Brefs commentaires sur les dimanches du temps ordinaire (C)

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Brefs commentaires sur les dimanches du temps ordinaire (C)

Message non lu par VexillumRegis » mar. 31 juil. 2007, 12:02

Dominica XVII per annum
17ème dimanche du Temps ordinaire
La L1 (Gn XVIII, 20-32 ; intercession d‘Abraham) et l’évangile (Lc XI, 1-13) mettent en lumière la nécessité de la persévérance dans la prière. Je ne vois pas trop bien le rapport de la L2 (Col II, 12-14) avec ce sujet. Dans le Missel de 1962, la péricope évangélique, plus courte (Lc XI, 5-13), est accompagnée d’un passage de l’épître de saint Jacques (V, 16-20) sur la prière (Messe des Rogations).

Les textes grégoriens du Graduale Romanum de ce dimanche étaient utilisés au XIème dimanche après la Pentecôte dans le Missel de 1962. Or, on note que ces textes grégoriens ont un rapport étroit avec les lectures de l’ancien Missel :

- Le texte du graduel (Ps XXVII, 7, 1 ; refloruit caro mea) s’accorde merveilleusement avec la lecture de saint Paul qui le précède (1 Co XV, 1-10 ; sur la Résurrection) et la péricope évangélique (Mc VII, 31-37 ; l’homme sourd et muet) qui le suit.

- De même le texte de l’offertoire (Ps XXIX, 2, 3 ; Domine clamavi ad te, et sanasti me).

Ce n’est plus du tout le cas avec les nouvelles lectures. Il y a donc clairement un manque de cohérence qu'on ne peut que regretter.

L'Année liturgique
______

Notes :

P1 = Collecte
P2 = Secrète ou Super Oblata
P3 = Postcommunion

L1 = première lecture
L1 = deuxième lecture
L3 = évangile

A1 = Introït
A2 = Chant d'offrande du Missel grégorien
A3 = Chant de communion. Au Temps ordinaire, il y a deux antiennes au choix : A3a et A3b.
Ps = Psaume responsorial

greg. = texte grégorien proposé par le Missel grégorien de Solesmes

Cordialement en Jésus +,

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Dominica XVIII per annum

Message non lu par VexillumRegis » sam. 04 août 2007, 0:39

Dominica XVIII per annum
18ème dimanche du Temps ordinaire
Les trois lectures de ce dimanche s’accordent merveilleusement entre elles. Le sujet : la vanité des richesses de ce monde et la nécessité d’user actuellement des biens passagers de manière à pouvoir dès ici-bas rester attachés à ceux qui demeurent (Collecte du dimanche précédent). Vanitas vanitatum, et omnia vanitas ! s’exclame l’Ecclesiaste, Vanité des vanités, et tout est vanité ! (L1 ; Qo 1,2 ; 2, 21-23), et tout particulièrement cette soif des richesses de ce monde qui nous fait oublier notre prochain et jusqu’à Dieu Lui-même. Or, le Seigneur nous avertit dans l’évangile (Lc 12, 13-21) : « Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car la vie d'un homme, fût-il dans l'abondance, ne dépend pas de ses richesses », et de nous proposer une parabole où un homme croit pouvoir jouir en toute tranquilité des grands biens qu’il a amassés par son labeur, mais dont la mort lui ôte à tout jamais cette possibilité : « Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d'être riche en vue de Dieu ». Les biens de ce monde passent, mais les biens célestes demeurent pour les siècles des siècles. « Recherchez donc les réalités d'en haut : c'est là qu'est le Christ, assis à la droite de Dieu. Tendez vers les réalités d'en haut, et non pas vers celles de la terre. En effet, vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu. » (L2 ; Co 3, 1-5. 9-11).

On remarquera dans la L2 la suppression des versets 6 à 8, faisant explicitement référence à la colère de Dieu châtiant les impies, paroles qui ne semblent guère plaire à une certaine théologie moderne. Cette suppression volontaire dans le nouveau lectionnaire (1) de certains versets gênants ne porte-t-elle pas atteinte à l’intégrité des Saintes Ecritures ?

(1) « De nombreux livres bibliques sont ainsi parcourus et assez largement reproduits, mais avec des textes qui ne sont jamais lus et des versets supprimés. » - M. Gitton, Initiation à la liturgie romaine, p. 75.

La Super oblata, très belle et plusieurs fois employée à ce qu’il me semble, est utilisée dans le Missel de 1962 au lundi de Pentecôte. Elle met bien en lumière ce que doit être l’Offertoire pour les fidèles : une offrande d’eux-mêmes dans le Christ (2).

(2) "L’offrande est le symbole de la personne qui offre. (...) à l’Offertoire, nous apprenons à faire le sacrifice le plus beau, le plus dur, mais aussi le plus agréable à Dieu, notre véritable offrande, nous-mêmes." - Pius Parsch, La Sainte Messe dans son histoire et sa liturgie.

"Il s’agit alors de prendre conscience que nous sommes, ou devrions effectivement être, ce qui est offert et qui deviendra la matière du “sacrifice du Verbe” ; il s’agit de nous unir au sacrifice que Jésus-Christ offre au Père." - Cardinal Ratzinger, L’Esprit de la liturgie, As Solem, Genève, 2001, pp. 165-166.


La réception de la communion est parfaitement mise en valeur par le lien étroit qui unit l’antienne de communion Panem de caelo avec la Postcommunion (3) (Quos caelesti récreas munere).

(3) Dans le Missel de 1962, on trouve cette oraison dans la section des Orationes diversae, Messe n°6 Pro Praelatis et Congregationibus eis commissis.

L'Année liturgique
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Cordialement en Jésus +,

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Message non lu par VexillumRegis » sam. 11 août 2007, 10:36

Dominica XIX per annum
19ème dimanche du Temps ordinaire
Le fil conducteur de la Messe de ce dimanche est l’attente eschatologique vigilante à laquelle est appelé le Peuple de Dieu, dans l’espérance et la foi en la réalisation des promesses de Dieu à son égard.

Soyez vigilants et demeurez prêts : vous ne connaissez pas l’heure où le Fils de l’homme viendra” (Alleluia non grégorien ; Mt XXIV, 42.44). C’est dans “la nuit de la délivrance pascale”, rappelle la L1 (Sg XVIII, 6-9) que le Seigneur était passé, fidèle à ses promesses, lors de la première Pâque, pour libérer son peuple, préfigurant la Pâque nouvelle et éternelle dans la mort et la Résurrection du Seigneur Jésus-Christ. Par son Mystère pascal, le Seigneur a inauguré le Royaume, dont nous vivons aujourd’hui en attendant sa pleine réalisation, lorsque le Christ reviendra en gloire sur les nuées du ciel. Sans doute, beaucoup de saints sont “morts sans avoir connu la réalisation des promesses ; mais ils l’avaient vue et saluée de loin, affirmant que, sur la terre, ils étaient des étrangers et des voyageurs”, des pélerins en route vers la pleine réalisation des promesses divines lors de la Parousie. Le justes vivent en effet de la foi (Ha II, 4), “qui est le moyen de posséder déjà ce qu’on espère, et de connaître des réalités qu’on ne voit pas” (L2 ; He XI, 1-19). Dans l’évangile (Lc XII, 32-48), le Seigneur nous recommande donc d’être vigilants et actifs dans l’attente de son retour : “Restez en tenue de service, et gardez vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. (...) Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra.” “Amen. Veni, Domine Iesu !” (Ap XXII, 20).

La collecte (1), absente du missel de 1962, est tirée des sacramentaires de tradition milanaise. Nous y demandons “la grâce nécessaire pour entrer toujours plus dans ce grand mystère qu’est la paternité divine et y répondre par un abandon filial, dans un abandon confiant en même temps que coopérant” (ibid.), “afin d’êtres capables d’entrer un jour dans l’héritage qui nous est promis” (ut promissam hereditatem ingredi mereamur). L’incise docente Spiritu Sancto, présente dans l’oraison originale, avait été supprimée lors de son introduction dans le missel romain ; elle a été rétablie dans l’editio typica tertia (2).

(1) Traduction précise : Dieu éternel et tout-puissant, toi que nous pouvons déjà appeler du (beau) nom de Père, grâce à l’enseignement de l’Esprit Saint, fais grandir en nos coeurs l’esprit d’adoption filiale, afin que nous soyons capables d’entrer un jour dans l’héritage qui nous est promis.

(2) “Les réviseurs ont supprimé l’incise docente Spiritu Sancto et, par là même, le rôle d’enseignement de l’Esprit Saint. Selon la juste remarque de Gerard Moore, dans aucune collecte ou prière d’offertoire du Temps ordinaire, on ne parle directement du rôle de l’Esprit dans la vie de la communauté chrétienne. N’est-ce pas réduire assez indûment son importance ?” - Patrick Hala o.s.b., Habeamus gratiam, Editions de Solesmes, 2002, pp. 92-94. Les informations sur les collectes sont tirées de cet ouvrage.


L’introït et le graduel grégoriens, employés au treizième dimanche après la Pentecôte dans le missel de 1962, ont cette particularité assez rare d’avoir à peu près exactement le même texte, tiré du psaume 73 : Réspice, Dómine, in testaméntum tuum, et ánimas páuperum tuórum ne derelínquas in finem (...) ; Souvenez-vous, Seigneur, de votre alliance, et n‘abandonnez pas pour toujours les âmes de vos pauvres [serviteurs] (...). On remarquera la répétition des pronoms et adjectifs possessifs à la deuxième personne, comme si le peuple élu de l’alliance, objet des promesses divines, voulait insister sur sa totale appartenance à Dieu (3). “Si vous appartenez au Christ, vous êtes donc la descendance d’Abraham, héritiers par la promesse”, car “c’est par la foi en Jésus-Christ que la promesse fût accordée à ceux qui croient” (Ga III, 22, 29) (épître du treizième dimanche après la Pentecôte dans le missel de 1962).

(3) Cf. Yves Gire, L’année grégorienne, DMM, 2000, p. 184.

L’oraison de Postcommunion Sacramentorum tuorum (4) était employée dans le Missel de 1962 en la fête des saints Hippolyte et Cassien, martyrs (13 août).

(4) Traduction précise : Que la participation à tes sacrements, Seigneur, nous sauve et nous affermisse dans la possession de la lumière de ta vérité.

L'Année liturgique
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Re: Brefs commentaires sur les dimanches du temps ordinaire (C)

Message non lu par VexillumRegis » ven. 17 août 2007, 16:03

Dominica XX per annum
20ème dimanche du Temps ordinaire
La collecte (1), employée au Vème dimanche après la Pentecôte dans le missel de 1962, est tissée de réminiscences pauliniennes (cf. 1 Co II, 9 et Ph IV, 7). “Les trois vertus théologales trouvent leur expression dans cette belle prière. Nous croyons aux promesses de Dieu (2) ; nous avons la ferme espérance de leur accomplissement, et c’est à la charité que sont promis les biens invisibles qui forment l’objet de notre foi (3)”. L’amour de Dieu “en toute chose et par-dessus tout” ne pouvant être qu’un don de Dieu lui-même, nous le prions d’infuser en nos coeurs la ferveur de son amour (infunde cordibus nostris tui amoris affectum). Mais qu’est-ce que cet amour, si ce n’est l’Esprit-Saint qui est en Lui-même comme la réalisation personnelle en Dieu Trinité de l’Amour qui unit le Père au Fils et le Fils au Père ?

(1) Traduction donnée par Dom Patrick HALA : Pour ceux qui t’aiment, ô Dieu, tu as préparé des biens que l’oeil ne peut voir : répands en nos coeurs la ferveur de ton amour, afin que, t’aimant en toute chose et par-dessus tout, nous obtenions la réalisation de tes promesses qui surpassent tout désir.

(2) Cf. le commentaire de la Messe du dimanche précédent.

(3) Dom COZIEN, cité par Dom Patrick HALA, Habeamus gratiam, p. 98.

Cet amour de Dieu s’est incarné en Jésus-Christ, sur lequel repose en plénitude l’Esprit Saint, et qui est en quelque sorte comme le baiser du Verbe à la chair (4). Il nous faut donc péleriner sur cette terre “les yeux fixés sur Jésus” (L2 ; He XII, 2) pour être assurés de vivre dans l’amour de Dieu. C’est en nous conformant sur cette terre à son image que nous pourrons mériter de lui être associés dans le ciel (P3) (5). Or, c’est dans le banquet eucharistique que le “pain vivant venu du ciel” (A3b), le Seigneur Jésus, s’offre à nous, réellement et substantiellement, dans sa Sainte Humanité et dans sa Divinité Toute-Puissante. Dans cet admirable échange (admirabile commercium) qu’est le Mystère eucharistique, nous offrons les dons que Dieu nous a donnés, et nous recevons le don de Dieu lui-même (P2) (6). C’est donc par ce Sacrement de l’Amour (Sacramentum Caritatis) que nous recevons ordinairement l’amour de Dieu “christoconformant”, qui nous permet à notre tour de l’aimer “en toute chose et par-dessus tout” en son Fils.

(4) Saint BERNARD, Deuxième sermon sur le Cantique des Cantiques, 3 : Mais écoutez, le Verbe qui s'incarne est la bouche qui baise. La chair qu'il prend est la bouche qui reçoit ce baiser. Le baiser qui se forme sur les lèvres de celui qui le donne et de celui qui le reçoit, est la personne composée de l'un et de l'autre, Jésus-Christ, l'homme médiateur entre Dieu et les hommes.

(5) La Postcommunion ne se trouve dans aucune édition du Missale Romanum, mais provient du Missale Parisiense de 1738 (source). On remarquera la qualité rythmique du texte latin de cette oraison, grâce à l’usage de l’allitération et à l’élégant parallélisme entre eius (...) conformes in terris et eius consortes in caelis.

(6) La Super Oblata n’est pas tirée du missel de 1962, mais de l’antique sacramentaire de Vérone (source). Elle est utilisée aussi au 5ème jour dans l’octave de la nativité (29 décembre).

Cet amour de Dieu, l’onction de l’Esprit Saint, n’est-ce pas ce feu que Notre-Seigneur Jésus-Christ est venu apporter dans le monde ? (L3 ; Lc XII, 49-53). « Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division ». L’Amour et la Vérité ne sont pas à la source la division, mais ils la mettent en lumière ; ils sont un signe de contradiction parmi les hommes en mettant à nu la nature blessée de l’homme pécheur. Et comme cette lumière est insupportable, on veut la mettre sous le boisseau (Mt V, 15) : « la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue » (Jn I, 5). Pour cette raison, les témoins de la lumière, tout particulièrement les prophètes, ont été persécutés (Mt V, 12). La première lecture nous offre l’exemple des persécutions subies par Jérémie (L1 ; Jr XXXVIII, 4-10). « Tu m’as enfanté homme de querelle et de discorde pour tout le pays » (Jr XV, 10). Jérémie est condamné par un conciliabule d’hommes de pouvoir « pour le bien du peuple » : n’est-ce pas la figure du Sanhédrin condamnant Jésus à la mort (Jn XI, 47-53) ? - Et Jérémie plongé dans la citerne puis retiré « de l’horreur du gouffre » (Ps), n’est-ce pas la figure de la descente de Jésus dans les enfers et de sa Résurrection le troisième jour ? (7). L’interprétation pascale de la L1 est confirmée par le texte de l’Alleluia (Jn X, 14-15). Le Ps, parfaitement accordé avec la L1, met particulièrement l’accent sur la confiance du prophète (de même le répons graduel Bonum est confidere tiré du psaume 117). Le premier verset (8) du chant d’offrande (A2) tiré du psaume 33 reste dans le même registre, et la délivrance par le ministère angélique rappelle l’expérience similaire de Pierre (Ac XII, 7-11).

(7) Dei Verbum, § 15 : L'économie de l'Ancien Testament était organisée par-dessus tout pour préparer la venue du Christ Rédempteur de tous et du Règne messianique, pour l'annoncer prophétiquement et la présager par diverses figures.

(8) Immittet Angelus Domini in circuitu timentium eum, et eripiet eos / L’Ange du Seigneur dressera sa tente auprès de ceux qui le craignent et il les délivrera.

Les chants grégoriens de cette Messe étaient employés dans le missel de 1962 au XIVème dimanche après la Pentecôte, ce qui explique sans doute que le chant de communion proposé dans le Missel grégorien de Solesmes, extrait de l’évangile de ce dimanche, n’ait aucun rapport ou presque avec les textes proposés dans le missel de 2002.

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Re: Brefs commentaires sur les dimanches du temps ordinaire (C)

Message non lu par VexillumRegis » sam. 25 août 2007, 12:47

Dominica XXI per annum
21ème dimanche du Temps ordinaire
Issue de l’antique sacramentaire gélasien, l’oraison d’ouverture de ce dimanche est employée au 4ème dimanche après Pâques dans le missel de 1962. On l’emploie aussi les lundis qui suivent les 3ème et 5ème dimanches après Pâques.

« De l’avis unanime des commentateurs, nous avons avec cette collecte un joyau du genre, tant au niveau littéraire que doctrinal. Très construit, le texte latin aux nombreux parallélismes offre en outre un magnifique chatoiement de sonorités et d’assonances » (Dom P. HALA, Habeamus gratiam, p. 99)

En voici le texte latin, suivi de la traduction française proposée par le même auteur :
Deus, qui fidélium mentes uníus éfficis voluntátis,
da pópulis tuis
id amáre quod prǽcipis,
id desideráre quod promíttis,
ut, inter mundánas varietátes,
ibi nostra fixa sint corda,
ubi vera sunt gáudia.
O Dieu qui unis les esprits des croyants dans un même sentiment, accorde à ton peuple d’aimer ce que tu commandes et de désirer ce que tu promets, pour qu’au milieu des fluctuations de ce monde, nos coeurs restent fixés là où résident les vraies joies.
La L1 (Is LXVI, 18-21) est tirée de la fin du livre d’Isaïe. Le prophète y annonce le rassemblement eschatologique du peuple de Dieu dans la nouvelle Jérusalem, la Jérusalem céleste. Le salut universel est proclamé : Je viens rassembler les hommes de toute nation et de toute langue ; le peuple juif, le peuple de la promesse, ne forme que les prémices d’un salut qui transcende les frontières dérisoires d’une ethnie. Je mettrai un signe au milieu d’eux : qu’est-ce que ce signe, si ce n’est le Christ glorieux (le Seigneur de la gloire, 1 Co II, 8), trônant sur les nuées du ciel, et transfiguré par cette gloire dont il resplendissait sur le Thabor, et dont il resplendit à jamais depuis la Résurrection ? Et iterum venturus est cum gloria, iudicare vivos et mortuos, cuis regni non erit finis. Il viendra juger les vivants et les morts : ce passage d’Isaïe est encadré par le châtiment des Juifs qui n’offrent à Dieu qu’un culte purement extérieur et hypocrite (LXVI, 1-4) et par la condamnation des impies exclus de la cité céleste (LXVI, 24). Quant aux messagers chargés d’annoncer la gloire du Seigneur (LXVI, 19), ce sont, si l’on en croit la note de la Bible de Jérusalem, des païens convertis ; on y reconnaîtra la figure missionaire de l’Eglise, ainsi que l’atteste le répons du Ps (Allez par le monde entier proclamer la Bonne Nouvelle ; Mc XVI, 15).

Dans l’évangile (L3 ; Lc XIII, 22-30), le Seigneur reprend la même thématique du rassemblement eschatologique (1) : On viendra de l’Orient et de l’Occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le Royaume de Dieu (Lc XIII, 29 ; L3 et Alleluia). Beati qui ad cenam [nuptiarum] Agni vocati sunt ! Bienheureux ceux qui sont invités au festin des noces de l'Agneau ! (Ap XIX, 9) : la communion eucharistique est gage et anticipation du Royaume de Dieu et du festin des noces de l’Agneau qui nous y attend (CEC § 1402-1405) ; c’est un remède d’immortalité (S. Ignace d’Antioche ; P3) (2) dans lequel nous est offert la promesse de la résurrection et de la vie éternelle (A3b). En communiant à l’unique sacrifice de la croix, nous pouvons recevoir la grâce de l’unité et de la paix (P2) (3) ; rassemblés par l’Esprit-Saint qui unis les esprits des croyants dans un même sentiment (P1), nous sommes consommés en victime vivante dans le Christ, à la louange de la gloire du Père (deuxième épiclèse de la quatrième prière eucharistique).

(1) Mais cet oracle ne fait que conclure une parabole dans laquelle Jésus répond à cette question : n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? - Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite (...) il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers.

(2) La Postcommunion est employée dans le Missale Romanum de 1962 pour la messe votive en l’honneur de la consécration d’un évêque (**).

(3) La Super Oblata est une composition nouvelle pour l’édition de 1969 du Missale Romanum, bien que le compositeur ait puisé semble-t-il une partie de son inspiration dans la Secrète de la Messe votive pro Ecclesia Unitate de l’édition de 1962 (**) : Munera haec pro unione populi christiani tibi, Domine, oblata sanctifica : per quae unitatis et pacis in Ecclesia tua nobis dona concedas. - Texte latin de notre oraison : Qui una semel hóstia, Dómine, adoptiónis tibi pópulum acquisísti, unitátis et pacis in Ecclésia tua propítius nobis dona concédas.


La lettre aux Hébreux, dont nous poursuivons la lecture (L2 ; He XII, 5-13), exhorte les chrétiens persécutés en haine de la foi à supporter courageusement leur épreuve, sachant bien que Dieu la permet en vue d’un plus grand bien.

Quant aux textes grégoriens de ce dimanche (4), ils sont employés au 15ème dimanche après la Pentecôte dans le missel de 1962 (5). Ces chants tirés des psaumes expriment les grands sentiments religieux qui, après le psalmiste, agitent l’âme du peuple chrétien : la supplication vers Dieu pour obtenir la délivrance (Introït Inclina Domine ; début du Ps. 85) et l’action de grâces pour la miséricorde et la bonté du Seigneur (Graduel Bonum est confiteri ; début du Ps. 91 et l’offertoire Exspectans exspectavi ; début du Ps. 39). L’Alleluia fait suite à celui du dimanche précédant (6) et constitue une acclamation très digne pour saluer le saint évangile. La signification eucharistique de la Communion De fructu (Ps 103, 13-15) est évidente (cf. les prières d’offrande du pain et du vin).

(4) Tout le répertoire grégorien de l’année est disponible gratuitement ICI.

(5) Hormis le chant de communion De fructu utilisé au 12ème dimanche.

(6) Alleluia du dimanche dernier (Ps 94, 1) : Venite exsultemus Domino : jubilemus Deo salutari nostro / Venez, exultons pour le Seigneur, poussons des cris de joie pour Dieu notre Sauveur. Nous poursuivons aujourd’hui (Ps 94, 3) : Quoniam Deus magnus Dominus et Rex magnus super omnem terram / Car le Seigneur est un grand Dieu et un grand Roi au-dessus de toute la terre.


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Re: Brefs commentaires sur les dimanches du temps ordinaire (C)

Message non lu par VexillumRegis » lun. 03 sept. 2007, 10:46

Dominica XXII per annum
22ème dimanche du Temps ordinaire
Les trois oraisons de ce dimanche présentent la même structure : nous y demandons la réception de la grâce divine de telle sorte que nous en soyons transformés intérieurement pour mieux servir Dieu extérieurement.

La collecte (P1), légèrement modifiée, est issue du sacramentaire gélasien ; elle est employée au 6ème dimanche après la Pentecôte dans le MR1962 (*).

(*) Traduction proposée par Dom Patrick HALA : Dieu des puissances, de qui vient tout don parfait, enracine en nos coeurs l’amour de ton nom, et daigne resserrer nos liens avec toi pour développer en nous ce qui est bon et conserver dans ta vigilante sollicitude ce que tu y as fait grandir. - Au 6ème dimanche de la Pentecôte, on remarquera que l’Introït commence par ces mots : Dominus fortitudo (Le Seigneur est une force), expression très semblable à celle qui ouvre notre collecte : Deus virtutum. Mais sans doute n’est-ce qu’une coïncidence...

La Super Oblata (P2) trouve son origine dans le même sacramentaire (**) ; elle est utilisée au 2ème dimanche après Pâques dans le MR1962.

(**) Traduction du missel du Barroux : Que cette sainte oblation, ô Seigneur, attire toujours sur nous votre salutaire bénédiction ; et qu’elle opère en nous, par sa vertu, l’effet du mystère qu’elle renouvelle. La traduction française officielle donne : Que l’offrande eucharistique, Seigneur, nous apporte toujours la grâce du salut ; que ta puissance accomplisse elle-même ce que nous célébrons dans cette liturgie. Le refus de retranscrire directement en français des termes latins tels que oblatio (=oblation) ou mysterium (=mystère) est un exemple typique des “tics” malheureux des traducteurs du missel francophone.

La Postcommunion (P3), quant à elle, est une composition entièrement nouvelle pour le Missale Romanum de Paul VI (***).

(***) Tentative de traduction précise : Rassasiés par le pain de la table céleste, nous t’implorons, ô Seigneur, afin que cette nourriture de charité renforce tellement nos coeurs que nous soyons excités à te servir en nos frères.

Traduction proposée par Dom Patrick HALA (n. 26 p. 104) : Restaurés par le pain de la table céleste, nous te prions, Seigneur, de fortifier nos coeurs par cet aliment de la charité qui doit nous inciter à te servir dans nos frères.


C’est en recevant “le pain de la table céleste”, cette “nourriture de charité” (P3) qui “opère en nous” “l’effet du mystère” que la “sainte oblation” eucharistique “renouvelle” (P2), à savoir la rémission des péchés (véniels) dans la mort du Christ et la rénovation de notre être en Sa résurrection, que l’amour du Nom divin s’enracine dans nos coeurs (cf. la même idée dans la collecte du 12ème dimanche per annum) au point que nous en soyons excités à servir le Seigneur en nos frères (P1).

Une interprétation mystique et eucharistique des “noces” évoquées par le Seigneur dans l’évangile (L3 ; Lc XIV, 1...14), à laquelle nous invite d’ailleurs d’anciens prédicateurs (1), nous permet de revenir sur un thème déjà abordé le dimanche précédent, à savoir le banquet eschatologique, le “festin des noces de l’Agneau” dont le banquet eucharistique est à la fois gage et anticipation : Heureux les invités à la table de Dieu (Alleluia) (2). La L2 (He XII, 18...24) évoque ainsi la Jérusalem céleste et ses “milliers d’anges en fête”, “merveilles” du Seigneur qu’il est bien juste de chanter (Alleluia greg.) (3). Quant au Graduel (4), tiré du psaume 101, n’aurait-il pas pris une toute autre dimension s’il avait été utilisé dimanche dernier ? Utilisé aussi dans le MR1962 au troisième dimanche après l’Epiphanie, où il célèbre l’avènement du Christ sur la terre et annonce son règne sur toutes les nations dont les rois venaient l’adorer, ce psaume prophétise la victoire du Seigneur sur ses ennemis, le retour à Jérusalem, la reconstruction du Temple et la conversion des peuples païens. “Par delà la cité matérielle relevée de ses ruines, c’est aussi la Jérusalem céleste [qui est évoquée,] où le Verbe fait chair, Nom substantiel de Dieu, dominera tous les rois et sera vu dans la majesté de son infinie splendeur” (Dom Ludovic BARON, L’Expression du chant grégorien).

Mais le thème central de ce dimanche, c’est l’exaltation de la vertu d’humilité. Le passage du Siracide (L1 ; Si III, 17...29) annonce d’une manière parfaite l’enseignement du Verbe fait chair : “Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser : tu trouveras grâce devant le Seigneur” (L3 : “Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse, sera élevé”). Dieu élève les humbles (Ps et Alleluia), mais il abaisse ceux qui veulent s’élever par leurs propres forces : les orgueilleux. “La condition de l’orgueilleux est sans remède, car la racine du mal est en lui” (L1). Cette “racine du mal”, c’est la méconnaissance de la force du péché qui corromp l’être humain et de la nécessité de la grâce divine pour y remédier. Comment l’ogueilleux, qui compte sur ses propres forces, pourrait-il accueillir la grâce de Dieu ? Seuls les humbles (mot qui dérive du latin humus, qui signifie terre) en sont capables, eux qui savent qu’ils sont poussières, et qu’ils retourneront à la poussière (Gn III, 19). Notre-Seigneur ne nous a-t-il pas montré le plus parfait exemple d’humilité, Lui qui, étant de la condition de Son Père, s’est abaissé à se faire homme, et à mourir pour nous d’une manière particulièrement infamante sur le bois de la croix (Ph II, 6-8) ? L’exemple de Marie, discrètement mis en exergue par l’Alleluia, n’est-il pas lui aussi édifiant ? Marie n’est-elle pas « pleine de grâce » justement parce qu’elle s’est humblement abaissée devant Celui qui seul pouvait la combler ? Les orgueilleux sont incapables de lancer un cri de supplication tel que celui que lance le psalmiste dans notre Introït (A1) : « Prends pitié de moi, Seigneur, toi que je supplie tout le jour ; toi tu es bon, tu pardonnes, tu es plein d’amour pour tous ceux qui t’appellent » ; les humbles qui souffrent, les orphelins, les veuves, les isolés, les captifs (Ps), les affamés (Alleluia), les persécutés (A3b), eux, qui connaissent leur impuissance radicale et se savent dans les mains de Dieu, en sont capables et sont l’objet de la dilection divine : « Tu es plein d’amour pour tous ceux qui t’appellent » (A1), « Dieu qui es bon pour le pauvre » (Ps). « Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Co XII, 10), car je sais que « je puis tout en celui qui me fortifie » (Ph IV, 13).

(1) « Mais comme cette histoire est une parabole, elle renferme une signification qui dépasse le sens littéral. Voyons donc quelles sont ces noces et qui sont les invités aux noces. Celles-ci s’accomplissent quotidiennement dans l’Eglise. Chaque jour le Seigneur célèbre des noces, car chaque jour il s’unit les âmes fidèles lors de leur baptême ou de leur passage de ce monde-ci au Royaume céleste.
Eh bien ! nous qui avons reçu la foi en Jésus Christ et le sceau du baptême, nous sommes tous invités à ces noces. Une table y est dressée pour nous, dont l’Ecriture dit : Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis (Ps 22,5). Nous y trouvons les pains de l’offrande, le veau gras, l’Agneau qui enlève les péchés du monde. Ici nous sont offerts et le pain vivant descendu du ciel et le calice de l’Alliance nouvelle. Ici nous sont présentés les évangiles et les épîtres des Apôtres, les livres de Moïse et des prophètes, qui sont comme des mets remplis de toutes les délices
. » - Saint Bruno de Segni († 1123).

(2) Cette expression, bien connue par son utilisation à l’Ecce Agnus Dei, où elle évoque naturellement la sainte table eucharistique et la communion qui se prépare, prépare ici, dans le contexte de l’alleluia, “la table de la Parole”, c’est-à-dire l’évangile.

(3) Comme les autres chants grégoriens, de cette messe, l’Alleluia était employé au 16ème dimanche après la Pentecôte dans le MR1962. Il est constitué du premier verset du Ps 97 ; psaume d’action de grâces et de louange au Seigneur : Cantate Domino canticum novum : quia mirabilia fecit Dominus. / Chantez au Seigneur un cantique nouveau, car le Seigneur a fait des merveilles.

(4) Timebunt gentes nomen tuum, Domine, et omnes reges terrae gloriam tuam. Quoniam aedificavit Dominus Sion, et videbitur in majestate sua. / Les nations révèreront votre nom, Seigneur, et tous les rois de la terre votre gloire. Car le Seigneur rebâtit Sion et y paraîtra dans sa majesté.

___________

Cordialement en Jésus +,

- VR -

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Re: Brefs commentaires sur les dimanches du temps ordinaire (C)

Message non lu par VexillumRegis » sam. 08 sept. 2007, 15:44

Dominica XXIII per annum
23ème dimanche du Temps ordinaire
Les oraisons

La collecte de ce dimanche est aussi utilisée le samedi de la 2ème semaine de Pâques et le 5ème dimanche de Pâques.

Elle a pour origine une prière gélasienne pour les Vêpres du Temps pascal, absente de l’ancien Missel. Le compilateur a voulu lui ôter son caractère baptismal en substituant au mot renatis (“renés”) celui de credentibus. Autre changement notoire, le texte d’origine “respice in opera misericordiae tuae” devient “filios dilectionis tuae benignus intende” qui s’harmonise bien toutefois avec le texte qui précède. - Dom HALA, p. 108.

Voici la traduction proposée par l’auteur : O Dieu, toi qui es à l’origine de notre rédemption et de notre adoption, regarde avec bonté les fils de ta tendresse ; puisque nous croyons au Christ, accorde-nous la vraie liberté et la vie éternelle.

Comme l’explique fort bien le Père HALA, et comme nous nous proposons de le mettre en évidence à l'aide d'un code de couleurs, “nous avons avec cette collecte un résumé complet de la doctrine paulinienne du salut dans le Christ” telle qu’elle est exposée en Ga IV, 4-7 : "Lorsque est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, formé d'une femme, né sous la Loi, pour affranchir ceux qui sont sous la Loi, afin de nous conférer l'adoption. Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans vos coeurs l'Esprit de son Fils, lequel crie : Abba ! Père ! Ainsi tu n'es plus esclave, tu es fils ; et si tu es fils, tu es aussi héritier grâce à Dieu".

La prière sur les offrandes (*) et la Postcommunion (**) sont centrées sur l’offrande eucharistique, comme il se doit. Nous y demandons que Dieu puisse recevoir le Sacrifice eucharistique en guise de glorification (P2) et pour qu’en y communiant nous soyons rassemblés en un seul corps (P2 ; cf. les épiclèses des nouvelles prières eucharistiques) et trouvions dans cette nourriture céleste les prémisses de la vie éternelle (P3).

(*) La Super Oblata n’est pas tirée du MR1962 mais se retrouve avec une variation dans l’antique sacramentaire de Vérone, où elle est utilisée au mois de septembre.

(**) La Postcommunion n’est pas présente dans le MR1962 mais semble s’inspirer étroitement d’une oraison du Missale Parisiense de 1738.


Les lectures

Les lectures de ce dimanche nous amènent à nous poser deux questions fondamentales pour notre vie chrétienne : comment connaître les volontés divines ? Et comment, une fois connues, nous y conformer ?

Dans la première lecture (L1, Sg IX, 13-18), après avoir confessé l’impuissance de la créature humaine à percer les desseins divins (“Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ?” - cf. aussi la première moitié du Ps), l’auteur sacré prophétise : « Et qui aurait connu ta volonté, si tu n'avais pas donné la Sagesse et envoyé d'en haut ton Esprit saint ? C'est ainsi que les chemins des habitants de la terre sont devenus droits ; c'est ainsi que les hommes ont appris ce qui te plaît et, par la Sagesse, ont été sauvés. »

Jésus-Christ étant la Sagesse de Dieu (1 Co I, 24, 30), ce passage s’éclaire d’une manière admirable. « Comme le cerf altéré cherche l’eau vive », ainsi notre âme aspire à trouver Dieu (A3a). Mais comment, nous qui « avons peine à nous représenter ce qui est sur terre », pourrions-nous prétendre connaître Celui qui est au-dessus de toute compréhension ? « O profondeur inépuisable et de la sagesse et de la science de Dieu! Que ses jugements sont insondables et ses voies incompréhensibles ! » (Rm XI, 33). Nos « pensées chancelantes » ne pouvaient absolument pas percevoir la volonté de Dieu si, dans Sa grande miséricorde, Il n’avait pas pris Lui-même l’initiative de Se mettre à notre portée, en enfermant Sa Sagesse infinie dans notre finitude, dans un corps « périssable » issu de la poussière et destiné à y retourner (Ps). C’est ainsi que Dieu se plait à se servir de ce qui nous nuit pour nous sauver : « cette enveloppe d’argile » qui « alourdit notre esprit », par le Mystère de l’Incarnation, devient le Siège de la Sagesse incréée. « La Sagesse s’est bâti une demeure » (Pr IX, 1), « le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jn I, 14) : par cette assomption de la nature humaine en Dieu, « le Père de la gloire » nous « donne un esprit de sagesse qui nous révèle Sa connaissance » (Ep I, 17). Par la descente de l’Esprit-Saint en nos âmes, nos coeurs peuvent pénétrer la divine Sagesse (Ps) et connaître Ses volontés : « Répands sur nous, Seigneur, la lumière de ton visage », Toi qui est la « lumière du monde » (A3b) qui se communique à nous ; « apprends-nous tes volontés » (Alleluia), «enseigne-moi tes volontés» (A1).

Cependant, la Sagesse de Dieu s’oppose à la sagesse du monde : « Dieu n'a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde ? Car le monde, avec sa sagesse, n'ayant pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication » (1 Co I, 20-21). La « folie de la prédication », c’est le message de la Croix :   « nous, nous prêchons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les Gentils, mais pour ceux qui sont appelés, soit Juifs, soit Grecs, puissance de Dieu et sagesse de Dieu » (1 Co, I, 23-24). Dans l’évangile de ce dimanche (L3 ; Lc XIV, 25-33), Notre-Seigneur nous exhorte à vivre de cette folie : « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple ». Car s’il est important de connaître la volonté de Dieu à notre égard, il est plus important encore de s’y conformer par notre mode de vie. Or, cela est impossible sans un total renoncement, un total détachement qui nous pousse à ne rien mettre avant le Christ, et à nous abandonner entièrement entre Ses mains miséricordieuses : « Si quelqu'un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et soeurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple ». Ce que nous apprennent les deux courtes paraboles de cet évangile, c’est que calculer nos ressources et nos forces nous entraîne nécessairement à nous débarrasser de tout ce qui nous encombre pour ne plus compter que sur notre unique et véritable richesse : Jésus-Christ.

Les chants grégoriens

Les chants grégoriens de ce dimanche sont employés dans la forme extraordinaire du rite romain au XVIIème dimanche après la Pentecôte.

L’introït est le même que dans le Missel français. Il est constitué de deux verset du psaume 118, qui ne se suivent pas mais ont été rapprochés intentionnellement pour mettre en parallèle deux attributs de Dieu que nos contemporains ont aujourd’hui tendance à opposer la justice et la miséricorde (1).

(1) « Sans doute, l’auteur a-t-il voulu rapprocher l’idée de justice et l’idée de miséricorde. N’a-t-il pas voulu aller plus loin : insinuer qu’en Dieu la miséricorde est un complément de la justice, et que, pour être juste, le Seigneur doit être miséricordieux ? La disposition qu’il a adoptée, en plaçant le verset 137 avant le verset 124, semblerait l’indiquer. Conception d’ailleurs absolument exacte. N’est-ce pas la miséricorde qui, de toute éternité, règle l’attitude de Dieu à l’égard de l’homme ? C’est elle qui l’a fait nous donner l’être et la vie, nous prédestiner à être ‘du Christ », nous justifier en lui. C’est elle encore qui, par-delà la stricte justice, le fait sans cesse nous pardonner. Comment les deux s’harmonisent-elles dans l’infini de son être ? Mystère ; mais elles s’harmonisent. Nous savons même, et par ce que le Seigneur nous en a dit, et par l’heureuse expérience que nous en avons, que sa miséricorde toujours couronne sa justice. » - Dom Ludivic BARON.

Dans le graduel (Ps XXXII, 12, v/ 6) (2), comme dans la L1, le Mystère de la Sainte Trinité est prophétisé. « Il faut entendre ici les cieux au sens cosmique : c’est tout l’univers qui chante son créateur, la parole, verbum, qui lui donne la vie, et le souffle, spiritus, qui lui donne la cohésion » (Yves GIRE, L’Année grégorienne). Ce même auteur rappelle utilement que ce graduel est aussi employé le mercredi qui suit le 4ème dimanche de Carême dans le MR1962. Or ce mercredi était dans l’Eglise primitivie la férie du grand scrutin, parce qu’on y procédait à l’examen des catéchumènes qui décidait de leur admission au baptême. « Le peuple » que Dieu « s’est choisi en héritage » représentait donc primitivement les catéchumènes sur le point d’être baptisés.

(2) Beata gens cujus est Dominus Deus eorum, populus, quem elegit Dominus in hereditatem sibi. Verbo Domini caeli firmati sunt, et spiritu oris ejus omnis virtus eorum. / Heureuse la nation dont le Seigneur est le Dieu, le peuple qu’il s’est choisi pour héritage. Par la parole du Seigneur les cieux ont été affermis, et par le souffle de sa bouche toute leur puissance.

L’offertoire de ce dimanche (Dn IX, 17-19, avec quelques modifications) (3) fait parti d’une série de sept antiennes d’offertoire non psalmiques d’origine hispanique (4) , que l’antiphonaire romain a intégré à l’époque carolingienne (5). « Cette prière, toujours actuelle, s’harmonise bien avec le sacrifice. L’Eglise demande avec le prophète que le Seigneur jette un regard de bienveillance sur le sanctuaire où son peuple est réuni et qu’il bénisse l’offrande qu’elle présente au nom de son Fils, avec qui elle ne fait qu’un. » (Dom Ludovic BARON)

(3) Oravi Deum meum ego Daniel, dicens : Exaudi, Domine, preces servi tui : illumina faciem tuam super sanctuarium tuum : et propitius intende populum istum, super quem invocatum est nomen tuum, Deus. / Moi, Daniel, je priai mon Dieu en ces termes : Ecoute, Seigneur, la prière de ton serviteur ; fais briller ta face sur ton sanctuaire, et regarde avec bienveillance ce peuple qui porte ton nom, ô mon Dieu.

(4) Matthieu SMYTH, Ante altaria, Les rites antiques de la messe dominicale en Gaule, en Espagne et en Italie du Nord, Paris, Cerf, 2007, pp. 80-81, 165-172.

(5) Voici la liste de ces offertoria, suivie de leur origine scripturaire, et de leur place dans le MR1962 et le MR2002 : - Sicut in holocausto ; Dn III ; 7ème dimanche après la Pentecôte ; 13ème dimanche per annum. / - Precatus est ; Ex XXXII ; 12ème dimanche après la Pentecôte ; 18ème dimanche per annum. / - Sanctificavit ; Ex XXIV ; 18ème dimanche après la Pentecôte ; 24ème dimanche per annum. / - Vir erat ; Jb I ; 21ème dimanche après la Pentecôte ; 27ème dimanche per annum. / - Recordare ; Est XIV ; 22ème dimanche après la Pentecôte ; 28ème dimanche per annum. / - Stetit angelus ; Ap VIII ; Fête de la Dédicace de saint Michel (29 septembre) ; Anniversaire de la Dédicace d’une église.


Le chant de communion (6) est tiré du psaume 75, cantique d’action de grâces à Dieu après une victoire remportée par Israël sur les nations païens. Le peuple est invité à venir apporter en procession triomphale ses offrandes autour de l’autel en signe de gratitude à l’égard de la toute-puissance divine. Ce texte aurait sans doute mieux convenu à l’offertoire, où justement le peuple, au moins mystiquement, apporte à l’autel les dons qui vont être sanctifiés. Cependant, il convient bien aussi au moment de la communion, où « nous venons aussi en procession nous offrir au Christ qui a remporté la victoire sur Satan et qui nous soutient dans notre combat » (Yves GIRE).

(6) Vovete, et reddite Domino Deo vestro omnes, qui in circuitu ejus affertis munera : terribili, et ei qui aufert spiritum principum : terribili apud omnes reges terrae. / Offrez des voeux, acquittez-les au Seigneur votre Dieu ; vous tous qui l’entourez, apportez vos présents au Dieu redoutable, qui coupe le souffle aux princes et fait trembler les rois de la terre.

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Re: Brefs commentaires sur les dimanches du temps ordinaire (C)

Message non lu par VexillumRegis » sam. 15 sept. 2007, 15:37

Dominica XXIV per annum
24ème dimanche du Temps ordinaire
La collecte de ce dimanche est issue du sacramentaire de Vérone ; elle fait partie de l’une des neuf messes composées par le pape Vigile (537-555).

Voici la traduction proposée par Dom HALA (p. 110) : Tourne-toi vers nous, Dieu créateur et souverain de toutes choses, et accorde-nous de te servir avec un coeur sans partage, de façon à pouvoir expérimenter concrètement ton pardon.

Comme dans l’oraison d’entrée du 22ème dimanche per annum, l’Eglise demande à Dieu Tout-Puissant, “Créateur et souverain” de tout ce qui est, d’enraciner en nous l’amour de Son Nom, de telle manière que nous puissions le servir “avec un coeur sans partage” (cf. la même idée exprimée dans la collecte du 29ème dimanche). Mais la demande principale qui fait toute l’originalité de cette prière, c’est celle d’ “expérimenter concrètement” le pardon divin. On va voir que cette miséricorde divine est au coeur de la Messe de ce dimanche.

La Super Oblata, issue du sacramentaire gélasien, est au 5ème dimanche après la Pentecôte dans le MR1962. Famularumque a été omis, mais est bien sûr sous-entendu dans famulorum.

Traduction précise (Dom Lefèbvre, légèrement modifiée) : Cédant à nos supplications, Seigneur, accueillez, dans votre bonté, ces offrandes de vos serviteurs, afin que, présentées par chacun en votre honneur, elles servent au salut de tous.

La fin de cette prière constitue un beau commentaire de la communion des saints. Les péchés et les bienfaits des baptisés, en un mot leurs actes, sont sans doute personnels, en tant qu’ils sont le fait de personnes libres. Mais parce que les baptisés sont aussi membres de ce corps unique qu’est l’Eglise, ces mêmes actes, bons ou mauvais, ont un impact, positif ou négatif, dans tout le corps mystique. Ainsi l’oblation de nos prières et de nos vies que nous faisons à Dieu à l’offertoire peuvent-elles profiter au salut de tous. L’exemple de Moïse dans la L1 illustre parfaitement ce principe.

La Postcommunion était employée au 15ème dimanche après la Pentecôte dans le MR1962. Une légère modification a été introduite : à la fin de la prière, le terme semper remplace iugiter.

Traduction précise (Dom Lefèbvre, légèrement modifiée) : Que l’action pénétrante du don céleste s’empare de nos âmes et de nos corps, Seigneur, afin que ce ne soit plus notre propre sentiment, mais la vertu de ce sacrement qui prévale toujours en nous.

Les lectures proposées ce dimanche chantent la miséricorde inlassable du Seigneur à l’égard des hommes.

La L1 (Ex XXXII, 7...14) met en valeur le caractère propitiatoire de la prière d’intercession de Moïse (comparable en cela à Abraham : cf. L1 du 17ème dimanche per annum). Le Seigneur, offensé par l’idolâtrie des Juifs qui adorent le veau d’or, renonce à châtier leur impiété après que Moïse lui eut rappelé Ses solennelles promesses à l’égard du peuple hébreux, sans cesse réaffirmées par les prophètes jusqu’à la venue du Christ (A1).

Le Ps chante en quelque sorte la prise de conscience par les Juifs de leurs péchés, et surtout la nôtre, à nous qui sommes si souvent asservis à toutes sortes d’idolâtries. Nous en appelons à la « grande miséricorde » de Dieu, Lui « qui es bon et qui pardonnes » (Alleluia). Comme dans la première lecture et le Graduel grégorien de dimanche dernier, on peut voir une image de la Sainte Trinité dans la deuxième strophe du psaume : « Crée en moi un coeur pur [cf. P1], ô mon Dieu (=Père), renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit, ne me chasse pas loin de ta face (=Verbe), ne me reprends pas ton esprit saint (=Paraclet) ».

La L2 (1 Tm I, 12-17), pour une fois, et sans doute fortuitement, s’accorde parfaitement avec les deux autres lectures. Paul y raconte brièvement à son disciple Timothée la miséricorde de Dieu à son égard, lui qui, avant sa conversion spectaculaire sur le chemin de Damas, « ne savait que blasphémer [comme ses ancêtres Juifs dans la L1], persécuter, insulter ». Mais, ajoute Paul, « la grâce de notre Seigneur a été encore plus forte » que le péché, et avec elle « la foi et l’amour dans le Christ Jésus » (1). Et de conclure magnifiquement : « le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ». Peut-il y avoir meilleure introduction à notre évangile ?

(1) « Ton amour pour le monde est si grand que tu nous as envoyé un sauveur ; tu l’as voulu semblable aux hommes en toute chose à l’exception du péché, afin d’aimer en nous ce que tu aimais en lui ; nous avions rompu ton alliance, nous la retrouvons dans l’obéissance de ton Fils. » - Préface des dimanches du Temps ordinaire VII (traduction officielle).

Il n’y a pas de plus beau commentaire de la sollicitude et de la miséricorde divines envers les hommes que les paraboles de la brebis égarée et de la drachme perdue (L3 ; Lc XV, 1-32 - on peut y ajouter celle du fils prodigue (2), dont la lecture n’est cependant pas obligatoire). Dieu est comme ce berger qui a perdu une brebis (3), comme cette femme qui a égarée une drachme : il poursuit inlassablement le pécheur de Son Amour, pour le ramener au bercail de la vie (4). Car il y a plus de « joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion » (cf. A3 greg.).

(2) Lue aussi cette année C au 4ème dimanche de Carême.
(3) Voir aussi la Messe du bon pasteur au 4ème dimanche de Pâques, 2ème dans le MR1962.
(4) « Mais il est temps d'expliquer le sens caché de cette parabole céleste. Cet homme qui possède cent brebis, le Christ, est le bon pasteur, le pasteur miséricordieux qui a établi tout le troupeau de la race humaine en une seule brebis, c'est-à-dire en Adam. Il avait placé la brebis dans le paradis enchanteur et dans la région des pâturages de vie. Mais elle, se fiant aux hurlements des loups, a oublié la voix du berger, elle a perdu le chemin qui conduit au bercail du salut et s'est trouvée toute couverte de blessures mortelles. Le Christ est venu dans le monde chercher la brebis et l'a retrouvée dans le sein de la Vierge. Il est venu, il est né dans la chair, il a placé la brebis sur la croix, et l'a prise sur les épaules de sa passion. Puis, tout rempli de la joie de la résurrection, il l'a élevée, par son ascension, jusqu'à la demeure du ciel. » - Saint Pierre Chrysologue.


Les chants grégoriens de ce dimanche (ICI) étaient employés au 18ème dimanche après la Pentecôte dans le MR1962, hormis l’offertoire (Precatus est ; 12ème dimanche après le Pentecôte) et la communion (Dico vobis ; 3ème dimanche après la Pentecôte).

L’Alleluia Timebunt gentes était employé au Graduel du 22ème dimanche per annum : nous y renvoyons notre lecteur. Si l’on suit l’opinion de Dom Ludivic BARON, l’emploi de cet Alleluia au 18ème dimanche après la Pentecôte dans le MR1962 serait dû au fait que l’épître (1 Co I, 4-8), sur sa fin, fait clairement référence à la Parousie.

L’offertoire Precatus est (5) fait parti de ces antiennes non psalmiques d’origine hispanique (cf. note 5 du précédent dimanche). Il a cependant la particularité, unique à ce qu’il me semble, d’être tiré de la première lecture. On remarquera cependant que que le texte de notre offertoire n’est qu’une vague paraphrase, très libre, du texte biblique : c’est là une caractéristique de la liturgie gallicano-hispanique, qui n’hésitait à adapter la Sainte Ecriture aux besoins du culte. L’offertoire Sperent in te omnes (6), qui accompagne d’une manière très appropriée notre péricope évangélique dans le MR1962 (3ème dimanche après la Pentecôte), aurait pu fort bien convenir lui aussi.

Comme notre offertoire est tiré de la première lecture, notre communion Dico vobis (7) est reprise de l’évangile, cas de loin beaucoup plus fréquent. Employé aussi pour la solennité du Sacré-Coeur, cette courte antienne résume tout l’esprit de cette Messe, et accompagne magnifiquement la procession des fidèles qui vont communier au Sacrement de l’Amour divin.

(5) Precatus est Moyses in conspectu Domini Dei sui, et dixit : Quare, Domine, irasceris in populo tuo ? Parce irae animae tuae : memento Abraham, Isaac, et Jacob, quibus jurasti dare terram fluentem lac et mel. Et placatus factus est Dominus de malignitate, quam dixit facere populo suo. / Moïse implora le Seigneur son Dieu, et dit : « Pourquoi, Seigneur, t’irriter contre ton peuple ? Apaise ta colère ; souviens-toi d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, à qui tu as juré de donner une terre où coulent le lait et le miel. » Et le Seigneur, apaisé, n’exécuta pas le châtiment dont il avait menacé son peuple.

(6) Sperent in te omnes, qui noverunt noment tuum, Domine : quoniam non derelinquis quaerentes te : psallite Domino, qui habitat in Sion : quoniam non est oblitus orationem meam. / En toi se confient tous ceux qui connaissent ton nom, car tu n’abandonnes pas ceux qui te cherchent, ô Seigneur. Chantez le Seigneur, qui habite en Sion, car il n’oublie pas le cri des malheureux. Ce passage en gras, il faut bien l’admettre, prend un relief tout particulier lorsqu’il est chanté après notre parabole de bon pasteur. Ce n’est donc sans doute pas fortuit si cet offertoire accompagne notre péricope évangélique dans le MR1962. Il est proposé au 9ème dimanche per annum dans le Missel grégorien de Solesmes.

(7) Dico vobis : gaudium est Angelis Dei super uno peccatore paenitentiam agente. / Je vous le dis : il y a de la joie parmi les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent. - Cette communion est aussi employée au 3ème dimanche après la Pentecôte dans le MR1962.

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Re: Brefs commentaires sur les dimanches du temps ordinaire (C)

Message non lu par VexillumRegis » ven. 21 sept. 2007, 15:04

Dominica XXV per annum
25ème dimanche du Temps ordinaire
La collecte de ce dimanche est le résultat de l’amalgame de deux anciennes prières : la première partie a pour origine une oraison du sacramentaire de Vérone (1) ; la seconde une oraison mozarabe (hispanique).

(1) La Super Oblata de ce dimanche est tirée du même sacramentaire du Vérone, où elle était employée au mois d’octobre. (*)

La Postcommunion est utilisée quant à elle dans le MR1962 à la Messe votive d’ordination (in collatione Ordinum) (**). - Elle est désormais adressée au Père, alors qu’elle est adressée au Fils dans le MR1962.

Traduction (Dom Lefèbvre, légèrement modifiée) : Daignez, Seigneur, soutenir de vos incessants secours ceux dont vous refaites les forces par vos sacrements, nous appliquant ainsi par vos saints mystères et par la transformation de notre vie le fruit de la rédemption.


Voici la traduction qu’en propose Dom Patrick HALA : Dieu, toi qui as résumé tous les préceptes de la Loi sacrée dans l’amour pour toi et le prochain, accorde nous, moyennant leur observance, de parvenir à la vie éternelle.

Le verset de l’introït Salus populi (2) et la communion Tu mandasti (3) insistent sur le nécessaire respect des commandements de Dieu. Notre collecte, reprenant l’enseignement salutaire du Verbe divin (Mt XXII, 34-40), résume en quelque mots tout l’esprit de la « Loi sacrée » : l’amour de Dieu et l’amour du prochain, les « deux ailes de la charité » (S. Augustin) qui mènent à la patrie céleste.

(2) L’introït Salus populi est employé aussi le jeudi de la 3ème semaine de Carême dans la forme extraordinaire du rite romain. Ce jour-là, la station était l’église des Saints-Côme-et-Damien, thaumaturges et médecins dont le culte était fort populaire à Rome dans l’antiquité tardive. Ce qui explique que ce chant d’entrée insiste sur le salut, qui n’est pas seulement celui de l’âme, mais aussi celui du corps, dont on demandait la guérison par l’intercession des saints Côme et Damien.

Salus populi ego sum, dicit Dominus : de quacumque tribulatione clamaverint ad me, exaudiam eos : et ero illorum Dominus in perpetuum. V/ Attendite, popule meus, legem meam : inclinate aurem vestram in verba oris mei. / Je suis le salut du peuple, dit le Seigneur. De quelque détresse qu‘ils crient vers moi, je les exaucerai, et je serai pour eux le Seigneur à jamais. V/ Mon peuple, écoute ma loi, prête l’oreille aux paroles de ma bouche.

« C’est le seul introït de tous les dimanches de l’année dont le texte ne soit pas strictement scripturaire, bien qu’on trouce des textes voisins en de nombreux passages de la Sainte Ecriture. Ensuite, c’est un des rares introïts où c’est Dieu qui parle (il n’y en a que deux ou trois) ; la plupart des autres étant des prières que nous adressons au Seigneur ou des affirmations de notre adoration ou de notre confiance ». - Yves GIRE, L’Année grégorienne, p. 209.

(3) Tu mandasti mandata tua custodiri nimis : utinam dirigantur viae meae, ad custodiendas justificationes tuas. / Tu as toi-même édicté des préceptes pour qu’on les observe avec soin ; puissent mes pas demeurer fermes en l’observation de tes lois.


L’amour du prochain, et plus particulièrement le soin des plus pauvres, est au coeur des lectures de ce dimanche. La L1 (Am VIII, 4-7) met en scène de riches spéculateurs qui, se moquant des prescriptions religieuses (4), attendent avec impatience leur terme pour pouvoir réduire à leur merci les pauvres en jouant sur le prix des céréales. C’est oublier qu’on ne « peut servir à la fois Dieu et l’Argent » (L3) : il faut choisir.

(4) Note de la Bible Crampon : « La fête de la nouvelle lune, ou le premier jour du mois, était une fête religieuse durant laquelle il était défendu de vendre ou d’acheter (Nb XXVIII, 2 ; Ne X, 32). »

L’évangile de l’intendant infidèle (Lc XVI, 1-13) (5) doit être bien compris (6). « Il n’est nullement question d’approuver l’intendant dans sa gestion malhonnête. La leçon est claire : comme cet homme s’est assuré l’avenir, assurez-vous l’éternité ! Jésus lui-même en indique le moyen : les pauvres sont les privilégiés de son royaume ; par nos aumônes, faisons d’eux nos amis, plus tard ils nous introduiront dans le ciel » (note de Dom Lefèbvre). Les pauvres sont de puissants intercesseurs ; ils sont comme les portiers du ciel (7). « L'aumône expie les péchés » (Si III, 28), car elle est un acte de charité ; or la charité « couvre une multitude de péchés » (1 Pi IV, 8 ; Pr X, 12). L’aumône est comme un sacrifice d’agréable odeur qui monte vers Dieu (Ac X, 4).

(5) La péricope évangélique de l’intendant infidèle est au 8ème dimanche après la Pentecôte dans le MR1962. L’offertoire Populum humilem qui l’accompagne aurait aussi fort bien convenu en ce dimanche : Populum humilem salvum facies, Domine, et oculos superborum humiliabis : quoniam qui Deus praeter te, Domine ? / Tu sauves les humbles, Seigneur, mais tu rabaisses les yeux hautains ; car qui est Dieu, hors de toi, Seigneur ?

(6) Le Seigneur Jésus est le maître véritable qui enseigne à ses disciples les préceptes nécessaires au salut. Il a raconté à ses Apôtres d'alors la parabole de l'intendant pour les exhorter, ainsi que tous les croyants d'aujourd'hui, à se montrer fidèles à faire l'aumône. En faisant le portrait de ce personnage, il a voulu nous apprendre que rien ne nous appartient ici-bas, mais que notre Seigneur nous a remis l'administration de ses richesses pour en faire un usage convenable, en rendant grâce, ou pour les distribuer à nos compagnons de service selon les besoins de chacun. Il ne nous est pas permis de gaspiller au hasard les richesses qui nous ont été confiées, ni de les employer à des dépenses superflues, car nous devrons rendre compte de leur usage au Seigneur, lors de sa venue.

A la fin, le Seigneur a ajouté cette conclusion à la parabole :
Eh bien, moi, je vous dis : Faites-vous des amis avec l'argent trompeur afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles (Lc 16,9). Ces amis, qui obtiendront notre salut, sont évidemment les pauvres, car, selon la parole du Christ, c'est lui-même, l'auteur de la récompense éternelle, qui recueillera en eux les services que notre charité leur aura procurés. Dès lors, les pauvres nous feront bon accueil, non point en leur propre nom, mais au nom de celui qui, en eux, goûte le fruit rafraîchissant de notre obéissance et de notre foi. - Saint Gaudence de Brescia (+ 410)

(7) Gardez-vous donc de mépriser les pauvres, comme s'ils n'avaient droit à rien. Réfléchissez à ce qu'ils sont, et vous reconnaîtrez bientôt leur dignité et leur valeur. Ils sont revêtus de l'image de Jésus-Christ, ils sont les héritiers des biens futurs, les portiers du ciel, de puissants accusateurs et d'éloquents défenseurs, sans avoir besoin de prendre la parole, mais par leur seule présence devant le Juge suprême. - Saint Grégoire de Nysse.


Mais surtout, par le soin des pauvres, nous réunissons « les deux ailes de la charité », car ce n’est pas seulement notre prochain que nous aidons, mais le Verbe incarné Lui-même : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis le commencement du monde. Car j'avais faim, et vous m'avez donné à manger; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire » (Mt XXV,34). Les pauvres « sont revêtus de l’image de Jésus-Christ », comme l’enseigne saint Grégoire de Nysse. Notre-Seigneur n’est-il pas le premier parmi les pauvres, Lui qui, étant de la condition de Dieu son Père, s’est anéanti en prenant notre condition humaine, pour nous enrichir de Sa richesse divine (Ph II, 5-8) ? C’est aussi tout le sujet de ce dimanche : Jésus-Christ s’est fait pauvre, lui qui était riche, pour qu’en sa pauvreté vous trouviez la richesse (Alleluia ; 2 Co VIII, 9). Le Psaume responsorial (Ps, Ps 112) (8) peut être interprété mystiquement dans ce sens : (...) Mais il abaisse son regard vers le ciel et vers la terre. De la poussière il relève le faible, il retire le pauvre de la cendre pour qu'il siège parmi les princes, parmi les princes de son peuple. Cet abaissement, n’est-ce pas l’Incarnation du Verbe, par laquelle il relève notre nature déchue et nous fait siéger avec Lui dans le ciel, par Son humanité qu’Il partage avec nous, après Son Ascension glorieuse (cf. Postcommunion en cette solennité) ? - La L2 (1 Tm II, 1-8) met bien en valeur la fonction médiatrice de la Sainte Humanité du Christ Jésus : « En effet, il n'y a qu'un seul Dieu, il n'y a qu'un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus, qui s'est donné lui-même en rançon pour tous les hommes. »

(8) Le Graduel Quis sicut Dominus, propre à l’année C, est tiré du texte du Ps. Il aussi utilisé au 4ème dimanche per annum, et employé le mercredi des Quatre-Temps de septembre dans le MR1962.

Quis sicut Dominus Deus noster, qui in altis habitat, et humilia respicit in caelo, et in terra ? V/ Suscitans a terra inopem, et de stercore erigens pauperem. / Qui est comme le Seigneur notre Dieu, lui qui trône dans les hauteurs et abaisse ses regards sur le ciel et la terre ? V/ Il relève l’indigent de la poussière, du fumier il tire le miséreux.

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Re: Brefs commentaires sur les dimanches du temps ordinaire (C)

Message non lu par VexillumRegis » ven. 28 sept. 2007, 21:15

Dominica XXVI per annum
26ème dimanche du Temps ordinaire
La Messe de ce dimanche possède un rapport très étroit avec celle de dimanche dernier, ce qui est très clairement signifié par la reprise du même Alleluia (2 Co VIII, 9). Nous retrouvons le prophète Amos en première lecture (L1 ; VI, 1...7). Il y dénonce encore les excès des riches, et il vitupère plus particulièrement leur indolence et leur peu d’intérêt pour le bien public : “ils ne se tourmentent guère du désastre d’Israël !”. Mais déjà le châtiment de leur insouciance criminelle est aux portes de Jérusalem : “maintenant ils vont être déportés, ils seront les premiers des déportés ; et la bande des vautrés n'existera plus.” Il arrive bientôt le temps terrible des pleurs “au bord des fleuves de Babylone” (A2), ainsi que l’exprime de manière poignante l’offertoire Super flumina Babylonis (1). On peut voir dans la déportation babylonienne l’image du châtiment éternel des impies, ainsi que nous y invite d’ailleurs l’évangile de ce jour (L3 ; Lc XVI, 19-31). L’évangile de dimanche dernier enseignait aux riches à bien employer leur argent en aumônes pour les pauvres ; l’évangile de ce dimanche, dans la parobole du mauvais riche et du pauvre Lazare, illustre le châtiment qui attend ceux qui n’ont pas pris au sérieux l’avertissement du Seigneur : “Il est plus aisé pour un chameau de passer par le trou d'une aiguille, que pour un riche d'entrer dans le royaume de Dieu” (Mc X, 25). Le mauvais riche vivait dans l’opulence, et n’en laissa pas moins mourrir de misère le pauvre Lazare. Après leur mort, le retournement est complet : “Tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur. Maintenant il trouve ici la consolation, et toi, c'est ton tour de souffrir”. Car, selon la volonté du Seigneur, “beaucoup de premiers seront derniers, et beaucoup de derniers premiers” (Mt XIX, 30). Mais pourquoi Lazare se retrouve-t-il auprès d’Abraham ? C’est qu’Abraham, écrit saint Jean Chrysostome, est le modèle biblique de l’hospitalité (cf. Gn XVIII, 1-15), et sa présence accuse ainsi l’inhospitalité du mauvais riche (2). L’hospitalité, qui consiste à accueillir chez soi le malheureux, sans lui rien demander, fait partie intégrante du grand commandement divin de l’amour du prochain (Lv XIX, 18 ; cf. collecte de dimanche dernier). Le mauvais riche a désobéi à la Loi transmise par Moïse et sans cesse rappelée par les Prophètes (L3) ; il peut reprendre à son compte les paroles d’Azarias que la liturgie nous donne à chanter en introït (A1 ; Dn III, 29...) : “Tu nous a traités, Seigneur, en toute justice, car nous avons péché, nous n’avons pas écouté tes commandements(3). Dans la deuxième lecture (L2 ; 1 Tm VI, 11-16), saint Paul rappelle à Timothée la nécessité de garder les commandements : “voici ce que je t'ordonne : Garde le commandement du Seigneur, en demeurant irréprochable et droit jusqu'au moment où se manifestera notre Seigneur Jésus Christ.” Cette attente eschatologique qui marque la fin de la L2 commence à marquer nos liturgies dominicales alors que nous approchons de la fin de l’année liturgique. De fait, c’est aussi à la pensée du Jugement dernier que nous invite le châtiment terrible qui frappe le mauvais riche.

(1) Super flumina Babylonis, illic sedimus, et flevimus, dum recordaremur tui, Sion. / Au bord des fleuves de Babylone, nous sommes assis et nous pleurons en nous souvenant de toi, Sion. - Vous pouvez écoutez ICI la version polyphonique qu’en a donné Palestrina.

(2) A propos de cette parabole, il convient de nous demander pourquoi le riche voit Lazare dans le sein d'Abraham plutôt qu'en compagnie d'un autre juste. C'est qu'Abraham s'est montré hospitalier. Il apparaît donc à côté de Lazare pour accuser le riche d'avoir été inhospitalier. - Saint Jean Chrysostome, Homélie sur Lazare 2, 5; PG 48, 988-989

(3) Omnia quae fecisti nobis, Domine, in vero judicio fecisti, quia peccavimus tibi, et mandatis tuis non obedivimus : sed da gloriam nomini tuo, et fac nobiscum, secundum multitudinem misericordiae tuae. V/ Beati immaculati in via : qui ambulant in lege Domini. / Tout ce que vous nous avez fait, Seigneur, c’est par un juste jugement que vous l’avez fait, car nous avons péché contre vous et nous n’avons pas obéi à vos commandements. Mais glorifiez votre nom et agissez avec nous selon l’abondance de votre miséricorde. V/ (Ps 118, 1) Heureux ceux dont la conduite est sans tache et qui marchent selon la loi du Seigneur.


Cependant, la perpective du jugement est fortement tempérée par l’exaltation de la Miséricorde divine, comme au 24ème dimanche per annum. Si nous reconnaissons dans l’introït la justesse du châtiment divin, nous en appelons aussi à la mansuétude du Tout-Puissant : “Mais, pour l’honneur de ton nom, traite-nous selon la richesse de ta miséricorde” (A1). C’est justement avant tout par Sa miséricorde inépuisable que le Seigneur manifeste sa toute-puissance, ainsi que l’exprime magnifiquement la prière d’entrée (P1) (4). S’ “il égare les pas du méchant” sur le chemin de la perdition, Dieu est bon envers les faibles, il est le soutien des pauvres et des opprimés (Ps). Car notre Seigneur est un “Dieu de miséricorde” (misericors Deus : P2), et qui se confie en Sa miséricorde possède déjà dans l’espérance “l’héritage glorieux” (P3) (5).

(4) La collecte est employée au 10ème dimanche après la Pentecôte dans le MR1962. On est revenu dans le MR2002 au texte original de l’oraison présent dans le sacramentaire gélasien. Dans la première édition du Missel de Paul VI, “multiplica” était devenu “indesinenter infunde”. Le MR1962 a la variante “multiplica super nos misericordiam tuam”.

Traduction de Dom LEFEBVRE (modifiée) : Dieu qui manifestez surtout votre toute-puissance en pardonnant et en faisant miséricorde, prodiguez-nous toujours davantage votre grâce, afin que, nous hâtant vers l’objet de vos promesses, nous devenions participants des biens célestes.

(5) Selon l'abbé Zuhlsdorf (*), la Super Oblata est probablement une nouvelle composition pour le Novus Ordo.

Tentative de traduction : Accordez-nous, Dieu de miséricorde, que notre oblation vous soit agréable, et qu’elle nous ouvre la source de toute bénédiction.

La prière après la communion (**) est basée sur la postcommunion du 8ème dimanche après la Pentecôte dans le MR1962. Toute la seconde partie a été modifié d’une manière très heureuse, en s‘inspirant de près de Rm VIII, 17.

Tentative de traduction : Puisse ce mystère céleste, Seigneur, restaurer en nous l’âme et le corps, afin que nous puissions avoir part à l’héritage glorieux de Celui avec qui nous partageons la souffrance en proclamant Sa mort.

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Re: Brefs commentaires sur les dimanches du temps ordinaire (C)

Message non lu par VexillumRegis » dim. 07 oct. 2007, 9:59

Dominica XXVII per annum
27ème dimanche du Temps ordinaire
L’oraison d’ouverture de ce dimanche est utilisée dans le MR1962 au 11ème dimanche après la Pentecôte. Elle s’inspire très nettement d’un passage de l’épître aux Ephésiens de saint Paul (III, 20).

Voici la traduction qu’en propose Dom Patrick HALA : Dieu éternel et tout-puissant, toi qui dans la prodigalité de ton amour surpasses et les mérites et les voeux de ceux qui te supplient, répands sur nous ta miséricorde, afin de chasser tout ce que redoute la conscience et suppléer à ce que la prière n’ose demander. (1)

(1) La Super Oblata de ce dimanche est une centonisation d’au moins trois prières du sacramentaire de Vérone (*). La Postcommunion semble s'inspirer quand à elle d’un sermon de saint Léon le Grand pour le mercredi de la Semaine Sainte, prononcé le 19 mars 452 (*).

La première lecture (L1 ; Ha I, 2...II, 1-4) nous présente le début du livre du prophète Habacuc. L’auteur sacré s’y scandalise du triomphe des méchants et des impies, et de la perte des justes : le Seigneur n’interviendra-t-il pas ? - Le chant d’offertoire Vir erat (A2) (2), surenchérit sur ce scandale, en offrant à notre méditation l’exemple biblique le plus parfait du juste écrasé par la souffrance et le mal : Job. Dieu a permis que Job soit tenté par Satan (Jb I, 12), mais il n’a pas permis qu’il le soit au-delà de ses forces (1 Co X, 13) ; Job a résisté à la tentation, il a été fidèle envers Dieu, et il a pour cela mérité d’être rétabli dans son bonheur premier (image du paradis adamique), et bien plus encore (image de la béatitude éternelle). Le Seigneur daigne calmer l’angoisse du prophète : qu’il mette par écrit la vision dont Il veut bien le gratifier. “Cette vision se réalisera, mais seulement au temps fixé ; elle tend vers son accomplissement, elle ne décevra pas. Si elle paraît tarder, attends-la : elle viendra certainement, à son heure”. Quelle est cette vision ? La suite du livre d’Habacuc, évidemment, répond à cette question. Mais pas notre lecture. Ne faut-il pas y voir, en cette fin de l’année liturgique, l’annonce du jugement dernier, heure terrible où les justes ressusciteront pour la vie éternelle, et les impies pour la damnation sans fin (Jn V, 29) ?

(2) Le texte grégorien résume le premier chapitre du livre de Job : Vir erat in terra nomine Job, simplex et rectus, ac timens Deum : quem Satan petiit ut tentaret : et data est ei potestas a Domino in facultate et in carne ejus : perdiditque omnem substantiam ipsius, et filios : carnem quoque ejus gravi ulcere vulneravit. | Il y avait sur terre un homme appelé Job. Cet homme était intègre, droit, craignant Dieu. Satan demanda de le tenter, et pouvoir lui fut donné par le Seigneur sur ses biens et sur son corps. Il lui fit perdre tous ses bien et ses enfants, et il ravagea sa chair elle-même d’un horrible ulcère. - Cet offertoire est l’un des sept offertoires romains non psalmiques : cf. commentaire du 23ème dimanche.

Le chant de communion In salutari tuo exprime la même angoisse face à l’injustice, mais en confessant aussi l’espérance en la parole de Dieu : In salutari tuo anima mea, et in verbum tuum speravi : quando facies de persequentibus me judicium ? iniqui persecuti sunt me, adjuva me, Domine Deus meus. | Mon âme languit après ton salut, j’espère en ta parole. Quand feras-tu justice de mes ennemis ? Des impies s’acharnent à me perdre ; aide-moi, Seigneur mon Dieu.


Le juste vivra par sa fidélité”, c’est-à-dire par sa foi. Comme les Hébreux, à leur sortie d’Egypte, durent traverser le désert pour atteindre la Terre promise (Alleluia greg.) ; ainsi, dans cette vallée de larmes nous languissons, et seule la foi peut nous maintenir dans l’espérance des biens célestes à venir. Baptisés “d’une semence impérissable” (Alleluia), qui est la “Parole vivante” et permanente de Dieu, Jésus-Christ, l’Esprit-Saint habite en nos âmes (L2 ; Tm I, 6...14). C’est par la vertu de ce divin Paraclet, onction parfumée de l’âme, que la vertu théologale de foi est répandue en nos coeurs ; et par cette foi vivifiante, nous possédons déjà ce que nous espérons (He XI, 1). Ainsi peut-on comprendre cette supplique des Apôtres au Seigneur : “Augmente en nous la foi !”. Sans la foi, il nous est impossible de vivre. Sans la foi, nous ne pouvons résister au prince de ce monde. Mais avec la foi, nous prenons surnaturellement conscience de notre faiblesse radicale d’hommes pécheurs, et nous pouvons y appliquer le seul remède qui soit à la mesure de notre faiblesse : l’abandon total et confiant dans les mains de Dieu, le créateur de toutes choses, le “maître de l’univers” (A1). L’introït (3), le graduel (4) et le psaume responsorial insistent particulièrement sur la toute-puissance du Créateur. Mais loin d’éloigner Dieu du “peuple qu’il conduit” (Ps), sa toute-puissance, en Jésus-Christ, est proche de nous : Il est “notre refuge” (graduel), “notre Rocher” et “notre salut” (Ps). Rendons-Lui donc grâce pour Ses immenses bienfaits et Son amour des hommes, prosternons-nous, adorons-Le ! (Ps).

(3) In voluntate tua, Domine, universa sunt posita, et non est qui possit resistere voluntati tuae : tu enim fecisti omnia, caelum et terram, et universa quae caeli ambitu continentur : Dominus universorum tu es. V/ Beati immaculati in via : qui ambulant il lege Domini. | Seigneur, tout est en ton pouvoir, et nul ne peut résister à ta volonté ; car c’est toi qui as fait toutes choses, le ciel et la terre, et tout ce qui existe sous la voûte des cieux ; tu es le maître de l’univers. V/ Heureux ceux qui, purs en leurs voies, marchent dans la loi du Seigneur.

(4) Domine, refugium factus es nobis, a generatione et progenie. V/ Priusquam montes fierent, aut formaretur terra et orbis : a saeculo, et usque in saeculum tu es nobis. | Seigneur, d’âge en âge tu fus notre refuge. V/ Avant que fussent nées les montagnes, enfantés terre et monde, d’éternité en éternité, ô Dieu, tu es !


Le constat de notre faiblesse et de l’omnipotence du Dieu Un et Trine doit nous entraîner à une humilité radicale. Telle est la leçon austère de la parabole de notre évangile dominical (L3 ; Lc XVII, 5-10) : «De même vous aussi, quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : ‘Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n'avons fait que notre devoir’» (5). C’est ainsi que saint Paul, l’Apôtre des nations, peut s’exclamer : "Si j'annonce l'Evangile, ce n'est pas pour moi une gloire, c'est une obligation qui m'incombe, et malheur à moi si je n'annonce pas l'Evangile !" (1 Co IX, 16)

(5) Nous sommes des serviteurs, parce que nous avons été rachetés d’un grand prix (1 Co 7) ; nous sommes des serviteurs inutiles, parce que le Seigneur n’a nul besoin de nos biens (Ps 15) ; ou parce que les souffrances de cette vie n’ont aucune proportion avec la gloire future (Rm 8). La perfection de la foi pour les chrétiens, consiste donc à reconnaître leur imperfection, alors même qu’ils ont accompli tout ce qui leur est commandé. - Saint Bède, cité dans la Catena Aurea de saint Thomas d’Aquin.

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Re: Brefs commentaires sur les dimanches du temps ordinaire (C)

Message non lu par VexillumRegis » sam. 13 oct. 2007, 10:38

Dominica XXVIII per annum
28ème dimanche du Temps ordinaire
En ce vingt-huitième dimanche du Temps Ordinaire, l’année liturgique arrive peu à peu à son terme, et l’Eglise nous fait ressentir avec toujours plus d’acuité la venue prochaine du Seigneur dans Sa Gloire : Quand le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est (A3b ; 1 Jn III, 2). L’introït (A1) (1), comme c’était déjà le cas au vingt-sixième dimanche (2), oppose pour mieux les rapprocher la justice de Dieu de Sa miséricorde : si la justice divine est infinie, la miséricorde ne l’est pas moins. C’est donc dans l’espérance (Alleluia) (3) et le respect des commandements (A3 greg.) (4) que nous attendons Son retour et le jour du jugement, sachant bien que, si nous supportons dans la fidélité l’épreuve de cette vie, nous régnerons avec le Christ (L2).

(1) Si iniquitátes observáveris, Dómine : Dómine, quis sustinébit ? quia apud te propitiátio est, Deus Israël. V/ De profúndis clamávi ad te, Dómine : Dómine, exáudi vocem meam. | Si tu prends garde aux fautes, Seigneur mon Dieu, qui pourra subsister ? Mais le pardon se trouve en toi, Dieu d’Israël. V/ Du fond de l’abîme je crie vers toi, Seigneur ; Seigneur, écoute ma voix.
(2) Voir aussi les lectures du XXIVème dimanche per annum.
(3) Alleluia. V/ Qui timent Dóminum sperent in eo: adjútor et protector eórum est. | Alleluia. V/ Vous qui craignez le Seigneur, confiez-vous en lui ; il est votre secours et votre bouclier.
(4) Aufer a me opprobrium et contemptum, quia mandata tua exquisivi, Domine : nam et testimonia tua meditatio mea est. | Eloigne de moi la honte et le mépris, car j’observe tes commandements, Seigneur ; tes préceptes sont mes délices. - Les chants grégoriens de ce dimanche sont employés au XXIIème dimanche après la Pentecôte dans le MR1962, hormis la communion utilisée au vendredi des Quatre-Temps de septembre.


La première lecture (L1 ; 2 R V, 14-17) relate comment le général syrien Naaman fut purifié de la lèpre en s’immergeant dans le Jourdain, obéissant ainsi à l’ordre du prophète Elisée. Cette leçon (plus développée) est aussi utilisée au lundi de la 3ème semaine de Carême, tant dans le MR1962 que dans le MR2002, où elle est accompagnée d’une péricope évangélique (Lc IV, 24-30) très semblable à notre évangile de ce dimanche, comme on va le voir. On comprend bien, dans le cadre de la préparation catéchuménale (5), la valeur de cette lecture : elle est une très belle figure du sacrement du Baptême, par lequel l’humanité adamique est purifiée de la lèpre originelle. Cette interprétation sacramentelle peut être conservée en ce dimanche (voir ci-dessous à la note 7 les passages de Dom Pius PARSCH mis en gras).

L’évangile (L3 ; Lc XVII, 11-19) nous permet de pousser plus avant l’interprétation mystagogique et sacramentelle de nos lectures. Saint Bruno de Segni († 1123) voit dans les dix lépreux purifiés non seulement une image de l’humanité régénérée par le Baptême, mais aussi et surtout une figure du sacrement de Pénitence (6). Comme les lépreux furent envoyés aux prêtres par le Seigneur pour attester de leur purification, de même nous aussi, pécheurs, nous sommes envoyés devant le Seigneur par Ses prêtres qui Le rendent présent, pour trouver, dans l’absolution sacramentelle, et l’attestation du pardon divin, et la réconciliation avec l’Eglise, elle aussi blessée par nos péchés. « L'un d'eux, voyant qu'il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus, en lui rendant grâce. Or, c'était un Samaritain.» Comme le souligne Dom Pius PARSCH, c’est le terme grec eucharistein, eucharistie, qui est employé (7). Et, en effet, lors de la Messe dominicale, nous rendons grâce à Dieu pour toute l’histoire du salut, pour Son amour des hommes et Son inlassable miséricorde pour les pécheurs que nous sommes. Dans les sacrements du Baptême et de la Confirmation, nous avons reçu la flamme de l’Esprit Saint, qui se répand en nos âmes, comme un parfum qui, de la tête, descend sur la barbe (Graduel) (8) ; par le Sacrement de Réconciliation, cette flamme divine, étouffée par le péché et réduite à l’état de braise ardente, a été dégagé de sa gangue de cendre ; en communiant au sacrement eucharistique du Corps et du Sang du Christ, « à la table du Seigneur » (A3a), nous devenons « participants de Sa nature divine » (P3) et nous sommes comme transportés à la « gloire du ciel » (P2).

(5) Vers l’époque de saint Grégoire le Grand, les scrutins pour les catéchumènes, initialement prévus aux trois derniers dimanches de Carême (comme cela a été rétabli après le concile Vatican II), furent transférés aux féries à partir de la troisième semaine. Ainsi notre leçon, lue le lundi, précédait immédiatement le premier scrutin, qui avait lieu le mercredi.

(6) “En les voyant, Jésus leur dit : Allez vous montrer aux prêtres (Lc 17,14). En vérité, lorsque Dieu regarde, il prend pitié. Il voit donc les lépreux, et aussitôt, saisi de pitié, il leur prescrit d'aller trouver les prêtres, non pour que les prêtres les purifient, mais pour qu'ils les déclarent purs.

En cours de route, ils furent purifiés (Lc 17,15). Il faut que les pécheurs entendent cette parole et fassent l'effort de la comprendre. Il est facile au Seigneur de remettre les péchés. Souvent, en effet, le pécheur est pardonné avant de venir trouver le prêtre. En réalité, il est guéri à l'instant même où il se repent. Quel que soit, en effet, le moment où il se convertit, il passe de la mort à la vie. Qu'il se rappelle cependant de quelle conversion il s'agit. Qu'il écoute ce que dit le Seigneur : Revenez à moi de tout votre coeur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! Déchirez vos coeurs et non pas vos vêtements (Jl 2,12) Toute conversion doit donc s'opérer dans le coeur, au-dedans. Car Dieu ne repousse pas un coeur brisé et broyé (Ps 50,19).

L'un d'eux, voyant qu'il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus, en lui rendant grâce. Or, c'était un Samaritain (Lc 17,15-16). En réalité, cet homme représente tous ceux qui ont été purifiés dans l'eau du baptême ou guéris par le sacrement de pénitence. Ils ne suivent plus le démon, mais imitent le Christ, ils marchent à sa suite en le glorifiant et en lui rendant grâce, et ils n'abandonnent pas son service.”

(7) “Que veut nous dire l’Eglise avec ce récit ? Nous avons ici un exemple classique de mystère. L’intention première de l’Église n’est pas de nous donner un enseignement concernant la reconnaissance. Elle veut, en nous représentant la guérison des dix lépreux dont un seul revient pour remercier, dérouler devant nos yeux une image de la messe d’aujourd’hui et de son efficacité salutaire. Le dimanche est un jour de Pâques, un jour de baptême. La messe est un renouvellement de la grâce du baptême, une cérémonie d’action de grâces pour notre conversion. Rappelons-nous que, dans l’ancienne Église, les adultes étaient baptisés dans la nuit de Pâques. L’Église a devant les yeux les baptisés qui, dans les fonts baptismaux, ont été guéri de la lèpre du péché originel. Or chaque dimanche est un renouvellement de la grâce du baptême. La sainte Eucharistie continue l’œuvre du baptême ; elle est le développement et le perfectionnement de la grâce du baptême.

On trouve, au reste, dans l’Evangile d’aujourd’hui, une belle allusion à l’Eucharistie : “Louant Dieu à haute voix, il tomba la face contre terre et le remercia” (eucharistôn autôn). Eucharistie veut dire action de grâces. La messe du dimanche est un office d’action de grâces : les heureux privilégiés de la grâce remercient Dieu de les avoir guéris de la lèpre du péché. Puissions-nous voir, en effet, dans cette image, la signification de l’office du dimanche ! Le dimanche est le jour où nous devons louer Dieu à haute voix, le remercier de la grâce du baptême.” - Dom Pius PARSCH, Le petit guide dans l’année liturgique, Mulhouse, Salvator, 1957, p. 333.

(8) Ecce quam bonum, et quam jucúndum, habitáre fratres in unum ! V/ Sicut unguéntum in cápite, quod descéndit in barbam, barbam Aaron. | Qu’il est bon et qu’il est agréable pour des frères d’habiter ensemble ! V/ C’est comme un parfum qui, de la tête, descend sur la barbe, sur la barbe d’Aaron.

(9) La Super Oblata est employée dans le MR1962 le mardi dans l’octave de Pâques et le cinquième dimanche après Pâques. Elle est aussi utilisée dans le Novus Ordo pour le septième dimanche de Pâques (*).

Traduction de Dom LEFEBVRE : Accueillez, Seigneur, les prières des fidèles avec l’offrande de ce sacrifice, afin qu’en vous rendant ces devoirs de pieuse fidélité, nous parvenions à la gloire du ciel.

Selon l’abbé Zuhlsdorf, la Postcommunion est une prière nouvelle dont on trouverait quelques “traces” (sic) dans le Gélasien et le sacramentaire de Vérone (**).

La collecte, quant à elle, est employée au 16ème dimanche après la Pentecôte dans le MR1962.

Voici la traduction qu’en propose Dom HALA : Nous t’en prions, Seigneur, que ta grâce nous prévienne et nous accompagne toujours, qu’elle nous accorde également d’être sans cesse enclins aux bonnes oeuvres.


On remarquera cependant que le sujet principal de notre liturgie de la Parole est l’universalité du salut : “Dieu révèle sa puissance à toutes les nations” (répons du Ps). Ce sont deux étrangers qui sont purifiés de la lèpre et qui rendent grâce au Seigneur : un Syrien et un Samaritain. Dans le MR1962, notre évangile, employé au 13ème dimanche après la Pentecôte, est accompagné de Ga III, 16-22, laquelle épître est centrée sur la promesse divine accordée à la descendance spirituelle d’Abraham, et non seulement à ses descendants physiques (les Juifs).

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Re: Brefs commentaires sur les dimanches du temps ordinaire (C)

Message non lu par VexillumRegis » sam. 20 oct. 2007, 11:54

Dominica XXIX per annum
29ème dimanche du Temps ordinaire
La collecte de ce dimanche est très proche dans ses termes et dans son esprit de l’oraison d’entrée du XXIVème dimanche per annum (voir ICI). Elle est employée dans le MR1962 au dimanche dans l’octave de l’Ascension (1).

Voici la traduction qu’en propose Dom HALA : Dieu éternel et tout-puissant, fais que toujours nous te montrions une ardeur dévouée, et que nous nous mettions au service de ta majesté avec un coeur sans partage.

(1) La Super Oblata est tirée du sacramentaire de Vérone, où elle était utilisée au mois d’avril (*). La Postcommunion est une nouvelle prière, mais porterait l’influence d’une ou de plusieurs oraisons du sacramentaire de Vérone (**). On remarquera un beau chiasme en dernière partie de cette oraison : Fac nos, quǽsumus, Dómine, cæléstium rerum frequentatióne profícere, ut et temporálibus benefíciis adiuvémur, et erudiámur ætérnis.

Les leçons ont une étonnante ressemblance avec les lectures du XVIIème dimanche per annum, avec le thème commun de la persévérance dans la prière (voir ICI). Dans la L1, l’intercession d’Abraham détournait la colère divine de Sodome (Gn XVIII, 20-32) ; aujourd’hui, l’intercession de Moïse obtient la victoire d’Israël sur les Amalécites. Dans l’évangile, la parabole de l’ami importun (Lc XI, 1-13) est l’exact parallèle de notre parabole de la veuve et du juge inique. La différence, c’est que la liturgie de ce dimanche, en cette fin d’année ecclésiale, insiste d’une façon particulière sur le second avènement du Seigneur, ce qui donne bien entendu une coloration différente à l’appel à la prière qui retentit dans l’évangile.

La L1 (Ex XVII, 8-13) nous montre Moïse, au sommet d’une colline, levant les mains au ciel pour intercéder en faveur de son peuple livrant bataille aux Amalécites (2). N’est-ce pas une figure magnifique de Notre-Seigneur, lorsqu’au sommet du Golgotha, Il étendit les bras sur la croix pour détruire la puissance du Démon et tout attirer à Lui (Jn XII, 32) ? C’est en tout cas l’interprétation spirituelle d’un grand nombre de Pères (3). Moïse fut le grand médiateur de l’ancienne alliance entre Dieu et les Juifs : il vit le Buisson ardent, théophanie mystérieuse, et reçut les divins commandements ; Jésus-Christ, l’unique et parfait médiateur de l’alliance nouvelle et éternelle, est Lui-même ce Buisson mystique : Lui, l’Homme parfait, consumé par l’ardeur de Sa Divinité dans l’unité de Sa Personne d’Homme-Dieu. Elevé sur le bois de la croix, Il a été constitué comme l’échelle sainte restaurant la communion entre la terre et le ciel ; et c’est librement qu’Il s’est livré pour nous en rançon pour solder la dette immense de nos iniquités (A3b). Ressuscité le troisième jour, conformément aux prédictions des prophètes, Il a été glorifié par Son Père et siège désormais à Sa droite, intercédant sans cesse pour nous (He VII, 25), jusqu’à Son second avènement, lorsqu’Il reviendra avec grande puissance sur les nuées du ciel pour juger les vivants et les morts (L2 ; 2 Tm III, 14 - IV, 2).

(2) L’offertoire Meditabor nous décrit le psalmiste dans la même position traditionnelle de l’orant, les mains levées au ciel : Meditábor in mandátis tuis, quæ diléxi valde : et levábo manus meas ad mandáta tua, quæ diléxi. | Je méditerai sur vos commandements, car je les aime, et je lèverai mes mains vers vos commandements que j’aime. Cette pièce grégorienne est employée au 2ème dimanche de Carême dans le MR1962. Les chants grégoriens de ce dimanche et des dimanches suivants (hormis le 33ème) ne sont pas pris en bloc dans une même messe ; chaque pièce provient d’une messe différente, souvent une messe fériale de Carême.

(3) Saint Augustin : Car, nouvel Amalec [l’orgueil], ou il attaque de front un peuple abattu et découragé, ou il contrarie et retarde l’entrée de ce même peuple dans la terre promise. Mais voulons-nous le vaincre, appuyons-nous sur la croix du Sauveur Jésus, croix que figurait Moïse en étendant les mains. - La Trinité, IV, 20.

Saint Grégoire de Nazianze : Ce que Moïse fit, c'est conquérir le mauvais en étendant les mains sur la colline, afin que la croix, ainsi préfigurée et représentée, puisse prévaloir.

Saint Justin : En vérité, ce ne fut pas par la prière de Moïse que son peuple vainquit, mais, bien, parce que, pendant que le nom de Jésus était engagé dans la bataille, Moïse fit le signe de la croix. - Dialogue avec Tryphon.

Tertullien : Que dire de Moïse, priant assis et les mains étendues, pendant que Josué combattait Amalec ? Pourquoi cette attitude, lorsque au milieu de la consternation publique, et pour rendre sa prière plus agréable, il aurait dû fléchir les genoux en terre, meurtrir sa poitrine, et rouler son visage dans la poussière ? Pourquoi ? sinon parce que là où combattait le nom de Jésus qui devait terrasser un jour le démon, il fallait arborer l'étendard de la croix, par laquelle Josué devait remporter la victoire. - Adversus Iudaeos, X.

Saint Jean Chrysostome : Voyez, mes frères, comment la figure a été donnée par Moïse, et la vérité a été apportée par Jésus-Christ. Et encore : sur le mont Sinaï, lorsque les Amalécites vinrent attaquer les Hébreux, les bras de Moïse étaient soutenus des deux côtés par Hor et Aaron (Exod. XVII), mais Jésus-Christ a tenu lui-même ses mains étendues sur la croix. En quoi vous voyez comment la figure a été donnée et la vérité a été apportée. - Homélies sur l’évangile de Jean, XIV, 4.

Origène : Alors s'accomplira en nous ce dont Moïse nous a donné la figure : « Quand il levait les mains, » Amalech était vaincu ; mais s'il les « laissait retomber » par lassitude et reposait ses bras fatigués, « Amalech l'emportait ». Ainsi donc, nous aussi, élevons nos bras dans la puissance de la croix du Christ et « faisons monter » dans la prière « en tout lieu, sans colère ni discussion, des mains saintes », pour mériter le secours du Seigneur. - Homélies sur l’Exode, III.


La Parousie, en effet, comme dimanche dernier, et peut-être plus encore, est sous-jacente à l’ensemble de nos lectures et de nos chants. Dans la première antienne de communion proposée par le Missel (A3a), nous chantons notre espérance en Dieu, qui nous préservera de la mort et nous gardera « aux jours de famine » (4). Qu’est-ce que ces « jours de famine », si ce n’est ceux qui doivent immédiatement précéder le retour du Fils de l’homme (Mc XIII, 8) ? L’introït et le graduel, eux aussi, peuvent facilement s’entendre dans le même contexte, tandis que l’Alleluia et le chant de communion concernent seulement l’action liturgique qu’ils précèdent ou accompagnent (5). L’évangile (L3 ; Lc XVIII, 1-8) doit aussi s’interpréter en rapport avec la Parousie, puisque, dans le passage qui le précède immédiatement (Lc XVII, 20-37), Jésus parle clairement de Son second avènement (6). D’ailleurs, la question anxieuse qui le conclut est sans ambiguïté : « Mais le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? ». « Notre-Seigneur, écrit saint Augustin, a voulu ajouter cet avertissement pour nous apprendre que si la foi s’éteint, la prière cesse elle-même d’exister. Croyons donc pour assurer le succès de nos prières, et prions pour que notre foi ne vienne pas à faiblir. La foi produit la prière, et la prière à son tour obtient l’affermissement de la foi. » (cité par saint Thomas d’Aquin dans sa Catena Aurea). Au XXVIIème dimanche, les apôtres, et avec eux toute l’Eglise, demandaient au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! ». Jésus nous répond aujourd’hui en nous apprenant « qu’il faut toujours prier sans se décourager », avec confiance : « Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? ». Car Dieu « est proche de ceux qui l’invoquent » (Alleluia) : c’est une autre leçon de cette Messe, que le psaume chante avec lyrisme : « Il se tient près de toi » (Ps). Cette proximité doit s’entendre de trois façons. Il s’agit d’abord de cette proximité immédiate que Dieu a avec Sa créature qu’Il crée et soutient continuellement. Il s’agit ensuite de cette présence intime de Dieu qui habite par Sa grâce dans l’âme de Ses élus. Il s’agit enfin de la proximité du second avènement glorieux de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Prions donc avec persévérance pour que nous ressentions toujours cette présence toute proche de Dieu, afin que, le jour du retour du Seigneur, nous soyons trouvés avec la foi.

(4) [Ps 32, 18-19] Ecce óculi Dómini super timéntes eum, et in eis qui sperant super misericórdia eius ; ut éruat a morte ánimas eórum, et alat eos in fame. | Le Seigneur veille sur ceux qui le craignent, sur ceux qui espèrent son amour, pour les préserver de la mort, les garder en vie aux jours de famine.

(5) L’introït est utilisé dans le MR1962 au mardi de la troisième semaine de Carême : Ego clamavi, quoniam exaudisti me, Deus : inclina aurem tuam, et exaudi verba mea : custodi me, Domine, ut pupillam oculi : sub umbra allarum tuarum protege me. V/ Exaudi, Domine, justitiam meam : intende deprecationem meam. | Je t’invoque, car tu m’exauces, mon Dieu. Tends ton oreille et écoute mes paroles ; garde-moi, Seigneur, comme la prunelle de l’oeil, à l’ombre de tes ailes protège-moi. V/ Ecoute, Seigneur, ma justice, sois attentif à ma supplication.

Le répons graduel est utilisé quant à lui au mercredi de la deuxième semaine de Carême dans le MR1962 : Salvum fac populum tuum, Domine, et benedic hereditati tuae. V/ Ad te, Domine, clamavi : Deus meus, te sileas a me, et ero similia descendentibus in lacum. | Donne le salut à ton peuple, Seigneur, et la bénédiction à ton héritage. V/ Vers toi, Seigneur, je crie ; mon Dieu, ne garde pas le silence avec moi, car je ressemblerais à ceux qui descendent au tombeau.

L’Alleluia Lauda anima mea est employé en offertoire le 3ème dimanche après Pâques dans le MR1962. Il constitue une belle acclamation avant la lecture de l’évangile : Alleluia. V/ Lauda, anima mea, Dominum : laudabo Dominum in vita mea : psallam Deo meo, quamdiu ero. | Alleluia. V/ Loue le Seigneur, mon âme ! Je louerai Dieu toute ma vie, je chanterai mon Dieu aussi longtemps que j’existerai.

La communion Domine Dominus noster, aussi utilisée dans le MR2002 pour la fête du Saint Nom de Jésus, est utilisée le lundi de la deuxième semaine de Carême dans le MR1962. Elle est une belle action de grâce pour la réception du Sacrement eucharistique : Dómine, Dóminus noster, quam admirábile est nomen tuum in univérsa terra ! | Seigneur notre maître, que votre nom est admirable dans toute la terre !

(6) Ce passage ne se trouve pas dans le MR1962, mais on le trouve dans le lectionnaire de semaine du MR2002, les jeudi et vendredi de la 32ème semaine.

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Re: Brefs commentaires sur les dimanches du temps ordinaire (C)

Message non lu par VexillumRegis » sam. 27 oct. 2007, 16:24

Dominica XXX per annum
30ème dimanche du Temps ordinaire
La belle collecte qui ouvre la Sainte Messe est employée au XIIIème dimanche après la Pentecôte dans le MR1962.

Voici la traduction - quasiment identique à la traduction officielle - qu’en propose Dom HALA : Dieu éternel et tout-puissant, augmente en nous la foi, l’espérance et la charité ; et pour que nous puissions obtenir ce que tu promets, fais-nous aimer ce que tu prescris.

Dans l’évangile du 27ème dimanche, les Apôtres demandaient au Seigneur : “Augmente en nous la foi !” (Lc XVII, 5). Aujourd’hui, l’Eglise demande non seulement la foi, mais aussi les deux autres vertus théologales : l’espérance et la charité. “Les vertus théologales, nous dit le Compendium du Catéchisme de l’Eglise catholique (Q. 384), ont Dieu lui-même pour origine, pour motif et pour objet immédiat. Infuses en l'homme avec la grâce sanctifiante, elles rendent capables de vivre en relation avec la Trinité ; elles fondent et animent l'agir moral du chrétien, en vivifiant les vertus humaines. Elles sont le gage de la présence et de l'action de l'Esprit Saint dans les facultés humaines”. Dans son maître ouvrage, le Cardinal SCHUSTER parle de manière admirable de chacune de ces vertus, et de leur coopération mutuelle dans l’économie du salut : “La foi est la lumière intérieure qui nous montre la fin dernière surnaturelle, et qui éclaire le chemin y conduisant. L’espérance alimente dans l’âme le désir d’obtenir cette fin tandis que Dieu lui garantit son secours puissant. Quant à la charité, elle est l’impulsion irrésistible de l’âme qui court vers Dieu, anxieuse de se jeter entre ses bras pour le posséder comme son bien propre et qui ne lui manquera jamais dans l’éternité” (Liber Sacramentorum, t. V, p. 161). Voici l’objet sublime des promesses divines : la dilection éternelle en la vision béatifique. Et pour y parvenir, nous demandons à Dieu de nous faire aimer ses commandements (cf. A2) (1). "Voici l’effet de la grâce divine, poursuit le Cardinal SCHUSTER, elle fortifie le coeur du fidèle et même tant de douceur au service du Seigneur, qu’on le sert non point comme le prisonnier qui sent l’aiguillon du geôlier l’excitant au travail, mais avec l’amour du fils à qui rien n’est plus doux que d’accomplir la volonté du Père”.

(1) Cet offertoire est employé le samedi après les Cendres dans le MR1962. Domine, vivifia me secundum eloquium tuum : ut sciam testimonia tua. | Seigneur, fais moi vivre selon ta parole, pour que j’apprenne tes commandements.

L’introït est utilisé au jeudi de la 4ème semaine de Carême dans le MR1962. Il constitue un beau chant d’action de grâces, bien digne d’acclamer l’entrée de Dieu dans Son temple.

Lætétur cor quæréntium Dóminum : quǽrite Dóminum, et confirmámini : quǽrite fáciem eius semper. V/ Confitémini Dómino, et invocáte nomen eius : annuntiáte inter gentes ópera eius. | Qu’ils soient dans la joie, les coeurs qui cherchent le Seigneur ; recherchez le Seigneur et sa force ; cherchez sa face constamment. V/ Louez le Seigneur, acclamez son nom ; publiez ses hauts faits parmi les nations.

L’Alleluia est quant à lui est utilisé pour la Messe votive pro Ecclesia unitate du MR1962.

Alleluia. V/ Lauda, Ierusalem, Dominum : lauda Deum tuum, Sion. | Alleluia. V/ Loue le Seigneur, Jérusalem ; Loue ton Dieu, Sion.

L’antienne de communion est utilisée au mardi de la 4ème semaine de Carême du MR1962.

Lætábimur in salutári tuo : et in nómine Dómini, Dei nostri, magnificábimur. | Nous nous réjouirons de votre salut, et nous nous glorifierons au nom de notre Dieu.


Comme les dimanches précédents, l’attente du second avènement du Seigneur est clairement exprimée par saint Paul, qui s’apprête à rendre témoignage de son espérance par l’effusion de son sang (L2 ; 2 Tm IV, 6...18). Mais c’est l’exaltation de la vertu d’humilité qui forme le thème central de la Messe, comme au 22ème dimanche per annum (ICI). Dans la L1 (Si XXXV, 12...21), le Siracide affirme que Dieu ne fait acception de personnes (2) ; il ne méprise ni les prières du pauvre, ni “la supplication de l’orphelin”, ni “la plainte répétée de la veuve” (cf. l’évangile de dimanche dernier). Car le Seigneur ne juge pas selon les apparences, mais “il sonde les reins et les coeurs” (Alleluia) ; il entend les prières des justes, et les délivre “de toute leurs angoisses” (Ps et Graduel) (3). Si “la prière du pauvre traverse les nuées” (L1), ce n’est pas bien sûr en raison de la pauvreté matérielle de l’orant, mais de sa pauvreté d’esprit, c’est-à-dire de son humilité : “Heureux les pauvres de coeur, car le Royaume des cieux est à eux !” (Mt V, 1). Le publicain (= collecteur des impôts) avait sans doute de grands biens, mais il se faisait pauvre devant Dieu ; n’osant “même pas lever les yeux vers le ciel”, “il se frappait la poitrine, en disant : Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis !” (L3 ; Lc XVIII, 9-14). Prenons donc exemple sur ce publicain. Lorsque, au début de Sainte Messe, nous confessons nos péchés en nous frappant la poitrine, puisse Dieu nous accorder une vraie contrition, de telle sorte que nous soyons justifiés, comme le publicain fut justifié. Et lorsque, avant la Sainte Communion, nous nous frappons de nouveau la poitrine au Domine non sum dignus, puissions-nous avoir la même humilité que le publicain devant le mystère eucharistique, mysterium fidei, afin de mériter de recevoir en vérité ce que le divin sacrement ne nous offre que sous le voile (P3) (4), à savoir la vie éternelle que le Seigneur nous promet (P1).

(2) Saint Paul l’affirme à plusieurs reprises dans ses épîtres (Rm II, 11 ; Ga II, 6 ; etc.). De même l’épître de Jacques (II, 9) et la première de Pierre (I, 17).

(3) Le répons graduel est utilisé en la fête des saints Côme et Damien dans le MR1962. Le psaume responsorial ajoute à ceux du graduel quelques versets qui le précédent et le suivent.

[Ps 33, 18 V/ 19] Clamaverunt iusti, et Dominus exaudivit eos : et ex omnibus tribulationibus eorum liberavit os. V/ Juxta est Dominus his, qui tribulato sunt corde : et humiles spiritu salvabit. | Les justes crient, et le Seigneur entend ; il les délivre de toutes leurs angoisses. V/ Le Seigneur est près des coeurs brisés, il sauve les esprits abattus.

(4) La Postcommunion est utilisée au samedi des Quatre-Temps d’automne dans le MR1962. Voici la traduction qu’en donne Dom LEFEBVRE : Que ce sacrement, Seigneur, accomplisse pleinement en nous ce qu’il contient, afin que nous recevions selon sa réalité véritable ce que nous célébrons maintenant sous le voile du symbole.


Dieu “est proche du cœur brisé, il sauve l'esprit abattu” (Ps). C’est là encore des paroles que nous retrouvons en substance à la Sainte Messe : le prêtre, à l’offertoire, s’incline et dit cette belle prière : “In spíritu humilitátis et in ánimo contríto suscipiámur a te, Dómine : et sic fiat sacrifícium nostrum in conspéctu tuo hódie, ut pláceat tibi, Dómine Deus” (5). En vérité, ce texte s’inspire de l’admirable prière des trois enfants dans la fournaise dont parle le prophète Daniel (III, 39-40) : exilés loin de Jérusalem, soumis au pouvoir d’un tyran, ils ne pouvaient plus offrir les sacrifices prescrits par la loi, mais acceptèrent de s’offrir eux-mêmes en sacrifice d’agréable odeur à Dieu. Nous aussi, nous sommes souvent en proie à la fournaise de nos péchés. Mais nous pouvons sans cesse offrir par le ministère des prêtres le Sacrifice unique, le Sacrifice immaculé, le Sacrifice parfait et éternel, le seul propitiatoire, le seul qui soit agréable à Dieu le Père tout-puissant : celui de Son Fils unique, Notre Seigneur Jésus-Christ, qui a accepté de s’abaisser et de s’humilier en se faisant notre serviteur, Lui qui est de condition divine, et s’est offert en rançon pour nous sur l’autel de la croix, afin de nous arracher à la puissance du Démon (A3b). Mais le culte extérieur du sacrifice eucharistique doit nécessairement s’accompagner d’un culte intérieur, car Dieu veut qu’on le serve “en esprit et vérité” (Jn IV, 24). C’est la raison pour laquelle il nous faut nous unir au sacrifice que Jésus-Christ offre au Père, en nous offrant nous-mêmes par Lui, avec Lui et en Lui (6). Saint Paul a offert sa propre vie (L2), et après lui une multitude de martyrs ; pour nous, qui n’avons pas cette grâce, offrons tout ce que nous sommes, nos imperfections, nos prières, notre intelligence, notre volonté, notre liberté, tout. Certes nous ne pouvons rien ajouter à la perfection du sacrifice céleste, mais en y participant d’une manière profonde et intime, nous pouvons en recevoir toutes les grâces que Dieu y a disposées pour nous.

(5) Voyez l’humilité de nos âmes et la contrition de nos cœurs : nous Vous supplions, Seigneur, accueillez-nous et que notre Sacrifice en ce jour trouve grâce devant Vous, Seigneur Dieu.

(6) La liturgie catholique de rite syrique (ICI) exprime admirablement cette union mystique des fidèles au sacrifice de Jésus-Christ :

"Sedro" du Service de Melchisedech : O Dieu paisible, humble, doux et ami des hommes, vous qui désirez la miséricorde et non les sacrifices et préférez les cœurs contrits aux holocaustes ; à qui une âme humble est plus agréable que le sang des taureaux et des agneaux gras ; recevez en ce moment le sacrifice de notre esprit sur l'autel de votre Verbe. Rendez-nous dignes de vous offrir nos âmes en sacrifice vivant et agréable à votre volonté ; de vous offrir, avec un cœur contrit et un esprit humble, des sacrifices spirituels sur votre autel céleste ; d'être des brebis saines et immaculées ; afin que, transformés par cette nouvelle rénovation, et renouvelés dans ce monde renouvelé, nous soyons dignes de dire, dans votre sanctuaire, avec les âmes parlantes des Vierges Sages, et munis des beaux flambeaux de la Foi : Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit jusqu'à la fin des siècles. Ainsi soit-il.

"Houtmo" du même Service : Agneau pur et immaculé qui vous êtes offert à votre Père en sacrifice digne d'être accepté pour le salut et la rédemption du monde entier, rendez-nous dignes de vous offrir nos personnes en sacrifice vivant qui vous soit agréable et ressemble à votre sacrifice pour nous : ô Christ, notre Dieu, jusqu'aux siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Prière d'introduction du Service d'Aaron : Donnez-nous, Seigneur, alors que nos cœurs se sont lavés et purifiés de toute Intention mauvaise, de nous trouver dignes d'entrer dans votre sanctuaire sublime ; de nous tenir devant votre autel avec pureté, innocence et sainteté, et de vous offrir les sacrifices de nos raisons et de nos âmes avec une foi sincère : Père, Fils et Saint-Esprit, maintenant et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

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Re: Brefs commentaires sur les dimanches du temps ordinaire (C)

Message non lu par VexillumRegis » sam. 03 nov. 2007, 15:39

Dominica XXXI per annum
31ème dimanche du Temps ordinaire
La collecte de ce 31ème dimanche du Temps ordinaire est employée au XIIème dimanche après la Pentecôte dans le MR1962.

Voici la traduction qu’en propose Dom HALA : Dieu tout-puissant et miséricordieux, de qui vient toute grâce, tu donnes à tes fidèles de te servir dignement et comme il convient ; accorde-nous de courir sans risque de chute, vers les biens que tu as promis.

Cette oraison, qui serait issue de la messe du 22 novembre 537 composée par le pape Vigile, a bien des traits communs avec la collecte du 26ème dimanche per annum. On y retrouve la même idée paulinienne de course vers les biens célestes (1 Co IX, 24), et surtout la même insistance sur la miséricorde divine. “Omnipotens et misericors Deus” : cet incipit, qui n’est pas fréquent, se retrouvera aussi dans notre prière d’entrée de dimanche prochain. C’est comme si la prière de l’Eglise, qui, en cette fin d’année liturgique, nous fait ressentir avec toujours plus d’intensité la proximité du second avènement du Seigneur et du Jugement dernier, veut dans le même temps mettre des bornes à notre anxiété légitime en mettant en valeur la miséricorde infinie de Dieu : c’est là tout le sujet de notre Messe (1).

(1) La Super Oblata est une nouvelle composition, inspirée d’un passage d’un sermon de saint Léon (*). Elle aussi fait référence à la miséricorde divine.

Tentative de traduction personnelle : Faites, Seigneur, que ce sacrifice soit pour vous une offrande pure, et pour nous le don sacré de votre miséricorde.

La Postcommunion est employée quant à elle au 2ème dimanche après l’Epiphanie dans le MR1962 (avec une légère modification).

Tentative de traduction : Que croisse en nous, Seigneur, l’oeuvre de votre puissance, afin que, fortifiés par vos sacrements célestes, nous soyons par votre grâce préparés à en recueillir les fruits promis.


Comme les dimanches précédents, c’est l’épître paulinienne (L2 ; 2 Th I, 11-12 ; II, 1-2) qui est chargée de nous ramener au grand sujet de la Parousie. Saint Paul nous met en garde contre les fausses révélations à ce sujet : si “une parole ou une lettre” prétend “que le jour du Seigneur est arrivé, n'allez pas aussitôt perdre la tête, ne vous laissez pas effrayer”, car “le jour du Seigneur viendra comme un voleur” (2 Pi III, 10), et l’on ne peut aucunement en prévoir la date. On remarquera que, dans le MR1962, la péricope, découpée autrement (2 Th II, 1-8), est utilisée au samedi des Quatre-Temps de l’Avent. Les versets sur l’apostasie générale qui doit précéder le second avènement ont été supprimés et ne se trouvent plus dans le nouveau lectionnaire (!). L’Alleluia français (2) et le Graduel (3), à la suite de la seconde antienne de communion de dimanche dernier (A3b) (4), nous rappellent la premier avènement du Seigneur dans la chair. C’est que “le Fils de l’homme” est d’abord “venu chercher et sauveur ce qui était perdu” (L3) ; il reviendra ensuite dans la gloire pour nous juger. Nous sommes dans le temps du salut : profitons-en pour nous adonner aux bonnes oeuvres, car il sera trop tard lorsque le temps du jugement adviendra.

(2) [Jn III, 16] Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. Tout homme qui croit en lui possède la vie éternelle.

(3) Le Répons graduel Suscepimus Deus est utilisé en la fête de la Purification de la Sainte Vierge dans le MR1962 et le MR2002.

[Ps 47, 10-11 V/ 9] Suscépimus, Deus, misericórdiam tuam in médio templi tui : secúndum nomen tuum, Deus, ita et laus tua in fines terræ. V/ Sicut audívimus, ita et vídimus in civitáte Dei nostri, in monte sancto eius. | Nous avons reçu, ô Dieu, votre miséricorde au milieu de votre temple ; comme votre nom, ô Dieu, ainsi votre louange s’étend jusqu’aux extrémités de la terre. V/ Ce que nous avions entendu dire, nous l’avons vu dans la cité de notre Dieu, sur sa sainte montagne.

Suscépimus, Deus, misericórdiam tuam in médio templi tui” : l’enfant Jésus a été présenté au temple ; Dieu est venu au milieu de son peuple par Son incarnation.

L’offertoire Benedic anima mea est utilisé le vendredi des Quatre-Temps de Carême dans le MR1962.

[Ps 102, 2, 5] Bénedic, anima mea, Dómino, et noli oblivísci omnes retributiónes eius : et renovábitur, sicut áquilæ, iuvéntus tua. | Mon âme, béni le Seigneur, et n’oublie jamais tous ses bienfaits ; et ta jeunesse sera renouvelée comme celle de l’aigle.

La communion Notas mihi est employée quant à elle au mercredi de la 3ème semaine de Carême dans le MR1962.

[Ps 15, 10] Notas mihi fecísti vias vitæ : adimplébis me lætítia cum vultu tuo, Dómine. | Vous m’avez fait connaître les voies de la vie ; vous me comblerez de joie par votre visage, Seigneur.

(4) [Ep V, 2] Le Christ nous a aimés et s’est livré pour nous en offrant à Dieu le seul sacrifice qui soit digne de lui.


Les lectures proposées chantent la miséricorde inlassable du Seigneur à l’égard des hommes, et sont très proches en cela des leçons du 24ème dimanche per annum.

L’amour inconditionnel de Dieu pour Sa création, et singulièrement pour l’homme, créé à Son image et à Sa ressemblance : tel est le message, magnifiquement exprimé, de notre première lecture (L1 ; Sg XI, 23-XII, 2), et lyriquement exprimé dans l‘introït (5). “Dieu a tant aimé le monde”... Malgré la chute originelle qui défigure Ses créatures, Dieu les poursuit inlassablement de Son amour, les avertissant sans cesse de s’éloigner du péché qui conduit à la mort éternelle. “Tu épargnes tous les êtres, parce qu'ils sont à toi, Maître qui aimes la vie, toi dont le souffle impérissable anime tous les êtres.” Ce “souffle impérissable”, c’est l’Esprit Saint, qui soutient toute chose dans l’existence. Il planait au-dessus des eaux, au commencement, afin d’animer de Son souffle la création ; il descendit sur le Seigneur lorsqu’Il fut baptisé et reposa en Lui dans toute Sa plénitude, manifestant que le nouvel Adam était constitué comme les prémices de la nouvelle création, destinées à rétablir dans sa splendeur première ce qui avait été perverti par le péché et la mort. Ce même Esprit habite maintenant dans le temple de notre âme (1 Co III, 16) : faisons en sorte que notre demeure intérieure soit digne de l’hôte qui y habite. O quam bonus et suavi est, Domine, Spiritus tuus in nobis ! (6).

(5) L’introït Miseréris omnium, propre à l’année C, est utilisé au Mercredi des Cendres tant dans le MR1962 que ds le MR2002.

[Sg XI, 24-25, 27 ; V/ Ps 56, 2] Miseréris ómnium, Dómine, et nihil odísti eórum quæ fecísti, dissímulans peccáta hóminum propter pæniténtiam et parcens illis : quia tu es Dóminus, Deus noster. V/ Miserére mei, Deus, miserére mei : quóniam in te confídit ánima mea. | Vous avez pitié de tous, Seigneur, et vous ne haïssez rien de tout ce que vous avez fait, et vous ne tenez pas compte des péchés des hommes pour qu’ils se convertissent, et vous leur pardonnez, car vous êtes le Seigneur notre Dieu. V/ Ayez pitié de moi, ô Dieu, ayez pitié de moi, car mon âme a confiance en vous.

Avec l’Alleluia, le texte de l’introït grégorien est tiré du texte de la première lecture.

(6) L’Alleluia O quam bonus est utilisé au vendredi des Quatre-Temps de Pentecôte dans le MR1962.

[Sg XII, 1] O quam bonus et suavi est, Domine, Spiritus tuus in nobis. | Oh, que ton Esprit nous est suave et bon, Seigneur !


Le Ps (Ps 144) a pour répons un célèbre passage de saint Irénée de Lyon (7). Comme il se doit, il commente lyriquement la première leçon : “Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour ; la bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses oeuvres.”

(7) Car la gloire de Dieu c'est l'homme vivant, et la vie de l'homme c'est la vision de Dieu : si déjà la révélation de Dieu par la création procure la vie à tous les êtres qui vivent sur la terre, combien plus la manifestation du Père par le Verbe procure-t-elle la vie à ceux qui voient Dieu !

L’évangile (Lc XIX, 1-10), employé au commun de la dédicace des églises dans le MR1962, nous présente la conversion de Zachée, “le chef des collecteurs d’impôts”. Un personnage important et riche, donc, une sorte de “super” publicain, si j’ose dire. Il cherchait à voir Jésus, qui traversait la ville de Jéricho, mais la foule amassée l'en empêche, à cause de sa petite taille. Résolu, il monta sur un arbre, un sycomore. Le Seigneur le voit, l’appelle à Lui et lui demande l’hospitalité. C’est alors que Zachée confesse en quelque sorte ses fautes en promettant de les réparer, et reçoit du Seigneur la grâce de la justification (8). De ce récit relativement simple, les Pères ont donné diverses interprétations spirituelles, parfois contradictoires. Le foule représenterait la masse des péchés qui empêchent Zachée de voir Jésus, lui dont la taille signifierait son peu de vertu ou son peu de foi (9). Sa montée au sommet du sycomore serait une image de sa conversion : il s’élève au-dessus de ses péchés, par son désir de voir le Sauveur. Selon saint Bède, l’arbre représente la croix, car on ne peut s’humilier en s’élevant qu’en montant sur la seule croix (10). Zachée était un gentils, mais par sa foi, il devient fils d’Abraham : “le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d'Abraham” (11).

(8) C’est ainsi qu’il nous faut nous aussi promettre de faire réparation de nos fautes lorsque nous nous confessons.

(9) Les commentaires des Pères qui suivent sont tirés de la Catena Aurea de saint Thomas d’Aquin.

D'où vient qu'il n'est fait mention dans l'évangile de la taille d'aucun autre que de celle de Zachée ? La raison n'en serait-elle pas qu'il était petit par suite de sa malice, ou qu'il était petit par son peu de foi ? - Saint Ambroise

Ainsi celui qui a sur les autres la triste prééminence du vice, est très petit au point de vue spirituel, et il ne peut voir Jésus à cause de la foule, car embarrassé qu'il est par ses passions et par les préoccupations du monde, il ne voit point Jésus marcher, c'est-à-dire agir en nous, et il ne reconnaît aucune de ses opérations. - Saint Théophylacte

(10) Or, de même que l'aveugle a triomphé de la foule en redoublant ses cris suppliants, ainsi Zachée qui était petit, s'est élevé au-dessus des obstacles de la foule, en abandonnant toutes les choses de la terre, et en montant sur l'arbre de la croix. (...) Zachée qui était petit, monte sur cet arbre pour grandir sa taille ; ainsi le chrétien qui est humble et qui a la conscience de sa propre misère s'écrie : ‘A Dieu ne plaise que je me glorifie, si ce n'est dans la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ’ (Ga 6). - Saint Bède.

(11) Zachée est appelé enfant d'Abraham, non parce qu'il est né de sa race, mais parce qu'il a été l'imitateur de sa foi, et qu'il a renoncé à ses biens pour les distribuer aux pauvres, de même qu'Abraham avait quitté son pays et la maison de son père. - Saint Bède.

Sur l’universalité du salut en Jésus-Christ, cf. la Messe du 28ème dimanche per annum.

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