Sofia a écrit : ↑dim. 01 août 2010, 22:01
La question (interdiction ou autorisation d'une telle pratique) a-t-elle été définitivement tranchée par l'Église catholique, comme l'est celle de la prêtrise ?
Rappelons d'abord les 3 missions permanentes liées au ministère de diacre permanent pour ne pas perdre de vue sa finalité: serviteur de la parole, de la liturgie et de la charité.
Remettons ensuite en perspective ce qu'étaient les diaconesses. Je fais court, elles étaient des femmes - non ordonnées - au service direct de l'évêque et non de son presbyterium (comme les diacres permanents), en charge de leur pudeur pour la préparation des catéchumènes féminines aux sacrements, notamment celui du baptême.
Elles étaient donc des laïques avec une mission officielle, comme il en existe tant dans l'Église de nos jours (coopératrice pastorale, animatrice de zone ...). Mais elles n'ont jamais reçu le sacrement de l'ordre pour cela.
Alors peut-il y avoir des diaconesses laïques comme auparavant ? Oui, mais ce ne serait qu'une dénomination, et en même temps celle-ci serait une reconnaissance de leurs fonctions. (J'apporte juste cette précision pour toute lectrice non avisée de la vie de l'Église : la parité est inversée. Les femmes laïques en responsabilités sont nombreuses dans l'Eglise et ce serait plutôt aux messieurs de se mettre en marche; elles sont la colonne vertébrale de l'Église).
Peut-il y avoir des "diaconesses permanentes" ordonnées ? Non et peut-être.
L'Église étudie la chose mais pour des cas
exceptionnels, donc très localisés et non généralisés. Comme c'est le cas de ces communautés indigènes dont les femmes assurent la transmission de la foi, la catéchèse, les baptêmes avec accord de l'évêque, etc, et ne voient un prêtre que tous les 2 ou 3 ans. Petite parenthèse, le diacre permanent est un peu le serviteur inutile car tout ce qu'il fait peut être fait par un laïc en dehors de deux sacrements : le baptême et le mariage. De plus le rôle du diacre permanent est d'être présence d'Église là où elle ne peut être physiquement. C'est ce que font ces dames indigènes dans leur quotidien (pour le mariage je ne sais pas); le défaut semble venir de leurs hommes qui ne se sentent pas appelés ou ne souhaitent pas répondre à ce ministère, sinon cela serait déjà réglé.
Alors l'Eglise étudie la chose, non pour répondre à un élan féministe ou de parité mais parce qu'il y a un réel besoin dans des coins du monde où l'Église et l'église sont à plusieurs jours de marche.
Je me fais insistant sur le caractère exceptionnel et localisé, car on a tendance à vouloir faire rapidement d'une exception une règle générale, ou à vouloir mettre le pied dans l'entrebâillement de la porte. C'est à l'Eglise de discerner et cela je ne répéterai jamais assez : c'est nous qui appartenons à l'Eglise et non l'inverse.
Alors y aura t-il des diaconesses permanentes sous nos latitudes ? J'en doute. Il y a déjà pas mal de monde qui a des problèmes avec le rétablissement du diaconat permanent pour les hommes... .
Y aura t'il des diaconesses ordonnées dans des endroits où l'Eglise ne peut se rendre physiquement ? Possible mais pas certain, cela risque même d'aboutir à un entre deux (ordre mineur / ordre majeur). Car la seule certitude que j'ai c'est que si cela se produit, la pensée occidentale tournant tout à l'idéologie, les uns vont se saisir de l'occasion pour rejeter l'exception et d'autres pour réclamer qu'elle devienne la règle.
A manier avec précaution.