L'article synthétique qui suit mériterait sans doute d'être développé et de faire l'objet d'un travail plus conséquent.
1. Qu’est-ce que le Bien ?
Le Bien est l'objet de la volonté de Dieu. Le Bien est la fin de toute chose. Le bien propre d’une chose est la volonté de Dieu pour cette chose particulière : elle est sa vocation dans le dessein de Dieu. Par application du principe harmonique, tous les biens particuliers trouvent leur cohérence dans leur ordonnancement au bien universel.
2. Qu’est-ce que l'Homme ?
Fait à l'image et à la ressemblance de Dieu, créature rationnelle, douée de conscience et de libre-arbitre, l'Homme est un être tout à la fois charnel et spirituel, ainsi qu'un animal social et politique.
Dépositaire d'une éminente dignité, l'Homme - mâle et femelle - possède dans le dessein de Dieu une vocation toute particulière : celle de contempler la face de Dieu dans l'Eternité. Travaillé par la grâce, tout homme est appelé à la vertu - c’est-à-dire la libre observance du Bien - vocation terrestre universelle du genre humain. Mais, parce que tout être humain est une personne, Dieu a également conçu un dessein unique pour chacun d'entre nous : notre destinée particulière.
Le bien propre de chaque homme sur cette Terre est donc l’accomplissement vertueux de sa destinée unique.
Animal social, le petit d'homme ne se développe pleinement et ne devient véritablement Homme qu'au contact de ses semblables, par l'apprentissage social de son humanité (station debout, langage, logique, morale...) L'Homme est donc un animal naturellement social : la société est son milieu naturel.
3. Qu’est-ce que la Société ?
Le couple étant la plus petite des sociétés, considérer cette micro-société permet - par analogie - de comprendre ce qu'est la société civile. Un couple, ce sont deux personnes unies par une relation interpersonnelle. Un couple, ce n'est donc pas la somme des individus qui le composent, en raison du rôle joué par la relation interpersonnelle. Mais un couple, ce n'est pas non plus une entité autonome, indépendante des personnes individuelles qui le composent : de l'identité de chacun des conjoints va en effet dépendre la spécificité et l'identité du couple.
De même, la société civile ne peut ni être réduite à la somme des personnes individuelles qui la composent, ni être considéré comme une entité indépendante de ses constituants fondamentaux. La Cité humaine est constituée de "corps intermédiaires" qui sont autant de membres du corps social - pour utiliser la métaphore d'un organisme - et qui interragissent les uns avec les autres.
Chacun de ces corps intermédiaires (particuliers, familles, associations, paroisses, collectivités locales...) possède sa finalité particulière, sa vocation propre dans le dessein de Dieu. Ainsi, par exemple, la famille - communauté naturelle de vie et d’amour - a vocation à être le lieu de la génération et la matrice fondamentale du développement des personnes humaines. Et ainsi de chaque corps intermédiaire : chacun a un rôle unique et singulier à jouer, de la même façon que chaque instrument de l'orchestre a sa partition originale a jouer.
4. Qu’est-ce que la Cité ?
La Cité est la communauté politique, c’est-à-dire la communauté humaine soumise à une même autorité souveraine – ou gouvernement. Celui-ci a - comme son nom l'indique - pour fonction dans l’ordre naturel de gouverner la Cité, c’est-à-dire de conduire la Cité vers sa fin : de la même façon que le capitaine conduit son navire vers sa destination, le gouvernement conduit la Cité vers sa fin.
5. Qu’est-ce que le Bien Commun ?
Parce que la Société humaine ne se réduit pas à juxtaposition d’individus, mais est une Communauté humaine, il existe effectivement un Bien Commun, c’est-à-dire un bien à atteindre en commun, tous ensembles, grâce à la collaboration de tous les membres du corps social. Si le bien d’une chose est la fin de cette chose, ce qu’elle doit poursuivre, alors le Bien Commun de la Cité est sa fin, l’idéal que les citoyens doivent collectivement poursuivre.
Le Bien Commun de la Cité est - par définition - le bien propre de cette communauté particulière que l’on appelle Cité. Il est donc tout à la fois la fin, le but, la vocation, la perfection et l’idéal de la Cité. Le gouvernement a pour fonction de conduire la Cité vers le Bien Commun ; l’Etat a donc la responsabilité de défendre, promouvoir, réaliser et accomplir le Bien Commun.
Avant de poursuivre, notons que le Bien Commun de la Cité est lui-même un bien particulier ordonné au Bien Commun de l'Humanité.
Mais quelle est donc la vocation particulière de la Cité ? Filons la métaphore musicale : la vocation de l’orchestre est pleinement réalisée lorsque que chacun des instruments composant l'orchestre interprète parfaitement sa partition, sous la direction du chef d’orchestre, et que - les sons s'harmonisant - s'élève une symphonie nouvelle et magnifique.
De même le Bien Commun de la Cité réside dans l'accomplissement par chaque membre du corps social de sa vocation propre, sous la conduite du gouvernement. Alors, règne l'ordre social naturel tel qu'il préexiste dans le dessein de Dieu et la société civile réalise son but qui est le Bien Commun. Car l'ordre social naturel réuni les conditions nécessaires à l'accomplissement du Bien Commun qui en est le fruit glorieux.
Remarquons que tous les membres du corps social - et pas seulement l'autorité politique - ont une responsabilité à assumer dans la poursuite du Bien Commun. Et, à la suite de la Déclaration des devoirs de 1795, nous pouvons affirmer : «Nul n’est bon citoyen, s’il n’est bon fils, bon père, bon frère, bon ami, bon époux».
6. Qu'est-ce que la politique ?
La politique est la science du gouvernement de la Cité, en vue du Bien Commun.
Le rôle de l’Etat est de faire régner la Justice, en vue du Bien Commun. Pour établir et maintenir la Justice, l'Etat s'attache à ce que chaque corps social accomplisse son devoir et qu’aucun n'outrepasse ses droits ; il peut soutenir les corps sociaux déficients et les suppléer temporairement en cas d'incapacité.
7. Quelles sont les conséquence du Bien Commun ?
Le Bien Commun est le bien de la Société, c’est-à-dire la réalisation de sa nature propre, l’achèvement de sa propre perfection. C'est pourquoi, lorsque le Bien Commun est accompli, la Cité est proprement transfigurée en une communauté humaine authentique, chaque personne sociale pouvant sans obstacle atteindre le plein développement de son être et pratiquer la vertu en vue de son salut...
Alors, nous pourrons dire que la Civilisation de l’Amour est sortie de terre !
Christophe