Bonjour,Fée Violine a écrit : ↑sam. 29 févr. 2020, 1:41
Bien entendu qu'il faut écouter l'autre. Mais si je ne fais qu'écouter, je me mets au-dessus de mon interlocuteur, en quelque sorte. Il y a plus d'humilité à donner aussi quelque chose de soi-même.
Il ne s'agit pas de "passer un bon moment". Il ne s'agit pas d'opinions ni de convictions.
Il faut que je réfléchisse pour trouver comment formuler ça, car c'est important.
Ça exprime déjà bien ce que je veux dire. Il ne s'agit pas, effectivement, de partager les mêmes idées ou les mêmes convictions. Dans le passage de Saint Luc, il s'agit d'une relation d'hospitalité qui dure, relation qui implique nécessairement une forme d'amicalité plus poussée que dans le passage de maison en maison, que Jésus proscrit (la question est : pourquoi il proscrit cette manière de faire? Peut-être en raison du type de relation qu'elle implique). Il s'agissait de trouver une auberge, en quelque sorte, qui soit le point fixe pour un réseau de connaissances fraternelle, une sorte d'introduction dans diverses relations au cœur de la ville ou du village, en complément des prédications publiques dans les synagogues ou sur les places du marché (prédication publique sur la base de laquelle certains pouvaient éprouver le désir d'en connaître plus en se rendant dans les maisons privées où logeaient les missionnaires envoyés).
Dans le cadre des évangélisations privées, il ne s'agit pas de faire la même chose qu'eux, sur le même modèle, puisque les conditions de vie ne sont les plus les mêmes. Mais ces instructions de Jésus peuvent donner un indice sur le type de relation humaine qui sous tend l'évangélisation, et il me semble que dans ce passage, on se dirige plus vers une sorte d'amicalité qui suppose une égalité et une relation durable et concrète, et non une relation sur le modèle d'un rapport de "thérapeute" à "patient". Évidemment, si la personne a besoin de se livrer, l'écoute est essentielle et c'est un devoir de le faire, mais je ne crois pas que ce soit un but à rechercher. Il y a mille autres types de relations où l'évangélisation peut se produire. Et comme vous dites, dans son témoignage, il faut donner une partie de soi-même, se découvrir, en quelque sorte, sans se mettre "au dessus" de son interlocuteur en cherchant une position exclusive d'écoute. Et pour ça, il faut de l'égalité, une plus grande familiarité, sans doute, car il est peu probable de pouvoir se découvrir devant des personnes qu'on ne connaît pas.
En fait, je ne sais pas si l'évangélisation doit vraiment constituer le cœur de la relation. Je me demande s'il ne faut pas que ce soit d'abord une relation humaine détachée de ces objectifs initiaux. Peut-être que loger quelques jours chez des habitants durant un long pèlerinage qui procède par étape serait plus propice, par exemple, au type de relation que nécessite l'évangélisation.
Mais chacun fait comme il peut et essaie ce qu'il peut. Je ne condamne pas les autres initiatives et la démarche de Trinité.