer à vouloir dissocier l’œuvre et son fondateur.

→ L’homme et l’œuvre

Mais est-ce juste ? Une œuvre n’est-elle pas d’abord le reflet de celui qui l’a créée ? Peut-on la saisir, la comprendre, l’apprécier en faisant fi, voire en niant la personnalité de celui qui l’a engendrée ? L’œuvre de Napoléon existerait-elle sans le complexe que celui-ci nourrissait à cause de sa petite taille ? Celle de Ludvig van Beethoven sans la surdité de celui-ci ? Celle de Malcolm X sans son besoin de revanche sur une enfance et une jeunesse massacrées ? Etc., etc.

Quand on embrasse du regard l’œuvre de Jean Vanier, ce qui frappe d’abord c’est l’immense respect des personnes handicapées mentales qu’il a réussi à imposer, et c’est l’exemple d’une tendresse infinie pour elles. Il fut certainement un des premiers au monde – en tout cas celui qui a donné le plus d’ampleur à cette attitude – à réintroduire les personnes handicapées mentales, massivement dénigrées, dans le grand concert de notre humanité et dans celui de notre Église.

Aurait-il fait tout cela simplement pour masquer ses turpitudes ? Si tel avait été le cas, l’œuvre n’aurait pu connaître un tel fleurissement. Ou bien l’a-t-il fait en partie grâce à ses propres démons intérieurs ? S’il a tellement su bien parler des fragilités, n’est-ce pas parce que lui-même se savait d’une fragilité extrême, grand coupable devant le tribunal de la morale et, surtout, vis-à-vis de ses victimes ?

Je pose ces questions en tremblant, car je ne voudrais pas donner le sentiment de minorer les faits dont Jean Vanier s’est rendu coupable, et surtout sembler faire peu cas des souffrances de ses victimes. Mais être homme (ou femme !), c'est toujours se tenir sur un fil entre lumière et obscurité. Ce n'est jamais être fait « tout d'un bloc » de bonté ou de méchanceté, de clarté ou de perversion. C'est avoir en soi l'ivraie et le bon grain qui poussent ensemble, et ne jamais cesser de mener des combats contre soi-même.

Rien de ce que je lis ces jours sur Jean Vanier ne me satisfait, car je crois qu'il faudrait pour être juste des approches pluridisciplinaires, et pas seulement tel ou tel discours théologique. Au vrai, pour bien saisir la réalité de toute cette histoire, nous aurions besoin d'un Fiodor Dostoïevski, d'un Stephan Zweig ou d'une Marguerite Yourcenar, qui nous feraient entendre les dialogues intérieurs de Jean Vanier. Aujourd'hui, tout ce qu'on entend, c'est le jugement d'un homme mort évidemment muet !
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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Teano » mar. 25 févr. 2020, 13:45

Je comprends au moins en partie l’analyse du père Delorme même si je ne la partage pas entièrement. Je ne pense pas que Jean Vanier ait jamais eu un atome de regret sincère de ses actes pas plus qu'il n'a jamais cessé de soutenir l'abbé Thomas Philippe. Tout simplement par ce qu'il était sincèrement persuadé que ce qu'il faisait était bon et qu'il n'y jamais vu ni fragilité, ni misère spirituelle.

Ce qu’il dit de Jean Vanier, on pourrait le dire de Harvey Weinstein qui vient d’être reconnu coupable de viol et agression sexuelle par la justice américaine. Il a produit des films magnifiques, avec des femmes qu’il a souillées de la tête aux pieds. Roman Polanski, dont la mère enceinte est morte à Auschwitz et l’épouse enceinte assassinée dans les conditions effroyables que l’on sait, a une filmographie fascinante qui traduit une certaine interrogation sur la noirceur humaine (« La jeune fille et la mort » qui évoque la relation bourreau/victime) et est un violeur avéré (c’est pour ça qu’il a fui les USA).

On pourrait en dire autant des deux vieillards lubriques qui ont tendu un traquenard à Suzanne (elle est très « Me too » cette histoire : Suzanne est acculée, quoi qu’elle dise, elle est coupable ; quant aux vieillards, ils s’appuient sur leur autorité de sage pour cacher leurs turpitudes).

L’être humain est complexe, l’histoire de sa vie entremêle souvent le meilleur et le pire mais il faut aussi savoir regarder des faits et les considérer comme ce qu’ils sont : inacceptables et monstrueux. Pécheurs, nous le sommes tous et nous avons nos ténèbres qui sont notre misère et notre pauvreté intérieure qui ont tant besoin d’être comblée de la présence miséricordieuse de Dieu. Criminel sans regret, c'est autre chose.

Les actes commis par JV et le dominicain Philippe ne sont pas du registre des ténèbres mais d’une malfaisance achevée. Cela est dû d’abord à une construction psychologique propre à ce genre d’individus qui les rend parfaitement incapables de ressentir la souffrance d’autrui. L’autre n’est qu’un objet dont on peut user à sa guise, avant de le jeter. L’autre est nié, dans sa dignité, dans son humanité, comme personne. Il n’y a rien qui ne s’oppose davantage à l’Evangile que ce qui conduit ces hommes à violer des femmes et des enfants. Ces hommes-là sont incapables de reconnaître leurs fautes voire leurs crimes et d’en demander pardon. Voyez comme le « pardon » répété mille fois de Preynat a assez peu convaincu tant il sonnait faux : il n’est pas capable de cette sincérité-là, d’un retour en lui-même dans sa conscience pour dire « j’ai mal agi et je le regrette vraiment», c'est réellement au-dessus de ses forces. Voyez les réponses et les lettres de Jean Vanier quand il a été questionné sur les abus sexuels de son mentor : les lettres qu’il a écrites maintenaient un soutien sans faille à l’abbé et une compassion de pure forme envers les victimes dont il se moquait probablement royalement. Cette malfaisance n’est pas une ténèbre, au sens où elle ne traduit aucun besoin de la présence de Dieu.

Personne en revanche, ou si peu, ne s’inquiète de ces femmes qui ont été abusées, agressées, violées. Elles restent sans nom ni visage, pour en protéger la tranquillité et la sécurité et sans doute, c’est ce qu’elles souhaitent. Comme le disait Boris, elles vont continuer à traîner leur histoire et leurs souffrances qui n’intéressent personne tandis que des bonnes âmes, avec plein de bonnes intentions, chercheront à atténuer la responsabilité des actes des uns ou des autres ou à « dissocier l’œuvre de l’auteur».

Chercher à comprendre comment des actes aussi horribles ont pu être commis pendant des décennies, dans une impunité totale est une démarche saine et nécessaire. Entreprendre cette démarche en entretenant des confusions morales, c’est une complaisance qui s’approche d’une forme de complicité. C’est bien ce mécanisme qui permet à ce genre de prédateurs de continuer à agresser femmes et enfants : discréditer les victimes et reporter sur elles la responsabilité de actes commis, nier la réalité des effets du traumatisme sur les victimes, ignorer leur souffrance, et minimiser la gravité des actes commis en cherchant à mettre en avant les engagements positifs de l’agresseur. C’est un grave dévoiement du discernement moral et de la miséricorde.

Ce que je retire du rapport publié par l’Arche (et qui n’est que mon analyse) est que l’Arche est né du projet de Jean Vanier et du dominicain Thomas Philippe, de créer une espèce de rideau de fumée permettant de justifier qu’ils soient en contact étroit pour persévérer dans leur dérives spirituelles, théologiques et sexuelles après la dispersion de l’Eau vive.

L’Arche a connu un succès inattendu, peut-être pour Jean Vanier lui-même. Le Bien pourrait-il être malgré tout le plus fort ? Je veux le croire ! Des milliers de gens ont participé, aidé et embelli l’Arche parce que leur cœur était bon et leur foi en l’Evangile, intacte. Vanier et Philippe n’en demeuraient pas moins des mystificateurs et des pervers, dépassés par leur création.

De cette œuvre de bienfaisance, ils ont fait un instrument de pouvoir sur autrui, comme d’autres utilisent une association sportive, un mandat d’élu ou une passion pour mettre en place leur « terrain de chasse ». Ils ont juste vu plus grand que d’autres.

Ce n’est pas très tendance chez nous, catholiques, de voir le Mal pour ce qu’il est et de faire le choix déterminé de s’y opposer. Nous voulons voir le bien partout et mettons la miséricorde à toutes les sauces, jusqu’à en faire une façon insipide et dangereuse de couvrir toutes les fautes, au mépris des faits, au mépris des victimes. Mais nous ne pouvons à la fois rire du Christ couronné d’épines et l’aider à porter sa Croix, trouver toutes les circonstances atténuantes aux criminels et entourer les victimes de notre amour fraternel. Il y a un moment où il faut aussi clairement marquer de quel côté on se place pour s’opposer fermement au Mal.

« Ceux qui sont hésitants, prenez-les en pitié ; d’autres, sauvez-les en les arrachant au feu ; d’autres enfin, prenez-les aussi en pitié, mais avec crainte, en détestant jusqu’au vêtement souillé par leur chair. » Epître de Saint Jude

Teano
"« Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, sainte Mère de Dieu. Ne repousse pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais de tous les dangers, délivre-nous, Vierge glorieuse et bénie »"


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Boris II
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Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Boris II » mar. 25 févr. 2020, 14:47

Belle réflexion Teano...

je partage quelques idées en vrac... Je ne peux m'empêcher de songer aux messages de Notre-Dame de la Salette dont certains éléments sont plus que jamais d'actualité.
Un certain nombre de chrétiens doit bien se rendre compte de ce qui est entrain de se passer. Tout le monde n'est pas aveugle.
Pour garder les yeux grand ouverts, il serait plus que judicieux de se mettre, chacun chez soi, à l'école de Thérèse d'Avila et de se tenir immobile dans l'oraison silencieuse. Cela fera plus que toutes les analyses des sexologues et psychanalystes qui ne manqueront pas ces prochains jours de nous expliquer l'inexplicable.,
Le temps est venu car, bien que je ne sois pas un grand prophète, je sens venir une tempête.

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Teano
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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Teano » mar. 25 févr. 2020, 15:43

Foxy a écrit :
mar. 25 févr. 2020, 11:05
Sur Facebook :
Jean Vanier, l’homme explique l’œuvre

Christian Delorme, prêtre du diocèse de Lyon, appelle à considérer Jean Vanier dans la totalité et la complexité de l’être qu’il fut et au regard de l’œuvre qu’il a créée

Aujourd'hui, tout ce qu'on entend, c'est le jugement d'un homme mort évidemment muet !
Comme c'est commode ! Jean Vanier est mort, il ne répondra jamais de ses actes devant la justice humaine, c'est vrai. Mais il n'est pas "muet" : il a laissé toute son oeuvre écrite publiée, ainsi que toute sa correspondance avec l'abbé Philippe, ainsi que les témoignages oraux des personnes qui l'ont côtoyé et interrogé sur les abus sexuels qui lui étaient reprochés ou à son "père spirituel". C'est le travail qui a été réalisé par M. Fourcade et M. Mourge, historiens qualifiés. C'est le travail également que fait la CIASE quand elle dépouille les archives diocésaines.

Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois.

Je crois que je vais m'arrêter là mais ce sujet me bouleverse trop pour me laisser de marbre. j'espère que vous voudrez bien passer outre la longueur et le nombre de mes interventions et mes éventuels "chauffage de moutarde qui me monte au nez"...

:burning: :burning: :burning:

Teano
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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Socrate d'Aquin » mar. 25 févr. 2020, 17:17

Un texte très pertinent de Gérard Leclerc, dans "France Catholique" :
La révélation par la communauté de l’Arche d’agressions sexuelles commises par Jean Vanier sur des femmes aux profils fragiles, constitue un véritable coup de tonnerre pour le monde catholique où il était révéré presque comme un saint. Moi-même, qui l’ait salué, au moment de sa mort, pour exprimer mon admiration et ma gratitude à son égard, je m’en trouve blessé et il faudra longtemps pour que ma tristesse s’apaise. Cette révélation fait d’autant plus mal que Jean Vanier a fondé et dirigé un œuvre proprement admirable à tous égards. Faut-il se redire avec les anciens : « Corruptio optimi, pessima » ? La corruption du meilleur est la pire des choses. Peut-être, parce qu’en un certain sens, Jean demeure le meilleur et que sa culpabilité n’en est que plus cruelle. Pourquoi ? Parce qu’en abusant de certaines femmes, il s’est prévalu justement de son prestige spirituel et de son autorité de héros de la charité.

Et là, on est bien obligé de parler de dévoiement pervers. Jean Vanier était une sorte de laïc bien particulier dans l’Église. Il a prêché dans sa vie de multiples retraites et on ne pouvait qu’acquiescer à un sens évangélique incontestable. Bien qu’il ne fut pas prêtre, il a usurpé de son charisme pour commettre le mal. On s’interroge sur la responsabilité qu’a pu avoir dans ce dévoiement le Père Thomas Philippe, cofondateur de l’Arche et lui-même coupable d’agressions du même type. Dans les années cinquante, ce religieux avait été d’ailleurs gravement sanctionné par le Saint-Siège, déjà pour des actes délictueux. L’affaire était restée en grande partie secrète et peu savaient ce qui s’était passé à ce moment-là. J’avais moi-même interrogé Jean Vanier là-dessus il y a fort longtemps, et il m’avait répondu que cela demeurait aussi pour lui une énigme.

Ne détenait-il pas un terrible secret qui aura marqué son existence entière, en l’inclinant à ces agressions justifiées par une insupportable mystification spirituelle ? C’est pourquoi Mgr de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, a jugé, au plus juste titre, qu’il convenait de revenir sur la pensée dévoyée du Père Thomas Philippe, que celui-ci partageait aussi malheureusement avec son frère, le fondateur des petits gris. La corruption du trésor de la mystique chrétienne est vraiment la pire des choses. Il nous revient, au fond de notre accablement, à prier pour celles qui en sont subi les conséquences, et pour Jean lui-même. Que la douce pitié de Dieu retombe sur lui.
Source : https://www.france-catholique.fr/A-prop ... anier.html
Dernière modification par Socrate d'Aquin le mar. 25 févr. 2020, 23:18, modifié 1 fois.
Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος, καὶ ὁ λόγος ἦν πρὸς τὸν θεόν, καὶ θεὸς ἦν ὁ λόγος. Οὗτος ἦν ἐν ἀρχῇ πρὸς τὸν θεόν. Πάντα δι’ αὐτοῦ ἐγένετο, καὶ χωρὶς αὐτοῦ ἐγένετο οὐδὲ ἓν ὃ γέγονεν. Ἐν αὐτῷ ζωὴ ἦν, καὶ ἡ ζωὴ ἦν τὸ φῶς τῶν ἀνθρώπων, καὶ τὸ φῶς ἐν τῇ σκοτίᾳ φαίνει, καὶ ἡ σκοτία αὐτὸ οὐ κατέλαβεν.

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