Abrogation du motu proprio Summorum Pontificum

ademimo
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Re: Abrogation du motu proprio Summorum Pontificum

Message non lu par ademimo » lun. 19 juil. 2021, 17:38

Perlum Pimpum a écrit :
lun. 19 juil. 2021, 17:13
Pardon Prodigal, je n’avais pas vu votre message.

Il s’agit, pour le simple fidèle, de reconnaître qu’il est sujet de la loi, et que la loi engage. Il s’agit donc de reconnaître la légitimité de cette loi, puisque rien en elle ne s’oppose au bien commun. Bref, il s’agit de s’interdire de contester les lois portées par l’autorité légitime, le motif susceptible de justifier le refus de la loi, savoir l’atteinte au bien commun, n’existant pas ici. La loi a été promulguée ; dont acte : elle s’impose, et il n’y a pas à récriminer, ceci en réponse aux quelques messages où certains intervenants excipaient de cette loi pour prétendre s’autoriser à rejoindre le schisme d’Écône. Je suis plus que lassé de ces pseudos-traditionalistes qui, sous couvert de Tradition, s’opposent à l’autorité légitime. Cette attitude n’est tout simplement pas traditionnelle, mais protestante. Avoir une sensibilité liturgique propre est une chose ; s’opposer à l’autorité de l’Église à raison de ses préférences subjectives en est une autre. La seule attitude légitime, c’est le tradi-conciliarisme, pas la tradissidence schismatique, prurit d’un fol orgueil.
Je vous renvoie à ce que je disais de cet argument pervers : imposer la destruction de la Tradition en se servant de la Tradition est en soi une absurdité. Le pouvoir du pape n'est pas absolu. Depuis Vatican II, tout se passe dans le cadre purement pastoral, et non dans le cadre doctrinal. L'infaillibilité n'est pas engagée. Et s'il y a un domaine où le Pape est faillible, c'est bien la pastorale. Lisez un peu l'histoire de l'Église, et dites-moi si elle est un long fleuve tranquille rempli de béni-oui-oui qui se soumettent en permanence à tous les caprices du Pape.

Luther a quitté l'Église pour en détruire la doctrine. Les traditionalistes font tout l'inverse. Votre comparaison n'a aucun sens.

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Re: Abrogation du motu proprio Summorum Pontificum

Message non lu par Suliko » lun. 19 juil. 2021, 17:44

Ademimo,

Je me sens en accord avec la majorité de ce que vous écrivez dans ce fil.
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Re: Abrogation du motu proprio Summorum Pontificum

Message non lu par ademimo » lun. 19 juil. 2021, 17:57

Perlum Pimpum a écrit :
lun. 19 juil. 2021, 16:23
Suliko a écrit :
lun. 19 juil. 2021, 16:17

Je n'y crois pas.
Quoi ne croyez-vous pas ?

1. Que l’Église soit maîtresse de ses formes liturgiques ? Elle l’est tant qu’est respecté le canon de la Messe.

2. Qu’elle émane de la Sainte Église ? Si c’est cela, vous êtes déjà sédévacantiste…
Justement, le Canon de la Messe a bel et bien était amoché, puisque devenu optionnel aux côtés de trois autres nouveaux canons, et en pratique jamais utilisé (sauf à Solesmes ;)).

Mais je ne vois pas pourquoi seul le Canon devrait être sanctuarisé. Et la plus grande entaille faite à la liturgie, c'est d'avoir voulu remplacer sa nature sacrificielle par la fameuse Liturgie de la Table doublée de la Liturgie de la Parole, allant donc vers une protestantisation.

Et on a beau le répéter, mais de nouveau : elle n'a même pas été voulue par les pères du Concile.

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prodigal
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Re: Abrogation du motu proprio Summorum Pontificum

Message non lu par prodigal » lun. 19 juil. 2021, 17:59

Excusez-moi tous, mais ma question ne porte pas sur le devoir d'obéissance en général, mais sur ce qui s'en déduit dans ce cas particulier du motu proprio.
Que les traditionalistes doivent obéissance au pape ni plus ni moins que les autres catholiques me paraît évident. Que la messe dite de Paul VI ait été voulue par l'Eglise est intelligemment souligné par Perlum Pimpum, car cela règle en quatre mots la question de sa légitimité. Mais il me semble que nous n'en sommes plus là. La discussion portant sur la validité du nouvel Ordo a eu lieu dans les années 1970, et je crois que tout a été dit à cette époque. Il me semble en tous cas que ce n'est pas le sujet du Motu Proprio, mais que celui-ci porte sur l'intégration à l'Eglise d'aujourd'hui des catholiques attachés au rite de saint Pie V. A ceux-ci, simples fidèles, qu'est-il ordonné de nouveau par Traditionis Custodes?
Quant au malaise des chrétiens non traditionalistes, il me semble aisé à comprendre. Beaucoup d'entre eux ont toujours été dans le camp de l'unité, ils se sentent maintenant devenus associés au camp de la division (je ne dis pas qu'ils ont raison, mais c'est ainsi que je ressens leur malaise).
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Re: Abrogation du motu proprio Summorum Pontificum

Message non lu par Alexis Durand » lun. 19 juil. 2021, 22:29

prodigal a écrit :
lun. 19 juil. 2021, 17:59
Beaucoup d'entre eux ont toujours été dans le camp de l'unité, ils se sentent maintenant devenus associés au camp de la division (je ne dis pas qu'ils ont raison, mais c'est ainsi que je ressens leur malaise).
Bonsoir prodigal, votre ressenti n'est pas isolé. J'ai des amis non tradis et tradis qui me disent exactement ce que vous dites. Ils ont l’impression d'avoir été pris en otage d'une guerre liturgique du pape.

Ils se sentent floués dans ce motu proprio. Je dois avouer que moi aussi je suis en colère. Je ne comprends pas cette attitude du Pape. Je suis tradis depuis toujours, et j'ai de très bonnes relations avec les prêtres des paroisses aux alentours de chez-moi célébrant dans le rite ordinaire.

Mon ressenti personnel, est que le pape a ouvert de vieilles blessures volontairement ou pas et que la division va se faire maintenant. Ce qui chagrine le Vatican et les modernistes c'est que les séminaires des instituts tradis fassent le plein que les Églises chapelle ont de plus en plus de fidèle et très jeunes et non pas des vieillards comme ils voulaient que cela se passe.

Ce qu'il se passe maintenant c'est qu'il y a une crispation et que le risque est que tout le monde se referme sur lui-même et se regarde en chien de faïence. Est-ce qu'un schisme va se produire ? Je ne saurais répondre à cette question.

Si le pape voulait pousser les fidèles du rite tridentin dans les bras de la FSSPX il ne s’y serait pas pris autrement. Je suis un fidèle de la Fraternité Saint-Pie X et je ne comprends pas cette charge contre les tradis en communion avec Rome. Pour info je ne suis ni sédévacantiste ni schismatique je suis un catholique attaché au rite Tridentin.
Qui marche droit sera sauvé; qui louvoie entre deux routes sur l'une des deux tombera !

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Re: Abrogation du motu proprio Summorum Pontificum

Message non lu par Socrate d'Aquin » lun. 19 juil. 2021, 23:14

Ceux qui sont inscrits sur ce forum depuis quelques temps et me supportent depuis lors savent que je ne suis pas "tradi" et n'ai aucune intention de le devenir, même si depuis quelques années, quelques réflexions et recherches m'ont amené à remettre en question le statut que j'attribuais jadis aux deux formes du rite romain.

Je suis cependant très peiné par ce Motu proprio, qui vient rallumer une guerre que l'on pouvait croire finie et rouvrir des blessures que l'on espérait cicatrisées. Loin de ramener l'unité dans l'Eglise, il va la diviser encore davantage et pousser nombre de catholiques dans les voies du schisme.
Le statut de la liturgie de saint Paul VI comme seule expression de la lex orandi de l'Eglise romaine est particulièrement désastreux. Quid, alors, de ce qu'il était convenu d'appeler la "forme extraordinaire" ? On n'en sait rien, elle est dans un flou juridique. Quant à l'enrichissement mutuel des deux formes du rite, il ne faut plus y penser : elles sont désormais closes l'une à l'autre, si l'on en croit la volonté du législateur.

Comme me le disait un bénédictin "tradi", ça aurait pu être pire. C'est vrai. J'ajouterais que ça aurait pu aussi être bien mieux ; ou que ça aurait du ne pas être.
Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος, καὶ ὁ λόγος ἦν πρὸς τὸν θεόν, καὶ θεὸς ἦν ὁ λόγος. Οὗτος ἦν ἐν ἀρχῇ πρὸς τὸν θεόν. Πάντα δι’ αὐτοῦ ἐγένετο, καὶ χωρὶς αὐτοῦ ἐγένετο οὐδὲ ἓν ὃ γέγονεν. Ἐν αὐτῷ ζωὴ ἦν, καὶ ἡ ζωὴ ἦν τὸ φῶς τῶν ἀνθρώπων, καὶ τὸ φῶς ἐν τῇ σκοτίᾳ φαίνει, καὶ ἡ σκοτία αὐτὸ οὐ κατέλαβεν.

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Re: Abrogation du motu proprio Summorum Pontificum

Message non lu par Théodore » lun. 19 juil. 2021, 23:35

Qu'on pardonne à un revenant de venir hanter ces lieux, où il a pour la première fois goûté la suavité de la foi apostolique, et entendu les échos de la Jérusalem Céleste à laquelle l'Église se joint en offrant à Dieu la Sainte Liturgie.
Ayant, pour ma part, une préférence nette pour l'ex-forme extraordinaire du rite romain, ainsi qu'un attachement profond au Concile Vatican II, le motu proprio de vendredi m'a profondément heurté et peiné, par le mépris qui en suinte à chaque ligne pour les indécrottables arriérés de mon espèce, qu'on finira bien par ramener un jour à ce qui est désormais (mais comment ?) "l'unique expression de la lex orandi du rite romain".
Plusieurs lectures du document révèlent qu'il est très mal écrit ; ses dispositions sont approximatives, son ecclésiologie également (depuis quand adresse-t-on "aux évêques du monde entier" une lettre qui concerne uniquement l'Église latine ?).
C'est un document paradoxal. Il prétend décentraliser dans un esprit de collégialité et de tradition, mais dans les faits, les évêques n'ont guère de marge de manoeuvre ; il leur revient de piloter l'extinction programmée, plus ou moins lente, de la liturgie romaine pré-conciliaire.
Le motif allégué me semble fallacieux. On a déjà vu tant de réactions indignées de tradis ne se reconnaissant pas dans le portrait qui est fait d'eux. Je veux ajouter que quand bien même des prêtres traditionnalistes se seraient permis des écarts intolérables vis-à-vis du Magistère conciliaire (et j'ai bien quelques témoignages solides en ce sens), il s'agit en majeure partie de prêtres de communautés tradies. Or le document s'acharne sur les célébrations diocésaines, célébrées par des prêtres largement biformalistes et à la formation "conciliairo-compatible" puisque diocésaine. L'interdiction de célébrer dans les églises paroissiales finit de confirmer qu'on veut séparer ("faire schismer") le rite préconciliaire de la vie paroissiale, l'ostraciser comme un pestiféré qui risquerait, ô sacrilège, de remettre en question la pastorale et la prédication désastreuse de ces six dernières décennies.
La raison, à mon avis, en est simple : les écarts réels (et regrettables) vis-à-vis du Concile, reliquat de la vieille souche lefebvriste, ne sont qu'un prétexte idéal saisi par un quarteron de théologiens et liturgistes progressistes comme il en pullule en Italie, afin de définitivement remiser au placard cette liturgie qui les dérange dans leur conception de l'Église, et qu'ils voient menacer l'œuvre d'une vie qui arrivera bientôt à son terme. C'est donc une attaque idéologique. Je suggère qu'on est en droit de trouver tous les moyens loyaux pour la contourner ou l'ignorer, et en faire autant que possible une lettre morte ; elle est en effet excessive, donc insignifiante.

Pour ma part je ne cesserai d'oeuvrer à la paix, alors que le Souverain Pontife vient de déterrer la hache de guerre liturgique qu'on pensait définitivement enfouie par son prédécesseur. Il a blessé nombre de ses fils et s'est fait des ennemis parmi eux - des ennemis chrétiens, qui ne cesseront donc de prier pour lui. Comme le disait un commentateur avisé de la situation : notre fidélité à l'Église est éprouvée, de même qu'un mari éprouve la fidélité de sa femme en la battant.

PS : Je joins la réaction au Motu Proprio d'une association promouvant une vision pacifiée de la coexistence et de l'enrichissement mutuel des deux formes, dont je suis très proche : https://espritdelaliturgie.org/2021/07/ ... -custodes/
Unam peti a Domino, hanc requiram,
Ut inhabitem in domo Domini omnibus diebus vitae meae.
Ut videam voluptatem Domini, et visitem templum eius.


Psaume XXVI, verset 7-8.

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Re: Abrogation du motu proprio Summorum Pontificum

Message non lu par jibrillatein » mar. 20 juil. 2021, 9:31

Bonjour Théodore,
PS : Je joins la réaction au Motu Proprio d'une association promouvant une vision pacifiée de la coexistence et de l'enrichissement mutuel des deux formes, dont je suis très proche : https://espritdelaliturgie.org/2021/07/ ... -custodes/
Merci pour le lien d'Esprit de la liturgie ! J'avais regardé leur site le 17 juillet mais je crois qu'ils ne l'avaient pas encore publié. Je trouve leur réaction fidèle à leur ligne éditoriale (que je partage) et je voudrais seulement relever un point non négligeable à mes yeux, qui corrobore ce qu'un dominicain sur Youtube (frère Paul-Adrien, très bien à mon sens) :
Il n’est pas envisageable d’adhérer à la volonté explicite du Souverain Pontife de voir disparaître l’usage ancien au profit de l’usage réformé, tant que la situation de fait de cet usage réformé est celle d’une rupture avec la tradition liturgique latine.
Tant que les liturgies du Novus Ordo ne seront pas plus "traditionnalisantes", c'est-à-dire n'a pas retrouvé l'usage traditionnel prévu par 1) le Concile, 2) la PGMR, 3) par la Tradition, il peut difficilement (dans le domaine pratique je veux dire) mettre le rite du Novus Ordo Missae en valeur par rapport à l'usus antiquor. Il faudrait donc déjà mettre le rite de Paul VI plus largement en latin, en grégorien, et ad orientem. A mon humble avis.

Nb : amis traditionnalistes rejetant le Novus Ordo et le 2nd Concile du Vatican, connaissant vos positions sur le sujet que vous avez maintes fois exposées sur ce fil, il peut être avantageux de ne pas s'écrier à mes propos, en dénonçant Vatican II ou la Sainte Messe.

Fraternellement dans le Christ,
Jb
"Adjutorium nostrum in nomine Domini, qui fecit caelum et terram" (Ps CXXIII)

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Re: Abrogation du motu proprio Summorum Pontificum

Message non lu par ademimo » mar. 20 juil. 2021, 9:40

Ce que vous proposez se résume à améliorer l'emballage pour mieux faire passer le contenu. Mais sous cet emballage, qu'il soit modernisant ou traditionalisant, il n'en demeure pas moins que posent problème :
- la concélébration
- la réécriture totale de l'offertoire (pour effacer le sacrifice et le remplacer par une offrande dans le droit fil du protestantisme, avec une petite touche paganisante)
- la mise à l'écart du canon mis en concurrence avec trois autres canons qui en pratique lui sont systématiquement préférés
- la surabondance inutile des lectures et leur organisation pas très heureuse sur trois années, comme si on avait voulu faire rentrer de force toute la Bible dans le Missel, là encore dans le droit fil du protestantisme (privilégier le "biblique" au détriment du sacrifice).
- etc., etc.

Sinon, comme je parcours un peu le FC, je viens de voir que l'archevêque de Varsovie, nommé par François, vient d'annoncer la suppression de toutes les messes st Pie V dans son diocèse.

Et il me semble qu'on n'a toujours pas de réaction à Paris, ce qui n'est pas très bon signe non plus de ce côté-là.
Dernière modification par ademimo le mar. 20 juil. 2021, 9:44, modifié 2 fois.

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Re: Abrogation du motu proprio Summorum Pontificum

Message non lu par AdoramusTe » mar. 20 juil. 2021, 10:10

Comme aux premiers siècles du christianisme, les catholiques pourraient légitimement aller manifester sous les fenêtres du Pape pour obtenir gain de cause.
Ignoratio enim Scripturarum ignoratio Christi est

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Re: Abrogation du motu proprio Summorum Pontificum

Message non lu par aldebaran » mar. 20 juil. 2021, 11:01

Bonjour,
Je suis un peu comme Prodigal, à essayer de comprendre. Je m'empresse d'afficher une neutralité bienveillante : que si des frères et sœurs honnêtes vis-à-vis de Rome préfèrent la messe dite de St Pie V j'espère de tout mon cœur qu'ils pourront la suivre exactement comme avant, je ne vois pas pourquoi on leur en priverait.

Assez étonné par le Motu proprio à vrai dire, et n'ayant lu ici à peu près que des commentaires à charge, je suis allé chercher des arguments inverses (une bonne instruction se faisant à charge et à décharge). J'ai trouvé ceci, qui a l'avantage d'être un témoignage. Vous pourrez réagir si vous le souhaitez:
http://plunkett.hautetfort.com/archive/ ... 27810.html
J'avoue parfaitement concevoir que des jeunes, en rejet du modèle moderne libéral et libertaire de la société, trouvent dans une vision traditionaliste de l'Eglise un environnement plus conforme à leurs aspirations profondes. Je déplorerais seulement alors que l'Eglise conciliaire ne sache pas le faire aussi bien. Mais si c'est pour ensuite entamer un travail de sape interne, en réalité œuvrer pour une annulation au moins dans les esprits du dernier Concile et donc indirectement à tout ce qui a été dit depuis ainsi qu'introduire un doute sur la légitimité des clercs qui y souscrivent, alors j'y verrais un problème grave **. D'expérience j'ai l'impression que beaucoup de traditionalistes n'ont que cet espoir d'annulation en tête presque au point d'une obsession. L'attitude de certains ici ne pouvant que confirmer ce ressenti, même quand ils sont mis devant leur propre contradiction.

Ce Motu proprio va au moins avoir l'avantage que chacun tombe le masque, et je le dis autant pour les traditionalistes que pour les conciliaires trop zélés à annihiler le camp opposé. La réaction des évêques va être déterminante, et si des injustices se produisent je ne pense pas qu'elles passeront inaperçues. Clairement il ne faudrait pas qu'une majorité de traditionalistes sincèrement légalistes payent pour certains de leurs congénères enfermés dans une critique systématiquement négative qui au final nous mine, quand bien même ce résultat ne serait pas recherché volontairement.

Mais je partage assez l'avis de ce prêtre que la division ne s'est jamais résorbée, elle est simplement masquée il suffit de voir la proportion de ce type de discussion sur n'importe quel blog catholique ou beaucoup d'élucubrations qui parcourent les réseaux sociaux *. Nous épuisons nos forces depuis trop longtemps, chacun ayant sa part de responsabilité.

* Petite parenthèse, le Missel de St Pie V ayant été dicté par la Vierge Marie aux Apôtres, je ne sais s'il faut en rire ou en pleurer.

** Le texte du Motu proprio est assez alambiqué comme souvent (que penser alors du texte de réaction de la CEF), mais j'ai cru comprendre tout de même que c'était la justification invoquée, et que ce serait une remontée des évêques par ailleurs. Est-ce fondé ou non, localement ou plus généralement, pourquoi maintenant sont des questions qui me semblent sans réponse pour l'instant.

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Re: Abrogation du motu proprio Summorum Pontificum

Message non lu par ademimo » mar. 20 juil. 2021, 11:36

Aldebaran, en résumé, vous appuyez l'idée que tous les fidèles catholiques doivent absolument avoir la même idéologie et la même pensée au sein de l'Église, et que ceux qui pensent différemment doivent partir. Et donc, assez cyniquement, vous les invitez au schisme.

C'est une façon de voir. En effet, grâce au schisme, vous rétablissez du même coup l'unité de l'Église. Bien vu.

Vous augmenterez aussi la moyenne d'âge des fidèles, mais pas grave.
Dernière modification par ademimo le mar. 20 juil. 2021, 12:14, modifié 2 fois.

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Re: Abrogation du motu proprio Summorum Pontificum

Message non lu par Perlum Pimpum » mar. 20 juil. 2021, 16:45

.
Dernière modification par Perlum Pimpum le lun. 13 juin 2022, 17:57, modifié 1 fois.
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »

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Re: Abrogation du motu proprio Summorum Pontificum

Message non lu par Suliko » mar. 20 juil. 2021, 20:14

1. Si la messe selon la form est valide, supprimer ou réduire la ferm ne nuit pas au bien commun.

2. Votre sensibilité personnelle n’est pas et ne peut pas être un juste motif de dissentiment. « Moi je », c’est typiquement protestant…
Donc, si je vous suis bien, que la messe traditionnelle disparaisse complètement et que la seule messe latine disponible devienne une messe conciliaire typique, en vernaculaire, sans grégorien ou presque, avec communion dans la main, etc... ne serait en rien problématique sous prétexte qu'elle serait valide ? Non. Désolée, mais vous acquiescez à une destruction de la Tradition sous prétexte d'obéissance... Et pardonnez-moi de me répéter, mais le pape n'a pas plus le droit de supprimer la liturgie traditionnelle qu'un roi n'aurait le droit d'incendier son propre pays...
Dernière modification par Suliko le mar. 20 juil. 2021, 20:22, modifié 2 fois.
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Réflexions sur le motu proprio Tradionis Custodes du pape François

Message non lu par Guillaume C. » mar. 20 juil. 2021, 22:17

Christophe Geffroy - La Nef a écrit :

Réflexions sur le motu proprio Tradionis Custodes du pape François


L’incompréhension est ce qui domine en lisant le motu proprio Traditionis Custodes et la lettre aux évêques qui l’accompagne. On ne comprend pas la justification ni la nécessité d’un tel texte, et ce d’autant plus que le pape a légiféré sur la base d’un argument incomplet et d’informations fausses.

1/ L’argument incomplet. Affirmer que le motu proprio Ecclesia Dei de Jean-Paul II n’était motivé que pour « une raison ecclésiale de recomposer l’unité de l’Église » n’est pas exact. Certes, cela en était une raison majeure, mais il y en avait une autre omise par François : « tous les pasteurs et les autres fidèles doivent aussi avoir une conscience nouvelle non seulement de la légitimité mais aussi de la richesse que représente pour l’Église la diversité des charismes et des traditions de spiritualité et d’apostolat. Cette diversité constitue aussi la beauté de l’unité dans la variété : telle est la symphonie que, sous l’action de l’Esprit-Saint, l’Église terrestre fait monter vers le ciel » (Ecclesia Dei n. 5-a).

2/ Les informations fausses. Le pape François affirme que la générosité de Jean-Paul II et Benoît XVI aurait été utilisée par les tradis pour s’opposer à la messe de Paul VI et au concile Vatican II en mettant en péril l’unité de l’Église. Il écrit en effet : « L’occasion offerte par saint Jean-Paul II et avec encore plus de magnanimité par Benoît XVI de restaurer l’unité du corps ecclésial, dans le respect des diverses sensibilités liturgiques, a été utilisée pour accroître les distances, durcir les différences et construire des oppositions qui blessent l’Église et entravent son progrès, l’exposant au risque de la division. […] Mais je suis également attristé par l’utilisation instrumentale du Missale Romanum de 1962, qui se caractérise de plus en plus par un rejet croissant non seulement de la réforme liturgique, mais du Concile Vatican II, avec l’affirmation infondée et insoutenable qu’il a trahi la Tradition et la “vraie Église”. […] Il est de plus en plus évident, dans les paroles et les attitudes de beaucoup, qu’il existe une relation étroite entre le choix des célébrations selon les livres liturgiques antérieurs au Concile Vatican II et le rejet de l’Église et de ses institutions au nom de ce qu’ils considèrent être la “vraie Église”. Il s’agit d’un comportement qui contredit la communion, alimentant cette pulsion de division. »
Le vocabulaire même utilisé par François est celui de la Fraternité Saint-Pie X : la « vraie Église » ! Aucun tradi fidèle à Rome ne l’emploie ! Donc, son constat est vrai si on se limite à la Fraternité Saint-Pie X. Mais il est faux si on l’applique à la mouvance « Ecclesia Dei » dans sa grande majorité ; qu’il existe des cas répondant à ce que dit le pape est vrai, mais ils sont très minoritaires : pourquoi appliquer une punition collective pour la faute de quelques-uns, n’aurait-il pas suffi de sévir contre ceux-là ? Visiblement, nous ne connaissons pas le même monde tradi que le pape ou ses conseillers, car cela ne correspond tout simplement pas à la réalité ; ils le voient comme un monde homogène qui serait en fait celui de la seule Fraternité Saint-Pie X ! Qui conseille et éclaire le pape sur ces sujets ?
À partir d’informations biaisées sur la situation réelle, on fait croire que le pape répond à une demande qui n’est que celle d’une petite minorité qui a toujours été farouchement hostile à la forme extraordinaire.

3/ L’objectif du pape… et ses conséquences dramatiques prévisibles : « C’est pour défendre l’unité du Corps du Christ que je suis obligé de révoquer la faculté accordée par mes Prédécesseurs. L’usage déformé qui en a été fait est contraire aux raisons qui les ont conduits à accorder la liberté de célébrer la messe avec le Missale Romanum de 1962. » En voulant défendre l’unité, ce motu proprio va apporter incompréhension, désarroi, drames et finalement attiser les divisions au lieu de les réduire : il va aboutir à l’inverse de son objectif ! En un coup de crayon, il balaie 35 années d’efforts de Jean-Paul II et Benoît XVI pour apaiser la situation et apporter une paix certes imparfaite mais réelle. Même la synthèse de la CEF, pourtant peu bienveillante à l’égard du monde tradi, reconnaissait que Summorum Pontificum avait conduit globalement à une « situation apaisée », ce que notre enquête a largement confirmé (cf. le dossier sur les « tradis » dans La Nef n°338 de juillet-août 2021).
Il va réveiller la guerre liturgique, exacerber la résistance des tradis et, surtout, entraîner pas mal de départs vers la Fraternité Saint-Pie X (qui doit se réjouir de ce motu proprio qui va alimenter leurs troupes et confirmer ce qu’ils ne cessent de répéter depuis 1988, à savoir qu’on ne peut faire confiance à Rome, les confortant dans le refus de toute réconciliation) – ce que précisément Jean-Paul II et Benoît XVI avaient su éviter par leur attention à l’égard de ce monde tradi. Cela risque d’être un immense gâchis.
Ajoutons une remarque importante d’un point de vue historique et psychologique : Paul VI était prêt à des concessions sur la messe si Mgr Lefebvre n’avait pas rejeté Vatican II (c’est la fameuse déclaration du 21 novembre 1974 contre la « Rome moderniste » du concile qui a fait difficulté) ; mais Jean-Paul II et Benoît XVI avaient compris que l’apaisement liturgique était la condition nécessaire pour que les tradis les plus réservés sur Vatican II puissent s’ouvrir au concile et se l’assimiler. En resserrant l’étau sur la messe, François va aboutir au résultat inverse à celui légitimement recherché.

4/ Deux poids, deux mesures ? Le ton du motu proprio et de la lettre est d’une dureté et sévérité telles à l’encontre des tradis que l’on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a deux poids, deux mesures : alors que François insiste si souvent sur la miséricorde, la mansuétude, le pardon… alors qu’il est si patient avec l’Église d’Allemagne qui est au bord du schisme, lui, le Père commun, ne montre pas l’ombre d’un signe d’amour ou de compréhension pour ceux qui sont pourtant une petite partie de son troupeau ! À travers ces textes, les tradis apparaissent comme nuisibles, en étant juste tolérés dans des « réserves d’Indiens » le temps qu’ils rentrent dans le rang, l’objectif affiché étant de les faire disparaître (sans jamais s’interroger pour savoir s’ils pouvaient apporter quelque chose à l’Église, en termes de jeunesse, dynamisme, vocations…). Y a-t-il tant de catholiques pratiquants convaincus en Occident qu’il faille prioritairement limiter drastiquement une partie d’entre eux ?
L’histoire récente a montré que mépriser ainsi les tradis, les persécuter n’aide pas à les faire évoluer ; au contraire, on attise la résistance des plus durs, ils deviennent plus rigides, cela va à l’encontre du but recherché de favoriser l’unité.
Rendons hommage ici à la Conférence des évêques de France pour leur communiqué du 17 juillet qui montre de l’estime pour les « tradis » : « Ils [les évêques] souhaitent manifester aux fidèles célébrant habituellement selon le missel de saint Jean XXIII et à leurs pasteurs, leur attention, l’estime qu’ils ont pour le zèle spirituel de ces fidèles, et leur détermination à poursuivre ensemble la mission, dans la communion de l’Église et selon les normes en vigueur. »

5/ Le mépris pour la grande œuvre de Benoît XVI ! Ces deux textes du pape reviennent sans nuance aucune sur l’œuvre de réconciliation de Jean-Paul II et surtout de Benoît XVI à partir d’une analyse des faits qui est fausse, et vont jusqu’à annuler l’apport essentiel du pape émérite qui avait distingué les deux formes ordinaire et extraordinaire du même rite romain ; ce faisant, le pape supprime du même coup toute existence juridique à l’ancienne forme extraordinaire (comme si elle n’existait plus), replongeant ainsi l’Église dans une querelle liturgique sans fin sur le statut juridique de la messe de saint Pie V. On revient au régime de la tolérance selon des modalités plus sévères que celles de 1988, celui de la « parenthèse miséricordieuse »… qui n’est plus guère miséricordieuse ! Soit un recul de plus de trente ans par un seul geste de gouvernement.

6/ Quelle stratégie de Rome peut-on lire en filigrane ? Les deux textes de François montrent très clairement que le pape veut éradiquer le monde tradi dans l’Église, faire en sorte que la messe de saint Pie V disparaisse : tout est fait pour empêcher que croisse cette mouvance (interdiction de tout nouveau groupe et parcours du combattant pour le prêtre diocésain qui voudrait célébrer avec l’ancien Ordo), ce motu proprio étant là le temps que les adeptes de la forme extraordinaire s’approprient le nouveau missel. Tout est fait pour qu’à terme la messe traditionnelle ne soit plus célébrée que dans la Fraternité Saint-Pie X et ses satellites. Il semble donc que la stratégie du pape est de pousser les récalcitrants vers la Fraternité Saint-Pie X, afin que tout le monde tradi s’y retrouve : ils seront ainsi parfaitement maîtrisés et isolés dans une réserve d’Indiens coupée de Rome et des diocèses mais avec laquelle on maintient un lien minimum pour éviter un schisme formel. Cela explique que le pape ne cherche plus de réconciliation avec la Fraternité Saint-Pie X, mais montre une grande générosité à son égard en leur reconnaissant la pleine validité des mariages et des confessions, en encourageant à les recevoir dans des églises lors de pèlerinages, etc. Tout cela est cohérent… et à l’exact opposé de tous les efforts passés de Jean-Paul II et Benoît XVI… pour l’unité de l’Église.

7/ Exclusivisme liturgique ? Ce motu proprio n’est-il pas l’occasion, pour les instituts qui refusent de célébrer la forme ordinaire (qui, précisons-le, sont minoritaires au sein de la galaxie « Ecclesia Dei »), de s’interroger très sérieusement sur le bien-fondé liturgique, théologique et ecclésial de ce refus ? Depuis 1988, les papes invitent à ne pas refuser le principe même de la célébration du nouvel Ordo (il est vrai que les positions de la Commission Ecclesia Dei ont été plus fluctuantes sur le sujet, ne contribuant pas à l’éclairer), ce qui ne retire en rien le charisme propre de ces instituts pour l’ancienne messe. Benoît XVI avait été très explicite dans sa lettre aux évêques de 2007 et, à cet égard, force est de constater que les lignes n’ont guère bougé depuis. En obéissant au pape sur ce point névralgique, ces instituts ne démontreraient-ils pas, par leur exemple même, que François se trompe dans son analyse ?

8/ Conclusion. Tout cela est triste car injuste, il est donc légitime de s’en plaindre, d’argumenter, de demander inlassablement une réforme de ce motu proprio ou une application la plus souple possible de ce texte, dans le respect de l’autorité et de la fonction du pape. Les évêques vont avoir un rôle essentiel à jouer, tout dépendra de la façon dont ils vont appliquer ce motu proprio – les premières réactions observées sont encourageantes, un grand merci à ces évêques soucieux de tout leur troupeau. C’est aussi à eux de faire remonter à Rome une information plus juste sur ce que sont réellement les tradis. L’histoire récente a montré qu’ils n’étaient pas habitués à se laisser faire sans réagir : espérons que la plupart ne retombent pas dans une « résistance » qui verse dans la révolte et la désobéissance ouverte : l’exemple à ne pas suivre est celui de Mgr Lefebvre et de la Fraternité Saint-Pie X, on voit où cela conduit… Il est dur de souffrir par l’Église, mais cela ne peut pas ne pas porter de fruits…
Christophe Geffroy

LA NEF, le 17 juillet 2021, exclusivité internet
Source : lanef.net
Il n'y a qu'une Église, une par l'unité de la doctrine comme par l'unité du gouvernement, c'est l'Église catholique (Léon XIII, lettre Testem benevolentiæ sur la condamnation de l'américanisme)

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