Sexualité dans le mariage chrétien

« Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu'il sache discerner le bien du mal » (1R 3.9)
Règles du forum
Forum de discussions entre chrétiens sur les questions morales et éthiques. Certaines discussions de ce forum peuvent heurter la sensibilité des jeunes lecteurs.
Avatar de l’utilisateur
prodigal
Amicus Civitatis
Amicus Civitatis
Messages : 2341
Inscription : mar. 09 juil. 2013, 10:32

Re: Sexualité dans le mariage chrétien

Message non lu par prodigal »

Cher Jean-Mic,
il faut se méfier des pièges du langage, et c'est un des intérêts de la discussion, que de préciser le sens en lequel on emploie les mots que l'on emploie.
De nos jours on a la fâcheuse tendance en effet d'employer "norme" au sens technique du terme. Il ne saurait s'agir de cela ici. J'entends par "norme" ce qui est jugé bon et dont l'irrespect est une faute. Est ainsi "normatif" tout ce qui comporte une dimension éthique, par opposition au "descriptif" qui se contente de signaler les faits. Donc, je m'appuyais simplement sur l'idée qu'il y a une dimension éthique de la sexualité et que par conséquent tout n'est pas permis, ce que j'ai supposé admis par tous les participants à cette discussion.
Agir selon une norme ne signifie donc pas agir de façon dite "normale". La première modalité renvoie aux valeurs morales, le seconde relève de la statistique.
Quant à ce que vous dites de la valeur de la sexualité, nous ne sommes pas en désaccord. J'ai parlé de la sexualité en tant que telle, abstraction faite de ses tenants et aboutissants, et c'est pour cela que, à ce stade, je ne la juge ni bonne ni mauvaise. C'est qu'il me semble que nous ne serons pas jugés sur nos pratiques sexuelles, ni d'ailleurs sur leur éventuelle absence. Si la sexualité était par elle-même une bonne chose, tous ceux qui ont pratiqué ou simplement recommandé la chasteté seraient gravement coupables. C'est d'ailleurs ce que pensent certains, mais, si je ne m'abuse, pas l'Eglise catholique.
"Dieu n'a pas besoin de nos mensonges" (Léon XIII)
Coco lapin
Rector provinciæ
Rector provinciæ
Messages : 400
Inscription : mar. 25 janv. 2022, 10:38

Re: Sexualité dans le mariage chrétien

Message non lu par Coco lapin »

@ ThéophileduSegala

Merci Théophile. A la différence de Jean-Mic vous avez compris la distinction entre souillure légale et péché. L'union charnelle entre époux n'est pas une faute, mais elle a un certain côté dégoûtant (qui, depuis la nouvelle alliance, ne cause quasiment plus aucun empêchement), comme il peut être dégoûtant de manger ou de toucher certaines choses (mais c'est aussi une question de point de vue). Cependant, si l'union charnelle est considérée comme une altération de la pureté par rapport à la virginité, c'est surtout en raison de la concupiscence (ici la convoitise sexuelle), qui n'est pas en soi un péché mais une tendance au péché. Car ceux qui font l'amour sont plus susceptibles d'éprouver un désir déréglé (sans forcément y consentir, mais vous voyez la proximité avec le péché) : un attachement excessif au plaisir sensuel, une soif de faire l'amour seulement pour le plaisir, ou de pécher par onanisme conjugal.
Concile de Trente a écrit :Que la concupiscence ou le foyer du péché demeure chez les baptisés, ce saint concile le confesse et le pense ; cette concupiscence étant laissée pour être combattue, elle ne peut nuire à ceux qui n'y consentent pas et y résistent courageusement par la grâce du Christ. Bien plus, « celui qui aura lutté selon les règles sera couronné » 2Tm 2,5. Cette concupiscence, que l'Apôtre appelle parfois « péché » Rm 6,12-15 ; Rm 7,7 ; Rm 7,14-20, le saint concile déclare que l'Église catholique n'a jamais compris qu'elle fût appelée péché parce qu'elle serait vraiment et proprement péché chez ceux qui sont nés de nouveau, mais parce qu'elle vient du péché et incline au péché. Si quelqu'un pense le contraire : qu'il soit anathème.
Avatar de l’utilisateur
Statut 35
Barbarus
Barbarus

Re: Sexualité dans le mariage chrétien

Message non lu par Statut 35 »

Bonjour coco lapin
Non, l'union sexuelle n'est pas quelque chose de dégoûtant!!! Dieu nous a créés homme et femme, différents et complémentaires pour d'une part la procréation et d'autre part dans le mariage chrétien, lutter contre la concupiscence...cf les 2 fins du mariage chrétien catholique.
Les paroles de Jean Paul II insiste particulièrement sur le caractère sacré de l'acte conjugal, la beauté de l'union sexuelle dans l'amour et le respect des conjoints...on est très loin de ce que vous dites..
Le plaisir sexuel est à vivre dans l'attention à l'autre . Vous parlez d'onanisme conjugal. Qu'est ce à dire? De fait, l'union sexuelle peut ne jamais conduire à l'orgasme de la femme...même si le mari fait de son mieux pour le bonheur de son épouse. Dans ce cas, l'homme a le devoir de donner du plaisir à sa femme avant l'union sexuelle ou après par caresses du clitoris, organe exclusivement dédié au plaisir...il ne s'agit pas d'onanisme conjugal dans la mesure où il y a acte conjugal complet pour l'homme ...Sinon, l'homme serait un pur égoïste sans penser au plaisir de sa femme. La théologie du corps expliquée par Christopher West aborde cette question là aussi. Cela m'a bcp apaisé.
"L'orgasme féminin n'est pas nécessaire pour concevoir une vie contrairement à L'orgasme masculin. Si malgré les efforts sincères de l'un et de l'autre , la femme est incapable d'atteindre L'orgasme pendant la penetration, la stimuler pour qu'elle l'atteigne est un vrai acte d'amour de la part du mari. Dans ce cas, la stimulation n'est pas en soi masturbatoire puisqu'elle a lieu dans le contexte d'une union sexuelle complète. "
Il ne s'agit pas d'onanisme conjugal car il y a un acte conjugal total .je ne sais pas ce que vous vouliez dire exactement..
Bref, la théologie du corps selon Jean Paul a été un trésor pour notre vie de couple en chrétiens.
Avatar de l’utilisateur
ThéophileduSegala
Ædilis
Ædilis
Messages : 17
Inscription : jeu. 02 janv. 2025, 19:13
Conviction : Chrétien
Localisation : Tarn

Re: Sexualité dans le mariage chrétien

Message non lu par ThéophileduSegala »

Coco lapin a écrit : sam. 11 janv. 2025, 23:19 @ ThéophileduSegala

Merci Théophile. A la différence de Jean-Mic vous avez compris la distinction entre souillure légale et péché. L'union charnelle entre époux n'est pas une faute, mais elle a un certain côté dégoûtant (qui, depuis la nouvelle alliance, ne cause quasiment plus aucun empêchement), comme il peut être dégoûtant de manger ou de toucher certaines choses (mais c'est aussi une question de point de vue). Cependant, si l'union charnelle est considérée comme une altération de la pureté par rapport à la virginité, c'est surtout en raison de la concupiscence (ici la convoitise sexuelle), qui n'est pas en soi un péché mais une tendance au péché.

Merci pour votre réponse, Coco Lapin, qui montre une volonté d’ancrer vos propos dans la doctrine et la réflexion théologique. Cela dit, je souhaiterais approfondir quelques points pour apporter une perspective plus nuancée sur ce sujet délicat.

1. Souillure légale et perspective chrétienne

Vous évoquez l’idée que l’union charnelle, bien qu’autorisée, aurait un “côté dégoûtant”, en la comparant à des actes naturels comme manger ou toucher certaines choses. Cependant, l’Église catholique, en particulier à travers les enseignements modernes (notamment de Saint Jean-Paul II), met en lumière une vision plus positive de la sexualité conjugale. Dans le cadre du mariage, l’union charnelle n’est pas simplement tolérée mais valorisée comme une participation au dessein créateur de Dieu.

La sexualité conjugale, vécue dans le respect mutuel et ouverte à la vie, est un chemin de sanctification. Elle n’est pas une “altération” de la pureté, mais un acte profondément spirituel lorsque vécu avec une intention droite. Saint Paul lui-même affirme que “le mariage doit être honoré de tous, et le lit conjugal exempt de souillure” (He 13,4).

2. La concupiscence dans la théologie catholique

Vous avez raison de rappeler que la concupiscence, selon le Concile de Trente, demeure même chez les baptisés et peut incliner au péché. Cependant, cette inclination n’est pas en soi une condamnation morale. Elle fait partie de la condition humaine depuis la chute, mais elle est destinée à être dépassée grâce à la grâce du Christ et à une vie spirituelle.

En ce sens, l’amour conjugal bien ordonné, dans lequel l’acte sexuel s’inscrit, est un lieu privilégié pour apprendre la maîtrise de soi et pour vivre une communion d’amour authentique. Le Catéchisme de l’Église catholique (CEC 2362) rappelle d’ailleurs que “les actes par lesquels les époux s’unissent intimement et chastement sont nobles et dignes”. Loin de réduire l’union à une tentation ou un danger moral, l’Église y voit un moyen d’expression d’un amour intégral.

3. Une vision équilibrée de la sexualité

Il est important de distinguer les excès et désordres liés à la sexualité (comme l’onanisme conjugal ou l’usage uniquement égoïste de l’acte) de la sexualité elle-même, qui est un don de Dieu. Les Pères de l’Église, que vous citez souvent, insistaient sur la pureté et la virginité dans un contexte culturel particulier où ces valeurs répondaient à des défis spécifiques. Mais cela ne signifie pas que la sexualité conjugale, bien vécue, est dégradante ou incompatible avec la sainteté.

Au contraire, la sainteté conjugale est un appel universel. Saint Jean-Paul II, dans sa théologie du corps, explique que la sexualité est un langage du don mutuel, où les époux participent à l’amour créateur et rédempteur de Dieu. Il s’agit d’un cheminement vers une communion plus profonde, non une souillure.

4. La différence entre virginité et mariage

Il est vrai que l’Église place la virginité consacrée comme un état de vie particulièrement élevé (CEC 922-924), car elle témoigne de la vie à venir dans le Royaume de Dieu, où il n’y aura plus de mariage. Cependant, cela ne diminue en rien la dignité du mariage, qui est également un sacrement et un chemin de sainteté. Les deux états de vie se complètent et témoignent, chacun à leur manière, de la bonté de Dieu.

En conclusion, il est essentiel de ne pas confondre les désordres possibles liés à la sexualité avec la sexualité elle-même, qui est un don de Dieu. Plutôt que de la voir comme une “souillure” ou une “altération”, l’Église nous invite à la vivre avec pureté, respect et ouverture à la vie, dans une dynamique d’amour véritable.

Que le dialogue fraternel continue à nous enrichir, dans un esprit de charité et de vérité.

🙏
Je suis à mon bien-aimé, mon bien-aimé est à moi. [C.d.C. 6:3]
Avatar de l’utilisateur
Fée Violine
Consul
Consul
Messages : 12503
Inscription : mer. 24 sept. 2008, 14:13
Conviction : Catholique ordinaire. Laïque dominicaine
Localisation : France
Contact :

Re: Sexualité dans le mariage chrétien

Message non lu par Fée Violine »

ceux qui font l'amour sont plus susceptibles d'éprouver un désir déréglé
Je me demande si ceux qui ne font pas l'amour ne sont pas encore plus susceptibles d'éprouver un désir déréglé...
Non ?
Trinité
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 4383
Inscription : lun. 02 févr. 2015, 22:50
Conviction : catholique

Re: Sexualité dans le mariage chrétien

Message non lu par Trinité »

Bien vu , Fée Violine... ;)
Avatar de l’utilisateur
Jean-Mic
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 4120
Inscription : mar. 07 févr. 2012, 20:17
Localisation : Nevers

Re: Sexualité dans le mariage chrétien

Message non lu par Jean-Mic »

prodigal a écrit : sam. 11 janv. 2025, 18:34 Cher Jean-Mic,
il faut se méfier ... etc.
Merci pour ces précisions.
Vos propos confirment que, malgré des nuances de langage, nos propositions se rejoignent sur le fond.
Heureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes. Ils n'ont pas fini de s'amuser !
Avatar de l’utilisateur
Jean-Mic
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 4120
Inscription : mar. 07 févr. 2012, 20:17
Localisation : Nevers

Re: Sexualité dans le mariage chrétien

Message non lu par Jean-Mic »

Fée Violine a écrit : Hier, 14:26
ceux qui font l'amour sont plus susceptibles d'éprouver un désir déréglé
Je me demande si ceux qui ne font pas l'amour ne sont pas encore plus susceptibles d'éprouver un désir déréglé...
Non ?
C'est d'autant plus vrai que, souvent, les plus frustrés ne font pas que leur propre malheur. Ils font aussi le malheur des autres.
[+] Texte masqué
En d'autres temps, dans la cour de lycée, on aurait préféré parler des "mal b...és".
Heureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes. Ils n'ont pas fini de s'amuser !
Coco lapin
Rector provinciæ
Rector provinciæ
Messages : 400
Inscription : mar. 25 janv. 2022, 10:38

Re: Sexualité dans le mariage chrétien

Message non lu par Coco lapin »

@Fée Violine
Le fait de se livrer aux plaisirs de la chair exacerbe le désir sexuel qui, par sa violence, peut facilement dominer la raison. A l'inverse, ceux qui observent la continence sont vus comme pleinement maîtres des pulsions qui les poussent à la sexualité (d'où la plus haute perfection dans la vertu de chasteté, en plus du mérite de s'abstenir de plaisirs superflus). D'ailleurs ceux qui font l'amour d'abord par plaisir cèdent déjà à un désir désordonné (comme celui qui mangerait d'abord par plaisir, et non d'abord pour se nourrir), mais ce n'est pas encore un péché. L'autre différence avec la continence totale, c'est que ceux qui pratiquent l'acte sexuel deviennent plus facilement esclave de la chose. Cela semble être le cas de l'auteur de ce fil qui, non seulement ne se sentait pas capable de s'abstenir, mais en plus ne le voulait pas.

@Théophile
Le fait que l'acte conjugal ait été classé comme impur dans l'AT n'est pas un problème, et l'accouchement est bien plus dégueu, en l'occurrence, pourtant Dieu a voulu que les choses soient ainsi, alors les gens mariés peuvent faire l'amour sans complexe.
Simplement, je pense que les Pères voyaient le fait de se livrer à la passion charnelle comme une souillure (non peccamineuse) à cause du risque que ça dérape (et de pécher en pensée ou en acte), ou de le faire sans réelle nécessité, qui peut être vu comme un abâtardissement charnel, ou aussi parce que la chose peut être accomplie de façon plus ou moins bestiale (et ça peut paraître avilissant).

@Statut 35
Les préliminaires doivent se solder par un coït vaginal avec effusion de sperme à l'intérieur (et sans contraceptif). Il n'est pas interdit de masturber son épouse (et même jusqu'à l'orgasme) si cela est réalisé dans le cadre de l'acte conjugal et n'est pas contre-nature (comme la sodomie), et si l'on ne répand pas son sperme à l'extérieur (ce qui serait un péché mortel si c'est volontaire). Bref, tout ce qui n'est pas dans les règles est considéré comme de l'onanisme, mais tout ce qui est dans les règles est permis.
Avatar de l’utilisateur
Statut 35
Barbarus
Barbarus

Re: Sexualité dans le mariage chrétien

Message non lu par Statut 35 »

Coco lapin
Je suis en accord avec vous alors...oui, pas d'émission de sperme en dehors... mon épouse sera aussi rassurée de lire ce que vous venez d'écrire..
Lui permettre d'avoir un orgasme avant l'union ou après car l'acte si long soit il ne lui donne jamais de plaisir ni d'orgasme...cela évite d'être centré sur mon propre plaisir...don mutuel de soi dans le respect.
Je suis d'accord avec vous sur le fait qu'il est nécessaire de maîtriser ses pulsions sexuelles. La chasteté se vit aussi dans le mariage chrétien.
Avatar de l’utilisateur
ThéophileduSegala
Ædilis
Ædilis
Messages : 17
Inscription : jeu. 02 janv. 2025, 19:13
Conviction : Chrétien
Localisation : Tarn

Re: Sexualité dans le mariage chrétien

Message non lu par ThéophileduSegala »

@Coco lapin

Tout dépend de l’intention et de la manière dont il est vécu.

Lorsque les époux s’aiment et se respectent, leur union devient une véritable liturgie de l’amour, reflet de la Trinité.

L’acte conjugal n’est pas seulement toléré par Dieu, il est voulu et béni dans le cadre du mariage. S’il peut effectivement être mal vécu (par égoïsme, désordre ou excès), il reste en soi une réalité bonne, orientée vers le don mutuel et la vie. Plutôt que de se focaliser sur le “risque” ou les éventuelles dérives, il me semble plus juste de rappeler la dignité et la beauté de cette union telle que l’Église la propose.

Qu’en pensez-vous ?
Je suis à mon bien-aimé, mon bien-aimé est à moi. [C.d.C. 6:3]
Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : nicolas-p et 5 invités