Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

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la Samaritaine
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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par la Samaritaine » mer. 26 févr. 2020, 16:46

Voici le site en question ou j'ai pris des passages du dossier élaboré par Xavier le Pichon :

https://marie-dominique-philippe.com

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Fée Violine
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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Fée Violine » mer. 26 févr. 2020, 16:49

Per Mariam a écrit :
dim. 23 févr. 2020, 11:49
Fée Violine a écrit :
sam. 22 févr. 2020, 23:46
Jean Vanier n'a jamais prétendu être saint.
Il a toujours dit qu'il avait des ténèbres, comme tout le monde.
Il était humain.
Je ne supporte pas d’entendre cette rhétorique qui vise à relativiser la gravité des actes commis. Il y a une échelle de gravité dans les péchés. On ne peut pas tout mettre sur le même plan en disant simplement « comme tout le monde ». Ben non, désolé, Dieu merci, « tout le monde » n’a pas usé de son autorité pour abuser sexuellement de femmes vulnérables.

Je ne prétends pas être juge à la place de Dieu, mais il y a dans les faits établis une gravité objective qu’on ne peut pas balayer d’une formule convenue.
Bonjour Per Mariam,

bien sûr qu'il y a des péchés plus graves que d'autres. Mais il me semble que quand on évoque certains crimes comme les abus sexuels, leurs auteurs sont mis d'emblée dans une catégorie à part, celle des monstres en quelque sorte, comme s'ils n'avaient rien à voir avec nous, les pécheurs ordinaires, les humains. Je veux dire, entre les différents péchés il y a une différence de degré (une échelle de gravité, comme vous le dites) mais pas une différence de nature.
J'essaie surtout de comprendre comment ça a pu arriver.

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Teano
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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Teano » mer. 26 févr. 2020, 17:16

Bonjour tout le monde,

Le rapport de 11 pages n'est sans doute que la synthèse de l'ensemble du travail d'enquête réalisé et je pense que bien des réponses aux questions posées ici, doivent y avoir leur réponse.

Si on met à part la question de la vocation de Dieu qui fait d'un homme un prêtre, je pense que JV a renoncé au sacerdoce pour ne pas avoir à renier l'enseignement reçu de celui qu'il faudrait plutôt appeler son âme damnée que son père spirituel et peut-être, pour ne pas attirer l'attention sur lui et rappeler les événements de 1956 à la mémoire de certains. Je dirais que cela faisait partie de la stratégie dévoilée par l'enquête : JV et TP ont fait preuve d'une grande prudence, y compris pour se faire un peu oublier avant de tenter de faire renaître leur groupe. Devenir prêtre aurait été contre-productif dans la stratégie de protection de ce conventicule d'hérétiques.

Je crois que c'est dans l'interview du prieur de la Grande Chartreuse que le mot "gnose" était employée pour qualifier la porno-théologie du père Thomas et de son groupe d'adeptes. Il me semble que c'est exactement cela : un groupe qui se persuade d'une connaissance supérieure à conserver entre initiés où tout est permis. Entre gens qui "conversent" avec la Sainte Vierge, comme d'autres parlent avec la concierge, le bien et le mal deviennent des notions très sélectives. Les femmes devraient remercier les uns et les autres des grâces qui leur ont été faites...

Jean Vanier n'a jamais varié en qualifiant l'enseignement et la méthode de Thomas Philippe de "solide" et en reconnaissant avoir lui-même n'avoir jamais cherché à en écouter un autre. C'est déjà en soi une erreur, un choix, une hérésie. La communion avec l'Eglise universelle est de fait, rompue, sacrifiée au profit de l'hérésie portée par le maître des consciences de ce groupe.

Je rejoins Samaritaine dans son analyse : les dominicains se sont focalisés sur les fariboles honteuses professées par Thomas Philippe en se foutant royalement des victimes qui ont survécu comme elles ont pu. On pourrait leur reprocher une certaine indifférence envers les victimes ou au contraire, une grande lucidité sur l'origine de tous ses débordements : ce qui est décrit est bien une dérive sectaire qui unit l'abus de conscience, l'abus de pouvoir et l'abus sexuel. Bien des victimes racontent qu'avant d'imposer un acte sexuel contre leur volonté, elles se sont retrouvées sous une forme d'anesthésie de leur discernement propre.

Je pense très fort aux femmes qui ont été victimes, qui ont subi le contact répugnant de ces hommes, si elles me lisent, je leur dirai qu'on peut avancer jour après jour, sur le chemin difficile de la résilience. Mon amie me disait que c'est chaque jour, pour elle, le choix de la vie plutôt que celui de la mort intérieure, du renoncement à la joie du quotidien. Elle a des hauts et des bas. Elle m'a expliqué que, quand elle prie le "Notre Père", "délivre-nous du mal" elle le vit comme son cri intérieur qui exprime sa détresse de victime, c'est toute sa chair qui appelle le secours de Dieu.

Je pense aussi à tous les bénévoles et à toutes les personnes qui ont fait ou reçu tellement de bien, dans les communautés de l'Arche : ce sont eux qui ont changé le regard sur les handicapés mentaux, qui ont porté chacun d'entre eux vers une vie meilleure. Ce Bien-là est celui de Dieu et le leur, cela n'est pas la propriété de Jean Vanier, ni de son éraste.

Si je devais tenter une comparaison, ces personnes doivent avoir l'impression de découvrir qu'ils sont nés d'un viol, avec l'accablement que cela peut susciter.

Je crois qu'il faut soigneusement discerner qui est victime dans cette situation (à des degrés divers) et qui est auteur/responsable/coupable. Tout chemin authentique de conversion, de pardon, de réparation ne peut se réaliser sans vérité ni justice. La miséricorde de Dieu n'en sera que plus grande.

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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Pathos » mer. 26 févr. 2020, 19:44

Je devais me rendre prochainement à une halte spirituelle durant un WE CVX à ....Troly !
J'ai décommandé ; impossible pour moi d'aller là bas, je n'ai aucune envie de mettre les pieds dans ce village pour moi devenu presque sectaire.
Les gens de l'Arche n'ont rien à se reprocher bien sur mais c'est ainsi ... pas envie du tout.
La gérante des lieux plus que mes accompagnateurs a parfaitement compris ma réaction.
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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Gaudens » mer. 26 févr. 2020, 23:26

Merci,chère Samaritaine, pour tous ces documents transmis, où cependant je ne vois pas de témoignage accusant directement JV de pratiques semblables à celle des frères Philippe - y en a-t-il ailleurs ?Je comprends que oui...-.Reste que l'analyse de Mme Pedotti dans TC me semble , hélas, pleinement valable, bien qu'il m'en coûte un peu d'être ici de son avis.
La question qu'on peut se poser est de savoir dans quelle mesure, l'infection demeure, même comme un écho affaibli, dans des instituts créés par des fondateurs pervers (et en plus,hérétiques et blasphémateurs) : Légionnaires du Christ, frères et soeurs de Saint-Jean, l'Arche.... Question qui risque de rester à jamais sans réponse.

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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par St ange gardien » jeu. 27 févr. 2020, 9:21

Teano a écrit :
sam. 22 févr. 2020, 13:30
Cher Jean-Mic,

Je te remercie d'avoir publié cette information que j'ai entendu sur RCF, ce matin.

Toutes nos idoles finissent par tomber

Teano
Je pense qu'il y en aura d'autres qui vont tomber....

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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Fleur de Lys » jeu. 27 févr. 2020, 9:51

Fée Violine, merci de m'avoir répondu. "La vérité libère". C'est bon de le rappeller.

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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Teano » jeu. 27 févr. 2020, 11:59

Gaudens a écrit :
mer. 26 févr. 2020, 23:26
Merci,chère Samaritaine,p^pur tous ces documents transmis,où cependant je ne vois pas de témoignage accusant directement JV de pratiques semblables à celle des frères Philippe- y en a-t-il ailleurs ?Je comprends que oui...
Bonjour Gaudens,

GPCS a recueilli le témoignage écrit de 6 femmes qui ont décrit les abus commis sur elles par Jean Vanier lui-même. 5 ont accepté de rencontrer les enquêteurs de GPCS.

Le rapport cite également un extrait d'une lettre, écrite en 1958, par le dominicain Thomas Philippe à Jean Vanier dans laquelle il tempère son "enthousiasme" :

"Pour XX soyez très prudent. Vous pourrez parfois prier avec elle, si c’est très prudent ; mais au point de vue extérieur le minimum, pas plus que S. (Saint) jean à la Cène et de façon assez discrète. Je sens que la Ste Vierge demande d’être très prudent ce point. Appuyez-vous sur l’obéissance. Même si XX [.] et vs. êtes très pressés intérieurement, il ft. rester plutôt en deçà de cette limite que d’aller au-delà… Marie peut vouloir éprouver votre obéissance"



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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Fée Violine » jeu. 27 févr. 2020, 14:24

la Samaritaine a écrit :
mer. 26 févr. 2020, 15:51

Jean Vanier disait en 1994 que “c'était une vie très pauvre car il y avait peu d'argent, mais aussi très prenante, avec du travail manuel et beaucoup d'étude.”19 Les statuts affirmaient que cette vie de partage très pauvre se voulait à la ressemblance des premières communautés chrétiennes. J’illustre un aspect de cette vie avec un autre extrait d’une lettre de Michael Meaney : “En dehors de la vie de prière, je pense que le froid, pour moi du moins, est l’élément le plus sanctifiant. J’ai vécu au dessus d’un garage depuis quatre mois et je n’ai jamais eu aussi froid, aussi longtemps, de toute ma vie... L’absence de confort (pas d’eau courante, personne pour laver la vaisselle à votre place, pas de chauffage central, etc..) et la maigre nourriture (principalement des pommes de terre, quelques légumes et de temps en temps un petit morceau de viande de basse qualité ; jamais de lait, de beurre, etc..) aident beaucoup en fait à mener une vie chrétienne.” [/i]

Tiens ? des restrictions alimentaires. ..
Chère Samaritaine, n'en rajoutez pas dans les soupçons de dérives sectaires. Vraisemblablement ils mangeaient peu parce qu'ils n'avaient pas d'argent, simplement !
Ce qui me fait sourire, c'est la phrase "personne pour laver la vaisselle à votre place", comme exemple de pauvreté radicale !!! Ah ! Ces hommes !

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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Cinci » jeu. 27 févr. 2020, 14:59

Bonjour,

Je me préparais à partir pour une journée complète de ressourcement samedi dernier. Il se trouve que j'aurai eu le temps de lire rapidement la manchette explosive avant de quitter mon domicile. Un vrai miracle si malgré cette bombe ma journée entière n'en fut pas gâchée. Je me demande encore comment j'ai fait pour parvenir à oublier "ça" au moins jusqu'en soirée.

J'avais reçu une invitation de mon amie pour prendre part à une journée d'enseignements et de ministère de guérison intérieure. La totale ! Avec au programme : adoration, chapelet, confession ... temps de prières, messe. Il s'agissait d'intercéder pour autrui. Je n'ai pas regretté du tout de m'être montré si docile à l'invitation reçue. Tout cela m'a permis de faire la connaissance d'un jeune prêtre bien de chez nous; à peine 32-33 ans. Excellent ! Infiniment sympa, très humble, bon communicateur. Le théme de la journée : l'angoisse et l'agressivité. Il nous aura tellement bien "vendu" la confession, je m'y serai re-précipité sans hésiter. Je dis re-précipité, il ne faisait pas cinq jours que je m'étais ouvert à un autre prêtre.

:)

Le ménage n'était pas encore terminé.

Par la suite, le dimanche et le début de semaine jusqu'à hier, mercredi des cendres, furent assez chargés avec toutes sortes de petites démarches. Et ceci explique cela. C'est pourquoi je ne me serais pas jeté sur la nouvelle du scandale comme un ours affamé sur une talle de petits fruits ou une ruche pleine de miel




Pour en revenir à Jean Vanier ...

Ma première impression en fut une d'irréalité vous pensez bien. Ça m'a fait beaucoup de peine de voir sa personnalité ainsi que son oeuvre être ainsi entraînés dans une pareille fange. Ma deuxième, c'est que je trouve le dossier à charge assez mince en réalité en comparaison de la dureté des jugements expédiés ici et là, comme sans retenue aucune. Je trouve pénible de voir des catholiques ne pas hésiter cinq secondes à vouloir incendier un homme semblable, le lendemain de sa mort pratiquement, après une telle vie au service des êtres les plus fragiles. On pourrait se garder une petite gêne. Il mériterait au moins de jouir un peu plus que ça d'un certain bénéfice du doute,

Car c'est bien beau qu'il puisse y avoir des plaignantes. Le hic c'est qu'il faudrait pouvoir être vraiment certain qu'il ne s'agirait pas plutôt d'affabulations dans une large mesure. Je trouve que les éléments qui sont repris en boucle ne valent pas grand chose, mais tout simplement parce que nous n'avons pas affaire à des pièces ressortant d'un authentique procès. C'est comme si l'on devait se trouver en présence d'accusateurs civils se trouvant à la fois juges et parties, en l'absence de l'accusé lui-même. Il en rappelle drôlement une sorte de chasse au sorcières. Personnellement, je ne suis pas du tout à l'aise avec ce genre de procédé.

Il est possible que Jean Vanier, - pécheur comme nous le sommes tous et toutes - et lui célibataire, outre d'y avoir été exposé à tant de rencontres, qu'il ait pu céder à quelque désir ou fringale sexuelle à quelques occasions. Je ne dirais pas que la chose soit humainement impossible. Il ne vivait pas dans la cahute désertique en compagnie de chameaux uniquement. Sauf que toute la différence du monde réside dans l'interprétation que l'on veut bien plaquer ensuite à des tas de faits (réels ou supposés) que l'on voudra lier ensemble, et pour avec ça nous dresser le portrait d'un monstre. C'est juste là où la chose est pas mal moins avérée.

Avec seulement le témoignage de quelques plaignantes, un témoignage ayant pu être recueilli de façon complaisante et soustrait d'emblée à toute forme d'examen critique, je vois mal ce qui autoriserait immédiatement l'un ou l'autre à nous balancer que nous serions en présence d'un prédateur sexuel, un salaud, une fripouille, un escroc, un violeur, un criminel exerçant une emprise psychologique de chef de secte, etc. Quel cinéma !

Il existe tout de même une marge importante entre l'expression d'un péché quelconque, tel un manquement à la vertu de chasteté, une faiblesse, un désordre passionnel qui inciterait l'autre à croire à une sorte de réciprocité, puis le mode opératoire d'un authentique criminel, celui d'un type réellement déviant, mû par la haine des femmes, détraqué, désireux d'assouvir une envie d'utiliser le viol comme façon de se venger, pour humilier et détruire.

Je n'aime pas non plus que l'un ou l'autre nous fasse part de sa propre opinion (car il s'agit bien de cela en premier : une opinion), mais tout en nous gratifiant d'avance que personne n'aura le droit de penser autrement, sous peine de devoir être lui-même un irresponsable et complice du Mal, un aveugle volontaire qui préfère assurément l'aveuglement à la Vérité, et etc. Dès le jour 1, comme à peine la nouvelle sortie : tout est pré-emballé et prêt à consommer ! On a droit tout à la fois à l'exposition du point de vue de la plaignante, les idées entendues de monsieur X, la conclusion du comité machintruc ou des experts de l'agence privée de sécurité à Londres. La cause est déjà entendue et jugée. Crac ! Jean Vanier est un salaud, manipulateur, traître, gourou complètement dingue, etc. Comme disait miss Thatcher : "There is no Alternative". Et sans la tenue d'un véritable procès. Pas le moindre ! Non, il faudra faire confiance aveuglément aux dires de madame "X" posant en victime d'un monstre bien sûr.

A priori, il me semble que beaucoup d'éléments seraient sujet à caution.

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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Pathos » jeu. 27 févr. 2020, 15:12

Bah ya quand même une putain d'enquête privée .. ou alors c'est encore un complot judéo-maçonique ? :mal:
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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par la Samaritaine » jeu. 27 févr. 2020, 16:36

Cinci a écrit :
jeu. 27 févr. 2020, 14:59

Il est possible que Jean Vanier, - pécheur comme nous le sommes tous et toutes - et lui célibataire, outre d'y avoir été exposé à tant de rencontres, qu'il ait pu céder à quelque désir ou fringale sexuelle à quelques occasions. Je ne dirais pas que la chose soit humainement impossible. Il ne vivait pas dans la cahute désertique en compagnie de chameaux uniquement.
Cher Cinci,

j'imagine qu'un certain nombre de prêtres, tenus à une discipline charnelle difficile (Jésus parle de "se rendre eunuque, c'est à dire de...se mutiler), cèdent à leurs désirs suite à une rencontre opportune. Il ne manque pas de femmes consentantes qui, de plus peuvent être attirées par l'interdit que représente le prêtre. L'abbé Pierre lui-même a dit qu'il avait eu quelques "aventures"... Rien ici qui soit blessant pour d'autres, qui fasse des victimes, on est entre adultes consentants. Si des bruits de cette sorte étaient sortis (une ou des aventures de Jean Vanier), on aurait souri. (Enfin, pas les tradis).
Ici, il s'agit bien d'une mise en cause gravissime "d"emprise psychique et sexuelle", avec comme conséquences des personnes déstructurées qui sortent de là en disant "je ne sais plus qui je suis" (lire l'excellent article du Supérieur des Chartreux).

Vous nous dites, qu'avant de jeter un homme pareil à la vindicte, il faut des preuves, une enquête solide, ne pas se fier à la parole de quelques plaignantes... C'est tout à fait vrai. Oui, il peut exister des personnes déséquilibrées qui racontent n'importe quoi. C'est bien pour ça que lorsqu'une 2e plaignante est venue contacter la direction de l'Arche, les responsables ont décidé de commanditer une enquête par un organisme spécialisé. Le travail réalisé est visiblement important, d'autres plaignantes sont apparues et surtout les Pères Dominicains ont ouvert leurs archives, avec prise de connaissance des raisons du procès canonique du Père Thomas dans les années 50. Ce sont des documents officiels, auxquels s'ajoutent les centaines de courriers entre les deux hommes qui ont été épluchés. Enfin, des membres du groupe initial de l'Eau Vive ont été rencontrées (des femmes disant avoir été consentantes d'ailleurs. Elles doivent être très âgées maintenant mais elles demeurent des témoins).

Il est donc avéré que le Père Thomas professait en pensées et en actes une doctrine mystique qui s'incarnait en actes sexuels, et que d'un groupe initial consentant (dont faisait partie JV), il est passé à des actes sans consentement sur des religieuses qui se sont plaintes, ce qui a entrainé procès canonique et mise à l'écart pendant 12 ans. Ensuite création commune de l'Arche par les 2 hommes. Ensuite mise en cause bien plus tard du Père Thomas avec JV, qui si vous lisez bien ses lettres à l'Arche, le soutient. Dans le même temps, mise en cause de son frère Marie-Dominique Philippe avec découverte d'une "chaîne de pédophilie" chez les Petits Gris. La Fraternité Saint-Jean fait un travail remarquable de "nettoyage" avec beaucoup de courage et de fermeté.

Il est avéré que les 2 frères (qui se sont d'ailleurs partagé quelques victimes) ont répandu et transmis une doctrine commune autour d'eux.
Les plaignantes concernant JV ont rapporté des faits et des paroles qui sont les mêmes que rapportent les plaignantes des deux frères.

L'enquète a donc abouti sur le fait que JV était participant volontaire du groupe initial (consentant) et qu'il a lui aussi commis des actes sans consentement, c'est à dire qu'il est demeuré "fils spirituel" du P Thomas, de toutes les façons.

C'est l'aboutissement de l'enquête et la synthèse du rapport transmis ici n'est qu'une synthèse. Les responsables de l'Arche ont été convaincus et ont décidé de communiquer sur cette réalité. Pouvez-vous imaginer que les responsables, amoureux de l'Arche, amoureux de JV comme tout le monde, ayant donné leur vie à cette magnifique organisation sociale mondiale, sachant qu'ils vont blesser très gravement les milliers de personnes qui se donnent à l'Arche à travers le monde, sachant qu'ils vont ternir la réputation d'une des plus grandes figures spirituelles de notre temps, pouvez vous penser une seconde qu'ils aient eu le moindre doute de la véracité, de la réalité des conclusions de l'enquête, aussi douloureux cela soit-il pour eux ???

Je comprends très bien que les éléments qui nous sont transmis vous paraissent insuffisants. Moi, ce sont les documents concernant le procès canonique de P Thomas qui m'éclairent sur l'enchainement des faits, ça me suffit pour percevoir un minimum la logique de la suite, pour percevoir le tableau. D'autres seront marqués par d'autres faits et pour d'autres, rien de probant.

Mais ce qui est à considérer, c'est que les responsables de l'Arche ne sont pas masochistes ou inconscients. Contrairement à nous, ils connaissaient JV, ils l'aimaient et avaient bien plus que nous des raisons de refuser ces conclusions de l'enquète. S'ils prennent le risque aujourd'hui de provoquer un séisme tout en se crucifiant eux-mêmes et tous ceux qui sont engagés, ce n'est pas parce qu'ils ont écouté quelques plaignantes un peu vite. C'est parce qu'ils n'ont plus aucun doute suite à un travail d'investigation très sérieux, aussi douloureux soit-il. Nous aurons sans doute plus d'éléments probants par la suite. Mes amies qui ont été engagés à l'Arche pendant des années (j'en ai 2) sont fracassées mais elles n'ont aucun doute.

Si ces personnes n'ont pas de doutes, pourquoi en aurions-nous ???
Nous sommes tous en état de dissonance cognitive, c'est à dire que nous ne pouvons voir en cohérence JV, entre l'admirable accompagnateur et théologien et l'homme de pouvoir, dans la perversion et l'hypocrisie. ça ne colle pas.
C'est dur à vivre.

En Christ,

Samaritaine

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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Fée Violine » jeu. 27 févr. 2020, 22:00

Émission spéciale sur le sujet, sur RCF, ce soir tout de suite, de 9h à 10h et demie.

https://rcf.fr/actualite/actualite-reli ... -la-parole

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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Fée Violine » ven. 28 févr. 2020, 22:00

J'ai écouté l'émission hier soir, j'étais un peu déçue. Les intervenantes étaient une pasteure et une psy. La pasteure a contesté la notion de sainteté et l'usage de la direction spirituelle. La psy s'est lancée dans des explications compliquées. Heureusement les interventions des auditeurs ont apporté des points de vue plus variés, notamment quelqu'un a émis l'hypothèse que Jean Vanier était lui-même sous l'emprise de Thomas Philippe, ce qui me semble évident. Ce n'est pas une excuse, mais ça permet de comprendre.
Je pense qu'il était vulnérable, sans doute pour des raisons tenant à son histoire personnelle.
Cette vulnérabilité lui a permis de fraterniser avec d'autres personnes vulnérables, les personnes handicapées.
Mais elle l'a aussi fait tomber dans les griffes de ce dingue, et quand il se comportait comme son maître avec les personnes qu'il accompagnait, ce n'était peut-être pas pour son plaisir personnel, mais par devoir, parce qu'il pensait que c'était bien, si ahurissantes que soient les théories de ce maître.

Au début, je pensais que les faits incriminés s'étant déroulés entre 1970 et 2005, Jean Vanier avait peut-être eu le temps de se repentir avant sa mort. Mais ensuite je me suis documentée de plus près et j'ai vu que malheureusement non, jusqu'au bout il a gardé sa confiance à Thomas Philippe...

Rome et les responsables de l'Ordre dominicain ont une grosse responsabilité en n'étant pas intervenus énergiquement pour protéger les victimes et protéger Jean Vanier contre lui-même.
Le Père chartreux cité plus haut dans ce fil dit à ce propos :
Ayant été 20 ans maître des novices, j'ai été confronté à un jeune religieux habité par des pensées suicidaires. Le soir même, je l'ai envoyé chez des amis pour qu'il ne reste pas seul. Quand, sidéré par le témoignage d'une femme qui a accompagné des sœurs à leur sortie d'une communauté – toutes, à une exception près, avaient eu l’idée de mettre fin à leurs jours –, j'ai transmis l'information à des responsables au sein de l'Église, que j'estime à bien des égards, il n'y a eu aucune réaction… Le degré d'anesthésie est colossal !

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Re: Jean Vanier n'était pas le saint qu'on imaginait

Message non lu par Cinci » sam. 29 févr. 2020, 2:25

Fée Violine :
J'ai écouté l'émission hier soir, j'étais un peu déçue. Les intervenantes étaient une pasteure et une psy. La pasteure a contesté la notion de sainteté et l'usage de la direction spirituelle. La psy s'est lancée dans des explications compliquées.
Pareillement.

Car, moi aussi, je m'astreignis (pas sûr de l'orthographe ici ?) à réaliser l'exerce d'écoute jusqu'au bout. Et c'est bien décevant. Oui, en effet. Les deux femmes ont prêché pour leur paroisse.

L'une pour "décrier" les pratiques de l'Église catholique (sainteté canonique, accompagnement spirituel), l'autre pour faire valoir qu'il y prendrait bien davantage d'experts "psy'. Si vous me permettez l'analogie, ce serait un peu comme demander au syndic de la magistrature ce qui manquerait pour réduire encore plus le crime, si c'était possible. Et alors la réponse : "Plus d'avocats ! Plus de juges ! plus de lois, des lois, d'autres interdictions !"

Les deux n'ont fait surtout que gloser ou extrapoler, comme s'il pouvait être possible de se mettre dans la tête d'une personne désormais disparue, et encore !, à s'efforcer de bâtir la construction sur la base que tout le fond de l'affaire devrait nécessairement correspondre aussi à ce que la principale plaignante peut déclarer; oui, quand en réalité il s'agirait bien de démontrer la solidité du contenu essentiel de la plainte.

Néanmoins ...

Parmi les auditeurs/auditrices à qui l'on aura donné la parole via le standard téléphonique : le premier avouait sa totale incompréhension de toute cette affaire. Il disait ne pas pouvoir conjuguer dans son esprit les éléments infâmants rapportés avec la qualité du témoignage de Jean Vanier et, entre autres, la qualité ou la finesse de ses écrits. Il ne parvenait pas à imaginer comment un homme aurait pu être doté d'une telle sagesse (sagacité d'esprit) et pour ensuite faire tout le contraire de ce qu'il exprimait lui-même. Un autre ne croyait pas à la thèse de l'emprise des victimes, disait qu'il s'agissait d'adultes, et qu'elles auraient bien été capables de se soustraire aux empressements, tentatives ou autres, d'un Jean Vanier le cas échéant. Il finissait son intervention par un "Que son esprit repose en paix !" En un mot, l'Intervenant optait pour l'idée que nous serions en présence d'une mise en scène, une théâtralisation dramatique quelque peu douteuse.

Quoi d'autre ?

Il y a bien un auditeur d'âge mur qui croyait tout de même qu'un Jean Vanier aurait pu se livrer à ces actes que l'on suppose. Il disait que les écrits du fondateur de l'Arche lui avaient fait du bien cependant, de même que ses rencontres en personne avec l'homme. Une femme au téléphone suggérait une quelconque influence diabolique là-dessous, en sorte que Jean Vanier aurait pu ne plus avoir été lui-même dans ces moments critiques; faisant valoir implicitement que le vrai Jean Vanier aurait été quand même celui que l'on aura bien connu. Mais ce à quoi, après quelques secondes de réflexion, le pasteur protestant invité (la dame en fait) aura eu beau lui faire remarquer que, même en admettant une influence maligne et spirituelle extérieure, il aurait fallu "quand même" que le sujet consente lui-même à poser les gestes en question, ce qui est vrai en principe. Bref, l'homme aurait été coupable malgré tout du péché qu'il aurait commis bien sûr.

Puis un auditeur qui donnait des suggestions, faisant remarquer au passage que les personnes de la génération de Jean Vanier, ainsi que la sienne (les gens de soixante ans), n'auraient jamais bénéficié d'une véritable éducation sexuelle dans leur jeunesse, avec zéro moyen en retour pour appréhender ou domestiquer leurs pulsions dans le domaine. En quelque sorte, l'homme aurait pu ne pas avoir été suffisamment outillé pour gérer harmonieusement une sorte de sexualité à l'état sauvage et laissé dans l'ombre. Sorte de déni de cet aspect de soi-même, et qui aurait pu, ensuite, après avoir été jeté par la porte, rentrer par la fenêtre et pour se venger d'une façon. Quelque chose aurait été mal intégré sur le plan du vécu d'ordre sexuel, finissant par provoquer ce que l'on sait.

En tout cas, personne n'a avancé l'idée que nous aurions dû être en présence d'un escroc, un vrai bandit, un fraudeur et un simulateur, comme on le dirait du type ne croyant pas un iota de ce qu'il débiterait dans son rôle de gourou, ne faisant (aucune bonne foi) que mentir pour assouvir ses seules envies de luxe, de luxure, de célébrité, de paresse et tout.

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