Olivier JC a écrit : ↑jeu. 21 nov. 2024, 9:44
Franchement, non. Je ne vois pas comment on peut accorder une quelconque valeur au célibat pour le Royaume si le regard n'est pas justement tourné vers Dieu.
Dit comme cela sans doute, mais le mariage chrétien aussi est pour le royaume : pour peupler le ciel.
Ce célibat est donc surtout posé comme une meilleure voie de perfection.
De meilleur à supérieur, il n’y a qu’un minuscule pas, mais un pas quand même qui fait toute la différence ; or il n’y a pas de vraie supériorité ici-bas, cf. la parole sur les premiers et les derniers, elle ne se décidera qu’au ciel.
Que préfère Dieu : beaucoup de foi envers un Dieu mal connu et une vérité partielle, ou moins de foi envers un Dieu et une vérité mieux connue ? (Vérité pouvant être cette notion de meilleure, or il ne faut pas la séparer de Dieu.)
La réponse semble évidente, d’autant que moins connaître peut contribuer et favoriser l’humilité (plus rarement hélas mieux connaître), à proportion précisément de cette foi, mais je voudrais la compléter de 2 points de vue :
• Le premier pour rappeler un dicton de sagesse, à valeur presque de promesse, comme quoi l’excellent serviteur finira par servir un roi, même s’il subit encore et du fait de son excellence et de la condition modeste de son maître actuel, bien des persécutions et rebuffades.
• Le second, c’est qu’une vérité mieux connue permettra de mieux rebondir, chasser le doute et le désespoir, en cas de revers et de nombreuses tribulations et oppositions. Il s’agit d’une autre facilité qui ne demandera aucune vertu.
Alors que davantage de vérité devrait entrainer un surcroît de foi, il est fréquent que ce soit plutôt comme si la vérité palliait un manque et portait préjudice à la foi. Qui me l’expliquera ? Cela ne peut être l’effet de la contemplation, sinon d’une extrapolation qui la rendrait paresseuse et passive, seulement jouissive.
Or s’appuyer sur des données théologiques que l’on a soi-même comprises pour présumer que nous aurons de meilleures chances de salut en agissant de telle manière ne me semble pas être un acte de foi, et par ailleurs leur vérité n’est que partielle.
Je ne doute pas que pour votre part vous accordiez préférence à la foi, mis ce n’est pas systématique, et il y a la tentation d’orgueil.
Quelle différence entre la réaction de Zacharie et celle de Marie ? Celle de Zacharie aurait été, de la part de Marie, de citer son vœu de virginité comme un obstacle. Or elle se contente de demander « comment cela se fera-t-il puisque je ne connais pas d‘homme ».
Oui, c’est subtil.
Ce qui était bénédiction dans le judaïsme est devenu action de grâce (effet traduction) et se limite très souvent au sens de remerciement. On « rend grâce » en, exprimant sa reconnaissance pour une faveur reçue
Or l’action de grâce, « l’eucharistie », tout comme la bénédiction initiale, est avant tout une proclamation, une confession des merveilles de Dieu.
C’est totalement différent, même si ces merveilles sont accomplies pour nous ou en nous, le discours n’est plus centré de la même façon et il abolit la tentation possible.
Dans un merci il y a un « je » et de la politesse.
Le magnificat n’a été déclamée qu’ne présence d’Elizabeth, pas lors de l’annonciation où il aurait été « déplacé ».
Le mal tient parfois à fort peu de choses, il est fort proche du bien et le copie…
Cela ne veut pas dire que l’action de grâce soit désintéressée, comme dans une certaine philosophie grecque dont les élégies sont gratuites, de sorte à conserver à chacun le droit d’un quant à soi (voire louer ou chercher à ce que le soit son adresse à louer), car au contraire elle concerne un Dieu qui s’est Révélé, qui a communiqué avec nous et s’est fait connaitre, s’est sacrifié, a établi une relation unique.
Demander le sacerdoce pour les femmes ou vanter un état de perfection, ce n’est pas respecter le code d’honneur que cette relation a bâtie, ce n’est pas « rester à sa place », c’est outrepasser ses droits et son devoir d’émerveillement, déborder et presque désobéir.
Et ce presque est précisément la raison pour laquelle le sacrifice de Caïn a été refusé. Il n’avait pas encore péché, mais il était mal orienté.
On rejoint aussi ici le « que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite » Il y a certaines vérités qu’il vaut mieux taire. On sait que tel homme a commis tel péché mais on ne le juge pas.
A ce propos j’écrivais :
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cmoi a écrit : ↑mer. 20 nov. 2024, 8:13
Il me semble que Pierrot supposait précisément que la matière n’était pas grave, ce qui pose plutôt la question de savoir ce qu’est une matière grave (penser au péché contre l’Esprit) et s’il faut une matière grave pour qu’un péché soit mortel
Je vais donc l’illustrer à présent.
L’abbé Laguérie (faut-il le présenter ?) dans sa catéchèse en libre accès sur internet indiquait dans un aparté, une courte parenthèse (qui dans ce contexte avait valeur de résulter d’un approfondissement sûr mais qui conduirait trop loin pour une catéchèse) à propos de la fornication qu’elle ne pouvait être un péché mortel (raccourci supposant de ne traiter que la gravité) que si le seul plaisir physique était le motif .
(Il omettait sans doute mais peu importe, un cas comme celui où le motif serait l’admiration pour sa plastique ou son savoir-faire, et non pour le bonheur de qui admire mais de qui est admiré, du moins pour de l’auto-satisfaction (glorification de soi) – car il peut y en avoir à admirer aussi.)
Toujours est-il qu’à moins de le vouer au pilori pour son erreur de doctrine, cela supposait donc qu’il introduisait dans l’évaluation de la notion de gravité, quelque chose qui ne relevait pas de la pleine advertance ni du consentement délibéré - mais diriez-vous que cela concerne bien « la matière » du péché ?
Si la réponse est « non », alors il y a des choses à revoir dans les définitions, en prenant notamment en compte le degré de malice extrinsèque mais pas seulement.
Et ce n’est pourtant pas même là ce pourquoi « il ne faut pas juger ».
(Cela ne s’adresse plus du tout à vous…) Entrer « aujourd’hui » dans de telles considérations, non ce n’est pas être moderniste, non ce n’est pas bafouer ou censurer les notions de péché mortel etc, mais au contraire leur donner toute leur importance et les traiter avec sérieux et respect.
Non ce n’est pas s’en prendre aux dogmes, même si du coup on en maniera moins souvent les concepts dans des démarches « raccourcies » ou pastorales, pour éviter les jugements péremptoires.
Et non, ce n’est pas s’en foutre de l’enfer, car au contraire cela exprime une crainte de Dieu plus haute et mise en œuvre plus réellement car ajustée.
Critiquer le « Biblisme », c’est souvent lui préférer une théologie scolastique, autrement dit la façon dont l’homme traite un sujet plutôt que celle de Dieu, un homme imparfait et faillible, non omniscient, se prénommerait-il Thomas. Ce serait là encore détourner le regard de Dieu pour le remplacer par qui le cherche et reste habité par une part d’obscurité. « Biblisme » ne doit pas systématiquement signifier exégèse matérialiste ou athée, refus des miracles, etc. : quelque chose de « tordu ».